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grands et des vieillards, et une démocratie dans les malls ou diètes nationales où tous les hommes libres se rendaient. Il faut bien distinguer chez eux la nation, qui comprenait, avec les guerriers, les femmes, les enfants, les vieillards, d'avec la bande, composée d'hommes armés qui s'associaient à la fortune d'un guerrier renommé et le suivaient dans une expédition. — La religion des Germains était grossière : leurs divinités principales étaient Hertha (la Terre), Teutsch ou Tuisko, père de la race germanique, Wodan ou Odin et Thor, dieux de la guerre, Freya, femme d'Odin (V. ces noms). Ils croyaient aux sorts, aux oracles, aux prophéties : les femmes surtout leur semblaient aptes à prédire, et sous ce rapport ils témoignaient à quelques-unes d'entre elles une vénération qu'on a eu tort de croire générale. Leurs défauts capitaux étaient le goût des orgies, le jeu, l'extrême irascibilité, l'ignorance et une paresse sans bornes pour tout ce qui n'était pas la guerre, la chasse ou l'exercice de la souveraineté.

L'histoire de la Germanie av. J.-C. est presque inconnue. On suppose que ses habitants appartiennent à la race indo-européenne et qu'ils émigrèrent de l'Asie vers le VIIe siècle avant notre ère. L'invasion du Gaulois Sigovèse en Germanie vers 587 av. J.-C., celle des Cimbres et des Teutons en Gaule et en Italie, où ils furent exterminés par Marius, 103-101, la tentative du Suève Arioviste sur la Gaule, en sont presque les seuls grands traits connus. Les Romains, devenus maîtres de la Gaule l'an 50 av. J.-C., de la Rhétie l'an 15 av. J.-C., se trouvèrent en contact avec les Germains au delà du Rhin et du Danube, et dès ce temps les hostilités commencèrent (V. DRUSUS et GERMANICUS). Au Ier siècle de notre ère, les Chérusques et les Marcomans étaient de tous les peuples germains les plus puissants; ils avaient formé chacun une confédération de tous leurs voisins. L'an 9 de J.-C., Arminius, à la tête de la ligue des Chérusques, battit Varus et rendit pour quelques années la liberté à la Germanie. Dans les siècles suivants, la ligue des Marcomans, plus connue sous les noms de Ligue des Suèves et de Ligue des Alamans, devint de plus en plus redoutable. Vers 244 se réorganisa aussi la ligue chérusque, sous le nom de Ligue des Francs (V. FRANCS). Les attaques perpétuelles des uns et des autres pendant 160 ans (244-403) affaiblirent immensément l'empire romain : la grande invasion de 408, opérée d'abord malgré l'opposition des Francs, porta la décadence de l'empire d'Occident au plus haut point, et bientôt Visigoths, Burgundes, Suèves, s'établirent en Gaule et en Espagne. Les Francs parurent à leur tour et portèrent les derniers coups, de 420 à 486. Les Vandales étaient en Afrique depuis 429 ; les Hérules, en 476, les Ostrogoths, en 493, les Lombards, en 568, devinrent les maîtres de l'Italie; de 455 à 584 les Jutes, les Saxons et les Angles occupèrent presque toute la Bretagne romaine (Angleterre). L'empire d'Occident devint donc presque exclusivement la proie des peuples germains. Plusieurs d'entre eux disparurent : les Ostrogoths et les Vandales sous les coups de l'empire grec, les Suèves sous ceux des Visigoths, ceux-ci sous ceux des Arabes; les Jutes, Angles et Saxons, furent soumis par les Northmans (ou Normands); les Lombards par les Francs. Finalement les Francs devinrent le peuple dominateur dans l'ancien empire d'Occident, comme dans toute la Germanie. On distinguait alors dans cette vaste contrée quatre nations germaines : les Francs, les Alemans (ou Suèves), les Saxons, les Bavarois. Sous les successeurs de Charlemagne, la Germanie forma quelque temps un royaume particulier. Après la chute des Carlovingiens en Germanie, le nom de Germanie fit place à celui d'Allemagne; mais pendant longtemps ces deux noms furent pris l'un pour l'autre.

GERMANIE (Royaume de). On donne ce nom à un des royaumes nés du démembrement de l'empire de Charlemagne. Par le traité de Verdun en 843, Louis, dit le Germanique, petit-fils de Charlemagne, avait obtenu en partage toutes celles des provinces situées au delà du Rhin qui avaient fait partie de la monarchie des Francs, et en deçà du Rhin les villes de Spire, de Worms et de Mayence ; il en forma le roy. dit de Germanie. Ce royaume était défendu à l'E. par les Marches de Carinthie, de Bohême, d'Autriche, entre l'Ens et la Leitha; et par celles des Sorabes, entre l'Elhe et l'Oder. Au S. E. se trouvaient les Marches de Liburnie, de Frioul et d'Istrie. En 870, le roy. de Germanie fut agrandi, par le traité de Mersen, de la Lorraine allemande, située à l'E. de la Meuse, avec les villes de Bâle, Strasbourg, Metz, Cologne, Trêves, Aix-la-Chapelle et Utrecht. Les prov. frontières du roy. de Germanie étaient gouvernées par des ducs et des margraves; celles de l'intérieur, par des comtes; mais pendant le règne de Louis l'Enfant, la Franconie orientale, la Lorraine, la Souabe, la Bavière et la Thuringe étaient devenues des souverainetés héréditaires, et ne reconnaissaient que nominalement l'autorité du roi de Germanie. Ce titre subsista cependant même après la mort de Louis l'Enfant (911), mais il cessa dès lors d'appartenir à la dynastie Carlovingienne, Louis l'Enfant étant mort sans laisser de postérité. Après ce prince, Conrad de Franconie usurpa le trône sans pouvoir le rendre héréditaire dans sa famille. Henri l'Oiseleur, de Saxe, s'en saisit en 919 et le transmit à ses descendants. Ce dernier prince agrandit encore le roy. de Germanie par ses victoires sur les Hongrois et les Normands, et par la création de nouveaux margraviats, tels que ceux de Sleswig, de Saxe septentr., de Misnie et de Haute et Basse-Lusace. Henri l'Oiseleur, déjà roi de Germanie, fut proclamé empereur en 933. Cependant le titre de roi de Germanie ne fut remplacé définitivement par celui d'empereur qu'en 962 sous son fils Othon le Grand, qui, ayant conquis l'Italie septentr., se fit couronner à Rome par le pape Jean XII. Depuis cette époque, le titre de roi de Germanie ne fut plus donné qu'aux empereurs élus, mais non encore couronnés à Rome; puis il fut affecté aux fils des empereurs. Les empereurs faisaient décerner ce titre à leurs fils par les électeurs de l'empire, pour assurer la transmission héréditaire de cette couronne dans leur famille. Les rois de Germanie allaient ensuite recevoir en Italie la couronne de fer et le titre de rois de Lombardie ; mais ils ne devenaient empereurs qu'après leur couronnement à Rome. Toutefois, à la fin du XIIIe siècle, lorsque les empereurs d'Allemagne se furent affranchis de l'espèce de suprématie que la cour de Rome affectait envers eux, les titres de rois de Germanie et d'empereur se confondirent peu à peu. Enfin, lorsque la maison d'Autriche se fut affermie sur le trône, dans la 2e moitié du XVe siècle, elle introduisit la coutume nouvelle de faire décerner à l'héritier présomptif le titre de roi des Romains, qui fit disparaître définitivement celui de roi de Germanie. — Pour la liste des rois de Germanie ou d'Allemagne, V. l'art. ALLEMAGNE.

GERMANIQUE Ire ou G. SUPÉRIEURE, auj. l’Alsace, le grand-duché du Bas-Rhin, la Bavière rhénane, une des 17 prov. du diocèse de Gaule à la mort d'Auguste, entre la Belgique 1re et le Rhin, comprenait du S. au N. les Rauraci, les Tribocci, les Nemetes, les Vangiones, les Caracates, et avait pour ch.-l. Moguntiacum (Mayence).

GERMANIQUE 2e ou G. INFÉRIEURE, auj. partie du grand-duché du Bas-Rhin, à l'O. du Rhin, et Belgique orientale, une des 17 prov. du diocèse de Gaule à la mort d'Auguste, au N. des deux Belgiques et de la Germanique 1re, comprenait les Ubii, Gugerni, Toxandri, Tungri ou Aduatici, Condrusi, Menapii, et avait pour ch.-l. Colonia Agrippina (Cologne).

GERMANIQUE (Confédération). V. ALLEMAGNE.

GERMANOS, archevêque de Patras, né à Dimitzana en Arcadie, fut un des premiers à exciter les Grecs à l'insurrection contre les Turcs (1821), souleva les Péloponnésiens au nom de la religion, se rendit en 1822 au congrès de Vérone pour solliciter les se-