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le nom d’Estilo culto, un style ampoulé qui a été désigné sous le nom de gongorisme. Ses œuvres ont été publiées à Madrid en 1630 et 1659. Don Ramon demandez en a donné un choix, Madrid, 1787.

GONNELIEU (Jérôme de), jésuite, né à Soissons en 1640, m. à Paris en 1715, se distingua comme prédicateur, comme directeur des consciences et comme écrivain ascétique. Il a laissé : Exercices de la vie spirituelle, Paris, 1701 ; Méthode de bien prier et Pratique de la vie intérieure, 1710, ouvrages pleins d'onction. On connaît sous son nom une traduction de l’Imitation de J.-C., publiée en 1673, qui est de J. Cusson, et dans laquelle il n'a fait qu'insérer des prières et des pratiques.

GONSALVE DE CORDOUE, surnommé le Grand Capitaine, général espagnol, né en 1443 à Montilla, près de Cordoue, se signala d'abord contre les Maures, et leur enleva Grenade (1492). Appelé en 1500 par les Vénitiens, il força les Turcs à lever le siége de Zante. Placé l'année suiv. par le roi Ferdinand à la tête d'une expédition dans le roy. de Naples, dont Louis XII, roi de France, venait de s'emparer, il débarqua à Tropea, battit les Français à Barletta et à Seminara (1503), remporta une victoire complète à Cerignola, dans la Pouille, sur le duc de Nemours, qui y périt (1503), et assura à l'Espagne la possession du roy. de Naples, dont il fut nommé connétable. Mais des envieux le calomnièrent auprès de Ferdinand : il reçut l'ordre de quitter Naples, et il alla finir ses jours dans la disgrâce à Grenade (1515). Gonsalve était généreux autant que brave; cependant on lui reproche de la duplicité et des traits de cruauté. Sa Vie a été écrite par le P. Duponcet et par Quintana ; Florian en a fait le héros d'un roman.

GONTAUT (maison de), noble famille de France, originaire du bourg de Gontaut, dans l'ancien Agénois (Lot-et-Garonne), remonte au Xe siècle. La plupart de ses membres se sont illustrés par les armes : elle a fourni 4 maréchaux et un amiral. Dès l'an 1180, les seigneurs de Gontaut prennent le titre de seigneurs de Biron. V. BIRON. |

GONTHIER d'Andernach (Jean), médecin allemand, né en 1487 à Andernach, mort à Strasbourg en 1574, fut recteur des écoles publiques à Goslar, professeur de grec à Louvain; vint ensuite exercer la médecine en France, et fut à partir de 1535 médecin de François I; mais les mesures dirigées contre les Protestants l'obligèrent à retourner en Allemagne. Il s'occupa surtout d'anatomie et fut le maître de Vésale et de Rondelet. Il a laissé des ouvrages estimés : Anatomicarum Institutionum libri IV, Paris et Bâle, 1536; Padoue, 1558, revu par Vesale; De Medicina veteri et nova, Bâle, 1571; De la Peste, Strasbourg, 1564. Il a traduit en latin divers traités de Galien.

GONTRAN, 2e fils de Clotaire Ier, roi de France, eut en partage en 561 les roy. de Bourgogne et d'Orléans; calma les dissensions fréquentes qui s'élevaient entre ses frères, battit les Lombards et fit cesser leurs incursions sur son territoire. La mort de ses trois frères le laissa seul possesseur des Gaules; il se déclara le protecteur de ses neveux, fit sacrer roi de Soissons Clotaire II, fils de son frère Chilpéric I, et légua ses États à Childebert II. Il mourut en 593, et fut canonisé. On le fête le 28 mars.

GONZAGUE, en italien Gonzaga, bourg de Vénétie, à 20 kil. S. de Mantoue, a donné son nom à l'illustre famille des Gonzague.

GONZAGUE, famille princière d'Italie, qui depuis le XIe siècle a donné des seigneurs à quelques souverainetés de l'Italie, de grands dignitaires à l'Église, des princesses à plusieurs maisons royales, et qui régna sur Mantoue de 1328 à 1708. Elle se partagea en plusieurs branches : 1° la branche aînée, à laquelle appartinrent les marquis, puis ducs de Mantoue, et qui s'éteignit en 1627; 2° la branche collatérale des ducs de Nevers, qui la remplaça en 1627 ; 3° la branche des ducs de Guastalla, issue en 1557 de la branche aînée, et éteinte en 1746; 4° la branche des ducs de Sabionetta et de Castiglione; 5° la branche des comtes de Novellara, éteinte en 1728.

Louis de Gonzague, fondateur de cette maison, se défit en 1328 de Passerino Bonacossi, capitano de Mantoue, et se fit proclamer à sa place. Il ajouta Reggio à ses États (1335) et mourut en 1361.

Jean François II, marquis de Mantoue de 1484 à 1519, fut choisi en 1495 par le pape, les Vénitiens, l'Espagne et le duc de Milan, pour commander leurs troupes réunies contre Charles VIII, roi de France, lors de l'expédition de ce prince en Italie, et remporta quelques avantages sur l'armée française. Il ne s'en mit pas moins à la solde de Louis XII en 1503, et prit part en 1509 à la Ligue de Cambray contre Venise.

Frédéric I de Gonzague, fils aîné du préc., s'attacha a Charles-Quint et en obtint l'érection du marquisat de Mantoue en duché, 1530, ainsi que la possession du Montferrat, 1536. Il m. en l540. Un de ses fils, Louis de G., devint par mariage duc de Nevers. — V. NEVERS.

Ferdinand, 3e fils de Jean François II, se mit au service de Charles-Quint, et acquit la réputation d'un des meilleurs généraux de l'Italie. Il prit Florence en 1530. Charles-Quint l'avait fait vice-roi de Sicile et gouverneur de Milan ; mais il s'y rendit odieux par ses concussions et sa dureté et fut dépouillé de ce gouvt par Philippe II, en 1556. Il acheta alors le duché de Molfetta dans le roy. de Naples, et la v. de Guastalla dans le Parmesan, qui fut érigée en duché en sa faveur. Il mourut en 1557, laissant ses nouveaux États à ses descendants. On le soupçonne d'avoir empoisonné le dauphin, fils de François I, roi de France, et d'avoir fait assassiner P. L. Farnèse, duc de Parme, en 1547.

Charles I, duc de Nevers, fils de Louis de Gonzague, duc de Nevers, et petit-fils de Frédéric, duc de Mantoue, se porta héritier du duché de Mantoue à la mort du duc Vincent, son cousin, 1627, et eut pour concurrents César de Gonzague, duc de Guastalla, et le duc de Savoie qui était soutenu par les Espagnols. Après avoir été surpris par les Impériaux dans Mantoue, qui fut livrée au pillage, Charles fit sa soumission. Il finit, avec l'appui de la France, par obtenir l'investiture des duchés de Mantoue et de Montferrat (1630). Il mourut en 1637 et eut pour successeur Charles II (1637-65), son petit-fils. — Charles II, n'étant âgé que de 8 ans, fut d'abord placé sous la tutelle de sa mère. Il vendit à Mazarin en 1659 toutes ses possessions de France (duché de Nevers, Rethel, Mayenne, etc.) — Charles III, dernier duc de Mantoue, fils de Charles II, né en 1652, lui succéda sous la tutelle de sa mère, prit parti pour Louis XIV dans la guerre de la succession d'Espagne, reçut garnison française à Mantoue et vit par suite ses États envahis par les Impériaux après le désastre de Turin (1706). Il mourut en 1708, empoisonné par une femme. Il ne laissait pas d'enfants.

Lucrèce de Gonzague, femme illustre du XVIe siècle, née vers 1520, morte en 1576, fille de Pyrrhus de Gonzague, seigneur de Gozzuola; avait appris le latin et le grec de Bandello, qui fit un poëme à sa louange (V. BANDELLO). Son mari, P. Mandoni, seigneur ferrarais, ayant été condamné à mort pour conspiration (1546), elle obtint la commutation de la peine en une détention perpétuelle et s'enferma avec lui. Elle entra dans un couvent après sa mort.

Marie Louise de Gonzague, de la ligne de Nevers, née vers 1612, épousa en 1645 Wladislas, roi de Pologne, puis, en 1649, Jean Casimir, son successeur, et fut chassée de ses États avec son 2e époux; elle mourut en 1667. — Sa sœur puînée, Anne de Gonzague, née en 1616, connue sous le nom de Princesse palatine, est célèbre par sa beauté et son esprit ; elle épousa le prince Édouard, comte palatin, fils de l'électeur palatin Frédéric V, et vint se fixera Paris, où elle fit l'ornement de la cour d'Anne d'Autriche, Après une vie de plaisir et d'intrigues, elle passa ses dernières années dans la pénitence et mourut à Paris en 1684. Bossuet a prononcé son Oraison funèbre.