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Skye, Ram, Coll, Tirce, Mull, Lay, Jura, Bute, Arran, etc. Sa pop. s'élève à 3 000 000. Capit., Édimbourg. L’Écosse se divise en 33 comtés, savoir :

Comtés. Capitales.
Au N., Orkney ou Orcades, Kirkwall.
Caithness, Wick.
Sutherland, Dornoch.
Ross, Tain.
Cromarty, Cromarty.
Inverness, Inverness.
Au milieu, Argile, Inverary.
Bute, Rothsay.
Nairn, Nairn.
Elgin ou Murray, Elgin.
Banff, Banff.
Aberdeen, New-Aberdeen.
Mearns ou Kincardine, Stonehaven.
Angus ou Forfar, Forfar.
Perth, Perth.
Fife, Cupar.
Kinross, Kinross.
Clackmannan, Clackmannan.
Stirling, Stirling.
Dumbarton, Dumbarton.
Au S., Édimbourg ou Mid-Lothian, Édimbourg.
Linlithgow ou West-Lothian, Linlithgow.
Haddington ou East-Lothian, Haddington.
Berwick, Greenlaw.
Renfrew, Renfrew.
Ayr, Ayr.
Wigton, Wigton.
Lanark, Lanark.
Peebles, Peebles.
Selkirk, Selkirk.
Roxburgh, Jedburgh.
Dumfries, Dumfries.
Kirkcudbright, Kirkcudbright.

Au N., l’Écosse est hérissée de montagnes stériles et couvertes de bruyères; au S., elle s'étend en plaines fertiles et labourables; ce qui fait diviser le pays en hautes terres (highlands) et basses terres (lowlands). Le centre est traversé de l'O. à l'E. par la chaîne des monts Grampians. Toute la côte occid. se compose de nombreuses presqu'îles, les eaux de l'Océan ayant pénétré fort avant sur tous les points et ne s'étant arrêtées qu'au pied des montagnes. De là un grand nombre de golfes, dont les plus remarquables sont : le golfe de Solway et de Clyde, les baies de Wigton et de Luce. Sur la côte orient, on trouve aussi la baie de Sinclair, les golfes de Dornoch, Cromarty et Murray, la baie de St-Andrews et le golfe de Forth. L’Écosse a beaucoup de riv. ; les principales sont : la Spey, la Dee, l'Esk, le Tay, le Forth, la Clyde, la Tweed, l'Aman et le Liddal. Les lacs, dits lochs, sont nombreux. Un grand canal, le C. Calédonien, fait communiquer les deux mers. De nombreux chemins de fer sillonnent le pays en tous sens. On trouve dans les montagnes des mines de plomb, de fer, d'antimoine et de houille, de riches carrières de marbre, des agates, du cristal de roche. L'agriculture est très-avancée ; les prairies et le flanc des montagnes offrent de nombreux pâturages qui nourrissent beaucoup de troupeaux, particulièrement des moutons à laine très-fine. L'industrie est très-florissante, principalement dans les basses terres. L'instruction est égalementf ort développée en Écosse; on y compte 4 universités renommées, celles d’Édimbourg, de Glasgow, de St-Andrews et d'Aberdeen. Les hab. parlent trois sortes de langues, l'anglais, le dialecte écossais (anglo-saxon), et la langue erse ou gaélique. Ils professent la religion presbytérienne.

L’Écossais est plus simple, plus ouvert et plus communicatif que l'Anglais; il est fier de sa race, cordial pour l'étranger, brave, persévérant et fidèle. Les highlanders se distinguent par un costume particulier : longtemps ils n'eurent d'autre vêtement qu'un plaid, serré autour de la taille par une ceinture de cuir; ils portent auj. une sorte de jaquette qui va de la ceinture aux genoux (les jambes restent nues), un gilet et une veste, le tout en tartan.

Histoire. Les premiers habitants de l’Écosse appartinrent sans doute à la race celtique. Les Romains n'étendirent leurs conquêtes que dans la partie méridionale de l’Écosse actuelle, alors habitée par les Calédoniens. Agricola (vers l'an 80 de J.-C.) repoussa les indigènes jusqu'aux golfes de Forth et de Clyde; Adrien les contint par une muraille qui allait de la Tyne au golfe de Solway (120). Vingt ans plus tard, sous Antonin, on construisit plus au N. une autre muraille; en 207, Septime Sévère construisit un nouveau mur encore plus au N. qui joignit le Forth à la Clyde. Les Scots, qui sortaient d'Irlande, et les Pictes, peuple d'origine gothique, vinrent ensuite occuper l’Écosse septentr. Ces peuples firent des incursions dans le N. de la Bretagne, d'abord contre les Romains, puis, après le départ de ceux-ci, contre les Bretons. Au IXe siècle (833) Kenneth II Macalpin réunit sur sa tête les deux couronnes des Pictes et des Scots, et devint ainsi véritablement le premier roi de l’Écosse. Les historiens écossais comptent avant ce prince 66 rois, dont le premier, nommé Fergus, aurait régné vers 350 ans av. J.-C.; mais l'existence de ces rois est fabuleuse jusqu'à Fergus II, qui monta sur le trône 410 ans après J.-C. Le Christianisme pénétra en Écosse dès le VIe siècle. Au XIe, sous le règne de Malcolm III (1047-1093), qui avait épousé une princesse saxonne, beaucoup de Saxons, fuyant la domination de Guillaume le Conquérant, se retirèrent en Écosse; ils adoucirent les mœurs encore sauvages des habitants. L'an 1286, à la mort d'Alexandre III, l'antique race des rois d’Écosse s'éteignit, et après diverses révolutions, pendant lesquelles les Bruce, les Bailleul et les Stuart se disputèrent la couronne, ces derniers finirent par triompher (1370). Pendant ces querelles intérieures, les Anglais tentèrent plusieurs fois de réunir l’Écosse à leur empire ; mais la victoire de Robert Bruce à Bannockburn (1314) les contraignit à différer l'exécution de leurs projets. Jacques I essaya de mettre un frein au pouvoir et à l'orgueil des grands barons; mais il fut assassiné par eux (1437). Jacques II, son fils (1437-1460), reprit avec plus de succès l'œuvre de son père; mais Jacques III, qui lui succéda, ne réussit qu'à exciter un soulèvement général, dans lequel il fut vaincu et tué (1488). Jacques IV, en épousant Marguerite, fille de Henri VII, roi d'Angleterre, acquit à ses descendants le droit de prétendre au trône d'Angleterre ; il périt, en combattant les Anglais, à la bataille de Flodden (1513). Jacques V épousa Marie de Guise, et resserra par ce mariage les liens qui unissaient l’Écosse à la France, depuis longtemps son alliée. Sous son règne, commencèrent les troubles de la Réforme, prêchée d'abord par Hamilton (1527), puis établie, sous le nom de Presbytérianisme, par le fougueux Knox. En 1542, Marie Stuart, fille de Jacques V, fiancée au Dauphin de France (depuis, François II), succéda à son père. La vive opposition de cette reine à la réforme fut le germe de graves mécontentements, qui dégénérèrent plus tard en révolte ouverte et qui la forcèrent de se réfugier en Angleterre auprès d'Elisabeth, sa cousine; mais celle-ci, au lieu de lui prêter secours, la retint prisonnière, puis la fit mettre à mort (1587). Jacques, fils de Marie Stuart, lui succéda en Écosse sous le nom de Jacques VI, et, après la mort d’Élisabeth, il devint en outre, par droit d'hérédité, roi d'Angleterre, sous le nom de Jacques I (1603). L’Écosse conserva d'abord son titre de royaume, son parlement et ses lois ; ce n'est qu'un siècle plus