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ouvrage sont celles d'Havercamp, Leyde, 1729; de Zell, Stuttgard, 1829; il a été trad. par l'abbé Paul, 1809, par N. A. Dubois, 1843 (dans la Biblioth. lat. franç. de Panckoucke), et par M. Baudement (collection Nisard). On ne sait si cet historien est le même qu'un Eutrope préfet du prétoire en 381.

EUTROPE, célèbre eunuque, natif d'Arménie, favori d'Arcadius, empereur d'Orient, réussit, en 395, à l'aide de l'impératrice Eudoxie, à renverser le ministre Rufin, qui avait été longtemps tout-puissant, mais révolta bientôt lui-même le peuple par ses cruautés et ses débauches et fut renversé par Eudoxie. Il eut été massacré aussitôt par la multitude sans l'intervention de S. Jean Chrysostôme, qui apaisa le peuple par un de ses plus beaux discours (398). Néanmoins il fut condamné à mort l'année suivante.

EUTYCHÉENS. V. EUTYCHÈS.

EUTYCHÈS, hérésiarque grec, était archimandrite d'un monastère près de Constantinople lorsque s'éleva l'hérésie de Nestorius, qui supposait deux personnes en J.-C. Il sortit de sa retraite pour défendre la foi; mais il tomba lui-même dans une hérésie nouvelle, qu'il commença à répandre en 448 : il enseignait qu'il n'y avait qu'une nature en J.-C., la nature divine, par laquelle avait été absorbée la nature humaine comme une goutte d'eau l'est par la mer. Accusé dès 449 par Eusèbe de Dorylée et par Flavien, patriarche de Constantinople, il comparut dans un concile tenu à Éphèse et qui reçut le nom de brigandage d'Éphèse, à cause des violences qui s'y commirent. Secrètement soutenu par l'empereur Théodose II, il fut absous ; mais après la mort de ce prince il fut condamné dans le concile de Chalcédoine en 451. Il mourut vers 454, âgé d'env. 75 ans. Son hérésie prit de grands accroissements après sa mort. Ses partisans sont nommés Eutychéens on Monophysites (partisans d'une seule nature). Cette hérésie subsiste encore en Orient, en Égypte et en Abyssinie.

EUTYCHIUS, nommé en arabe Said-ibn-Batrich, patriarche d'Alexandrie en Égypte, né en 876 à Fostat (Vieux-Caire), m. en 940, devint en 933 patriarche melchite d'Alexandrie. Il était versé, non-seulement dans la théologie, mais aussi dans la médecine et l'histoire, et il écrivit sur ces différentes sciences. On a de lui, entre autres écrits, une histoire universelle en arabe, qu'il intitula Rangée de pierres précieuses et qui est connue sous le nom d’Annales. Ces annales, qui vont jusqu'en 937, ont été traduites en latin par Pockock, Oxford, 1658, 2 vol. in-8.

EVAGORAS, nom de deux rois de Salamine en Chypre, dont le 1er, issu de Teucer, s'éleva sur le trône vers l'an 410 av. J.-C., conquit presque toute l'île de Chypre, accueillit Conon à sa cour après la défaite d'Ægos Potamos (405), et résista longtemps au roi de Perse. Il périt assassiné en 374, victime d'une vengeance particulière. Isocrate a fait de ce prince un pompeux panégyrique. — Le 2e, petit-fils du préc., succéda à Nicoclès son père, fut détrôné par son oncle Protagoras, trouva un refuge à la cour du roi de Perse Artaxerce-Ochus, qui le replaça sur le trône, mais fut renversé de nouveau.

ÉVAGRE le Scholastique, Evagrius, historien grec, né vers 536 à Épiphanie (Syrie), fut avocat à Antioche, questeur sous Tibère Constantin, et garde des dépêches du préfet sous Maurice. On a de lui une Histoire ecclésiastique, en 6 liv., qui va depuis l'an 431, époque de la condamnation de Nestorius par le concile d’Éphèse, jusqu'en 593; elle a été trad. en latin par W. Musculus, Christophorson et Adr. de Valois, imprimée avec celles d'Eusèbe, de Socrate, de Sozomène et de Théodoret, Paris, 1544, in-fol., et trad. en franç. par le président Cousin.

Un autre ÉVAGRE, moine du IVe siècle, professeur de littérature sacrée à Constantinople, a laissé quelques écrits : Monachus, Gnosticus, Sententiæ, qu'on trouve dans les collections des Pères grecs.

ÉVANDRE, prince arcadien, conduisit une colonie dans le Latium vers 1300 av. J.-C., fut accueilli par Faunus, roi des Aborigènes, civilisa ces peuples, et bâtit près de l'Aventin la v. de Pallantée, qu'il appela ainsi du nom de son fils Pallas ; Il donna l'hospitalité à Hercule et secourut Énée contre les Rutules.

ÉVANGÉLIQUE (Église), église formée par la fusion qui, en 1817, se fit entre les Luthériens et les Calvinistes dans le duché de Nassau, Cette fusion eut lieu la même année à Francfort-sur-le-Mein, puis à Weimar, à Hanau et dans la Bavière rhénane (1818), dans la principauté d'Anhalt-Bernbourg (1819), dans celle de Waldek et le grand-duché de Bade (1821), dans la Hesse (1822), ainsi que dans une partie du Wurtemberg. En Prusse, cette fusion a éprouvé une grande résistance.

ÉVANGÉLISTES (les Quatre), On nomma ainsi les écrivains sacrés qui ont rédigé la vie et la doctrine de J.-C. : ce sont S. Mathieu, S. Marc, S. Luc et S. Jean. Ils sont désignés par les quatre animaux de l'Apocalypse, le ler par l'ange, le 2e par le lion, le 3e par le taureau, le 4e par l'aigle.

ÉVANGILE ou NOUVEAU TESTAMENT. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des arts.

EVANS (Olivier), mécanicien des États-Unis, né en 1755 près de Philadelphie, mort en 1811, est l'inventeur des machines à vapeur à haute pression. Il avait précédemment imaginé une machine à fabriquer des cardes (1777), et avait apporté des perfectionnements importants aux moulins de meunier (1782). Il exposa en 1797 ses idées sur les machines à vapeur à haute pression ; mais il trouva peu d'approbateurs et mourut avant d'avoir vu son invention prendre le rang qu'elle occupe, aujourd'hui.

ÉVARIC, roi des Visigoths. V. EURIC.

ÉVAUX, ch.-l. de c. (Creuse), à 33 k. N. E. d'Aubusson; 2000 h. Grains, bétail, grosses toiles. Tanneries, mégisseries. Eaux thermales renommées. Aux env., ruines du château de La Roche-Aymon. Évaux était jadis la ch.-l. du pays de Combrailles.

ÈVE, la première femme, mère du genre humain, fut créée après Adam. Selon la Genèse, Dieu la tira du corps de l'homme et la plaça avec lui dans le paradis terrestre. S'étant laissé séduire par le démon, caché sous la forme d'un serpent, elle mangea du fruit défendu et en fit manger à son époux; cette désobéissance les fit chasser tous deux du paradis et entacha toute la race humaine du péché, originel. Le nom d'Ève veut dire en hébreu mère des vivants.

ÉVÊQUE, chef d'un diocèse, V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

EVEREST (mont), le plus haut pic de l'Himalaya (8836m), entre le Kunchinginga et la v. de Catmandou, par 27° 59' lat. N. et 84° 37' long. E. Il a été ainsi appelé du nom d'un arpenteur anglais qui le mesura.

EVESHAM, v. d’Angleterre (Worcester), à 24 k. S. E. de Worcester, sur l'Avon; 4000 hab. Anc. abbaye. Il se livra en 1265, près de cette ville, une bataille entre Simon de Montfort, comte de Leicester, et le prince Édouard, qui devint roi sous le nom d’Édouard I. Simon de Montfort y fut tué.

ÉVHÉMÈRE, philosophe grec, natif de Messène ou plus probablement d'Agrigente, vivait dans le IVe siècle av J.-C. Il fut ami de Cassandre, roi de Macédoine, qui le chargea de missions importantes, et visita pour ce prince l'Océan Indien. On le regarde comme l’auteur du système qui explique la mythologie par l'histoire. Suivant lui, Jupiter, Saturne, et tous les dieux de l'Olympe, n'étaient que d'anciens rois, ou des personnages puissants attachés à leur suite, qui avaient autrefois vécu dans l'île de Panchaïe, pays fabuleux qu'il place sur la côte orientale de l'Arabie. Ses écrits, parmi lesquels l’Histoire sacrée occupait la principale place, furent vantés par les Épicuriens. Ennius les traduisit en latin. Il reste quelques fragments de cette traduction, placés à la suite de ceux d'Ennius, recueillis par Colomna, 1591, et par Hesselius, 1707. L'abbé Sevin, Fourmont et Foucher ont inséré de savantes dissertations sur Évhémère dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions.