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relle, et en 1710 le dey Baba-Aly expulsa le pacha, et réunit en sa personne tous les pouvoirs. À dater de ce moment l’autorité de la Porte ne fut plus que nominale. La milice turque devint maîtresse absolue ; elle fit et défit les deys selon son caprice (V. DEY). Néanmoins, ce gouvernement put longtemps braver l’Europe et inquiéter toutes les marines par ses pirateries, et il subsista jusqu’à l’invasion des Français et la prise d’Alger en 1830. Depuis cette époque, l’Algérie est sous l’autorité de la France, qui l’a fait régir d’abord par des généraux en chef (Bourmont, Clauzel, Berthezène, Savary, Veirel, 1830-34) ; puis par des gouverneurs (d’Erlon, Clauzel, Damrémont, Valée, Bugeaud, Cavaignac, Changarnier, Charon, d’Hautpoul, le mar. Randon ; ensuite par un ministre de l’Algérie et des colonies, le pr. Napoléon (1858), M. de Chasseloup-Laubat (1859) ; enfin, après 1861, par un gouv. général (le mar. Pélissier, le mar. Mac-Mahon, le gén. Chanzy). Les principaux faits accomplis depuis la prise d’Alger, sont : l’occupation de Bone, de Médéah et d’Oran (1830) d’Arzew, de Mostaganem et de Bougie (1833) ; la malheureuse expédition de, la Macta, compensée bientôt par la prise de Mascara et de Tlemcen (1835) ; la victoire de la Sikkah (1836) ; l’imprudent traité de la Tafna, qui, pour obtenir la paix dans l’ouest, abandonnait à l’émir Abd-el-Kader une grande partie de la régence (30 mai) ; la prise de Constantine, après une première tentative inutile (13 oct. 1837) ; la reprise des hostilités avec Abd-el-Kader et le passage des Portes-de-Fer (1839) ; l’héroique défense de Mazagran, l’occupation de Cherchell, de Médéah, de Milianah (1840) ; la 2e prise de Mascara (1841) ; la soumission de la prov. de Titterie (1842) ; le combat d’Aïn-Taguin, où le duc d’Aumale surprit Abd et-Kader, qui se vit réduit à chercher un refuge dans le Maroc (1843) ; l’occupation de Tenez, Batna, Biskara, Dellys ; la guerre contre le Maroc, qui donnait appui à l’émir ; le bombardement de Tanger et de Mogador ; la victoire de l’Isly, remportée par le maréchal Bugeaud (1844) ; la réduction du Dahra et de l’Aurès, suivie d’une 1re expédition contre la grande Kabylie (1845-46) ; la reddition d’Abd-el-Kader, qui est transporté en France (1847) ; la création de colonies agricoles et pénitentiaires, après la révolution de 1848 ; la prise de Zaatcha et de Narah par le colonel Canrobert (1849-50) ; l’heureuse expédition du général St-Arnaud contre la petite Kabylie (1851) ; celle du général Mac-Mahon contre la Kabylie orientale (1852) ; et celles des généraux Pélissier et Camou contre le Djurjura ; la prise de Laghouat, d’Ouargla, de Tuggurt (1853-54) ; enfin la réduction définitive par le maréchal Randon des parties non encore soumises de la Grande Kabylie (1858). Depuis l’Algérie s’est couverte de villages et de routes ; plusieurs chemins de fer y ont été exécutés. Une nouvelle insurrection, bientôt réprimée, y éclata en avril 1871. On a, de M. Behaghel, une Monographie de l’Algérie, in-12, 1864.

ALGEZIRAS, Carteia ? v. et port d’Espagne (Cadix), à 11 k. O. de Gibraltar, sur le détroit ; 6000 h. Enlevée aux Maures par Alphonse XI de Castille, après un siège de deux ans, où les Maures firent usage du canon, encore inconnu en Europe, 1344. L’amiral Linois y battit une division anglaise, 1801.

ALGÉZIREH (c.-à-d. en arabe l’île), Mesopotamia, région de l’Asie ottomane, entre l’Euphrate et le Tigre, forme les pachaliks de Rakka, de Mossoul, de Diarbékir et de Bagdad, qui ont pour capit. les villes de même nom. Ce pays est si beau qu’on y a placé le paradis terrestre, mais l’imperfection du gouvernement turc et les dévastations des Kourdes et autres hordes en ont fait un des plus misérables. – C’est dans cette contrée que fleurirent les deux royaumes d’Assyrie. Elle fit ensuite partie des empires d’Alexandre, des Séleucides, des Arsacides. Trajan en joignit la plus grande partie à l’empire romain, mais presque toute la contrée revint bientôt aux Parthes ; les Sassanides la gardèrent jusqu’à la conquête arabe. Les califes s’étant fixés à Bagdad, l’Algézireh fut la principale prov. de leur empire ; elle est aussi la dernière qu’ils aient conservée. Elle leur fut enlevée en 1258 par les Mongols, sur qui les Ottomans la conquirent au XVe siècle. Depuis ceux-ci l’ont conservée, malgré de fréquentes rébellions.

ALGHERO, v. forte de la Sardaigne à 27 kil S. O. du cap, Sassari ; 8000 bah. Evêché. Belle cathédrale, port étroit. Pêche du corail ; culture de l’indigo ; belles stalactites.

ALGIDE, en lat. Algidum, auj. Rocca del Papa, petite chaîne de mont. du Latium, à 31 kil. S. E. de Rome, dans le pays des Éques, s’étend de Tusculum à Préneste. Anc. sanctuaire du culte de Diane.

ALGONQUINS, peuple de la famille lennape, dans l’Amérique du N., se trouvé dans le Michigan, le Canada et les districts des Hurons et des Mandanes. Il est souvent en guerre avec les Sioux.

ALGUAZIL (de l’arabe al ghazil, l’archer), nom que portent en Espagne des agents de la police, qui remplissent à la fois les fonctions de nos huissiers, de nos sergents de ville, et de nos gendarmes.

AL-HAKEM I, calife de Cordoue, 796-822, ne se signala que par sa cruauté. Il eut à combattre Louis, fils de Charlemagne, mais il ne put l’expulser de la Catalogne. Il remplit de sang les villes qui tombèrent en son pouvoir, n’épargna pas davantage Tolède, où deux de ses oncles s’étaient révoltés, et Cordoue, où avait éclaté une conspiration. Il hâta sa fin par ses excès et eut pour successeur son fils Abdérame II. — AL-HAKEM II, 961-976, succéda à son père Abdérame III, régna à Grenade, enleva Zamora au roi de Léon Sanche le Gros, favorisa les lettres et rassembla à Cordoue une immense bibliothèque.

AL-HAKEM-BIAMRILLAH, calife fatimite d’Égypte, succéda à son père en 996, se livra à toutes sortes de cruautés et d’extravagances, persécuta les Juifs et les Chrétiens, fit arracher la vigne, et périt assassiné par un jeune Musulman, en 1021. Se disait descendant d’Ali, il prit le titre de prince des croyants, de lieutenant de Dieu, ébranla l’autorité de Mahomet et eut la prétention de fonder une nouvelle religion : c’est celle des Druses, que l’on retrouve encore en en Syrie et en Égypte. Après son assassinat, ses partisans crurent qu’il avait été enlevé au ciel.

ALHAMBRA, vaste édifice de Grenade, servait de palais et de forteresse aux rois maures. C’est un des monuments les plus remarquables et les plus élégants de l’architecture mauresque. Il fut construit au XIIIe s. Près de l’Alhambra était le Generalife, maison de campagne des rois maures.

ALHUCEMAS, un des présides espagnols dans le Maroc (Fez), sur la Méditerranée, à 80 kil. S. O. du cap des Tres-Forcas, sur un îlot, est bien fortifié.

ALI, c’est-à-dire Sublime, fils d’Abou-Taleb et cousin de Mahomet, fut un des disciples les plus zélés du prophète, et obtint la main de Fatima, sa fille chérie. Il fut un de ceux qui contribuèrent le plus puissamment à établir l’islamisme et à étendre au loin les conquêtes des Musulmans. À la mort de Mahomet, il tenta de lui succéder, mais sans y réussir et ne fut proclamé calife qu’en l’an 656 de J.-C. Il eut à combattre dès son avénement la faction de Mohaviah, chef des Ommiades, que soutenait Amrou. Pendant que les prétendants se disputaient la couronne, Ali périt, assassiné à Koufa par un fanatique (661). Ses partisans le regardent, comme un martyr et vont en pèlerinage à son tombeau. Les descendants d’Ali, les Alides, après avoir été longtemps exclus du pouvoir, régnèrent sur l’Égypte (sous le nom de Fatimites), et sur plusieurs autres contrées. Ali était un prince doux et vertueux ; il aimait et cultivait les lettres. On a encore de lui un Recueil de Sentences et de Poésies, dont une partie a été trad. en français par Vattier, Paris, 1660. Il se relâcha dans sa doctrine religieuse de la rigueur des premiers califes, et fut le chef d’une secte connue sous le nom de Chyites, opposée à celle des Sunnites