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ALI-IBN-TACHFIN, prince Almoravide, 1106-1143, possédait en Afrique tout l'empire de Maroc, et en Europe presque toute la Péninsule. A la fin de son règne, sa puissance fut ébranlée par les Almohades, qui lui enlevèrent plusieurs provinces d'Afrique.

ALI-MOEZZIN, capitan-pacha sous Selim II, commandait la flotte des Ottomans à la bataille de Lépante, en 1571. Il y fut battu et périt dans l'action.

ALI-COUMOURGI (c.-à-d. le charbonnier), favori et grand vizir d'Achmet III, commandait à la bataille de Peterwaradin où les Ottomans furent complètement battus, 1716, et fut blessé mortellement dans l'action. Fort hostile à Charles XII, il avait fait échouer ses projets d'alliance avec le sultan.

ALI-BEY, chef des Mamelouks, né en 1728, chez les Abazes, fut d'abord esclave, s'éleva par son courage, parvint en 1766 à s'emparer de tout le pouvoir en Égypte, se rendit indépendant de la Porte, fit de grandes conquêtes en Arabie et en Syrie, et conçut les plus vastes desseins pour l'agrandissement de l'Égypte; mais il périt au milieu de ses projets, assassiné par Mohammed-Bey, son fils adoptif, 1773.

ALI-BEY (Badia, dit), voyageur espagnol. V. BADIA.

ALI-PACHA, pacha de Janina, né en 1741, à Tébélen en Albanie, d'une famille de Klephtes qui depuis plusieurs générations était en possession de la ville et du territoire de Tébélen, gagna les bonnes grâces de la Porte en se chargeant lui-même de mettre à mort le pacha de Delvino, son propre beau-père, accusé de rébellion, fut en récompense nommé lieutenant du pacha de la Roumélie, puis pacha de Tricala, en enfin de Janina, 1788, s'empara de toute l'Albanie, puis de presque toute la Grèce. Confinant alors aux Français, par suite des conquêtes qu'ils avaient faites en Illyrie au commencement de ce siècle, il fut d'abord leur allié; mais il les trahit bientôt, et, s'étant fait un mérite de sa trahison auprès de la Porte, il fut nommé vice-roi de toute la Roumélie. Il songea alors à se rendre indépendant, étendit et affermit ses conquêtes, amassa des trésors immenses, et fit trembler la Porte. Ce n'est guère qu'en 1819 que l'on songea à mettre un terme à ses projets ambitieux. Ali voulut prévenir le coup en tentant de faire assassiner dans Constantinople Pacho-Bey, son ennemi mortel, qui avait tramé sa perte; mais ayant échoué dans cet attentat, il fut condamné à mort par le sultan. Alors il appela les Grecs aux armes, leur promettant l'indépendance; il fallut plusieurs années pour le réduire. Enfermé dans la forteresse de Janina, il aurait pu prolonger encore sa défense, lorsqu'il fut assassiné dans une conférence que lui avait proposée Kourschid-Pacha, qui l'assiégeait, 5 février 1822. On peut consulter sur cet homme extraordinaire la Vie d'Ali-Pacha de M. de Beauchamp, 1822, et l’Histoire de la Régénération de la Grèce de Pouqueville, 1825.

ALIAMET (Jacques), né en 1728 à Abbeville, mort en 1788, a perfectionné l'art de graver à la pointe sèche; on a de lui plusieurs gravures assez estimées, d'après Berghem, Wouvermans, Jos. Vernet, etc. – François-Germain, son frère, s'établit Londres, où il grava d'après le Carrache, le Guide, etc.

ALIASKA (terre de). V. AMÉRIQUE RUSSE.

ALIBERT (Jean-Louis), médecin, né en 1766, à Villefranche (Aveyron), mort en 1837, se plaça de bonne heure au rang des premiers médecins par ses travaux sur la matière médicale et les maladies de la peau, fut nommé médecin en chef de l'hôpital St-Louis à Paris, et reçut le titre de baron de l'empire. Après la Restauration, il fut premier médecin ordinaire du roi. Ses princip. ouvrages sont : Traité des maladies de la peau, 1810; Physiologie des passions, ouvrage plus littéraire que scientifique, 1818; Monographie des Dermatoses, 1832-1835.

ALICANTE, Lucentum, v. et port d'Espagne (Valence), ch.-l. de la prov. de son nom, à 106 kil. S. 0. de Valence, sur la Méditerranée, à l'entrée de la baie d'Alicante; 23 000 hab. Rade vaste et sûre. Château fort sur une mont. à plus de 325m de hauteur. Après Cadix et Barcelone, Alicante est la place la plus commerçante de l'Espagne : on en exporte les célèbres vins du pays. Aux environs sont 2 lagunes qui fournissent beaucoup de sel. – Les Arabes s'emparèrent de cette v., en 715; Ferdinand II, roi de Castille, la reprit en 1258. Il y éclata une insurrection carliste en 1844. – La prov. d'A., formée dé la partie mérid. de l'anc. roy. de Valence et d'une portion de celui de Murcie, est baignée au S. E. par la Méditerranée; 370 000 hab.

ALICATA, Phintias, v. forte de Sicile, sur la mer, à 40 kil. S. E. de Girgenti; 14 000 hab.

ALICURI, Ericusa, une des îles Lipari.

ALIDES, nom donné aux descendants d'Ali, et plus spécialement aux Imams. V. ALI et IMAM.

ALIEN-BILL, c.-à-d. loi des étrangers, nom donné en Angleterre à toute loi relative à la police des étrangers. La 1re date de 1782. En 1793, lord Granville fit rendre une loi qui mettait les réfugiés étrangers sous la surveillance de la police et permettait au besoin de les expulser. Renouvelée en 1802, 1816 et 1818, cette loi a été rarement appliquée.

ALIFE, Allifæ, v. du roy. de Naples à 20 kil. N. de Capoue; 1800 hab. Évêché. Air pestilentiel, ce qui l'a presque fait déserter; l'évêque habite Piedimonte. Bâtie par les Osques; prise sur les Samnites par Fabius, puis érigée en colonie romaine.

ALIGHIERI (Dante). V. DANTE.

ALIGRE (Étienne d'), chancelier de France, né à Chartres en 1560, mort en 1635. Son mérite lui ouvrit l'entrée du conseil d'État sous Louis XIII, qui lui confia les sceaux en 1624 et le nomma chancelier bientôt après; mais, au bout de deux ans, Richelieu le sacrifia à Gaston, frère de Louis XIII. Exilé dans sa terre de la Rivière, en Perche, il y finit ses jours, laissant la réputation d'un des magistrats les plus intègres de son siècle. – Son fils, Étienne d'A., 1592-1677, fut successivement sous Louis XIV conseiller, intendant en Languedoc et en Normandie, ambassadeur à Venise, directeur des finances, doyen du conseil d'État, garde des sceaux (1672) et chancelier (1674). – Étienne-François d'A., de la même famille, fut, sous Louis XVI, premier président du parlement de Paris, s'opposa de tout son pouvoir, en 1788, à la convocation des états généraux donna sa démission, émigra, et mourut à Brunswick en 1798, laissant des sommes immenses. Il avait été fait marquis. – Son fils, Étienne-Jean-François, marquis d'A., 1770-1847, était membre du conseil général de la Seine en 1814 et fut un des commissaires charges de recevoir Louis XVIII à son entrée à Paris. Nommé pair dés 1815 il refusa de prononcer aucune peine contre le maréchal Ney. On lui doit l’asile d'Aligre, à Chartres, l’hôpital d'Aligre, à Bonneval (Eure-et-Loir), et l'hôpital de Bourbon-Lancy.

ALINGSOES, v. de Suède, sur le lac Mjœrn, à 50 kil. S. O. de Venersborg; 2800 hab. Patrie d'Allstrœmer, le père de l'industrie suédoise.

ALIPHÈRES, Alipheræ, v. d'Arcadie, au S. O., près de la Triphylie. Célèbre temple de Minerve.

ALISE ou STE-REINE, Alesia, bourg de la Côte-d'Or, à 12 kil. N. E. de Semur. Ste Reine y subit, dit-on, le martyr en 251. Mines de fer, eaux minérales. Cette ville passe pour être l’Alesia prise par César; on lui a récemment contesté cette origine, mais sans motif suffisant. V. ALESIA.

ALIX DE CHAMPAGNE, reine de France, fille de Thibaut IV, dit le Grand, comte de Champagne, épousa en 1160 Louis VII, dit le Jeune, et fut mère de Philippe-Auguste. Lorsque ce prince partit pour la Terre-Sainte en 1190, il remit à sa mère les rênes du gouvernement; elle sut les manier avec sagesse et fermeté. Elle mourut en 1206.

ALIX DE SAVOIE. V. ADÉLAÏDE.

ALJUBARROTA, bourg de Portugal (Estramadure), à 22 kil. S. O. de Leiria. Jean I de Castille y fut battu par Jean I de Portugal, en 1385.