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l’Angleterre (V. HENRI LE LION). Elle descendait des ducs de Toscane Gui et Lambert, fils d’Adalbert II, qui gouvernaient la Toscane pour les princes carlovingiens, et qui, en 926, avaient été dépouillés de leurs États par les rois d’Italie. Voici les membres les plus importants de cette famille, célèbre surtout par la protection qu’elle accorda aux lettres et aux arts.

Albert Azzo d’Este, petit-fils d’Oberto II (qui lui-même était le petit-fils de Gui ou de Lambert, et qui possédait plusieurs fiefs en Toscane vers 972), né vers l’an 1020, mort en 1117, est le premier qui ait possédé la v. d’Este. Il fut en grande faveur auprès des empereurs Henri III et Henri IV, épousa Cunégonde, héritière des Guelfes d’Altdorf, et en eut Guelfe, qui, en 1071, obtint la Bavière à titre de fief et qui mourut dans l’île de Chypre en 1101 ; c’est de celui-ci qu’est issue la branche allemande de la maison d’Este, celle des ducs de Brunswick-Hanovre.

Obizzo I, fils de Foulques, né lui-même d’un second mariage d’Albert Azzo avec Hermengarde, fille d’un comte du Maine, prit le premier le titre de marquis d’Este. Il fut nommé en 1182 podestat de Padoue, puis marquis de Milan et de Gênes, et entra dans la ligue lombarde contre Frédéric-Barberousse.

Azzo V, marquis d’Este, fils d’Obizzo I, épousa vers 1176 Marchesella des Adelards, fille et héritière de Guillaume, chef des Guelfes de Ferrare, et acquit ainsi la souveraineté de Ferrare. Il fut le chef de tous les Guelfes de la Vénétie.

Azzo VI, fils du préc., podestat de Ferrare (1196) et de Padoue (1199), battit Eccelin et Salinguerra, chefs des Gibelins, et se fit reconnaître en 1208 souverain de Vérone. Il m. en 1212.

Azzo VII, son 2e fils, régna de 1215 à 1264. Dépouillé d’abord, à cause de sa jeunesse, de la plus grande partie de ses États, il les recouvra en combattant Salinguerra et Eccelin, qu’il fit prisonniers.

Obizzo II, petit-fils d’Azzo VII, joignit à la possession d’Este et de Ferrare celle des villes de Modène (1288) et de Reggio (1290), dont la souveraineté lui fut déférée par les habitants. Il aida Charles d’Anjou contre Manfred dans la conquête du roy. de Naples.

Hercule I, fils de Nicolas III, prince ami des lettres, régna à Ferrare et à Modène de 1471 à 1505, et se vit obligé d’abandonner aux Vénitiens la Polésine de Rovigo. Il prit le premier le titre de duc de Ferrare. Il attira près de lui Bolardo et l’Arioste.

Alfonse I, fils d’Hercule, épousa en 1502 la célèbre Lucrèce de Borgia, et régna de 1505 à 1534. Il entra, à la sollicitation de Jules II, dans la ligue de Cambrai contre Venise (1509) et eut ensuite de vifs démêlés avec ce pape ainsi qu’avec son successeur, Léon X, qui mit ses États en interdit : ce n’est qu’après le sac de Rome (1527) que Charles-Quint lui rendit sa souveraineté. Il résidait à Ferrare et protégeait les lettres : l’Arioste vécut à sa cour.

Hippolyte, cardinal d’Este, fils d’Hercule et frère d’Alfonse, né en 1479, m. en 1520, embrassa le parti de Louis XII contre la Sainte-Ligue. Il fut l’ami et le protecteur de l’Arioste.

Hippolyte d’Este, dit le Cardinal de Ferrare, fils d’Alfonse I, né on 1509, fut envoyé de bonne heure à la cour de France, jouit de la faveur de de François I, de Henri II et de ses fils ; fut nommé cardinal en 1539, obtint successivement les archevêchés de Milan, de Lyon, de Narbonne ; gouverna pendant deux ans le duché de Parme pour la France, 1552-54 ; assista au colloque de Poissy, 1561, et mourut à Rome en 1572 ; Il protégea Paul Manuce, Muret et d’Ossat.

Alfonse II, petit-fils d’Alfonse I, régna à Ferrare et à Modène de 1559 à 1597. Élevé en France, à la cour de Henri II, il en rapporta le goût des fêtes et des tournois. Il tenta, mais sans succès, d’obtenir la couronne de Pologne. Sa cour réunissait les premiers peintres et les hommes les plus célèbres de l’Italie, à la tête desquels brillait le Tasse ; mais l’infortuné poëte, ayant offensé le prince par sa passion pour la duchesse Éléonore, sa sœur, fut enfermé par ses ordres (V. TASSE). Alfonse II ne laissa pas d’enfants.

César, fils naturel d’un fils d’Alfonse I et cousin d’Alfonse II, se laissa enlever Ferrare par la pape Clément VIII, qui refusait de le reconnaître pour héritier légitime, et se retira à Modène, où il régna de 1597 à 1628. — Son fils, Alphonse III, abdiqua au bout d’un an pour s’enfermer dans un couvent.

François I, duc de Modène et de Reggio, fils d’Alphonse III, né en 1610, m. an 1658, acheta de l’Espagne, en 1636, la principauté de Correggio, fut l’allié de la France contre l’Autriche et fit épouser à son fils Alphonse IV une nièce de Mazarin. Il commença le palais ducal de Modène.

Renaud d’Este, un des fils du duc François I, né en 1655, duc de Modène en 1694, m. en 1737, ajouta à ses États le duché de la Mirandole, qu’il acheta en 1718. Il se déclara pour la maison d’Autriche dans la guerre de la succession. La France s’empara de ses États en 1703 ; mais il les recouvra en 1736. Il avait épousé en 1695 une princesse de Brunswick, issue comme lui de la famille d’Este, et parce mariage il réunit les deux branches de cette maison, séparées depuis le XIe siècle.

Hercule III, duc de Modène, petit-fils de Renaud, né en 1727, régna de 1780 à 1797, et se vit enlever ses États pendant la Révolution : le traité de Campo-Formio (1797) consacra cet état de choses. Une laissa qu’une fille, Marie Béatrix, qui épousa en 1779 l’archiduc Ferdinand d’Autriche ; ce qui fit entrer dans la maison impériale les biens de la maison d’Este. - Marie-Béatrix d’Este eut de son mariage plusieurs enfants ; en faveur desquels on a fait revivre le nom d’Este. L’aîné, François IV d’Este, archiduc d’Autriche, né en 1779, fut réintégré en 1815 dans le duché de Modène et eut pour successeur, en 1846, François V, dépossédé en 1859, pour avoir combattu contre les Italiens dans les rangs des Autrichiens.

ESTEPA, Astapa, v. d’Espagne (Séville), près du Xénil, à 70 kil. E. S. E. de Séville ; 10 000 hab.

ESTERHAZY, château des princes d’Esterhazy, situé en Hongrie, près d’Eisanstadt. Voy. ce nom.

ESTERHAZY (famille d’), une des plus illustres familles de la monarchie autrichienne, est hongroise et se prétend issue de Paul d’Esteras, descendant d’Attila, qui fut baptisé en 969. Sous Ferdinand II et Léopold I elle a puissamment contribué à affermir la dynastie des Habsbourg en Hongrie, ce qui lui concilia leur faveur. Elle aoquit en 1421 la seigneurie de Galantha (comitat de Presbourg), y joignit en 1622 celle de Forclitenstein, obtint en 1625 le rang de comte, en 1687 celui de prince d’empire, et enfin siégea à la diète comme état d’empire de 1804 à 1806. Cette maison a env. 4 000 000 fr. de revenu, et possède à titre héréditaire la charge de Ban d’Œdenbourg. Elle est catholique et réside à Eisenstadt et à Vienne. Elle a fourni des hommes d’État et des généraux distingués, entre autres, le feld-maréchal Paul d’E., 1635-1713, qui contribua sous Montecuculli a la victoire du St-Gothard sur les Turcs en 1664, combattit en Hongrie l’insurrection de Tékéll, repoussa les séductions du rebelle Ragotzki, participa à la défense de Vienne contre le Turcs en 1683, leur enleva Budé en 1686, et reçu en récompense la vice-royauté de Hongrie. - Nic. d’E., 1765-1833, refusa en 1809 la couronne de Hongrie que lui offrait Napoléon ;

: il est surtout connu par son goût pour les arts : c’est lui qui créa la belle galerie de tableaux dit Gartenpalast à Vienne. - Son fils, Paul Ant. d’E., né en 1786, fut ambassadeur d’Autriche à Londres de 1830 à 1838 et membre du ministère hongrois de Batthyani en 1848.

ESTERNAY, ch.-l. de c. (Marne), à 45 k. S. O. d’Épernay. ; 500. h. Manufact. de porcelaine.

ESTHER, c.-à-d. Cachée, Juive de la tribu de Benjamin, nièce de Mardochée, était née en Perse pendant la captivité de Babylone. Elle plut par sa beauté et sa douceur au roi de Perse Assuérus (V. ce nom),