Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/568

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DUCO
DUDE
-560-

(1772) ; le Roi Léar (1783) ; Macbeth (1784), et Othello (1792), qui obtinrent un brillant succès. En 1778, il donna Œdipe chez Admète, tragédie imitée d’Euripide et de Sophocle. La seule tragédie qui lui appartienne en propre est Abufar ou la Famille arabe, tableau intéressant des mœurs patriarcales. Ducis est le plus souvent énergique, pathétique, et il atteint quelquefois au sublime ; mais il ne sait pas combiner un plan, composer un ensemble. Outre ses tragédies, il a composé des épîtres et des poésies fugitives où l’on admire un grand talent uni aux plus nobles sentiments. Ducis remplaça Voltaire à l’Académie française en 1778. Ce poëte vécut pauvre et indépendant, et refusa de brillants avantages que lui offrait Bonaparte. C’est de lui qu’Andrieux a dit, dans un vers célèbre, qu’on trouvait en sa personne :

L’accord d’un grand talent et d’un beau caractère.


Cet homme de bien eut de nombreux amis ; il fut surtout intimement lié avec Thomas. Ses Œuvres ont été publiées à Paris, 1813, 3 vol. in-8 ; 1819, 6 vol. in-18 et 3 v. in-8. Campenon a donné ses Œuvres posthumes précédées d’une Notice, 1826. On doit à M. Onésime Leroy des Études sur Ducis, 1832.

DUCKWORTH (John Thomas), amiral anglais, né près d’Ulm, vers 1760, mort en 1817, se distingua en 1778 au combat livré devant la Grenade par le commodore Byron à l’amiral d’Estaing, contribua en 1794 à la victoire remportée par les Anglais sur Villaret-Joyeuse près du cap Lizard ; en 1798, à la prise de Minorque, et fut, en récompense, nommé gouverneur de la Jamaïque. En 1802, il bloqua St-Domingue et contraignit Rochambeau à se rendre ; il détruisit en 1806 une escadre envoyée pour reprendre l’île. En 1807, il fOrça l’entrée des Dardanelles : il eût même pris Constantinople sans les efforts de l’ambassadeur français Sébastiani. Il quitta le service la même année.

DUCLAIR, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), sur la Seine, à 20 k. N. O. de Rouen ; 1800 h. Petit port.

DUCLERCQ (Jacq.), chroniqueur du xve siècle, né vers 1420 en Artois, mort en 1459, fut conseiller de Philippe le Bon en Flandre. On a de lui des Mémoires qui vont de 1448 à 1467, où l’on trouve d’intéressants détails sur les ducs de Bourgogne. Ils ont été publiés à Bruxelles en 1823 et réimprimés par Buchon.

DUCLOS (Ch. pineau), moraliste et historien, né en 1704 à Dinan en Bretagne, mort en 1772, débuta par des romans, oubliés aujourd’hui, puis s’adonna à un genre plus grave, et composa une Histoire de Louis XI, qui lui valut la place d’historiographe de France (1745). Il publia ensuite les Considérations sur les Mœurs, qui lui firent prendre rang parmi les moralistes ; Louis XV disait de ce livre : « C’est l’ouvrage d’un honnête homme. » Les Mémoires pour servir à l’histoire des mœurs du xviiie siècle, qu’il donna peu après, sont comme le complément des Considérations. Profitant des avantages de sa position d’historiographe, il rédigea des Mémoires secrets des règnes de Louis XIV et de Louis XV, qui ne parurent qu’après sa mort ; ils renferment des renseignements précieux. Duclos fut admis en 1739 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et en 1741 à l’Académie française, dont il devint en 1755 le secrétaire perpétuel. Il rendit de nombreux services à cette compagnie, et eut la principale part à l’édition du Dictionnaire donnée en 1762 ; il a aussi laissé des Remarques sur la Grammaire de Port-Royal. Duclos avait beaucoup d’esprit et une grande liberté de parole ; on cite de lui nombre de mots heureux. Obligé de s’éloigner en 1766 pour avoir blâmé trop vivement la condamnation de La Chalotais, son ami, il voyagea : ce qui lui donna lieu d’écrire ses Considérations sur l’Italie, qui n’ont paru que longtemps après sa mort (1791). Ses ouvrages ont été publiés en 1806, 10 vol. in-8, et en 1820, 9 vol. in-8, et 3 vol. gros in-8, avec une Notice par Villenave.

DUCORNET (L. César), peintre, né à Lille en 1806, mort en 1850, était né sans bras et se servait de ses

pieds pour peindre. Il reçut les leçons de Watteau et de Lethière, attira l’attention par son talent en même temps qu’il excitait l’intérêt par son infirmité, fut pensionné par Louis XVIII et eut de nombreuses commandes. Parmi ses productions on remarque les Adieux d’Hector et d’Andromaque, 1828 ; S. Louis rendant la justice sous un chêne, 1831 (à Lille) ; Marguerite interrogeant une fleur, 1834 ; la Mort de la Madeleine, 1840 ; S. Denis prêchant dans les Gaules (à Paris, église St.-Louis en l’Ile) ; Vision de Ste Philomène, 1846 ; la belle Édith, l855 (à Compiègne). Il est surtout bon coloriste.

DUCOS (le comte roger), né en 1754 à Dax (Landes), était avocat dans son pays lorsqu’il fut nommé en 1792 par le dép. des Landes, député à la Convention. Il fut successivement secrétaire et président de l’assemblée : il la présidait dans la fameuse séance du 18 fructidor an v (4 sept. 1797). Il passa dans la suite au Conseil des Anciens. En juin 1799 il fut nommé membre du Directoire. Au 18 brumaire, il se réunit à Bonaparte et à Sieyès, pour renverser ses collègues et fut proclamé 3o  consul provisoire. Sous l’Empire, il devint sénateur et comte. Au retour des Bourbons, il reçut l’ordre de quitter la France, et périt en 1816, en s’élançant hors de sa voiture au moment où elle versait.- Un autre Ducos, J. François, député girondin, né à Bordeaux en 1765, fut condamné à mort en 1793 avec Vergniaud, Gensonné, etc. — Théodore D., neveu de J. François, né à Bordeaux en 1801, mort en 1855, fut élu dès 1834 député de Bordeaux, et se prononça pour la liberté commerciale ; siégea en 1848 et 1849 dans l’Assemblée constituante, devint ministre de la marine en 1851 et occupa ce poste jusqu’à sa mort. Il régularisa l’administration, développa la marine à vapeur, accrut le chiffre de l’inscription maritime et poussa avec une activité extrême les préparatifs de la guerre d’Orient.

DU COUÉDIC (Ch. Louis), officier de marine, né à Quimperlé en 1739, commandait la frégate la Surveillante comme lieutenant de vaisseau, lorsque, le 6 oct. 1779, il rencontra, à la hauteur d’Ouessant, le Québec, frégate anglaise, à laquelle il livra un combat des plus opiniâtres et qu’il fit sauter en l’air avec son commandant ; sa frégate, totalement désemparée, put rentrer à Brest, et il fut fait capitaine de vaisseau ; mais, tout couvert de blessures, il mourut peu de mois après (1780). Un tombeau lui fut élevé à Brest ; son nom fut donné à un bâtiment.

DUCRAY-DUMINIL (Franç. Guill.), romancier, né à Paris en 1761, mort en 1819, est auteur d’un grand nombre de romans, écrits surtout pour la jeunesse, qui eurent pendant longtemps un succès populaire. Quoique péchant par le style, ils offrent un vif intérêt et ont le mérite de ne pas offenser les mœurs. Les plus connus sont : Alexis ou la Maisonnette dans les bois, 1790 ; les Soirées de la chaumière, 1794 ; Victor ou l’Enfant de la forêt, 1796 ; Cœlina ou l’Enfant du mystère, 1798 ; Paul ou la Ferme abandonnée, 1802. Ducray-Duminil rédigeait la partie littéraire des Petites Affiches.

DU DEFFANT (Marie de vichy-chamrond, marquise), femme célèbre par sa beauté et son esprit, née en 1697 d’une famille de Bourgogne, noble, mais pauvre, morte à Paris en 1780, épousa étant encore très-jeune, le marquis Du Deffant, qui était déjà d’un certain âge et dont elle ne tarda pas à se séparer. Belle, spirituelle, d’une morale peu sévère, elle se vit bientôt entourée d’adorateurs ; sa maison devint le rendez-vous de tout ce que la cour, la robe et surtout la littérature renfermaient d’hommes marquants. Elle entretint avec Voltaire, Horace Walpole, d’Alembert, le président Hénault, etc., une correspondance suivie, où elle jugeait avec sévérité, mais avec un rare discernement, les personnages et les productions de l’époque. Privée de la vue à 54 ans, elle n’en conserva pas moins toute l’amabilité et toute la vivacité de son esprit jusqu’à l’âge le plus avancé : elle mourut à 84 ans. On a de cette dame : Corres-