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commentées depuis par Lepsius (Berlin, 1833) et par M. Bréal (Paris, 1875).

EULALIE. (Ste), vierge et martyre, née à Augusta Emerita (auj. Merida, en Estramadure), n’avait que douze ans lors de la persécution de Dioclétien. D’une piété ardente, elle s’échappa de la maison paternelle pour aller braver le juge et renversa les idoles en sa présence. On tenta inutilement de la ramener par la douceur, et on finit par la livrer aux tortures : elle fut brûlée vive en 308. On la fête le 10 déc.

EULÉE, Eulæus, fleuve. V. CHOASPE.

EULER (Léonard), célèbre géomètre, né à Bâle en 1707, m. en 1783, reçut les leçons de J. Bernouilli, fut appelé par Catherine II en Russie en 1727, professa les mathématiques à St Pétersbourg, vint en 1741 se fixer à Berlin, et retourna en 1775 à St-Pétersbourg où il finit ses jours. Il avait perdu la vue dès l’âge de 59 ans, mais il ne s’en livrait pas avec moins d’assiduité à l’étude. Il était membre des Académies de St-Pétersbourg, de Berlin, associé de l’Académie des sciences de Paris, et fut pensionné par la Prusse et la Russie. Cet homme infatigable a produit un nombre prodigieux d’ouvrages. Embrassant les sciences mathématiques dans leur universalité, il leur a fait faire de grands pas, surtout au calcul différentiel et intégral ; il appliqua l’analyse à la mécanique, à la construction des vaisseaux, et donna la démonstration de plusieurs théorèmes énoncés par Fermat. Il est à regretter qu’il ait eu avec d’Alembert, son rival de science, des démêlés où le bon droit ne paraît pas avoir été de son côté. Entre ses nombreux écrits, presque tous rédigés en latin, on doit remarquer : sa Mécanique exposée analytiquement, St-Pétersbourg, 1736 ; l’Introduction à l’analyse de l’infini, Lausanne, 1748 ; la Science navale, 1749 ; les Institutions de calcul différentiel, 1755 ; — de calcul intégral, 1768 ; les Lettres à une princesse d’Allemagne (la princesse d’Anhalt-Dessau, nièce du roi de Prusse), écrites en français, de 1760 à 1762, publiées à St-Pétersbourg en 1768, 3 vol. in-8. Ce dernier ouvrage, où l’auteur traite à la foi de physique, de métaphysique et de logique, a été plusieurs fois réimprimé, notamment à Paris en 1787, par les soins de Condorcet, qui en a retranché les passages antiphilosophiques ; par Labey en 1812, par M. Cournot en 1842, par M. Saisset en 1843. Euler a en outre fourni à l’Académie de St-Pétersbourg une foule de mémoires. L’Éloge d’Euler a été prononcé par Condorcet. — Euler eut plusieurs enfants qui presque tous marchèrent sur ses traces. L’aîné, Jean Albert, né en 1734 à St-Pétersbourg, mort en 1800, partagea plusieurs prix à l’Académie des sciences avec Bossut et Clairaut, et enseigna la physique à St-Pétersbourg. – Le 2e, Charles, né en 1740, m. aussi en 1800, remporta également plusieurs prix à l’Académie des sciences ; il exerça la médecine à St-Pétersbourg et fut médecin de l’empereur. - Le 3e, Christophe, né en 1743 à Berlin, m. vers 1805, appliqua avec succès les mathématiques au génie militaire.

EUMATHIUS, romancier grec, dont la patrie est incertaine et que l’on suppose être du xiie s., est auteur des Amours d’Ismène et d’Isménias, roman mal écrit et de mauvais goût, qu’on avait à tort attribué à Eustathe de Constantinople. Ce roman a été publié avec une trad. latine et des notes par G. Gaulmin, Paris, 1617, par Teucher, Leipsick, 1792, et par Ph. Lebas, dans le Erotici scriptores de la Biblioth. grecq. de Didot, 1866 ; il a été trad. en franç. par Beauchamps, 1729, et par Ph. Lebas, 1828.

EUMÉE, Eumæus, fidèle serviteur d’Ulysse, avait d’abord été gardien des troupeaux du héros. Ulysse lui confia l’administration de ses biens pendant son absence. Après le retour de son maître à Ithaque, il l’aida à se défaire des poursuivants de Pénélope et à se remettre en posession de son royaume.

EUMÈNE, Eumenes, un des lieutenants d’Alexandre, né de parents obscurs à Cardie, dans la Chersonèse de Thrace, avait d’abord été secrétaire de Philippe. Sous Alexandre, il commanda le corps des Hétères (c.-à-d. Compagnons). A la mort du conquérant, il reçut en partage la Paphlagonie et la Cappadoce, et eut sans cesse à combattre les autres généraux, soit pour protéger la veuve et les enfants d’Alexandre et empêcher le démembrement des États macédoniens, soit pour défendre Ses propres provinces. Trahi par les siens, il fut battu par Antigone à Orcinium en Cappadoce (320 av. J.-C.) : il soutint un long siège dans Nora (319) et tomba enfin entre les mains de son ennemi qui le jeta en prison et l’y fit égorger (315). Plutarque et Cornélius Népos ont écrit sa vie.

EUMÈNE I, roi de Pergame de 263 à 241 av J.-C, fit quelques conquêtes sur les rois de Syrie, et encouragea les lettres ; mais il se déshonora par son intempérance et mourut d’un excès de vin.

EUMÈNE II, son neveu, fils d’Attale I, monta sur le trône l’an 198 av J.-C., fit alliance avec les Romains, auxquels il conserva toujours la foi jurée, soutint avec avantage différentes guerres contre Persée, roi de Macédoine, contre Prusias, roi de Bithynie, et mourut en 157. Eumène II est célèbre par son amitié pour ses frères Attale et Philétère. Ce prince cultivait les lettres et augmenta beaucoup la bibliothèque de Pergame, où il introduisit l’usage du parchemin. - Il laissa un fils en bas âge, qui ne figura qu’un instant sur le trône sous le nom d’Eumène III (157) : il m. au bout d’un an.

EUMÉNIDES, c.-à-d. propices, nom donné aux Furies par antiphrase. Une fête était célébrée tous les ans à Athènes en leur honneur : on leur immolait des brebis pleines. Eschyle les a mises sur la scène.

EUMÉNIUS, rhéteur du iiie siècle, né vers 260 à Autun. mort vers 311, professa l’éloquence dans sa ville natale et fut secrétaire de Constance Chlore. Chargé de diriger les écoles des Gaules, il prononça à cette occasion un discours Pro restaurandis scholis, le plus important de ses écrits. Il reste de lui quatre panégyriques, que l’on trouve dans la collection des Panegyrici veteres (Paris, 1643) et qui ont été trad. par l’abbé Landriot, 1854. Sa latinité est supérieure à celle des auteurs de son siècle.

EUMOLPE, roi d’Éleusis, à la fois guerrier, barde et prêtre, était, selon les uns, né en Attique et petit-fils de Triptolème, ou, selon d’autres, originaire de Thrace, et gendre de Tégyrius, roi de ce pays. Il disputa le trône d’Athènes à Érechthée, et périt en le combattant à la tête des Éleusiniens. Il institua (vers 1374 ?) les mystères d’Éleusis. Ses descendants, les Eumolpides, eurent pendant 1200 ans le privilège de présider à ces mystères.

EUNAPE, Eunapius, né à Sardes en Lydie au IVe siècle, parent et disciple de l’éclectique Chrysanthius, alla se perfectionner à Athènes, puis retourna en Lydie où il exerça la médecine. Contemporain et zélé partisan de Julien, il se montra ardent adversaire des Chrétiens. Aussi ses opinions sont-elles trop passionnées pour être impartiales. On a de lui des Vies des Philosophes, où il donne des détails intéressants sur plusieurs philosophes éclectiques, sur des médecins et des rhéteurs de son temps. Cet ouvrage, publié pour la 1re fois en 1569 à Anvers par Junius, puis en 1596, à Heidelberg, par Commelin, grec-latin, a été édité de nouveau avec des améliorations par Boissonade, Amst., 1822, 2 vol.  in-8. et réimpr. à la suite de Philostrate dans la Biblioth. grecque de Didot, 1849. Eunape avait aussi écrit une Histoire des Césars en 14 livres (depuis Claude II, en 268, jusqu’aux fils de Théodose, 407), dont il ne reste que des fragments (on les trouve à la suite de l’édition de 1822). On doit à M. Cousin de savantes recherches sur Eunape (dans ses Nouveaux Fragments).

EUNOME, hérésiarque du IVe siècle, né en Cappadoce, adopta les opinions d’Aétius, devint en 360 évêque de Cyzique par la protection d’Eudoxe, patriarche arien de Constantinople, fut dans la suite déposé et exilé en Mauritanie, et mourut dans sa patrie en 393. Il niait que le Fils de Dieu se fût fait