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leurs, à l'énergie des reliefs, à la bizarrerie des airs de tête et des draperies. Ses œuvres produisaient de loin un effet plus heureux que de près. Le musée de Paris en possède quatre : Salomé recevant la tête de S. Jean Baptiste, Jésus assis sur les genoux de sa mère, Concert champêtre, Gaston de Foix, duc de Nemours. On admire encore son Christ mort, à Trévise, et le Moïse sauvé des eaux, dans le palais archiépiscopal de Milan.

GIOSEPPINO, peintre. Voy. JOSÉPIN.

GIOTTINO (Thomas DI LAPPO), peintre, petit-fils de Giotto, né à Florence en 1324, mort en 1356, est auteur d'un grand tableau où Gauthier de Brienne, duc d'Athènes, que les Florentins avaient chassé de leur ville en 1343, est représenté sous des formes grotesques et entouré d'attributs satiriques. Cette composition est peu propre à justifier la réputation dont a joui cet artiste.

GIOTTO (pour Angiolotto, diminutif d’Angelo), peintre, sculpteur et architecte, né vers 1266 à Vespignano près de Florence, mort en 1334, avait été dans son enfance gardien de troupeaux. Cimabué devina son talent et le prit pour élève. Ce maître avait déjà restauré l'art en faisant revivre l'étude de la nature depuis longtemps abandonnée; mais sa manière était rude et sèche : Giotto, en prenant aussi la nature pour modèle, la revêtit de formes plus nobles et prépara ainsi Raphaël. Parmi ses nombreux tableaux on remarque un S. François d'Assise recevant les stigmates (au Louvre), et une mosaïque représentant S. Pierre marchant sur les eaux (dans St-Pierre de Rome). Il dirigea comme architecte les fortifications de Florence en 1334. Giotto était l'ami du Dante, dont il a conservé les traits, et qui lui consacra en retour quelques vers dans la Divine Comédie. Laurent de Médicis lui érigea un tombeau magnifique à Florence, et l'on mit au-dessous de son buste ces vers d'Ange Politien :

Ille ego sum per quem pictura extincta revixit, etc.

GIOVANNI DA FIESOLE, surnommé Fra Angelico, Il Beato Angelico, le Peintre des anges, peintre toscan, né en 1387, entra jeune chez les Dominicains de Fiesole, prit l'habit de l'ordre, et n'en cultiva pas moins son art : il couvrit de peintures à fresque les murs de son couvent, fut appelé à Rome par Nicolas V pour orner une chapelle du Vatican, et mourut dans cette ville en 1455, avec une grande réputation de sainteté, qui le fit béatifier. Il avait refusé, pour se livrer tout entier à son art, les plus grands honneurs ecclésiastiques. Ce pieux artiste ne voulut peindre que des sujets sacrés ; il ne prenait jamais sa palette sans avoir invoqué Dieu. Son coloris est suave et bien fondu; ses têtes d'anges et de saints sont d'une beauté angélique qui justifie bien le surnom sous lequel il est connu. Parmi ses tableaux, on admire encore à Florence ses Noces de la Vierge et son Couronnement de la Vierge.

GIOVENAZZO, Natiolum, v. et port d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Bari), à 19 kil. N. O. de Bari; 7000 hab. Archevêché. Hautes murailles, vieux château, maison de refuge.

GIOVIO, famille de Côme qui a produit plusieurs écrivains distingués, entre autres Paul Jove. V. JOVE.

GIPHANIUS (Hubert VAN GIFFEN, dit en latin), jurisconsulte, le Cujas de l'Allemagne, né à Buren, dans la Gueldre, en 1534, mort à Prague en 1604, enseigna le droit à Strasbourg, à Ingolstadt, et jouit de la faveur de l'emp. Rodolphe II. On a de lui : Commentarius ad institutiones, Ingolstadt, 1596; Antinomiarium juris civilis, 1605; Œconomia juris, 1606; une édition de Lucrèce, Anvers, 1566, et des Commentaires sur la Morale d'Aristote, 1608.

GIRALDI (Lilio Gregorio), Lilius Gregorius Gyraldus, savant et poëte latin, né à Ferrare en 1479, mort en 1552, protonotaire apostolique sous Clément VII, a laissé différents écrits qui ont été réunis à Leyde, 1696, in-fol. Les plus remarquables sont : De annis et mensibus, Bâle, 1541 ; Historia de Diis gentium, Lyon, 1555, in-fol. On n'avait de son temps, sur la mythologie, que l'ouvrage très-imparfait de Boccace, intitulé : Genealogia Deorum : l'ouvrage de Giraldi est le 1er qui ait été fait sur cette matière d'après les sources originales; Historiæ poetarum tam græcorum quam latinorum dialogi X, Bâle, 1545; Dialogi duo de poetis nostrorum temporum, Florence, 1551.

GIRALDI CINTIO (J. B.), littérateur, de la même famille que le précédent, né à Ferrare en 1504, professa 12 ans à l'université de cette ville et jouit de la faveur des ducs de Ferrare. Une querelle littéraire qui s'engagea entre lui et Pigna au sujet d'un livre dont chacun d'eux se prétendait l'auteur, le détermina à quitter sa patrie; il n'y revint qu'en 1573, et mourut trois mois après. On a de lui des Tragédies, dont la meilleure est Orbecche (1541), des Poésies diverses, en latin: un poëme héroï-comique d’Ercole; une Histoire de la maison d'Este, une Vie d'André Doria, des Discours, etc. Son meilleur ouvrage est un recueil de cent nouvelles intitulé : Gli Ecatomiti, Mondovi, 1565, et traduit par Gabriel Chappuis, Paris, 1584.

GIRALDUS CAMBRENSIS. V. BARRY (Girald).

GIRARD (J. B.), jésuite, né à Dôle vers 1680, était recteur du séminaire de la marine à Toulon. Parmi ses pénitentes se trouvait Catherine Cadière, fille d'une grande beauté et d'une piété exaltée, qui prétendait avoir des visions et des révélations. Son directeur l'ayant congédiée, cette femme l'accusa de séduction, d'inceste spirituel, de magie et de sorcellerie. Le procès fut instruit au parlement d'Aix, et ce ne fut qu'à grand'peine que le P. Girard put se faire acquitter : il mourut deux ans après à Dôle, où il s'était retiré. Toutes les pièces du Procès du P. Girard ont été publiées en 1731.

GIRARD (l'abbé Gabriel), grammairien, né à Clermont en Auvergne vers 1677, mort en 1748, était secrétaire général du roi pour les langues esclavone et russe, chapelain de la duchesse de Berry, fille du régent, et fut admis à l'Académie française. On a de lui : la Justesse de la langue française, ou les Différentes significations des mots qui passent pour synonymes, 1718, souvent réimprimé sous le titre de Synonymes français, et augmenté par Beauzée, Roubaud, Guizot, etc.; Vrais principes de la langue française, 1747; l'Orthographe française sans équivoque, 1716. — Un autre abbé Girard (Ant. Gervais), né en 1752 à Joux près de Pontarlier, mort en 1822, fut longtemps professeur de rhétorique à Rodez, puis devint proviseur et inspecteur d'Académie à Cahors. On a de lui des Préceptes de rhétorique, Rodez, 1787, souvent réimprimés. Il compta parmi ses élèves l'abbé Frayssinous.

GIRARD (Stephen), fameux millionnaire, né en 1750 à Périgueux, de parents pauvres, mort à Philadelphie en 1831. Chassé de la maison paternelle, il s'embarqua comme mousse à Bordeaux, alla à New-York, puis à Philadelphie, s'y livra au commerce avec un succès extraordinaire, et amassa en peu d'années par son intelligence, mais aussi pas une avarice sordide, une fortune qui s'élevait à sa mort à plus de 70 millions. Il laissa un testament par lequel il frustrait sa famille et fondait à Philadelphie un collége d'où tout ecclésiastique était exclu.

GIRARD (Philippe de), habile inventeur, né en 1775 à Lourmarin (Vaucluse), mort en 1845, entreprit de répondre à l'appel de Napoléon qui, en 1810, avait promis un prix d'un million à l'inventeur ds la meilleure machine à filer le lin : il y réussit en 1813 et fonda à Paris la 1re filature de lin; mais la chute de l'Empire le priva de la récompense promise. Ruiné par de dispendieux essais, il fut réduit à offrir ses services à l'étranger : il fut nommé en 1826 ingénieur en chef des mines de Pologne. Il revint à Paris en 1844, sans avoir fait fortune. Cependant ses droits à l'invention de la filature mécanique