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Lubeck, Brême,
Francfort, Hambourg.

Du traité de Prague (août 1866) à la guerre de 1870-71, l’Allemagne se divise en deux parties :

1o  La Confédération du Nord, composée de 22 États (le royaume de Prusse, dont le chef est président de la Confédération ; le royaume de Saxe ; les grands duchés de Saxe-Weimar, de Mecklembourg-Schwerin, de Mecklembourg-Strelitz, d’Oldenbourg et de Hesse-Darmstadt pour la partie située au nord du Mein ; les duchés de Brunswick, de Saxe-Meiningen, de Saxe-Altenbourg, de Saxe-Cobourg-Gotha et d’Anhalt, les principautés de Schwarzbourg-Rudolstadt, de Schwarzbourg-Sondershausen, de Lippe, de Waldeck, de Reuss, br. aînée, de Reuss, br. cadette, et de Schaumbourg-Lippe ; les villes libres de Brême, de Lubeck et de Hambourg) ;

2o  Les royaumes de Bavière et de Wurtemherg, le grand duché de Bade, le grand duché de Hesse-Darmstadt pour la partie située au sud du Mein, la principauté de Lichtenstein.

En 1871, l’Empire d’Allemagne a été renouvelé, et le titre d’empereur donné au roi de Prusse.

L’Allemagne offre un grand nombre de montagnes. Les principales sont les ramifications des Alpes, connues sous les noms d’Alpes Rhétiennes et Alpes Noriques ; viennent ensuite les monts Erzgebirge et Krapacks. Tout le pays se trouve partagé en deux grandes régions naturelles : la H. et la B.-Allemagne, la 1re  au S. et à l’O., la 2e  au N. et à l’E. ; ces deux régions sont séparées par les mont. de l’Erzgebirge et du Thuringerwald. Les princ. cours d’eau sont le Rhin, l’Ems, le Weser, l’Elbe, l’Oder, le Danube. L’Allemagne renferme un grand nombre de mines, où se trouvent de grandes richesses métalliques : fer, cuivre, étain, plomb, bismuth, cobalt, argent, mercure, etc. Le pays est fertile et bien cultivé ; on en tire des chevaux estimés pour leur force, surtout dans le Mecklembourg, le Holstein, la Frise. Tous les genres d’industrie et de commerce y sont très-florissants, principalement l’ébénsterie, l’orfévrerie, l’horlogerie, la fabrication des jouets, la librairie, dont le principal commerce se fait, à la foire de Leipsick, etc. la littérature, qui pendant longtemps n’avait été qu’imitative, a pris un grand essor au XVIIIe siècle : Klopstock, Lessing, Wieland, Kotzebue, Schlegel, Schiller, Gœthe, sont les grands écrivains dont se glorifie l’Allemagne ; elle compte également d’éminents philosophes, tels que Leibnitz, Kant, Shelling ; enfin, pour la philologie, la critique, les langues, les antiquités, les Allemands sont au premier rang. Le Catholicisme, le Luthéranisme et le Calvinisme se partagent les diverses contrées de l’Allemagne. L’Autriche, le roy. de Bavière, le grand-duché de Bade, les principautés de Hohenzollern et de Lichtenstein professent la religion catholique (env. 22 millions) ; les Églises luthérienne et calviniste dominent dans le reste (env. 21 millions) ; depuis quelque temps, ces deux Églises se sont réunies sous la dénomination commune d’Église évangélique. Le nombre de ceux qui professent le Judaïsme peut s’élever à 500 000 ; il faut y ajouter les Mennonites, les frères Moraves et plusieurs autres sectes.

Histoire. Longtemps connue sous le nom de Germanie, cette vaste contrée fut, après l’invasion des Barbares, partagée entre une foule de peuples indépendants (Alemanni, Francs, Saxons, Slaves, Avares, etc.), jusqu’au moment où Charlemagne les soumit et les incorpora à son empire. Mais après la mort du conquérant (814), tous ces éléments divers, forcément réunis, tendirent bientôt à se séparer, et le traité de Verdun, signé en 843 par les fils de Louis le Débonnaire, donna naissance au roy. de Germanie (qui reconnut pour roi Louis, dit le Germanique, 3e  fils de Louis le Débonnaire), ainsi qu’à ceux d’Alémannie et de Bavière, qui peu après se fondirent avec le précédent sous le nom d’Allemagne. Définitivement séparée de la France et de l’Italie après la déposition de Charles le Gros, en 887, l’Allemagne fut encore quelque temps gouvernée par des princes carlovingiens, Arnoul de Carinthie et Louis IV, dit l’Enfant, 887-911. Mais à l’extinction de cette famille, la monarchie devint élective (V. ÉLECTEURS). La couronne fut alors conférée à Conrad I, duc de Franconie. Henri I l’Oiseleur succéda à celui-ci en 919, et fut le chef de la maison de Saxe, qui donna cinq souverains à l’Allemagne, et renouvela presque, en la personne d’Othon le Grand, l’empire de Charlemagne, 962-973. À partir de ce règne, la couronne impériale, qui avait été alternativement portée par des rois de France, d’Allemagne et d’Italie, appartint exclusivement à l’Allemagne, qui prit dès lors le titre de Saint-Empire romain de la nation allemande. La maison de Saxe réunit à l’empire la Lotharingie, la Bohême et l’Italie. À la maison de Saxe succéda celle de Franconie, 1024-1125, qui ajouta le roy. d’Arles aux possessions de l’empire, et se signala surtout par ses démêlés avec le Saint-Siége. La maison de Souabe ou de Hohenstaufen monta ensuite sur le trône : deux souverains de cette maison, Conrad III et Frédéric Barberousse, portèrent la puissance impériale à son plus haut degré, 1138-1190 ; mais les successeurs de ces princes, attaqués à la fois par leurs vassaux et par les papes, et fréquemment déposés, tombèrent dans l’affaiblissement le plus honteux. Leur règne fut troublé par les guerres continuelles des Guelfes et des Gibelins. À la mort de Conrad IV, commence un grand interrègne, 1254-1273, qui livra l’Allemagne à l’anarchie. Rodolphe de Habsbourg, 1273-1291, rétablit un Peu par sa vaillance l’autorité de la couronne impériale ; mais sous ses successeurs immédiats et sous les princes de Bavière et de Luxembourg, on vit s’accroître de jour en jour le pouvoir des grands feudataires et des électeurs de l’empire. Leurs droits furent publiquement sanctionnés par la fameuse bulle d’Or (V, BULLE), donnée par Charles IV en 1356. En 1438, Albert de Habsbourg fut élu empereur et devint le chef de la célèbre maison d’Autriche. Charles-Quint, 4e  souverain de cette maison, élu en 1519, releva glorieusement la puissance des empereurs ; il combattit avec succès François I, et donna pendant quelque temps la prépondérance à l’Allemagne ; mais il ne put étouffer la Réforme. Ferdinand I, son frère, régna avec sagesse, et après lui il ne survint aucun changement important en Allemagne, jusqu’au règne de Ferdinand II, sous lequel commença la guerre de Trente ans (1618-1648), qui fut terminée par la paix de Westphalie et qui eut pour résultat l’abaissement de l’Allemagne, la suprématie de la France et la confirmation de la religion luthérienne. Les règnes de Léopold I, de Joseph I et de Charles VI furent remplis par de longues guerres contre Louis XIV et Louis XV. La mort de Charles VI, 1740, donna lieu à la guerre de la succession d’Autriche, qui assura la couronne à l’époux de Marie-Thérèse, fille de Charles VI, et plaça ainsi sur le trône la maison de Lorraine dans la personne de François I. Enfin, en 1806, l’empire d’Allemagne cessa d’exister par l’abdication de l’empereur François II, qui ne conserva que ses États héréditaires et prit le titre d’empereur d’Autriche. La plus grande partie des petits États qui composaient auparavant l’empire d’Allemagne se réunirent alors, avec le titre de Confédération du Rhin, sous le protectorat de Napoléon. C’étaient :

Les royaumes de : Saxe-Weimar,
Bavière, Les duchés de :
Wurtemberg, Saxe-Gotha,
Saxe, Saxe-Meiningen,
Westphalie ; Saxe-Hildburghausen,
Les grands-duchés de : Saxe-Cobourg-Saalfeld,
Francfort, Mecklembourg-Schwérin,
Bade, Mecklembourg-Strélitz ;
Berg et Clèves, Les principautés de :
Hesse-Darmstadt, Nassau-Usingen,
Wurtzbourg,