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tirait son nom du bourg de Pas (dans le Pas-de-Calais), et qui était connue dès le temps des Croisades. Il contribua puissamment à la prise de La Rochelle, fut chargé en 1633 d'une mission en Allemagne pendant la guerre de Trente ans, et réussit, dans les Conférences d'Heilbronn, à resserrer l'alliance entre la France, la Suède et les princes protestants de l'Allemagne. Chargé en 1639 du siége de Thionville, il y fut blessé et pris, et mourut quelques mois après de ses blessures. Il a laissé dès mémoires sur ses Négociations en Allemagne, publiés en 1753, 3 vol. in-12. — Son fils, Isaac de F., ambassadeur en Suède de 1672 à 1682, détermina la Suède à s'unir à la France contre l'Allemagne coalisée. Il fut aussi ambassadeur à Madrid, de 1685 à 1688, année de sa mort. Il a laissé une vaste correspondance diplomatique, conservée aux archives des affaires étrangères, et d'où H. Ét. Gallois a tiré les Lettres inédites de Feuquières, publiées en 1846-47, 5 vol. in-8.

FEUQUIÈRES (Ant. DE PAS, marquis de), fils d'Isaac, né en 1648, mort en 1711, se signala sous Louis XIV par sa bravoure; servit sous Luxembourg, Turenne et Catinat, et contribua beaucoup au gain de la bataille de Nerwinde (1693), où il commandait Comme lieutenant général. Disgracié quelques années après pour avoir parlé trop librement, il occupa ses loisirs à écrire des Mémoires sur la guerre, qui sont estimés, et que Voltaire a mis à profit pour son Siècle de Louis XIV. Ils ont été publiés par son neveu en 1770, 4 vol. in-4.

FEURS, Forum Segusiavorum, ch.-l. de c. (Loire), sur la Loire, r. dr., à 22 kil. N. E. de Montbrison; 2600 hab. Restes de construction romaine; digues qui resserrent la Loire, etc. Patrie de l'anatomiste Duverney et du colonel Combes, tué à Constantine. — Déjà importante au temps des Gaulois, cette ville devint la capitale du Forez, auquel elle donna son nom. En 1441, ses comtes l'abandonnèrent pour aller habiter Montbrison. Les Calvinistes la prirent et la saccagèrent en 1562.

FEUTRIER (Hyac.), évêque de Beauvais, né à Paris en 1785, m. en 1830, brilla comme prédicateur, devint successivement vicaire de la grande aumônerie, curé de la Madeleine, vicaire général du diocèse de Paris, et enfin évêque de Beauvais (1826); fut, à la chute du ministère Villèle, chargé du portefeuille dès affaires ecclésiastiques, se montra constitutionnel et fit rendre la célèbre ordonnance du 16 juin 1828, qui limitait le nombre des élèves des petits séminaires et fermait les maisons des jésuites; mais il indisposa par ces mesures une partie du clergé. On a de lui : Panégyrique de Jeanne d'Arc (prononcé dans la cathédrale d'Orléans, le 8 mai 1821, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans), Oraison funèbre du duc de Berry (1820), — de la duchesse d'Orléans (1821).

FÉVRET (Ch.), juriste, né en 1583 à Semur en Auxois, m. en 1661, était fils d'un conseiller au parlement de Bourgogne et exerça avec éclat la profession d'avocat au barreau de Dijon. On a de lui un célèbre Traité de l'abus, publié à Dijon en 1653, plusieurs fois réimprimé, avec, additions, notamment en 1736, avec l'éloge de l'auteur, et un dialogue De Claris fori Burgundiensis oratoribus, 1654. — Son fils, Pierre Févret, 1625-1706, conseiller au parlement de Dijon, fonda la bibliothèque de cette ville. — Son petit-fils, Charles Marie Févret, est plus connu sous le nom de Fontette. V. ce nom.

FÉVRIER (journées des 22, 23 et 24) 1848, journées dans lesquelles fut renversé le gouvernement du roi Louis-Philippe. L'insurrection parisienne prit naissance à l'occasion de la défense d'un banquet réformiste, et à la suite d'une grande manifestation de l'opposition contre cette défense (22). Commencée au cri de Vive la Réforme, la révolution se termina au cri de Vive la République. Le roi Louis-Philippe, pour prévenir une lutta sanglante, abdiqua en faveur de son petit-fils le comte de Paris; mais cette abdication tardive ne pu avoir son effet, et la République fut proclamée dès le 24 février.

FEYJOO (Jérôme), écrivain espagnol, né à Compostelle en 1701, mort en 1764, abbé de St Vincent d'Oviédo, renonça de bonne heure au monde pour se livrer à l'étude des langues, de l'histoire et des belles-lettres. Il fit paraître en 1726 son Théâtre critique universel, espèce de revue satirique des opinions des hommes et des principales professions de la vie, qui eut un succès prodigieux : cet ouvrage a été traduit par d'Hermilly, 1742-1746, 4 vol. in-12. On a du même auteur des Lettres curieuses et instructives, Madrid, 11748, 8 vol. in-8. Campomanès a donné une édition de ses œuvres avec une Vie de l'auteur, Madrid, 1780), 33 vol. in-8.

FEZ, v. de l'empire de Maroc, ch.-l. de la prov. de son nom, à 375 kil. N. E. de Maroc : env. l00 000 h., dont 3000 juifs. C'est une des plus belles villes de la Barbarie; mais elle n'a pas de beaux monuments. On y fabrique des couvertures et haiks en laine, des calottes rouges connues sous le nom de fez, des armes blanches et à feu, du maroquin, de la poudre à canon, etc. Son commerce est actif. Elle a été longtemps un foyer littéraire et scientifique; elle possède encore des écoles renommées et une bibliothèque considérable pour le pays. — Fondée en 793 ou 807 par Edris; prise en 1459 par Alphonse de Portugal, mais bientôt reprise par les Maures.

FEZ (roy. de), au N. E. du Maroc proprement dit, au N. O. du roy. de Tafilet, a pour bornes au N. la Méditerranée, à l'O. l’Atlantique et à l'E. l'Algérie. Il a 520 kil. sur 450. Ch.-l. Fez; autres villes princip., Méquinez, Tétouan, Tanger, Rabat. Le pays est traversé par les monts Errifs qui réunissent le grand et la petit Atlas, et arrosé par le Sebou. Le climat est brûlant dans les lieux bas, tempéré dans les montagnes; la sol, très-fertile. — Ce pays, après avoir formé, la plus grande partie de la Mauritanie Tingitane, fut annexé sous les derniers empereurs au diocèse d'Hispanie, devint en 429 la proie des Vandales et tomba en 678 au pouvoir des Arabes, qui y établirent l'Islamisme. Sous eux, le royaume de Fez fit d'abord partie du grand califat de Damas ; mais il s'en démembra de bonne heure et devint en 782 le centre de la puissance des Édrisites. Il fut ensuite annexé par Abdérame III (931-960) au califat de Cordoue; mais il lui échappa en 960 pour passer sous les lois des califes fatimites. En 1070, les Almoravides s'en emparèrent, et en firent une dépendance de leur empire. Les Almohades leur succédèrent en 1145, mais ils établirent leur résidence à Maroc. Sous les Mérinites (1248), Fez reprit sa prééminence et même soumit les royaumes voisins de Sous, de Maroc et de Tafilet; mais en 1536, il perdit toutes ces provinces; depuis ce temps, il fut sans cesse en guerre avec le Maroc; enfin, il fut subjugué en 1730 par les souverains de cet empire dont il n'est plus aujourd'hui qu'une province.

FEZENZAC, Fidentiacus pagus, ancien pays de France (Gascogne), entre le Condomois au N., le Haut Armagnac à l'E., l'Astarac au S., est le Bas-Armagnac à l'O., avait pour ch.-l. Vic-Fezenzac. Il est auj. compris d'ans le dép. du Gers. Érigé en comté en 802, il devint héréditaire en 920, fut réuni à l'Armagnac, en 1140, et à la couronne en 1589.

FEZENSAC (maison de), illustre maison de Gascogne, qui passe pour la plus ancienne de France, a pour chef Sanche Mittara, prince de Navarre, qui devint en 890 duc de Gascogne, et qui lui-même était, dit-on, issu des Mérovingiens par Caribert, duc d'Aquitaine, fils de Clotaire II. Le premier qui prit le nom de Fezensac est Guillaume Garcie, 2e enfant d'un fils de Sanche Mittara, à qui échut le comté de Fezensac, renfermant alors les villes d'Auch, de Vic et tout l'Armagnac. Sa descendance forma plusieurs branches, entre autres celles d'Armagnac, de Montesquiou, de Marsan, d'Artagnan, noms dont la célébrité fit oublier celui de Fezensac ; ce nom fut re-