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d’un serpent monstrueux qui la désolait (exploit que quelques-uns regardent comme fabuleux). Élevé à la grande maîtrise, il fit revivre l’ancienne discipline de l’ordre, augmenta les fortifications de Rhodes, rétablit le roi de la Petite-Arménie et l’aida à chasser les Sarrasins venus d’Égypte. Il mourut en 1353, dans un âge avancé.

GOZZE ou GOZZO, Gaulos chez les anciens, île de la Méditerranée, à 6 kil. N. O. de Malte : 15 kil. sur 8 ; 16 000 hab. ; lieu principal, Rabatto. Cette île fut donnée aux chevaliers de St-Jean de Jérusalem en même temps que Malte (1530), dont elle a toujours suivi le sort. Elle appartient auj. aux Anglais.

GOZZI (Gaspard), littérateur, né à Venise en 1713, mort en 1786, est estimé comme critique ; il fit paraître, à partir de 1768, l’Observateur vénitien, journal dans le genre du Spectateur anglais. Il a aussi publié une Apologie de Dante contre les attaques de Bettinelli, 1758, et divers ouvrages en prose ou en vers, 1759. — Charles Gozzi, son frère, né en 1718, mort vers 1801, travailla pour le théâtre. Il attaqua de front le genre trop sérieux créé par Goldoni, et y opposa un genre fantastique et bouffon qui eut quelque temps la vogue. Ses Œuvres parurent à Venise, 1772-91, 10 vol. 8o. Son Théâtre a été traduit par Alph. Royer, 1865. Il a laissé des Mémoires, qui ont été traduits par P. de Musset.

GOZZOLI (Benozzo), peintre, né à Florence en 1400, mort à Pise en 1478, élève de fra Giovanni da Fiesole, fut un des artistes les plus féconds de l’ancienne école italienne. Il peignit toute une muraille du Campo Santo de Pise, et y retraça toute l’histoire de l’Ancien Testament, depuis Noé jusqu’à Salomon. Quoique dessinant mieux que la plupart des maîtres de son époque, il leur fut inférieur sous le rapport de l’expression. Cependant ses œuvres se distinguaient par la vie et la fraîcheur.

GRAAF (REGNIER de), médecin et anatomiste hollandais, né à Schoonhove en 1641, mort en 1673, étudia sous Sylvius, dont il adopta les doctrines ; vint se perfectionner à Paris, puis se fixa à Delft où il exerça jusqu’à sa mort. On lui doit d’intéressantes recherches sur le suc pancréatique (Leyde, 1664), sur les organes génitaux (1668) et sur la génération (1672) : il prouva que les vivipares naissent d’un œuf, aussi bien que les ovipares. Il eut de vives disputes avec Swammerdam. Ses Œuvres, écrites en latin, ont été réunies à Leyde en 1677, in-8.

GRAAL (le SAINT). V. GRÉAL.

GRABOUSA, Cimarus, îlot de la Méditerranée, à la pointe N. O. de l’île de Candie. Les Vénitiens la possédaient dès le XIIIe siècle ; elle leur fut enlevée en 1692 par les Turcs. Elle servait de refuge à un grand nombre de pirates qui furent détruits par la marine française en 1828.

GRAÇAY, ch.-l. de c. (Cher), à 52 kil. O. de Bourges ; 2986 hab. Anc. seigneurie. Aux env. se trouve un monument celtique formé de 21 pierres énormes, dites les Pierres folles.

GRACCHUS (Tibérius Sempronius), père des Gracques, d’une famille plébéienne, fut deux fois consul (177 et 163 av. J.-C.), vainquit les Hispaniens et les Ligures, soumit la Sardaigne et fut honoré du triomphe. Il est célèbre par son éloquence et par sa grandeur d’âme : ennemi personnel des Scipions, il n’en défendit pas moins Scipion l’Africain ainsi que Scipion l’Asiatique contre les accusations des tribuns. Il obtint en reconnaissance la main de Cornélie, fille de Scipion l’Africain : il en eut les Gracques, que leur mère éleva elle-même avec le plus grand soin.

GRACCHUS (Tibérius), fils aîné du précédent, né en 162 av. J.-C. Nommé questeur en 137, il suivit le consul C. Hostilius Mancinus en Espagne, et sauva, en traitant avec les Numantins, l’armée romaine que l’inhabileté du consul avait mise en danger. Élu tribun en 133, il fit passer, malgré l’opposition violente des patriciens, une loi agraire qui limitait la possession des terres usurpées sur le domaine public et distribuait aux citoyens pauvres les terres détenues illégalement ; en outre, il leur distribuait les richesses qu’Attale, roi de Pergame, avait léguées en mourant au peuple romain. Mais le sénat, craignant son influence, le fit assassiner au milieu de ses partisans, au bout de l’année, au moment où il allait se faire réélire.

GRACCHUS (Caïus), frère de Tibérius, plus jeune que lui de 10 ans. Le Sénat, dans le but de l’éloigner, l’avait nommé questeur en Sardaigne (126), mais il s’empressa de revenir à Rome dès qu’il fut sorti de charge. Il fut nommé tribun en 123 et réélu avec acclamation l’année, suivante. Pendant les deux ans qu’il exerça cette charge, il fit passer aussi une loi agraire, appela les peuples de l’Italie au droit de suffrage, fit transférer aux chevaliers le pouvoir judiciaire, pourvut aux embellissements de Rome, créa plusieurs colonies afin de donner des terres aux citoyens indigents, et conduisit lui-même une de ces colonies à Carthage. Écarté du tribunat par les intrigues des sénateurs, il ourdit un complot contre eux. Caïus ayant réuni ses partisans dans le Forum, le consul Opimius s’y rendit avec des hommes armés, et voulut dissoudre l’assemblée. Un combat s’ensuivit, dans lequel le peuple, qui était sans armes, fut facilement vaincu. C. Gracchus se vit forcé de fuir dans le temple de Diane, puis il se réfugia dans un bois voisin. Il y fut tué par ordre d’Opimius, ou, selon d’autres, se fit donner la mort par un esclave, l’an 121 av. J.-C. Sa tête avait été mise à prix : le meurtrier qui l’apporta y avait coulé du plomb pour la rendre plus lourde. Cicéron loue l’éloquence des Gracques : il relève surtout chez Caïus l’élévation, la force et la passion. Plutarque a écrit la Vie des Gracques.

GRÂCES (les), Charites chez les Grecs, Gratiæ chez les Latins, filles de Jupiter et d’Eurynome, ou selon d’autres d’Apollon et de Vénus, étaient les compagnes de Vénus et présidaient à la gaieté des festins, à l’harmonie des fêtes, à la joie innocente, à tout ce qui est beau, radieux, attrayant ; elles étaient la personnification de ce qu’il a de plus séduisant dans la beauté. Les Grecs juraient par les Grâces et ouvraient le repas en vidant une coupe en leur honneur. On en compte ordinairement trois : Aglaé (brillante), Thalie (verdoyante, qui inspire la joie), et Euphrosyne (qui réjouit l’âme). À Sparte et à Athènes, on n’en admettait que deux. On les représentait tantôt vêtues de longues robes, tantôt sous la figure de trois jeunes vierges nues, sans ceinture, les mains et les bras entrelacés, et formant des danses agréables auprès de Vénus. Parmi les groupes antiques des Grâces qui ont été conservés, les plus célèbres sont ceux de la villa Borghèse et du palais Ruspoli à Rome, et celui que l’on conserve au Dôme de Sienne.

GRACIAS-A-DIOS, v. de l’État de Honduras, à 98 kil. N. E. de San-Salvador ; 1500 hab. Fondée en 1536 par Juan de Chaves, elle fut jusqu’en 1544 le siège de l’audience royale de Guatemala et de Nicaragua.

GRACIOSA, une des Açores, au N. O. de Terceira ; 12 000 hab. ; ch.-l. Santa-Cruz.

GRACQUES (les), nom par lequel on désigne les deux célèbres tribuns Tibérius et Caïus Gracchus. V. GRACCHUS.

GRADENIGO (Pierre), doge de Venise de 1289 à 1311, fut élu par la faction aristocratique, voulut rendre l’aristocratie héréditaire, et s’attira la haine du peuple par des mesures contraires à la liberté. Il eut à déjouer les conspirations de Marino, Bocconio et Tiepolo, champions de la cause populaire. — Barthélémy Gr., doge de 1339 à 1343, réprima un soulèvement des Grecs de Candie. — Jean Gr., succéda en 1355 à Marino Faliero, qui avait conspiré contre l’État, punit ses complices et fit la paix avec les Génois. Il mourut en 1356.