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Un traité y fut conclu en 1444 entre le Dauphin Louis et les Suisses qu'il venait de vaincre à la bataille de St-Jacques. Ensisheim fut prise et reprise par les Suédois, les Impériaux et les Français pendant la guerre de Trente ans. Elle fut cédée à la France par la paix de Munster, 1648, et perdue en 1871.

ENTELLE, athlète. V. DARÈS.

ENTIUS. V. ENZO

ENTRAGUES ou ENTRAYGUES (Henriette DE BALZAC d'), marquise de Verneuil, fille de François d'Entragues, gouverneur d'Orléans, et de Marie Touchet, qui avait été maîtresse de Charles IX. Après la mort de Gabrielle d'Estrées, elle inspira une vive passion à Henri IV, qui alla jusqu'à lui signer une promesse de mariage, promesse que Sully eut le courage de déchirer. Elle montra un vif ressentiment lors du mariage de Henri avec Marie de Médicis : le roi pour la calmer lui fit don du marquisat de Verneuil et de 100 000 écus ; néanmoins elle entra quelque temps après dans une conspiration dont son père et son frère, le comte d'Auvergne, furent les principaux agents. Tous deux furent condamnés à mort; mais elle obtint leur grâce. Elle se retira de la cour et mourut en 1633, à 50 ans. Elle avait eu de Henri IV un fils, le duc de Verneuil, qui fut évêque de Metz, et une fille, qui fut mariée au duc d'Épernon.

ENTRAYGUES, ch.-l. de c. (Aveyron), sur le Lot et la Trueyre, à 21 kil. N. O. d'Espalion; 1830 hab.

ENTRECASTEAUX (Jos. Antoine BRUNI d'), né à Aix en 1740, fils d'un président du parlement de Provence, entra de bonne heure dans la marine royale, fit ses premières armes sous le bailli de Suffren, son parent, devint en 1785 commandant des forces navales dans l'Inde, et en 1787 gouverneur de l'île de France. En 1791, il fut chargé d'aller avec deux frégates à la recherche de Lapérouse, et en outre de parcourir les côtes que ce navigateur avait encore à explorer. Malgré tous ses efforts, il ne put remplir que la seconde partie de sa mission : il reconnut la côte occidentale de la Nouv.-Calédonie, de l'île de Bougainville, et près de 1300 kil. de côtes dans la partie sud-ouest de la Nouv.-Hollande, et explora, sur la côte S. E. de la Tasmanie, un canal auquel il laissa son nom. Il mourut en mer (1793) près de l'île de Java. M. de Rossel, qui faisait partie de l'expédition en qualité de capitaine de pavillon, en a publié une relation fort intéressante, sous le titre de Voyage à la recherche de Lapérouse, Paris, 1808.

ENTRE-DEUX-MERS (l'), partie de l'anc. Bordelais, entre la Garonne et la Dordogne, ainsi nommée parce que la mer remonte très-haut dans l'une et l'autre riv. Places principales : Créon et Artigues.

ENTRE-DOURO-E-MINHO, anc. prov. du Portugal, à l'angle N. O., bornée au N. par le Minho, qui la sépare de la Galice, et au S. par le Douro, qui la sépare de la Beira, à l'E. par le Tras-os-Montes et à l'O. par l'Atlantique, comptait 900 000 hab. et avait pour ch.-l. Braga. Elle forme auj. les deux prov. de Douro et de Minho. Climat délicieux et très-fertile. Vins, fruits, etc.

ENTREMONT, vallée de la Suisse, dans le Valais, arrosée par la Drance et traversée par la route du grand St-Bernard. Belle cascade de la Valsorey.

ENTRE-RIOS (c.-à-d. entre rivières), un des États de la Confédération du Rio-de-la-Plata, entre ceux de Corrientes au N., l'Uruguay à l'E., l'État de Buenos-Ayres au S., celui de Santa-Fé à l'O. Env. 80 000 h.; ch.-l., Parana (depuis 1856). Il doit son nom à sa position entre l'Uruguay et le Parana qui forment les frontières orientale et occidentale. Pays plat et fertile; gras pâturages; beaucoup de bétail.

ENTREVAUX, Intervalles, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), à 40 k. N. E. de Castellane, près la r. g. du Var, 1800 h. Jadis évêché. Petite place forte, prise par Charles-Quint en 1536.

ENVERMEU, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 14 k. E. de Dieppe; 1300 h. Grains.

ENVIE, divinité allégorique, fille du Styx et de la Nuit, est représentée sous les traits d'une femme vieille et décharnée, entourée de serpents, dont un lui ronge le cœur, le teint livide, l'œil enfoncé, le regard louche et sombre. Elle sert de guide à la Calomnie. Les poëtes et les peintres ont plusieurs fois peint son portrait : on admire surtout l’Envie de Rubens, ainsi que celles du Poussin et de J. Jouvenet.

ENYO, nom grec de Bellone.

ENZERSDORF, village d'Autriche, à 13 k. E. de Vienne, sur le Danube, r. g., en face de l'île Lobau; 800 hab. Pris et brûlé par les Français le 5 juill. 1809 (ler jour de la bataille de Wagram).

ENZO ou ENTIUS (Henri ou Han dit), bâtard de l'empereur Frédéric II, né à Palerme en 1224, fut nommé par son père roi de Sardaigne après avoir épousé la veuve d'Ubaldo Visconti, qui possédait la plus grande partie de l'île. Il se signala dans les guerres que son père eut à soutenir contre les papes et contre les Génois, dispersa les galères génoises près de la Melloria, et conquit une partie du Milanais avec l'aide des Gibelins; mais fut pris par les Bolonais à la bataille de Fossalto, 1249. Il mourut en captivité, en 1272, au bout de 23 ans, à 48 ans.

ÉOLE, Æolus, dieu des vents, fils de Jupiter ou, selon d'autres, de Neptune, et de Mélanippe, régnait sur les lies Éoliennes (V. ce mot), mais obéissait à Neptune. Lorsque les vents jetèrent Ulysse dans les États d'Éole, ce dieu l'accueillit favorablement, et lui fit présent d'outres qui renfermaient les Vents contraires à sa navigation : les compagnons du héros, cédant à la curiosité, ouvrirent ces outres; mais les Vents s'en échappèrent aussitôt, et causèrent une tempête furieuse qui submergea tous les vaisseaux : Ulysse put seul échapper.

ÉOLE, un des fils d'Hellen, régna après lui sur une partie de la Thessalie : c'est de lui que les Éoliens ont reçu leur nom.

ÉOLIDE ou ÉOLIE, partie de la côte occid. de l'Asie-Mineure colonisée par les Éoliens, était située au N. de l'Ionie et comprenait tout le littoral de la Mysie, depuis Cyzique jusqu'au fleuve Caïcus. On y compte onze villes principales : la plus importante était Cume. Les îles de Lesbos, de Ténédos et d'Hécatonnèse étaient aussi peuplées de colonies éoliennes.

ÉOLIENNES (îles), dites aussi vulcaniennes, auj. les îles Lipari, petites îles situées au N. E. de la Sicile, étaient au nombre de 7 : Lipara, Phénicade, Éricode, Hiéra, Évonyme, Strongyle, Didyme.

ÉOLIENS, peuple grec, formait une des 4 grandes divisions de la race hellénique, et tirait son nom d’Æolus, fils d'Hellen et petit-fils de Deucalion, dont il était issu. Les Éoliens habitèrent d'abord le nord de la Thessalie, puis, se répandant de proche en proche vers le S., ils pénétrèrent en Béotie et jusque dans le Péloponèse. De 1189 à 1120 av. J.-C., les Éoliens, chassés du Péloponèse par les Ioniens, puis par les Doriens, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir dans la partie nord-ouest de l'Asie-Mineure qui prit d'eux le nom d'Éolide. Le dialecte éolien est celui qui s'écarte le moins de la langue primitive; aussi a-t-il beaucoup d'affinité avec le latin : ce qui le distingue surtout, c'est l'aspiration, des voyelles initiales figurée par le digamma dit éolique (F). Alcée, Sapho et Corinne ont écrit dans le dialecte éolien, ainsi que Pindare. En musique, les Éoliens avaient adopté un mode particulier, moins grave que le dorien, moins efféminé que les modes lydien et ionien.

ÉON DE L'ÉTOILE, imposteur du XIIe siècle, fils d'un gentilhomme de Loudéac (Côtes-du-Nord), s'annonça comme fils de Dieu, se fit suivre d'une troupe de fanatiques qui commirent les plus grands désordres, fut traduit en 1148 devant le concile de Reims où il fut reconnu pour fou, et fut jeté dans une prison où il mourut peu après. Abusant de la similitude du nom d'Éon avec le mot latin eum, il s'appliquait ces mots de la liturgie ; per eum qui venturus est, etc.

ÉON DE BEAUMONT (le chevalier), personnage que l'ambiguïté de son sexe a rendu célèbre, né en 1728