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ESCULAPE, en grec Asclepias, dieu de la médecine, fils d'Apollon et de Coronis, fut confié aux soins du centaure Chiron qui lui apprit l'art de guérir. Il suivit les Argonautes en Colchide. A son retour il rendit la vie à Hippolyte, fils de Thésée; mais, à la prière de Pluton qui se plaignait de se voir enlever sa proie, Jupiter le frappa de la foudre. Cependant pour consoler Apollon de la perte de son fils, il le plaça dans le ciel, où il forme la constellation du Serpentaire. Ce dieu était adoré principalement à Épidaure, à Athènes, à Pergame, à Cos et à Smyrne. Le coq et le serpent, symboles de vigilance et de prudence, lui étaient consacrés. Homère lui donne pour fils Machaon et Podalire, dont les descendants sont connus sous le nom d’Asclépiades.

ESCURIAL (l'), petite v. d'Espagne (Ségovie), à 35 kil. N. O. de Madrid, sur le versant S. E. du Guadarrama: 3000 hab. Elle n'a de remarquable que le célèbre édifice dit aussi l’Escurial, palais et monastère à la fois, qui fut bâti par Philippe II en mémoire de la bataille de St-Quentin (l557), et pour satisfaire à un vœu qu'il avait fait à S. Laurent, ayant remporté la victoire le jour de la fête de ce saint (10 août). L'édifice a la forme d'un gril : les bâtiments en sont alignés comme les barres de cet instrument, par allusion au gril qui servit au martyre du saint; en outre, le gril y est sculpté partout. On trouve dans l'intérieur de l'Escurial 17 cloîtres, des jardins, un immense parc, une galerie de tableaux, une bibliothèque célèbre, riche surtout en manuscrits arabes, enfin des caveaux où sont les tombeaux des rois d'Espagne, notamment ceux de Charles-Quint et de Philippe II. L'édifice est entouré d'un parc immense et de belles promenades avec des bassins d'eaux vives. L'Escurial est une des trois résidences royales d'Espagne: la cour y passe l'arrière saison. — Jean-Baptiste de Tolède fit les plans de l'Escurial et commença les travaux en 1563; à sa mort, 1567, Jean de Herrera les continua; il les termina en 1584.

ESCUROLLES, ch.-l. de c. (Allier), à 7 kil. N. E. de Gannat; 1200 hab. Justice de paix.

ESDRAS, docteur juif, de la race sacerdotale, vivait au Ve siècle av. J.-C., pendant la captivité de Babylone. Il se rendit agréable au roi de Perse Assuérus (Artaxerce Longue-Main?), qui le chargea, vers 458 av. J.-C., de reconduire dans leur pays ceux qui n'avaient pas suivi Zorobabel, et de hâter la reconstruction du temple. Arrivé à Jérusalem, Esdras fit la dédicace du temple et rétablit dans sa pureté le culte, qui s'était altéré pendant la captivité. Il réunit en un seul corps les livres canoniques, les purgea des fautes qui s'y étaient glissées, et les expliqua avec tant de talent qu'il fut surnommé le Prince des docteurs de la loi. Il y ajouta lui-même deux livres intitulés : Livre d'Esdras et Livre de Néhémie, qui contiennent un espace de 113 ans. Esdras passe aussi pour l'auteur des Paralipomènes et des deux derniers livres des Rois. Il les a du moins revus.

ESI, Æsis, riv. d'Italie, prend sa source dans l'Apennin, arrose les délégations de Macerata et d'Ancône, et se jette dans l'Adriatique entre Ancône et Sinigaglia, après un cours d'env. 70 k.

ESKI-CHEHR, Dorylæum, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), à 40 k. N. E. de Kutaieh; ch.-l. du livah de Sultan-Euni. Mosquées et tombeaux de saints musulmans. Eaux thermales.

ESKI SAGRA ou ZAGRA, Berœa, v. de la Turquie d'Europe (Roumélie), sur le versant S. du Balkan, à 110 k. N. O. d'Andrinople; env. 20 000 hab. Eaux thermales très-fréquentées. Cuirs, tapis.

ESKI-STAMBOUL, Alexandria-Troas, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), à 8 k S. E. de l'île Ténédos. Port sur la Méditerranée, barré par les sables; nombreuses ruines.

ESMÉNARD, poëte français, né en 1770 à Pélissane en Provence, m. en 1812, était fils d'un avocat au parlement d'Aix. Il émigra en 1792, voyagea dans toute l'Europe, et rentra en France après le 18 brumaire. Il accompagna le général Leclerc à St-Domingue, publia à son retour en 1805 la Navigation, poëme que lui avait inspiré le spectacle de l'Océan, et donna en 1807 l'opéra de Trajan (musique de Lesueur), qui eut 100 représentations. L'année suivante il composa en société avec De Jouy l'opéra de Fernand Cortez (musique de Spontini). Il fut admis en 1810 à l'Académie française. Dévoué à l'Empire, il fut nommé censeur des théâtres, puis chef d'une division de la police impériale; néanmoins Napoléon l'exila en 1811 pour avoir écrit une satire contre l'empereur Alexandre ; il revenait d'Italie en France après trois mois d'exil, lorsqu'il périt malheureusement à Fondi, renversé de voiture par des chevaux emportés. Esménard fut un versificateur correct et harmonieux, mais sans verve.

ESMERALDAS, v. et port de l’Équateur, à 164 k. N. O. de Quito, à l'embouch. de la riv. de las Esmeraldas, ainsi appelée parce qu'elle roule des émeraudes. On recueille aux env. le meilleur cacao connu et d'excellent tabac.

ESMERALDAS (SERRA DAS), Chaîne de mont. du Brésil, entre les prov. de Minas-Geraes et de Porto-Seguro, doit son nom aux émeraudes qu'on y trouve.

ESNEH, Latopolis, v. de la Hte-Égypte, ch.-l. de prov., sur la r. g. du Nil, à 44 k. S. des ruines de Thèbes, par 30° 14' long. E., 25° 17' lat. N.; 4000 h. Évêché copte. Jolie ville, qui est l'entrepôt de commerce entre la Nubie et le Sennaar, Étoffes de coton, poterie, pressoirs à huile de laitue; fabriques de châles dits milayeh. Nombreuses ruines : on y voit les débris d'un grand temple construit sous les derniers rois égyptiens et sous les empereurs romains, et qui est surtout célèbre par ses sculptures mythologiques; on y remarque un zodiaque plus moderne que celui de Denderah. Davout battit les Mamelouks près d'Esneh, 1799.

ÉSON, Æson, roi d'Iolcos, frère de Pélias, et père de Jason. A la mort de son père, il monta sur le trône : mais il en fut chassé par son frère. Quand il fut devenu vieux, la magicienne Médée, femme de Jason son fils, le rajeunit à la prière de celui-ci.

ÉSOPE, Æsopus, fabuliste grec, né à Amorium en Phrygie dans le VIe siècle av. J.-C., fut d'abord esclave d'un certain Jadmon de Samos, dont il gagna l'amitié et qui l'affranchit. Selon la tradition reçue, Ésope était difforme et contrefait, mais il brillait par la sagesse et l'esprit et il se fit une grande réputation par son talent pour l'apologue. Crésus l'appela à sa cour, le traita fort bien et lui confia plusieurs missions. Envoyé par ce prince à Delphes pour consulter l'oracle, il fut révolté par les impostures et la cupidité des prêtres et irrita les habitants par la liberté de son langage : il fut arrêté sous un faux prétexte (on l'accusait d'avoir dérobé une coupe d'or), et précipité du haut d'un rocher, vers 550 av. J.-C. Il existe une Vie d'Ésope, attribuée à Planude, qui n'est qu'un tissu de traditions rassemblées sans critique et de contes le plus souvent invraisemblables. On a sous son nom des fables qui, dans leur rédaction actuelle, ne sont pas son propre ouvrage ; les Grecs se sont emparés de ses apologues et les ont arrangés sous diverses formes, soit en prose, soit en vers. Ces Fables, déjà connues de Socrate, qui en mit quelques-unes en vers, furent recueillies pour la 1re fois par Démétrius de Phalère, env. 230 ans après la mort d'Ésope. Elles furent mises en vers grecs par Babrius. Le recueil le plus généralement répandu est en prose et est l’œuvre de Planude, moine grec du XIVe s. Parmi les nombreuses éd. des fables d'Ésope, on distingue, après l'édition princeps, due à Buonocorso de Pise (Milan, 1479?), celle de Robert Étienne, Par., 1546; l'édit. beaucoup plus complète de Fr. de Furia (Florence, 1809;, reproduite par Coray, Paris, 1810 ; celles de Schneider, Breslau, 1813 (d'après un manuscrit trouvé à Augsbourg), et de Halm, Leips., 1852. Elles ont été traduites dans toutes les langues, notamment