Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Didot, 1848. J. Rauch a écrit sur sa Vie et ses écrits, Heidelb., 1845, lat.

ALEXANDRE d'Aphrodisie, philosophe péripatéticien, né à Aphrodisie en Carie vers la fin du IIe siècle après J.-C., enseigna à Alexandrie vers le temps de Septime-Sévère et rétablit dans sa pureté la doctrine d'Aristote. Il a laissé sur presque toutes les parties des écrits de ce philosophe d'excellents commentaires, dont plusieurs ont été trad. en latin et publiés à Venise, 1489, et à Munich, 1842, et dont quelques-uns sont restés manuscrits. Il a en outre écrit en son propre nom des Traités de l'âme, sur la Fatalité et sur la Liberté. Ses doctrines furent plus tard combattues par Averroës, ce qui partagea l'école en deux sectes, les Alexandristes et les Averroïstes.

ALEXANDRE de Tralles, médecin grec, né à Tralles en Lydie, florissait dans le VIe siècle, sous Justinien, et recommandait la médecine expectante. Il a laissé un excellent ouvrage qui a été traduit et imprimé sous ce titre : De arte medica libri XII, gr. et lat., ex interpret. Jo. Guinterii Andernaci, necnon Jac. Goupyli castigationibus, Basileæ, 1566, in-8, et édité par Haller, Lausanne, 1772.

ALEXANDRE de Bernay, natif de Bernay en Normandie, dit aussi Alexandre de Paris, parce qu'il vécut à Paris, florissait dans la seconde moitié du XIIe siècle. Il continua le roman d’Alexandre commencé par Lambert-li-Cors, où fut employé pour la première fois le grand vers qui fut de là nommé alexandrin (imprimé à Stuttgard, par Michelant, 1845). Alexandre a composé lui-même quelques autres romans, restés manuscrits : Athis, Hélène, Brison.

ALEXANDRE de Villedieu, Al. de villa Dei, grammairien du XIIIe s., natif de Villedieu en Normandie, tint école à Paris et composa en 1209, sous le titre de Doctrinale puerorum, une grammaire en vers hexamètres qui fut longtemps classique. Il avait également mis en vers techniques la Sphère, l’Arithmétique, le Calendrier et l’Écriture sainte.

ALEXANDRE de Hales ou Ales (ainsi appelé d'un monastère du comté de Glocester où il fut élevé), philosophe et théologien anglais, surnommé le Docteur irréfragable, étudia à Paris, entra chez les frères Mineurs en 1222 et mourut en 1245. Il enseigna avec succès la philosophie scolastique à Paris et fut un des premiers à mettre à profit les traductions d'Aristote faites par les Arabes. Il est auteur d'une Summa theologiæ, Nuremb., 1484, et d'un Commentaire sur les sentences de Pierre Lombard, Venise, 1475.

ALEXANDRE (Noël), savant dominicain, né à Rouen en 1639, mort à Paris en 1724, était janséniste et écrivit contre la bulle Unigenitus. Son principal ouvrage est une grande Histoire ecclésiastique en lat., publiée d'abord à Paris en 24 vol. in-8, de 1676 à 1686, réimprimée à Venise en 1749 en 8 vol. in-fol. Cette histoire fût condamnée à Rome.

ALEXANDRESCHATA, Alexandrie ultima, c.-à-d. l’Alexandrie la plus reculée, v. fondée par Alexandre chez les Scythes, sur l'Iaxarte, au N. E. de l'Asie connue des anciens, est auj. KHODJEND.

ALEXANDRETTE, l’Alexandria minor ou Alexandria ad Issum des anciens, l’Iskanderoun des Turcs, v. de la Turquie d'Asie (Syrie), à 124 kil. O. d'Alep, à laquelle elle sert de port est située à l'angle N. E. de la Méditerranée, à l'embouchure d'une petite. riv.

ALEXANDRIE, Alexandria sous les Grecs, Iskanderieh chez les Arabes, v. et port d'Égypte, dans la Basse-Égypte, sur une langue de terre qui s'étend entre la Méditerranée et l'ancien lac Maréotis, à 182 kil N. O. du Caire. Elle a 2 ports : le port vieux et le port neuf; elle communique avec le Caire par un canal qui débouche dans la branche la plus occidentale du Nil, et depuis 1853 par un chemin de fer. La v., jadis très-peuplée, ne comptait guère au commencement de ce siècle que 30 000 hab.; on en porte auj. le nombre à 300 000. Elle est l'entrepôt du commerce de l'Europe avec l'Égypte; toutes les puissances européennes y ont des consuls. Outre une foule de restes curieux de l'antiquité, on y remarque de belles constrictions modernes : le palais du vice-roi, la mosquée des mille colonnes, les fortifications et l'arsenal de la marine. — Alexandrie, qui sous les Pharaons n'était qu'un village nommé Racoudah ou Rakotis fut fondée en 332 av. J.-C. par Alexandre le Grand, qui voulait en faire l'entrepôt du commerce entre l'Orient et l'Occident; elle fut la capit. de l’Égypte sous les Ptolémées et les Romains. Elle se composait de 2 quartiers : Rakotis ou quartier du peuple, et le Bruchium ou quartier des palais. On y remarquait un phare magnifique, placé dans une petite île, jointe à la v. par un môle de près de 1300m, des palais somptueux, le temple de Sérapis, tout en marbre, une bibliothèque immense, la plus riche qu'il y eût au monde (on y comptait 700 000 rouleaux ou volumes), le Musée, sorte d'académie ou les savants de toute espèce étaient entretenus aux dépens de l'État; un vaste hippodrome, plusieurs obélisques et colonnes, parmi lesquelles la colonne de Pompée, les deux aiguilles de Cléopatre, etc. C'était la première ville du monde après Rome : on comptait au temps de sa splendeur, 900 000 hab., parmi lesquels un grand nombre de Juifs. Elle fut un des berceaux du Christianisme : elle avait un archevêque qui prenait le titre de patriarche. Plusieurs hérésies y prirent naissance, et elle devint le théâtre de querelles théologiques qui l'ensanglantèrent souvent. Les Alexandrins étaient turbulents; ils se révoltèrent plusieurs fois sous les Ptolémées et sous les Romains : César eut à y réprimer, l'an 47 av. J.-C., une insurrection, terrible; la bibliothèque fut entièrement consumée dans cette circonstance. Alexandrie tomba, avec toute l'Égypte, au pouvoir des Romains l'an 30 av. J.-C. Cette ville eut à subir sous les empereurs plusieurs massacres qui la dépeuplèrent peu à peu. En 611, Chosroës II, roi de Perse, s'en empara, mais son fils la rendit aux empereurs. En 640, les Arabes conduits par Amrou, lieutenant d'Omar, la prirent et achevèrent la destruction des monuments et de la célèbre bibliothèque. Les Turcs la prirent en 868 et 1517 et ils l'ont gardée depuis. Sous la domination des Musulmans elle n'a fait que dépérir; la découverte du passage aux Indes par le Cap acheva sa ruine; son enceinte a diminué graduellement avec sa population. Les Français la prirent sans peine en 1798 et la gardèrent jusqu'en 1801; les Anglais l'occupèrent de 1801 à 1803. Alexandrie s'est relevée sous Méhémet-Ali et ses successeurs.

ALEXANDRIE DE LA PAILLE, v. de l'Italie sept., ch.-l. de la prov. du même nom, sur le Tanaro, à 70 kil. S. E. de Turin; 55 000 hab. Évêché, académie belle dite des Immobili. Fortifications: puissantes; cathédrale, églises de St-Laurent et St-Alexandre; casernes, théâtre; bibliothèque; chem. de fer pour Turin et Gênes; Fabriques de toiles, draps, soieries, bougies – Cette v. fut construite à la hâte en bois et en chaume, en 1168, par la ligue lombarde pour s'opposer à Frédéric Barberousse, et reçut le nom d’Alexandrie en l'honneur du pape Alexandre III, qui régnait alors : Frédéric l'appela par dérision Al. de la Paille, nom qui lui est resté. Elle fut cédée en 1707 par Joseph I à la Savoie,; elle appartint aux Français de 1796 à 1814 et fut ch.-l. du dép. de Marengo. – La prov. d'Alexandrie, entre celles de Tortona, de Novi et d'Asti, compte 102 000 hab.

On connaît beaucoup d'autres v. de ce nom :

Chez les anciens on en comptait plus de 70, ainsi nommées en l'honneur d'Alexandre le Grand, qui les avait fondées, colonisées ou agrandies; entre autres, en Arachosie, sur l'Arachote, auj. KANDAHAR? – en Arie, auj. HÉRAT? – en Asie-Mineure, auj. ALEXANDRETTE; – en Bactriane, sur l'Oxus, auj. SALI-SORAÏ; – en Chaldée, auj. MESCHED-ALI – en Chypre, sur la côte N.; – dans l'Inde, auprès du Paropamisus, sur le Choès : les ruines de