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il fut en outre désigné par Jeanne II, reine de Naples, pour son héritier; mais, forcé de faire la conquête de cet héritage, il se trouva par là engagé dans des guerres perpétuelles. Après avoir plusieurs fois perdu et repris Naples, il réussit à s'y établir, et y tint une cour brillante jusqu'à sa mort, arrivée en 1458. Doué de toutes les qualités qui constituent un grand roi, Alphonse fit la guerre sans cruauté, aima les lettres, et accueillit dans ses États les savants bannis de Constantinople. On lui reproche cependant d'avoir aimé le plaisir avec excès.

III. Rois de Naples.

ALPHONSE I, roi de Naples, le même qu'Alph. V, roi d'Aragon. V. l'article précédent.

ALPHONSE II, roi de Naples, fils de Ferdinand I, et petit-fils d'Alphonse V, monta sur le trône en 1494; mais, cette même année, le roi de France Charles VIII, appelé par le vœu de la plupart des Napolitains, envahit le royaume de Naples. Alphonse, abandonné de ses alliés, et mal secondé par ses sujets, dont il s'était aliéné le cœur par ses vices, abdiqua la couronne en faveur de son fils Ferdinand II, quitta Naples avant les Français, et se retira en Sicile, où il mourut la même année.

IV. Rois de Portugal.

ALPHONSE I HENRIQUEZ, le Conquérant, 1er roi de Portugal, fils de Henri de Bourgogne, comte de Portugal, né en 1109, n'avait que trois ans à la mort de son père, et ne porta d'abord lui même que le titre de comte. Il étendit les États paternels, et fut proclamé roi par son armée après la bataille d'Ourique où il défit cinq rois maures, en 1139. Il enleva aux Maures Lisbonne en 1147 et Evora en 1166; il voulut aussi s'agrandir du côté du roy. de Léon et de l'Estramadure; mais, après avoir pris Elvas et mis le siége devant Badajoz, il fut cerné, fait prisonnier et conduit à Ferdinand, roi de Léon, qui ne lui rendit la liberté que moyennant le sacrifice de tout ce qu'il avait conquis. Il mourut en 1185. On le regarde comme le fondateur et le législateur de la monarchie portugaise. V. CORTES et LAMEGO.

ALPHONSE II, le Gros, roi de 1211 à 1223, vainquit les Maures d'Espagne en plusieurs rencontres, notamment à las Navas de Tolosa 1212 et à Alcaçar-do-Sal, où il eut des Croisés pour auxiliaires (1217). Il fit rédiger un code de lois, et ordonna que les sentences de mort ne fussent exécutées que 20 jours après le jugement.

ALPHONSE III, roi de 1248 à 1279, 2e fils d'Alphonse II, succéda à son frère Sanche II en 1248. Il enleva le roy. des Algarves aux Maures (1249-1253), et protégea l'industrie et le commerce. La fin de son règne fut troublée par des différends avec la cour de Rome, qui lui attirèrent l'excommunication.

ALPHONSE IV, le Brave, roi de 1325 à 1357, fils de Denis, petit-fils du précédent. Il fit longtemps la guerre à son gendre Alphonse XI, roi de Castille, et ne se réconcilia avec lui que pour marcher contre les Maures d'Afrique. Il eut une grande part à la défaite qu'ils subirent à Tarifa en 1340. Alphonse avait, par ses révoltes, abrégé la vie du roi Denis, son père; il persécuta l'infant Alphonse Sanche, son frère; enfin il fit le malheur de son fils don Pèdre, en mettant à mort la célèbre Inès de Castro, que ce prince avait épousée en secret : il fut ainsi la fois fils ingrat, frère injuste et père cruel.

ALPHONSE V, l'Africain, roi de 1438 à 1481, monta sur le trône à l'âge de 6 ans. Parvenu à sa majorité, il tua dans une rencontre don Pèdre, son oncle et son tuteur. Il porta la guerre en Afrique et enleva aux Maures Arsille et Tanger (1471). Il eut de grands démêlés avec Ferdinand et Isabelle de Castille. Ce fut sous son règne que les Portugais découvrirent la côte de Guinée et y firent leurs premiers établissements. Il mourut de la peste.

ALPHONSE VI, fils et successeur de Jean IV, de la maison de Bragance, monta sur le trône en 1656, à 13 ans, sous la tutelle de sa mère. Ses débauches et le dérangement de son esprit le firent déposer en 1667, et son frère, don Pèdre, fut déclaré régent. Enfermé le reste de ses jours, Alphonse mourut en 1683.

ALPHONSE D'ESTE. V. ESTE.

ALPHONSE (S.). V. ILDEPHONSE et LIGUORI.

ALPHONSINES (tables), tables astronomiques composées par ordre d'Alphonse X, roi de Castille, furent rédigées par de savants astronomes chrétiens, juifs et arabes, qu'il avait réunis à Tolède, et furent corrigées par le roi lui-même. Elles parurent en 1252, et furent imprimées à Venise en 1483.

ALPIN (Prosper), médecin et botaniste, né en 1553, à Marostica, dans l'État de Venise, mort en 1617, était fils d'un médecin. Passionné pour la botanique, il passa plusieurs années en Égypte, où il recueillit une foule d'observations précieuses; à son retour, il fut nommé médecin de la flotte d'André Doria (1584), puis professeur de botanique à l'Université de Padoue, et mourut dans cette ville. On a de lui plusieurs traités estimés : sur les Plantes et l’Histoire naturelle de l'Égypte, sur les Plantes exotiques, sur la Médecine méthodique (il professait la doctrine de Thémison), et sur les Pronostics (De præsagienda vita et morte ægrotantium); ce dernier, publié d'abord en 1601, a été réimprimé par Boerhaave (Leyde, 1710) et par J. B. Friedrich (Leips. 1828). Prosper Alpin est, dit-on, le premier qui ait décrit la plante du café.

ALPUXARRAS, chaîne de montagnes d'Espagne, au S., dans le roy. de Grenade, est un rameau de la Sierra Nevada, qui s'étend entre cette chaîne et la Méditerranée. Hauteur : 1630m. Les Maures bannis d'Espagne y trouvèrent quelque temps un refuge. S'étant insurgés sous Philippe II, ces réfugiés furent réduits à grand'peine.

ALSACE, en allemand Ellsatz, ainsi nommée de l'Ill ou Ell qui la baigne; anc. prov. de France, à l'angle N. E., entre la Lorraine, la Franche-Comté et les frontières de Suisse et d'Allemagne, était bornée à l'O par les Vosges et à l'E par le Rhin et avait pour ch.-l. Strasbourg. L'Alsace fut, à la dissolution de l'empire romain comprise dans l'Alémannie, puis appartint aux rois francs jusqu'au Xe siècle; l'emp. Othon I s'en empara en 955. Elle fut réunie à la France sous Louis XIV, en 1648. Strasbourg et d'autres villes ne furent réunies que plus tard et après la paix de Nimègue. Elle forme les dép. du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. — Voyez Alsace-Lorraine.

ALSACE-LORRAINE, nom sous lequel, après la guerre de 1870-1871, ont été comprises dans l'Empire allemand les parties de l'Alsace et de la Lorraine cédées par le traité de Francfort (10 mai 1871) : les dép. du Ht-Rhin (sauf Belfort), du Bas-Rhin, et une partie des dép. de la Moselle et de la Meurthe.

AL-SAMAH ou SAMAH, gén. arabe. V. SAMAH.

ALSEN, île de l'archipel danois, dans le petit Belt, séparée du Sleswig par un canal étroit, a 33 kil. de long et 9 de large; environ 18 100 hab. Elle forme deux bailliages qui ont pour ch.-l. Nordborg et Sœnderborg.

ALSO-KUBIN, bourg de Hongrie (cercle en deçà du Danube), ch.-l. du comitat d'Arva, sur l'Arva; 1200 hab.

ALSTEDIUS (J.-H.), savant allemand, né en 1588 à Herborn, dans le comté de Nassau, mort en 1638, professa la philosophie et la théologie à Herborn, puis à Weissembourg, en Transylvanie. Parmi ses ouvrages on distingue Methodus scientiarum, Strasbourg, 1610, une Encyclopédie, en latin, Herborn, 1610 et l’Encyclopédie de la Bible, ouvrage où il prétend prouver qu'il faut chercher dans l'Écriture sainte les principes et les matériaux de toutes les sciences et de tous les arts.

ALSTEN, île de Norwége, sur la côte du Norland, on y remarque une montagne à sept sommets, haute d'environ 1330m, et dite les Sept-Sœurs.

ALSTROEMER (Jonas), industriel suédois, né