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F

F. Chez le Romains, la lettre F se mettait dans les abréviations pour, filius, Fabius; FL pour Flavius. A Rome on marquait d'un F au front les esclaves fugitifs, comme on marquait en France les criminels de deux lettres T. F. (travaux forcés).

FABER (Basile), lexicographe, né en 1520 à Soraw, dans la Basse-Lusace, mort en 1575, enseigna les humanités à Nordhausen, à Magdebourg, et fut recteur de l'Université d'Erfurt. Il a donné, entre autres ouvrages, un grand Dictionnaire latin, publié pour la 1re fois à Leipsick en 1571, in-fol., sous le titre de Thesaurus eruditionis scholasticæ, et souvent réimprimé depuis, avec des additions de Buchner, Cellarius, J. Thomasius, Stubel, etc., notamment à Francfort, en 1749, par J. H. Leich, 2 vol. in-fol. Ardent partisan de la Réforme, il traduisit en latin quelques-uns des écrits de Luther.

V. FABRE, FAYRE et LEFEBVRE.

FABERT (Abraham), maréchal de France, né à Metz en 1599, mort en 1662, entra à quatorze ans dans la carrière militaire, se distingua en 1627 comme major au siège de La Rochelle, contribua puissamment en 1629 à la prise de Suse qu'assiégeait Louis XIII en personne, dirigea le siège de Chivas en Savoie, et battit complètement l'armée du prince Thomas qui cherchait à débloquer la place. Promu au grade de capitaine des gardes françaises, il se signala de nouveau dans une foule d'actions, notamment au siège d'Arras (1640), à la bataille de la Marfée (1641), et aux sièges de Collioure et de Perpignan (1642). En 1654, il dirigea sous les yeux de Louis XIV le siège de Stenay, et força cette place à capituler. Fabert reçut le bâton de maréchal de France en 1658 : c'est le 1er roturier qui ait été élevé à cette dignité. Ce grand capitaine n'était pas moins admirable par sa loyauté, son désintéressement et son humanité, que par son courage. Sa Vie a été écrite par Courtilz de Sandras, 1697, et par Jos. de Labarre, 1752.

FABIEN (S.), pape de 236 à 250, était Romain. Il périt dans la persécution de Dèce. On l'hon. le 30 janv.

FABIENS, nom sous lequel on connaît dans l'histoire 306 guerriers de la famille Fabia qui, l'an 477 av. J.-C., ayant à leur tête le consul Fabius Vibulanus, se chargèrent à eux seuls, avec leurs clients au nombre de 4000, de combattre les Véïens ; ils vainquirent l'ennemi en plusieurs rencontres ; mais, étant tombés dans une embuscade sur les bords de la Créméra, ils périrent accablés par le nombre.

FABIOLE (Ste), d'une famille illustre de Rome, fit bâtir à ses frais un hôpital, distribua son bien aux pauvres, alla visiter les lieux saints et m. en 400. S. Jérôme a célébré ses vertus. On l'hon. le 27 déc.

FABIUS (les), illustre famille de Rome, prétendait descendre d'Hercule par une fille d'Évandre, et fut ainsi nommée, dit-on, pour avoir introduit à Rome la culture de la fève (faba). — Une tribu de Rome prit de cette famille le nom de Fabia. Cette famille fournit les 306 Fabiens et plusieurs autres héros.

FABIUS MAXIMUS RULLIANUS (Q.), maître de la cavalerie sous le dictateur Papirius Cursor, 326 ans av. J.-C., battit les Samnites et leur tua 20 000 hommes; mais comme il avait livré la bataille en l'absence du dictateur et sans son ordre, il faillit payer de sa tête cette infraction à la discipline : il ne dut la vie qu'aux prières de son père, M. Fabius Ambustus. Il fut ensuite cinq fois consul, deux fois dictateur, interroi et prince du sénat. Il vainquit de nouveau les Samnites, unis aux Étrusques, à la bataille de Sentinum (296) et leur tua, dit-on, 60 000 hommes. Ses exploits lui méritèrent le surnom de Maximus, très-grand, que portèrent depuis ses descendants.

FABIUS PICTOR (Q.), le plus ancien des historiens romains vivait vers l'an 220 av. J.-C. Il écrivit les Annales de l’histoire romaine depuis le règne de Romulus jusqu'à son temps; il n'en reste que peu de fragments. Il devait le surnom de Pictor à un de ses ancêtres qui avait peint le temple de la déesse Salus.

FABIUS MAXIMUS VERRUCOSUS (Q.), surnommé Cunctator, temporiseur, fameux adversaire d'Annibal, fut cinq fois consul (233-209 ans av. J.-C.), et fut nommé dictateur après la défaite de Trasimène, en 217. Contraint de partager le commandement avec Minutius Rufus, son maître de la cavalerie, il sauva cet imprudent général d'une défaite assurée (216). Il se signala, surtout pendant les six mois de sa dictature, en amusant Annibal par des délais et des feintes, sans vouloir jamais livrer bataille. Après avoir ainsi fatigué et épuisé son armée, il la cerna près de Casilinum et il allait la forcer à se rendre à discrétion quand un stratagème la sauva (V. CASILINUM). En 209, il reprit Tarente sur Annibal, mais il flétrit sa victoire par des cruautés. Fabius s'opposa au projet formé par Scipion de transporter la guerre en Afrique; il mourut en 205, peu avant l'exécution de ce projet.

On connaît encore : Q. F. Æmilianus, consul en 145, qui fit la guerre avec quelque succès à Viriathe : il était fils de Paul-Émile et passa par adoption dans la famille des Fabius; — Q. F. Servilianus, qui fut battu par Viriathe et signa un traité honteux, 141 ; — Q. F. Maximus, qui battit eh 122 les Allobroges unis aux Arvernes, et reçut le nom d’Allobrogicus.

FABRE (J.), protestant de Nîmes, célèbre par son amour filial : son père devant être envoyé aux galères pour avoir pratiqué son culte malgré les édits royaux, il se dévoua pour lui et alla subir sa peine au bagne de Toulon, 1756. Un si beau dévouement étant venu à la connaissance du duc de Choiseul, alors ministre, il le fit délivrer, après six ans de fers. Ce trait de piété filiale a été mis sur la scène par Falbaire dans l’Honnête Criminel.

FABRE d'ÉGLANTINE (Ph. Franç. Nazaire), écrivain et homme politique, né en 1755 à Limoux, remporta pour prix aux Jeux Floraux une églantine d'argent : d'où son surnom. Il s'était déjà fait connaître au théâtre par plusieurs pièces qui avaient obtenu du succès, lorsqu'éclata la Révolution. Il en adopta les principes avec ardeur, devint membre de la Commune de Paris, secrétaire de Danton, et enfin député à la Convention nationale. Là il professa longtemps les doctrines les plus violentes; mais ayant voulu revenir à une conduite plus modérée, il se fit des ennemis : accusé de s'être laissé corrompre à prix d'argent, il fut traduit devant le tribunal-révolutionnaire, condamné et exécuté le même jour que Danton et Camille Desmoulins, qui se plaignaient d'être accolés à un voleur (5 avril 1794). Fabre avait eu une grande part à la rédaction du calendrier républicain. Ses Œuvres ont paru à Paris, 1802, 2 vol. in-8. La meilleure de ses pièces est le Philinte de Molière ou la Suite du Misanthrope, comédie en 5 actes et en vers qui fut représentée en 1790 : c'est le tableau de l'égoïste victime de son égoïsme même. On a encore de lui le Présomptueux, 1789, l’Intrigue épistolaire, en 5 actes et envers, 1790, et les Précepteurs, qui ne furent joués que cinq ans après sa mort : il y met en scène l'application des principes de l’Émile de J. J. Rousseau.

FABRE D'OLIVET, littérateur médiocre, de la même famille que Jean Fabre (de Nîmes), né à Ganges (Hérault) en 1767, mort à Paris en 1825, a donné quelques romans et quelques poésies, mais il est surtout remarquable par la tournure mystique de son esprit. Il prétendit avoir découvert la clef des hiéroglyphes et avoir retrouvé le vrai sens de la langue hébraïque, qui était, disait-il, restée ignorée jusqu'à lui; il publia dans ce but la Langue hébraïque restituée, 1816;