Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/721

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lation d’un navigateur qui prend le titre d’amiral au service d’Espagne, et qui, parti de Lima en 1630 pour voyager vers le Nord, prétend avoir découvert un passage du N. O. au N. E. de l’Amérique, pour passer d’Asie en Europe. Cette relation, publiée pour la 1re fois à Londres en 1708, a été l’objet de vives disputes : on regarde la découverte de Fuentès comme imaginaire.

FUENTES-DE-ONORE (LAS), vge d’Espagne (Sa1amanque). à 23 k. O. de Ciudad-Rodrigo; 600 hab. Combat indécis entre les Français et l’armée combinée des Angle-Espagnols, 5 mai 1811.

FUEROS. On désigne ainsi en Espagne les droits et privilèges particuliers de certaines provinces du Nord, ainsi que les chartes qui les consacrent. L’origine de ces priviléges remonte aux commencements de la monarchie espagnole; ils existaient déjà au temps de la lutte des petits rois de l’Espagne septentrionale contre les Maures, et paraissent modelés sur les lois des Visigoths. Le 1er des fueros écrits qui soit connu est celui de Léon qui date de 1020. C’est à Alphonse VI qu’on doit la plupart des fueros les plus populaires ; en 1076, ce prince rédigea le fuero de Sepulveda, qui, destiné d’abord à l’Estramadure, fut ensuite étendu à la plupart des villes de la Castille. Les prov. basques (Guipuscoa, Alava, Biscaye et Navarre) se sont montrées dans ces derniers temps fort attachées à leurs fueros : excitées par don Carlos, elles prirent les armes en 1833, pour les défendre et obtinrent de les conserver.

FUESSLI (prononcez Fusseli), famille de Suisse, a fourni, pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs hommes distingués dans les arts et les lettres. Les plus connus sont; Mathieu F., peintre, né à Zurich en 1598, mort en 1664. Il se fit une réputation par son habileté à représenter des scènes de désolation, batailles, pillages, incendies, etc. Il a aussi gravé avec succès dans le genre de Callot. — J. Gaspard F., arrière petit-fils du préc., né à Zurich en 1706, mort en 1782. Il se distingua dans les genres du portrait et du paysage; mais il est surtout connu comme écrivain. On lui doit l’Histoire des meilleurs peintres de la Suisse, 1755-1780, 5 vol. in-4; et un Catalogue des meilleures gravures, 1771. Lié avec Mengs et Winckelmann, il publia le Traité sur le beau et le goût en peinture du premier, 1762, et les Lettres de Winckelmann, 1778. — J. Rodolphe F., frère de J. Gaspard, fut également habile comme peintre, comme dessinateur et graveur. On lui doit un Dictionnaire des artistes, publ. à Zurich de 1763 à 1777. — Henri F., fils de J. Gaspard, né en 1738, mort à Londres en 1825. Il étudia la théorie de l’art sous Sulzer à Berlin, se lia étroitement à Zurich avec Lavater, visita Rome où il s’enthousiasma pour Michel-Ange, puis alla en 1776 se fixer en Angleterre, où il fut quelque temps précepteur. Consacrant ses loisirs à la peinture, il prit bientôt rang parmi les plus grands artistes de l’époque; il succéda à West dans la chaire de professeur à l’Académie de peinture, et devint directeur de cet établissement. Admirateur de Shakspeare, de Milton, de Klopstock, il porta dans la peinture le genre romantique : il excella dans les scènes effrayantes, ainsi que dans l’art de rendre les sentiments les plus intimes et de donner un corps aux idées métaphysiques; mais on lui reproche des bizarreries qui l’empêchèrent longtemps d’être apprécié. H. Fuessli a prodigieusement produit; la plus grande partie de ses tableaux a été faite pour la Galerie de Shakspeare et pour la Galerie de Milton. Ses Leçons sur la peinture ont été publ. par Knowles, Lond., 1831.

FUGGER (les), riche et illustre famille de Souabe, issue d’un tisserand des env. d’Augsbourg, qui vivait vers 1300. Cette famille acquit d’abord dans le commerce des toiles, puis dans le haut négoce, une immense fortune. A la fin du XVe siècle, elle rendit de grands services aux empereurs d’Allemagne, notamment à Maximilien et à Charles-Quint, en leur faisant des avances considérables; elle en obtint des titres de noblesse et s’allia aux familles les plus anciennes de l’Allemagne. Promus aux plus hautes dignités de l’empire, les Fugger employèrent leurs richesses toujours croissantes à favoriser le commerce et à doter Augsbourg de monuments magnifiques et d’établissements philanthropiques. Les membres les plus connus de cette famille sont les trois frères Ulric, Jacques et Georges Fugger; puis Raimond et Antoine, tous deux fils de Georges. — Ulric reçut en nantissement de l’empereur Maximilien, pour les avances qu’il lui avait faites, le comté de Kirchberg et la seigneurie de Weissenhorn, qui restèrent depuis la propriété de sa famille; il encouragea les savants et soutint les efforts de Henri Étienne lorsqu’il publiait son Trésor de la langue grecque. — Antoine et Raimond firent en grande partie les frais de l’expédition de Charles-Quint contre Alger, et obtinrent de lui le droit de battre monnaie. Antoine Fugger, recevant un jour l’empereur, brûla devant ce prince, pour le fêter dignement, tous les titres de créance qu’il avait sur lui. — Il existe encore plusieurs branches de cette famille en Allemagne, notamment celle de Kirchberg, qui possède auj. les domaines autrefois engagés par Maximilien; et celle des Babenhausen, élevée au rang de princes d’empire par l’empereur François en 1803.

FULBERT (S.), évêque de Chartres, né vers 960, à Chartres, ou, selon quelques-uns, en Italie, eut pour maître Gerbert (depuis pape), et pour protecteur le roi Robert, devint un des plus savants hommes de son temps, fut sacré évêque en 1007 et mourut en 1029. On le fête le 10 avril. Ses OEuvres, qui contiennent des sermons, des hymnes, etc., ont été publiées en 1595 par Papire Masson.

FULBERT, chanoine de Paris, au XVe siècle, oncle d’Héloïse, n’est connu que par la cruelle vengeance qu’il exerça sur Abélard. V. ABÉLARD.

FULDE, v. de Prusse (Cassel), à 112 kil. S. de Hesse-Cassel, sur la Fulde; 14 000 h., la plupart catholiques. Évêché catholique, autrefois princier; cour d’appel, séminaire et écoles diverses. Cathédrale, église St-Michel, château avec jardins, bibliothèque de 50 000 vol. Lainages, toiles, faïence, porcelaine, etc. Aux env., beau château de la Faisanderie. Abbaye célèbre, fondée en 744 par S. Boniface. — Fulde a dans le dernier siècle donné son nom à un petit État qui eut d’abord titre d’évêché (1752-1803), puis de grand-duché (1803), et qui fait auj. partie de la Hesse-Électorale; joint à la principauté d’Hersfeld et au comté de Smalkalde, l’anc. grand-duché forme depuis 1821 une prov. de cet État, qui est bornée au N. par le Rhœngebirge, au S. par le Vogelsberg et qui compte 140 000 hab. — L’abbaye de Fulde fut sécularisée en 1803. Son territoire passa successivement au prince de Nassau-Orange, au grand-duc de Francfort (Dalberg), à la Prusse (1817), et fut en fin partagé entre la Hesse et la Bavière.

FULDE, Fulda, riv. d’Allemagne, naît dans le Rhœngebirge, près de Reusbach en Bavière, devient navigable à Hersfeld, passe à Fulde, et se joint près de Minden à la Werra; cours, 180 k.

FULGENCE (S.), Fabius Claudius Fulgentius, évêque de Ruspina en Afrique, né vers 468 à Leptis dans la Byzacène, mort en 533, était intendant du domaine dans sa province, lorsque la lecture de S. Augustin le détermina à entrer dans la vie religieuse. Après avoir fait un voyage à Rome en 500, pour visiter le tombeau des apôtres, il fut nommé évêque de Ruspina; il fut exilé peu après par Thrasimond, roi des Vandales, qui favorisait les Ariens, mais fut rappelé par Hildéric, successeur de Thrasimond. Il a laissé plusieurs ouvrages dans lesquels il combat les Ariens, les Nestoriens, les Eutychéens, les Pélagiens; il mérita, tant par son style que par son zèle, d’être surnommé l’Augustin de son siècle. Ses OEuvres ont été publiées à Paris, en 1684, 1 vol. in-4, et à Venise, 17 42, in-fol. Il a aussi laissé quelques