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Kourri, Djacoba : capit., Sakatou. Cet État est auj. la puissance prépondérante du Soudan. Il a été fondé à la fin du siècle dernier par le prétendu prophète Othman Danfolio, qui, sorti du Gouber, soumit la plupart des États que comprend le Soudan.

FELLENBERG (Ph. Emmanuel), célèbre pédagogiste, né à Berne en 1771, d’une famille patricienne et riche, mort en 1844. Après avoir étudié les divers modes d’éducation, ceux surtout de Pestalozzi, de Pfeffel, de Saltzmann, il fonda vers 1799, dans le domaine jusque-là désert d’Hofwyl, près de Berne, un Institut agricole, auquel il joignit successivement un Institut de Pauvres ou école d’industrie, un Institut de jeunes Nobles, qui offrait un système complet d’études, et un Institut normal pour former des instituteurs, embrassant ainsi toutes les parties de l’éducation. Ces divers établissements, où affluaient des élèves de toutes les parties de l’Europe, prospérèrent de son vivant ; mais ils succombèrent peu après sa mort. Fellenberg voulait faire de l’agriculture un moyen d’éducation pour les pauvres, et couvrir par le produit du travail des élèves les frais d’éducation. H a publié en allemand des Vues sur l’agriculture de la Suisse et le moyen de la perfectionner (trad. par Ch. Pictet, Genève, 1808).

FELLER (Joachim), écrivain allemand, né à Zwickau en 1638, mort en 1691, débuta comme poëte à 13 ans, fut professeur de poésie à Leipsick, puis bibliothécaire de l’université de cette ville. Il mourut d’une chute faite dans un accès de somnambulisme. Il faisait fort bien le vers latin. On a de lui : Flores philosophici ex Virgilio ; Cygni Cygneæ : c’est la biographie des hommes distingués qu’avait produits Zwickau (Cygnea), sa patrie. — Son fils, Joachim Frédéric Feller, 1673-1726, secrétaire du duc de Weimar, publia Monumenta inedita, Iéna, 1714, 12 vol. in-4 ; Histoire généalogique de la maison de Brunswick-Lunebourg, Leipsick., 1717 (en allem.) ; Otium Hanoveranum, sive Miscellanea ex ore et schedis Leibnitzii, Leipsick, 1718.

FELLER (François Xavier de), jésuite, né à Bruxelles en 1735, enseigna les humanités, puis la théologie à Liège, à Luxembourg, à Tyrnau en Hongrie, revint, après la suppression de son ordre, se fixer à Liège, où il se mit à écrire ; se réfugia en Westphalie lors de l’invasion des Français (1794), et mourut à Ratisbonne en 1802. Il a publié un grand nombre d’écrits, tous empreints d’un zèle ardent contre les philosophes et les Jansénistes ; le plus célèbre est un Dictionnaire historique, publié pour la première fois en 1781, 6 vol. in-8, souvent réimprimé depuis, avec des augmentations ; ce dictionnaire est en grande partie copié de celui de Chaudon. Feller a rédigé à Liège de 1774 à 1794 un Journal historique et littéraire. On a aussi de lui un Catéchisme philosophique, 1777, des Discours sur la religion et la morale, 1778, où l’on trouve du talent ; un Examen de l’histoire naturelle de Buffon, où il attaque les théories du naturaliste, et des Observations sur le système de Newton, où il nie le mouvement de la terre.

FELLETIN, ch.-l. de c. (Creuse), à 8 kil. S. d’Aubusson, sur la Creuse ; 3494 h. Tapisseries dites d’Aubusson, draps, teintureries, papeteries. Institution ecclésiastique. Restes d’un anc. temple de Vénus.

FELSINA, v. de l’Italie ancienne. V. BONONIA.

FELSOE-BANYA, v. de Hongrie (Szathmar), à 7 k. E. de Nagy-Banya ; 4500 h. Administration des mines. Aux env., mines d’or, d’argent, de fer, de cuivre et de plomb.

FELTON (John), Irlandais, lieutenant dans l’armée anglaise envoyée au secours de La Rochelle en 1628, assassina le duc de Buckingham au moment où la flotte allait partir d’Angleterre. Loin de se soustraire au supplice, il le brava avec fanatisme.

FELTRE, Feltria, v. de Vénétie, à 26 k. S. O. de Bellune ; 6000 h. Évêché. Blanchisserie de cire, filature de soie. Patrie de Victorin de Feltre. Napoléon I donna le titre de duc de Feltre au général Clarke.

FEMERN, île danoise de la mer Baltique, près de la côte du Holstein, dépend du Slesvig ; 22 k. sur 12 ; 8000 hab. ; ch.-l., Burg. Navigation active.

FÉNELON (François DE SALIGNAC DE LAMOTHE-), né en 1651 au château de Fénelon en Quercy, d’une famille noble et ancienne, fut destiné de bonne heure à l’état ecclésiastique, et prêcha avec succès dès l’âge de 15 ans. Après avoir étudié à St-Sulpice, il fut chargé par l’archevêque de Paris de l’instruction des nouvelles catholiques ; ces fonctions lui inspirèrent le traité de l’Éducation des filles. Sur la recommandation de Bossuet, Louis XIV lui confia la direction d’une mission dans le Poitou : repoussant l’auxiliaire de la force, Fénelon réussit par sa douceur et son éloquence à opérer un grand nombre de conversions. À son retour, le roi le choisit, d’après le conseil de Mme de Maintenon, pour être précepteur de son petit-fils, le duc de Bourgogne. Il sut enseigner à son élève toutes les vertus d’un chrétien et d’un prince, et lui inspira pour sa personne une affection qui ne se démentit jamais. Lorsque cette éducation fut terminée, Louis XIV le promut à l’archevêché de Cambray (1694). Né avec une âme tendre, et rempli d’un pur amour pour Dieu, Fénelon accueillit les idées mystiques de Mme Guyon : Bossuet, qui avait été jusque-là son ami, l’attaqua vivement sur ce point, et le St-Siége condamna (1699) l’Explication des Maximes des Saints, que l’archevêque de Cambray avait publiée pour se justifier. Fénelon se soumit avec humilité et abjura publiquement ses erreurs. Vers le même temps, parut le Télémaque, ingénieuse fiction, où sont enseignés les devoirs d’un roi : cet ouvrage, que Fénelon n’avait pas voulu rendre public, lui avait été soustrait par un domestique infidèle. Louis XIV y vit une satire de son règne, arrêta l’impression et disgracia l’auteur. Retiré dans son diocèse, Fénelon ne s’occupa que du bonheur de son troupeau ; il prit soin lui-même de l’instruction religieuse du peuple et des enfants, et se fit universellement chérir par sa bienfaisance. Pendant le cruel hiver de 1709, il se dépouilla de tout pour nourrir l’armée française qui campait près de lui. La réputation de ses vertus attira à Cambray nombre d’étrangers de distinction, entre autres Ramsay, qu’il convertit et qui ne le quitta plus. Il mourut en 1715, à 64 ans, après avoir eu la douleur de voir expirer son élève. Fénelon est inférieur à Bossuet pour la force et le sublime ; mais aucun auteur ne l’a égalé pour l’onction et le charme du style : c’est l’écrivain qui a le mieux reproduit dans les temps modernes la noble simplicité des anciens. Comme homme et comme chrétien, personne n’a porté plus loin les vertus douces et n’a mieux su faire aimer la religion. Il avait en politique des idées fort libérales. On a de lui un assez grand nombre d’ouvrages, mais on en a perdu quelques-uns, Louis XIV ayant fait brûler, à la mort du duc de Bourgogne, plusieurs de ses écrits qui se trouvaient dans les papiers du prince. Les ouvrages principaux de Fénelon sont : l’Éducation des filles, 1687 ; le Traité du ministère des pasteurs, 1688 ; les Maximes des Saints, 1697 ; les Aventures de Télémaque, publiées en 1699 sans l’aveu de l’auteur, réimprimées en 1717 par les soins de sa famille : cet ouvrage, qui est à la fois une épopée et un profond traité de morale et de politique, a eu une foule d’éditions, a été traduit dans toutes les langues et même a été mis en vers latins (une 1re fois à Berlin, 1743, une 2e fois à Paris, par Al. St. Viel, 1808) ; Dialogues des Morts et Fables, écrits composés pour l’éducation du duc de Bourgogne, 1712 ; Démonstration de l’existence de Dieu, 1713, et avec une 2e partie, 1718, souvent réimprimé, notamment en 1810 avec notes d’Aimé-Martin ; Dialogues sur l’éloquence, avec une Lettre à l’Académie française, 1718 ; Examen de la conscience d’un roi (pour le duc de Bourgogne), imprimé seulement en 1734 ; des Sermons, qui pour la plupart furent prêchés d’abondance ; des Lettres spirituelles. Les œu-