Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/572

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DUIVELAND, île de Hollande (Zélande), entre les emb. de la Meuse et de l'Escaut, à l'E. et très-près de l'île Schouwen; 13 kil. sur 9. Son nom lui vient de la grande quantité de pigeons (duive en hollandais) qu'on y trouvait autrefois.

DUJARDIN (Carle), peintre hollandais, né à Amsterdam en 1640, mort à Venise en 1678, après une vie courte et fort dissipée, s'est surtout exercé dans le genre familier, et a réussi à peindre les animaux et les bambochades. Un de ses chefs-d'œuvre est le Charlatan, qui se trouve au Musée du Louvre et que Boissieu a gravé. Dujardin grava lui-même à l'eau forte avec succès : il publia en 1652 un recueil de paysages en 52 pièces.

DUKER (Charles André), philologue, né en 1670 à Unna dans le comté de La Mark (Westphalie), mort en 1752, professa longtemps l'histoire et l'éloquence à l'université d'Utrecht, et fut un des savants les plus laborieux du XVIIIe s. On lui doit d'excellentes éditions de Florus, Leyde, 1722, et de Thucydide, Amsterdam, 1731, in-fol. Ses Notes ont toutes été conservées dans le Thucydide de Deux-Ponts.

DULARD (P. Alex.), poëte médiocre, né en 1696 à Marseille, m. en l760, fut secrétaire de l'académie de sa ville natale. Il a donné un poëme des Grandeurs de Dieu dans les merveilles de la nature, 1749, auquel le mérite du sujet a valu quelque succès.

DULAURE (Jacq. Ant.), historien, né à Clermont-Ferrand en 1755, mort en 1835, fut membre de la Convention, du Conseil des Cinq-Cents et du Corps législatif, et rentra dans la vie privée après le 18 brumaire. Ruiné par une faillite, il ne chercha de ressources que dans son talent. Il publia un grand nombre d'écrits savants et curieux, dont les principaux sont des Esquisses historiques sur les principaux événements de la révolution française, 1823, 6 vol. ; une Hist. civile, physique et morale de Paris, 1825, 6 vol. in-8 (réimprimée en 1837, 8 vol. in-8, avec des additions et des notes par J. L. Belin); une Hist. des environs de Paris, 1825, 7 vol.; une Hist. abrégée des différents cultes, 1825; une Hist. de la révolution de 1830 (ouvrage posthume publié en 1838), etc. La plupart de ces ouvrages, hostiles au clergé et empreints d'un esprit d'opposition libérale, ont joui dans leur temps d'une grande popularité.

DULAURENS (H. Jos.), né à Douai en 1719, était entré chez les chanoines réguliers de la Trinité, mais il quitta la vie monastique pour se livrer à la littérature et vint dans ce but à Paris. Lors de l'arrêt rendu par le parlement contre les Jésuites (1761), il publia contre cet ordre une satire violente sous le titre de Jésuitiques. Poursuivi pour la publication d'écrits irréligieux et immoraux, il se réfugia en Hollande et se mit aux gages des libraires d'Amsterdam, de Liége, de Francfort, mais sans pouvoir sortir de l'indigence. Dénoncé à la chambre ecclésiastique de Mayence, comme auteur d'ouvrages impies, il fut condamné à une prison perpétuelle (1767) et enfermé au couvent de Mariabom, où il mourut au bout de 30 ans (1797). Dulaurens avait de l'esprit, de l'imagination et surtout une facilité prodigieuse; mais il a fait un déplorable usage de ses talents. Outre les Jésuitiques, on a de lui deux poèmes héroï-comiques : le Balai, 1761, et la Chandelle d'Arras, 1765 ; l'Arétin moderne, 1776 ; l'Évangile de la raison, 1764; le Compère Matthieu, ouvragé licencieux, qui fut d'abord attribué à Voltaire.

DULCIGNO, Ulcinium, v. de la Turquie d'Europe (Albanie), sur l'Adriatique, à 32 kil. S. O. de Scutari; 7500 h., la plupart marins. Évêché catholique.

DULCIN, hérésiarque de Novare, annonçait que le règne du St-Esprit avait commencé en l'an 1300, et que depuis cette époque le pape avait cessé d'être le vicaire de J.-C. Il fut brûlé vif avec sa femme en 1307 par ordre du pape Clément V. Ses disciples s'appelèrent Dulcinistes ou Dulciuiens.

DULGIBINI, peuple de Germanie, au N. E., sur les bords de l’Amisius (Ems), était, dit-on, une colonie des Chérusques, et avait pour ville principale Ascalingium (Hildesheim).

DULICHIUM, auj. Neochori, île de la mer Ionienne, et l'une des Échinades, formait avec Ithaque le royaume d'Ulysse. V. ITHAQUE.

DÜLMEN, v. des États prussiens (Westphalie), à 28 kil. S. O. de Munster; 3500 hab. Résidence des ducs de Croy-Dülmen.

DULONG (Pierre Louis), savant physicien, né à Rouen en 1785, mort à Paris en 1838, exerça d'abord la profession de médecin, mais y renonça pour s'appliquer tout entier aux sciences, fut successivement professeur à l'école vétérinaire d'Alfort, à l’École Normale de Paris et à la Faculté des sciences, examinateur, puis professeur de chimie et de physique à l’École polytechnique et enfin directeur des études à cette même école (1830). Il avait été reçu à l'Académie des sciences en 1823. Dulong a fait faire des progrès à la chimie et à la physique. En chimie, nous citerons ses travaux Sur la décomposition mutuelle des sels; 1811; Sur l'acide nitreux, 1815; Sur les combinaisons du phosphore avec l'oxygène, 1816. Il avait découvert en 1812 le chlorure d'azote : en faisant des expériences sur ce composé si dangereux, il perdit, par suite d'une explosion, un œil et un doigt. En physique, Dulong reconnut, avec Petit, que la chaleur spécifique des corps est en raison inverse du poids de leurs atomes, et détermina, avec Arago, la force élastique de la vapeur d'eau à différentes températures. On lui doit aussi des travaux Sur la mesure des températures et Sur tes fluides élastiques, 1820. La plupart de ses écrits ont été insérés dans les Annales de Chimie et de Physique.

DULOT, poëte du XVIIe siècle, passe pour l'inventeur des bouts rimés. Sarrazin, qui n'avait pu réussir dans ce pitoyable genre, s'en vengea en publiant Dulot vaincu, ou la Défaite des bouts rimés.

DULWICH, vge du comté de Surrey, à 6 kil. S. de Londres. Maison fondée en 1617 par W. Alleyn, acteur célèbre, sous le nom de Gods' Gift (don de Dieu), pour l'éducation de 12 enfants et l'entretien de 12 pauvres; bibliothèque, musée de peinture.

DUMANIANT (Jean André BOURLAIN, dit), né en 1754 à Clermont-Ferrand, mort en 1828, quitta le barreau pour le théâtre, fut comédien à Paris jusqu'en 1798, puis entrepreneur breveté des spectacles de province. Il a donné au théâtre quelques comédies : (les Français en Huronie, 1778; Guerre ouverte, ou Ruse contre ruse, 1787; la Double intrigue, 1790), où l'on trouve de la verve, de la gaieté et où l'intrigue est bien menée. Il a aussi écrit plusieurs romans : l'Enfant de mon père, 1798; Aventures d'un émigré, 1798; Trois Mois de ma vie, 1811, etc.

DUMARSAIS (César CHESNEAU), grammairien philosophe, né à Marseille en 1676, mort en 1756, vint jeune à Paris, s'y maria et se fît recevoir avocat; mais, se trouvant dans la gêne, il quitta sa famille et le barreau pour faire des éducations particulières. Il eut entre autres élèves les enfants de Law, mais il n'en devint pas plus riche. Il ouvrit plus tard une pension au faubourg St-Victor, mais il y eut peu de succès. Il mourut pauvre et accablé d'infirmités. Ses principaux ouvrages sont : Méthode raisonnée pour apprendre la langue latine (1722) ; il y présente d'abord les mots dans l'ordre de la construction française avec une version interlinéaire; Traité des Tropes, 1730, le meilleur de ses écrits ; Principes de grammaire, 1769, où il traite la grammaire en philosophe; enfin une petite Logique classique, fort superficielle. Il écrivit dans l’Encyclopédie et laissa une Exposition de l'Église gallicane (publ. an 1758). On lui attribue quelques écrits antireligieux qui ne paraissent pas lui appartenir. Il a proposé des réformes dans l'orthographe qui n'ont pas été accueillies. Ses Œuvres ont été publiées en 1797, 7 vol. Son éloge a été écrit par d'Alembert (dans l’Encyclopédie, t. VII), et par A. de Gérando (1805).

DUMAS (Louis), ami de l'enfance, né à Nîmes en