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troubles de la Fronde ; fut nommé par Mazarin intendant des vivres à l'armée de Catalogne, obtint par la protection de Fouquet la place de receveur général des tailles de Guyenne, et fit rapidement une grande fortune. Accusé de concussion, il fut enveloppé dans la disgrâce de Fouquet et s'exila. Pendant son exil, il fut chargé d'une mission secrète auprès du duc de Brunswick ; il s'en acquitta avec succès et obtint sa grâce. Il rentra en France en 1681. On a de lui des Mémoires qui vont de 1642 à 1678, Paris, 1724.

GOUVEA, bourg du Portugal (Beira), à 80 kil. N. E. de Coïmbre; 1700 hab. — Enlevé aux Maures par Ferdinand le Grand 1038. Philippe III l'érigea en marquisat en faveur de la maison de Silva.

GOUVEA (Ant. de), Goveanus, jurisconsulte et philologue, né à Béja en Portugal l'an 1505, vint jeune se fixer en France; cultiva d'abord la littérature et composa des poésies latines estimées ; puis s'adonna à la philosophie, enseigna la doctrine péripatéticienne, eut à ce sujet de vifs démêlés avec Ramus, et publia contre lui, en 1543 : Pro Aristotele adversus P. Rami calumnias ; puis il se consacra à la jurisprudence, et enseigna le droit avec éclat à Toulouse, à Valence, à Grenoble. Il mourut à Turin en 1566. Ses œuvres ont été publiées à Rotterdam sous le titre d’Opera juridica, philosophica, etc., 1756, 2 vol. in-fol. — Son frère, André de G., vint aussi en France, enseigna la grammaire et la philosophie au collége Ste-Barbe à Paris, puis au collège de Guyenne à Bordeaux; fut rappelé en Portugal en 1547 par le roi Jean III et chargé de fonder à Coïmbre un collége sur le plan des écoles françaises. Il mourut l'année suivante, lorsque cet établissement commençait à prospérer.

GOUVEA (Ant.), moine augustin, fut envoyé à Goa en 1597 pour professer la théologie, alla, en 1602, solliciter du roi de Perse Chah-Abbas la permission de fonder des établissements dans ses États, fut jeté en prison, s'échappa, et tomba entre les mains de corsaires algériens, qui le retinrent encore pendant 8 ans. Il publia à son retour plusieurs ouvrages qui ont de l'intérêt : Histoire des progrès de l'Église catholique en la réduction des chrétiens de S. Thomas, Coïmbre, 1606, trad. en français, 1609; Relations de la Perse et de l'Orient, 1609; Relation des guerres et victoires de Chah-Abbas, 1611, trad. en 1646.

GOUVION-SAINT-CYR (Laurent), maréchal de France, né en 1764 à Toul (Meurthe), de parents sans fortune, mort en 1830, se destinait aux arts et donna des leçons de dessin. Il embrassa avec ardeur les idées nouvelles en 1789, obtint un emploi dans l'état-major de la garde nationale de Paris, s'enrôla en 1792 dans le bataillon des Chasseurs républicains, fit toutes les campagnes des armées du Rhin et de Rhin et Moselle, fut fait général de division en 1794, devint en 1798 général en chef de l'armée de Rome, en 1803 de l'armée de Naples, et se signala dans ces deux commandements par son intégrité autant que par son habileté; jouit d'abord de peu de faveur auprès de l'empereur à cause de son attachement aux idées républicaines, et resta quelque temps sans emploi; fut néanmoins rappelé dès 1806, fit la campagne de Prusse et de Pologne en 1807, et fut nommé gouverneur de Varsovie. Envoyé en Espagne en 1808, il fit une campagne brillante en Catalogne, où il prit Rosas et Barcelone. Appelé en Russie en 1812 et placé à la tête du 6e corps de la grande armée, il remporta sur le comte de Wittgenstein la brillante victoire de Polotsk, et reçut en récompense le bâton de maréchal avec le titre de comte de l'Empire. En 1813 il défendit Dresde, y soutint un long siège et obtint une capitulation honorable; il n'en fut pas moins retenu prisonnier par trahison. Rentré en France en 1814, il reconnut le gouvernement de Louis XVIII; il suivit le roi à Gand en 1815, et fut chargé à différentes reprises, de 1815 à 1821, du ministère de la guerre. Il porta dans son administration des idées libérales qui contribuèrent à rallier les esprits à la cause des Bourbons et fit de bonnes lois sur le recrutement, sur l'avancement militaire et les pensions de retraite. La réaction de 1821 l'écarta du ministère. Rentré dans la vie privée, il s'occupa de rédiger ses mémoires. On a de lui : Journal des opérations de l'armée de Catalogne en 1808 et 1809, Paris, 1821; Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin et de Rhin et Moselle, 1829; Campagnes de 1812 et de 1813, Paris, 1831. Habile tacticien, profond dans ses combinaisons, Gouvion St-Cyr excellait dans la guerre méthodique. Sa Vie a été écrite par Gay de Vernon, 1857.

GOVEA, GOVEANUS. V. GOUVEA.

GOVINDA, dit aussi Gourou-Govind, chef des Syks, né en 1656 à Patnah, succéda en 1671 à son père, qui avait été assassiné par ordre d'Aureng-Zeyb. Poursuivi par les agents du conquérant mongol, il erra dans divers pays, excitant partout la haine contre le nom musulman ; trouva un asile dans le Pendjab; réussit à transformer des peuplades jusque-là timides en une nation belliqueuse et redoutable, et fonda ainsi la puissance temporelle des Syks, qui, depuis Nanek, n'étaient qu'une secte religieuse. Malgré tous ses efforts, il ne put parvenir à chasser les Mongols. Il mourut, à ce qu'on croit, en 1708 à Nandere, dans le Décan. Gourou-Govind enseignait un pur théisme qui conciliait le Mahométisme et le Brahmisme; comme Mahomet, il promettait le ciel à ceux qui mouraient en combattant. Il donna à ses partisans un livre sacré (le Livre des Dix Rois), écrit dans l'idiome du Pendjab.

GOWER (J.), vieux poëte anglais, contemporain de Chaucer, né vers 1320, mort en 1408, exerça la profession de jurisconsulte, et fut attaché à la cour de Richard II et de Henri IV. Il avait composé un grand poëme en 25 livres et en trois parties sous le titre de Speculum meditantis, Vox clamantis, Confessio amantis. La 1re partie, en 10 livres et en vers français, fait l'éloge du bonheur conjugal, et donne le moyen de recouvrer la grâce perdue. La 2e, en 7 livres et en vers élégiaques latins, n'est guère qu'une chronique métrique de l'insurrection des communes sous Richard II (ces deux premières parties n'ont pas été imprimées). La 3e est un poëme anglais en 8 livres, écrit par l'ordre de Richard II, mêlé de couplets ou strophes en vers latins : ce poëme, qui est en grande partie imité de notre Jean de Meung, roule sur la métaphysique de l'amour; il obtint un grand succès (imprimé à Londres en 1483, 1532 et 1857). Gower a pu, par son style travaillé, rendre de grands services à la langue anglaise; mais il n'a ni l'esprit ni l'élégance de Chaucer. Sa versification est harmonieuse, mais sa poésie a un caractère sentencieux qui lui donne quelque chose de pédantesque.

GOYA-Y-LUCIENTES (don François), peintre espagnol, né en 1746 à Fuente-de-Todos (Aragon), mort à Bordeaux en 1828, imita Vélasquez et Rembrandt. Ses chefs-d'œuvre sont un Crucifix pour l'église St-Ferdinand à Madrid, S. François de Borja à Valence, l’Arrestation de J.-C. à Tolède, la Famille de Charles IV, ouvrage qui lui valut le titre de premier peintre de la cour. On lui doit aussi une collection de capriccios, caricatures politiques remplies de verve et d'originalité.

GOYAZ, primitivement VILLABOA, v. du Brésil, ch.-l. de la prov. de Goyaz, sur le Vermelho, à 976 k. N. O. de Rio-de-Janeiro, par 16° 20' lat. S., 50° 49' long. O.; 8000 hab. Évêché. — La prov. de Goyaz, entre celles de Para à l'O., Fernambuco et Minas-Geraës à l'E., a 160 k. sur 580 et env. 200 000 h. Pays montagneux, arrosé par le Vermelho, le Tocantins et le Parahiba. Bois colorants, écorces et plantes médicinales, sucre, ananas; culture du coton et du tabac; mines d'or, diamants, cristal.

GOZLIM. Voir GOSLIN.

GOZON (Dieudonné de), grand maître de St-Jean de Jérusalem en 1345, s'était signalé, n'étant encore que simple chevalier, en délivrant l'île de Rhodes