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prouvé depuis la vérité, et popularisa les procédés propres à rappeler les noyés à la vie. Il était correspondant de l’Académie des sciences de Paris et membre de presque toutes celles d’Italie. Les plus remarquables de ses ouvrages sont : Nova introductio ad philosophiam, Venise, 1748 ; Della fluidità de’corpi, Livourne, 1714 ; Examen in præcipua mechanicæ principia, Pise, 1759.

FRONDE (Guerre de la). On nomme ainsi une guerre civile qui eut lieu en France pendant la minorité de Louis XIV (1648-1653) entre le parti de la cour (c.-à-d. la régente Anne d’Autriche et Mazarin, son principal ministre) et le parti de la noblesse et du parlement. Déjà depuis longtemps la faveur insigne dont Mazarin était l’objet, le désordre des finances, la création de plusieurs impôts vexatoires avaient irrité soit les grands, soit le peuple, et avaient excité plusieurs collisions avec la cour ; mais ce n’est qu’en 1648 que la guerre éclata ouvertement. Le parlement venait de rendre un arrêt célèbre, l’arrêt d’union, par lequel il s’engageait à se réunir au grand conseil, à la cour des comptes et à la cour des aides, pour délibérer sur les affaires d’État et réformer la constitution, s’érigeant ainsi en corps politique. Mazarin fait déclarer cet arrêt attentatoire aux droits de la royauté, et sur la résistance du parlement, il ordonne l’arrestation de deux des membres de ce corps, le président de Blancménil et le conseiller Broussel. Le peuple de Paris se soulève, dresse dans les rues des barricades (V. ce mot), et force la régente à relâcher les prisonniers, ainsi qu’à accueillir les demandes des Compagnies (ordonnance du 24 oct.). Celle-ci se retire alors à St-Germain, et fait pendant plusieurs mois assiéger Paris par le prince de Condé, qui s’était déclaré pour elle. A la tête du parti opposé à la cour, qu’on appelait la Fronde, étaient le coadjuteur de Paris, Paul de Gondi (depuis cardinal de Retz), le prince de Conti, frère de Condé, le maréchal de Turenne, égaré un moment, les ducs de Beaufort, de La Rochefoucauld, le duc et la duchesse de Longueville. Un premier accommodement, conclu à Rueil le 11 mars 1649, suspendit les hostilités ; mais elles recommencèrent bientôt. Cette fois Condé, mécontent de la cour, s’était joint aux Frondeurs ; il fut arrêté par surprise avec Conti et Longueville (18 janv. 1650), et fut enfermé à Vincennes. Gaston d’Orléans, frère du dernier roi, se mit alors à la tête des mécontents ; l’insurrection gagna les provinces et devint bientôt si redoutable que la reine se vit obligée de céder : elle rendit la liberté aux princes et sacrifia momentanément Mazarin, qui se retira à Cologne (févr. 1651). Mais la discorde s’étant mise entre les chefs de l’insurrection, Condé et Gondi, Anne d’Autriche profita de ce moment pour rétablir son autorité et rappeler Mazarin. Condé, proscrit par le parlement, quitte Paris, s’allie secrètement avec la cour d’Espagne, et va soulever la Guyenne et le Poitou ; Turenne, au contraire, rentre dans le devoir, et offre ses services à la cour dont il devient le ferme appui. Le 26 juin 1652, les deux rivaux se livrent, aux portes mêmes de Paris, dans le faubourg St-Antoine, un combat sanglant, qui ne décide rien. Condé se réfugie dans les Pays-Bas espagnols ; cependant Mazarin se retire à Liège et la reine se rapproche du coadjuteur. Celui-ci s’engage à ménager une réconciliation : en effet, la régente put, peu de jours après (21 oct. 1652), rentrer sans obstacle à Paris avec le jeune roi Louis XIV, qui venait d’atteindre sa majorité. A peine maîtresse du pouvoir, elle fait arrêter le coadjuteur et rappelle Mazarin ; celui-ci, redevenu tout-puissant, fait condamner à mort par le parlement le prince de Condé (qui ne rentra en grâce qu’en 1659), exile Gaston d’Orléans à Blois, s’assure des autres chefs de la faction et met ainsi fin à la guerre civile (1653). La Fronde eut cela de singulier que plusieurs femmes y jouèrent le rôle le plus important, notamment Mlle de Montpensier, fille de Gaston et nièce de Louis XIII ; la duchesse de Montbazon, maîtresse du duc de Beaufort, et la duchesse de Longueville, qui égara Turenne ; en outre, tout s’y faisait avec une frivolité et une gaieté sans exemple, ce qui rendit cette guerre plus ridicule que sérieuse. L’Histoire de la Fronde a été écrite par M. le comte de Ste-Aulaire (Paris, 1841, 2 vol. in-8), qui a cherché à la réhabiliter en la présentant comme un essai sérieux d’une monarchie tempérée par la magistrature. - Monglat donne du nom de Fronde une explication curieuse. « Il y avait, dit-il, dans les fossés de Paris une troupe de jeunes gens qui se battaient à coups de pierre avec des frondes. Le parlement rendit un arrêt pour défendre cet exercice ; et un jour qu’on opinait, un président parlant selon le désir de la cour, son fils, qui était conseiller, dit : « Quand ce sera mon tour, je fronderai bien l’opinion de mon père. » Depuis, on nomma frondeurs ceux qui étaient contre la cour. »

FRONSAC, Franciacum, ch.-l. de c. (Gironde), au confluent de l’Isle et de la Dordogne, à 2 kil. N. O. de Libourne ; 500 hab. Vins estimés. - Fronsac était autrefois le titre d’un duché considérable créé par Henri IV pour le comte de St-Paul, de la maison d’Orléans-Longueville, et qui passa ensuite dans celle de Richelieu. L’aîné des Richelieu portait le nom de duc de Fronsac du vivant de son père.

FRONTEIRA, v. de Portugal (Alentéjo), à 49 kil. N. O. d’Elvas ; 3000 hab. Schomberg, commandant les Portugais, y battit les Espagnols en 1663.

FRONTENAY-L’ABATTU, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 11 kil. S. O. de Niort ; 2350 hab. Autrefois place forte, prise par S. Louis en 1242, érigée en duché-pairie en 1774, sous le nom de Rohan-Rohan, pour Hercule Mériadec de Rohan, prince de Soubise.

FRONTIGNAN, ch.-l. de c. (Hérault), à 20 kil. S. O. de Montpellier, sur l’étang de Maguelone, à 2 kil. de la mer ; 1800 hab. Hôtel de ville remarquable. Station. Aux env., eaux minérales. Vins muscats et raisins secs très-renommés.

FRONTIN, S. Julius Frontinus, écrivain latin, né vers l’an 40 de J. -C., mort vers l’an 106 fut préteur de la ville, trois fois consul, et commanda les armées en qualité de proconsul dans l’expédition d’Agricola en Bretagne (78). Il reste de lui deux ouvrages principaux : Stratagèmes de guerre, en 4 livres, offrant le récit de toutes sortes de ruses de guerre tirées de la vie des grands capitaines grecs, romains et carthaginois ; et De aquæductibus urbis Romæ, contenant non-seulement la description fort bien faite des aqueducs de Rome au temps de Néron, mais aussi leur histoire ; il composa ce dernier écrit pendant qu’il était lui-même curateur des eaux de la ville. Les Stratagèmes ont été imprimés dans les Veteres de re militari scriptores, Wesel, 1670, in-8, et plusieurs fois séparément, par Oudendorp, Leyde, 1731 ; par Schwebel, Leipsik, 1772, avec notes ; ils ont été traduits en français par un ancien officier, Paris, 1772 ; et de nouveau par M. Baudement (1849 dans la collection Nisard). Le livre De aquæductibus urbis Romæ a été publié par Poleni à Padoue, 1722, et à Altona, 1792, avec notes ; trad. en français par Rondelet, avec une notice sur Frontin, 1820. Ces 2 ouvrages sont réunis dans l’éd. de Bologne, 1694, in-fol., ainsi que dans la collection. Panckoucke, avec une trad. française par Ch. Bailly, 1849. — Blum et Lachmann ont publié à Berlin, en 1853 (dans les Agrimensores romani), un livre De limitibus, qu’ils attribuent à Frontin, mais sans preuve suffisante.

FRONTON, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 28 kil. N. de Toulouse ; 2200 hab. Bons vins rouges.

FRONTON, M. Cornelius Fronto, rhéteur latin du IIe siècle, eut pour élève Marc-Aurèle qui lui conserva toujours une vive reconnaissance et le nomma consul en 161. Aulu-Gelle l’égale à Cicéron. On lui attribue un traité De vocabulorum differentiis, Vienne, 1509, Milan, 1815. Angelo Mai a retrouvé dans les palimpsestes des fragments de Fronton, en-