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qui ravageaient les provinces. Il leur persuada d'aller combattre en Espagne, se mit à leur tête, et les conduisit défendre les droits de Henri de Transtamare qui disputait à Pierre le Cruel le trône de Castille. Il s'y couvrit de gloire, et déjà il avait anéanti le parti de Pierre le Cruel, lorsque celui-ci appela à son secours deux vaillants capitaines anglais, Chandos et le prince Noir. Du Guesclin fut défait et pris après des prodiges de valeur à la bataille de Navarette, livrée contre son avis (1367). Racheté de nouveau, il vengea sa défaite par la victoire de Montiel, 1369, et rétablit Henri sur le trône. Nommé connétable en 1370, il chassa les Anglais de la Normandie, de la Guyenne, de la Saintonge et du Poitou. Charles V, ayant en 1378 confisqué la Bretagne sur Jean IV, les soldats bretons, jaloux de l'indépendance de leur patrie, désertèrent l'armée de Du Guesclin, et le connétable fut soupçonné lui-même de trahison. Indigné d'un tel soupçon, il renvoya aussitôt au roi l'épée de connétable, et voulut passer en Espagne auprès de Henri de Transtamare ; mais, apaisé bientôt par le roi, qui avait reconnu son erreur, il retourna dans le midi pour combattre encore les Anglais, et mit le siège devant Châteauneuf-de-Randan, en Auvergne : après plusieurs assauts terribles, la place promit de se rendre, si elle n'était secourue dans 15 jours. Le héros mourut dans cet intervalle, le 13 juillet 1380, et le gouverneur vint, la trêve expirée, déposer les clefs de la place sur son cercueil. Son corps fut déposé à St-Denis. Sa Vie a été écrite plusieurs fois ; nous citerons l’Hist. de Bertrand Du Guesclin, par Guyard de Berville, Paris, 1767, et la Chronique de Cuvellier, en vers, publiée par Charrière, 1845.

DUGUET (Jacques Joseph), théologien et moraliste, né à Montbrison en 1649, mort à Paris en 1733, était entré dans la congrégation de l'Oratoire, mais fut obligé d'en sortir à cause de son attachement aux opinions de Jansénius et de Quesnel et se rendit à Bruxelles près d'Arnauld. Ses principaux ouvrages sont : Traité sur les devoirs d'un évêque, 1710; Traité des scrupules, 1717 ; Lettres sur divers sujets de morale et de piété, 1718; Principes de la foi, 1736; Institution d'un prince (composée pour le duc de Savoie), 1739; Conférences ecclésiastiques, 1742. On estime surtout son Traité de la prière publique, son Explication de l'ouvrage des six jours et son Explication de la Passion. On place Duguet, avec Nicole, au 1er rang des écrivains moralistes. On a publié en 1764 l'Esprit de Duguet ou Précis de la morale chrétienne. M. S. de Sacy a réimprimé plusieurs de ses traités dans sa Bibliothèque spirituelle, 1858.

DU HAILLAN (Bernard DE GIRARD, seigneur), historiographe de Charles IX et de Henri III, né à Bordeaux en 1535, mort à Paris en 1610, avait été secrétaire d'ambassade. On a de lui : Regum Gallorum icones a Pharamundo ad Franciscum II ; item ducum Lotharingiæ icones, Paris, 1559, in-4; Hist. générale des rois de France depuis Pharamond jusqu'à Charles VII, 1576, 1584, in-fol. : c'est le premier corps d'histoire de France qui ait paru dans notre langue. Du Haillan a traduit Eutrope, Cornélius Népos et les Offices de Cicéron.

DUHALDE (le P. J. B.), jésuite, né en 1674 à Paris, mort en 1743, fut quelque temps secrétaire du P. Letellier, confesseur du roi, et rédigea, après le P. Legobien, les Lettres édifiantes écrites des missions étrangères ; il prit cet ouvrage au IXe volume, et le continua jusqu'au XXVIe. On en a donné une nouvelle éd., Paris, 1781, 26 v. in-12. Duhalde a aussi publié la Description géographique et historique de l'empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, 1735, 4 vol. in-fol., avec fig. et 42 cartes de d'Anville.

DUHAMEL (J. B.), savant oratorien, né à Vire en 1624, mort en 1706, cultiva avec succès toutes les sciences, surtout la physique, et fut secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Paris dès sa fondation. Il visita l'Angleterre et la Hollande pour se mettre en relation avec les savants, et fit pénétrer dans l'enseignement, par d'excellents ouvrages classiques, un grand nombre de vérités nouvelles. D'un esprit élevé et conciliant, il s'efforça d'accorder entre eux les philosophes anciens et les modernes. Ses principaux ouvrages sont : Astronomia physica, Paris, 1660 ; De Consensu veteris et novæ philosophiæ, 1663 ; De corporum affectionibus, 1670 ; De Mente humana, 1672 ; Philosophia vetus et nova ad usum scholæ, 1678 ; Theologia speculatrix et practica, 1691. Il a aussi donné une Hist. de l'Académie des sciences, en latin, 1698.

DUHAMEL DU MONCEAU (H. L.), savant agronome, inspecteur général de la marine, né à Paris en 1700, mort en 1782. Propriétaire de grands biens en Gâtinais ; il consacra tous ses loisirs à des recherches utiles pour les arts industriels, et contribua surtout aux progrès de l'agriculture. Admis à l'Acad. des sciences dès 1728, il fournit à cette société plus de 60 mémoires sur la marine, l'agriculture et le commerce. Ses principaux ouvrages sont : Traité de la culture des terres, suivi d’Expériences sur cette culture, 1751-60; Des Arbres et arbustes qui se cultivent en France, 1755 ; Des Semis et plantations des Arbres, 1760 ; Éléments d'agriculture, 1762, auj. arriérés ; De l'Exploitation des bois, 1764 ; Des Arbres fruitiers, 1768 : c'est le traité le plus complet sur cette matière ; Des Pêches maritimes et fluviatiles, 1769. Plusieurs de ses ouvrages ont été réimprimés avec des augmentations par Poiteau, Turpin, J. E. Bertrand, Ét. Michel, etc. Duhamel fit avec Buffon plusieurs expériences sur la croissance des bois, et admit, avant Franklin, l'identité de la foudre et de l'électricité. Il se faisait aider dans la rédaction de ses ouvrages par son frère Duhamel De Nainvilliers.

DUHAMEL (J. P. François GUILLOT), ingénieur, né en 1730 près de Coutances (Manche), mort en 1816. Il avait déjà rendu de grands services à l'Industrie dans plusieurs manufactures particulières lorsqu'il fut nommé, en 1775, professeur de métallurgie. Il devint bientôt inspecteur général des mines, et fut admis en 1786 à l'Acad. des sciences. On lui doit de nouveaux procédés pour la cémentation de l'acier, pour l'extraction de l'argent et de plusieurs autres métaux. Il publia en 1788 le Ier vol. de sa Géométrie souterraine, ouvrage qui, bien qu'inachevé, est encore un des meilleurs guides pour les mineurs.

DUHESME (le général), né en 1766 à Bourgneuf (Saône et Loire), servit sous Dumouriez et couvrit la retraite des Français après la défaite de Nerwinde (1793), contribua à la victoire de Fleurus et à la prise de Maestricht, après laquelle il fut fait général de division (1794), se signala aux batailles de Biberach et de Hohenlinden, surprit Barcelone en 1808 et fut pendant deux ans gouverneur de cette place, prit part aux combats les plus meurtriers pendant la campagne de France, et périt en 1815 à Waterloo, à la tête de la jeune garde.

DUILLIUS NEPOS (C.), consul l'an 260 av. J.-C., remporta sur les Carthaginois, à Myles, près de la côte de Sicile, une victoire navale qui leur coûta 58 vaisseaux : c'était le premier combat naval que livrassent les Romains. Il dut la victoire à l'emploi d'une sorte de grappin (dit corbeau) qui facilitait l'abordage. Le sénat lui accorda, en récompense, des honneurs particuliers et fit élever au milieu du Forum une colonne rostrale qui subsiste encore en partie, et dont l'inscription est un des monuments les plus antiques de la langue latine. Duillius fit en outre lever le siége de Ségeste en Sicile, et prit Macelle en Calabre.

DUINGT, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), arr. d'Annecy au bord du lac d'Annecy ; 350 h. Château dans le lac.

DUISBOURG, v. murée des États prussiens (Westphalie), à 22 kil. N. O. de Dusseldorf ; 8000 hab. Gymnase, bibliothèque, observatoire. Draps, étoffes de soie et de coton, velours, toile, savon, amidon, porcelaine ; forges. Une université avait été fondée en 1655 à Duisbourg : elle a été supprimée en 1802.