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partage à son jeune fils Clovis II, plus tard roi de Neustrie. Depuis cette époque, le duché de Dentelin reste uni à la Neustrie et cesse de figurer dans l'histoire.

DENYS, Dionysius, surnommé l'Ancien ou le Tyran, tyran de Syracuse, était fils d'un homme obscur et fut d'abord soldat. Il se signala par ses exploits dans les guerres des Syracusains contre les Carthaginois; puis, profitant de l'empire qu'il avait sur les soldats, il se fit proclamer souverain par l'armée, 405 av. J. C. : il n'avait encore que 25 ans. Il repoussa les Carthaginois qui avaient envahi la Sicile; mais, ayant laissé prendre la v. de Géla (403), les Syracusains se révoltèrent contre lui. Il réussit à étouffer la sédition, et reprit bientôt l'avantage sur l'ennemi, auquel il enleva successivement Enna, Catane, Léontium, Messine, Taurominium, Sélinonte; il porta même ses armes en Italie, prit Locres, Crotone et ravagea jusqu'aux côtes de l'Étrurie. En butte à de nombreuses conspirations, Denys devint inquiet, cruel, et se rendit odieux à ses sujets. Il était si soupçonneux, qu'il n'admettait jamais sa femme et ses enfants dans son appartement sans les fouiller. Il fit, dit-on, creuser dans le roc, pour servir de prison, d'immenses souterrains, dont un était disposé de manière à ce qu'il entendît tout ce qui s'y disait : c'est ce qu'on appelait l'oreille de Denys. Il recherchait les philosophes, appelait Platon à la cour, protégeait les poëtes, et faisait lui-même des vers, quoiqu'il y réussît peu (V. PHILOXÈNE). Une de ses tragédies ayant été couronnée à Athènes, il fut plus flatté de cette victoire que de toutes celles qu'il avait remportées sur les champs de bataille ; il ordonna que l'on rendît aux dieux de solennelles actions de grâces, et fit préparer un festin magnifique. Il se modéra si peu dans ce repas qu'il mourut d'indigestion, l'an 368 av. J.-C. Il était âgé de 63 ans, et en avait régné 38.

DENYS le Jeune, fils du préc., lui succéda l'an 368 av. J.-C., sous la tutelle de son beau-frère Dion. Il appela le philosophe Platon à la cour et parut vouloir se conduire par ses conseils; mais il le chassa bientôt pour se livrer sans frein à la débauche et à la cruauté. Ayant banni Dion, celui-ci reparut bientôt avec quelques troupes, emporta Syracuse en trois jours, et en chassa le tyran, 357. Denys y rentra 10 ans après, mais comme il opprimait encore les Syracusains, il fut de nouveau chassé par Timoléon, général des Corinthiens. Alors il se réfugia à Corinthe, où il se fit, dit-on, maître d'école.

DENYS de Milet, logographe grec an Ve s. av. J.-C., avait écrit un Cycle mythique, recueil de traditions des anciens poëtes, et un Cycle historique, où il traitait sans doute des âges postérieurs au siége de Troie. Il n'en reste que des fragments, dont l'authenticité même est douteuse (dans les Historic. græc. fragm. de la collect. Didot).

DENYS d'Halicarnasse, historien et critique, né à Halicarnasse en Carie, vint à Rome l'an 30 av. J.-C., et y publia vers l'an 7 av. J.-C., sous le titre d’Antiquités romaines, un savant ouvrage en 20 livres, qui contenait l'histoire des premiers temps de Rome jusqu'à l'an 266 av. J.-C., et où l'on trouve sur l'histoire, le culte et les institutions des Romains des renseignements que l'on chercherait vainement ailleurs. Il ne nous en reste malheureusement que les 11 premiers livres avec des extraits et des fragments des autres. Denys a aussi laissé des ouvrages de critique et de rhétorique très-estimés : De l'arrangement des mots ; Rhétorique (ouvrage d'une authenticité douteuse); Jugements sur les anciens écrivains; Examen de Lysias, Isocrate, Isée, Dinarque; Examen du style de Thucydide, de l’éloquence de Démosthène, etc. Toutes les œuvres de Denys d'Halicarnasse ont été publiées par Sylburge, grec-latin, Francfort, 1586, in-fol.; par Reiske, gr.-lat., Lepisick, 1774, 6 vol. in-8. Les Antiquités romaines ont été trad. en français par le P. Lejay, 1722, et par l'abbé Bellenger, 1723; le traité de l’Arrangement des mots, par Le Batteux, 1788; les Jugements sur les orateurs, par M. Gros, sous le titre d’Examen critique des écrivains de la Grèce, avec le texte, 1827-28.

DENYS le Grammairien, était originaire de Thrace, mais né à Alexandrie vers 100 av. J.-C. Il fut disciple d'Aristarque et enseigna les belles-lettres à Rome du temps de Pompée. On lui doit une Grammaire grecque, longtemps classique, qui a été publiée par Fabricius dans le tome VII de sa Bibliothèque grecque, et par Bekker, Anecdota græca, t. II, Berlin, 1816. Il en existe une trad. arménienne, publiée par Cirbied.

DENYS le Périégète, écrivain grec, né à Charax en Susiane, auteur d'un poème sur la géographie, intitulé : Periegesis, ou Voyage autour du monde, vivait, à ce qu'on croit, dans le Ier siècle de notre ère. Son poëme a été trad. en vers latins par Priscianus, Avienus et Papius, en prose latine par H. Étienne, et en vers français par Bénigne Saumaise, 1597. Les meilleures éditions du Periegesis sont celle d'Oxford, 1717. (avec le commentaire d'Eustathe et les trad. lat.), et celle donnée par Passow, Leips., 1825. Il se trouve aussi dans les Geographi minores de Bernhardy, Leips., 1828, et dans la collect. Didot, 1855.

DENYS (S.), dit l'Aréopagite, était un des juges de l'Aréopage quand S. Paul comparut devant ce tribunal ; il fut converti par le discours de l'apôtre, fut établi par lui premier évêque d'Athènes, et fut brûlé vif vers l'an 95. L’Église l'hon. le 3 oct. — On a sous son nom des écrits mystiques qui paraissent avoir été fabriqués vers le Ve siècle par des Néo-platoniciens. Ces ouvrages sont au nombre de quatre : De la Hiérarchie céleste; De la Hiérarchie ecclésiastique; Des Noms divins; De la Théologie mystique. Envoyés en présent à Louis le Débonnaire par un empereur d'Orient, ces livres obtinrent un grand crédit et devinrent un des éléments de la philosophie scolastique. Ils contenaient une application du Platonisme et de la doctrine de l'émanation au Christianisme. L'édition la plus estimée de ces ouvrages est celle de B. Corder, Paris, 1644, in-fol., gr.-lat. Ils ont été trad. en français par M. l'abbé Darboy (1844, in-8), qui paraît croire à leur authenticité. On peut consulter sur la valeur de ces livres Ch. Hersent (In Dionysii areop. librum apparatus, 1626), Daillé (De scriptis quæ sub Dionysii areop. nomine circumferuntur, 1666), et la thèse de M. Montet sur Les livres du pseudo-Denys l'Aréopagite, Paris, 1848.

DENYS (S.), l'apôtre des Gaules, fut envoyé de Rome dans les Gaules vers 250 pour y prêcher la foi, devint le premier évêque de Paris, fonda plusieurs églises en France, et souffrit le martyre avec Rustique et Éleuthère ses compagnons vers 272, pendant la persécution de Valérien. C'est, selon les uns, à Montmartre (mons Martyrum), selon les autres au lieu où s'élève auj. la ville de St-Denys, qu'ils furent mis à mort. On l'honore le 9 oct. Dans les temps d'ignorance, on crut qu'après son martyre il avait marché, portant son chef dans ses mains : cette ridicule tradition vient de ce que, pour rappeler son supplice, on le représentait la tête séparée du tronc, et qu'on plaçait sa tête entre ses mains.

DENYS (S.), pape de 259 à 269, tint à Rome en 261 un concile où fut anathématisée l'hérésie de Sabellius. On l'hon. le 26 déc.

DENYS, surn. le Petit à cause de sa taille, moine originaire de Scythie, vint à Rome vers 500, y fut fait abbé d'un monastère, s'acquit une grande réputation par des ouvrages sur la discipline ecclésiastique et la chronologie, et mourut en 540. On a de lui des recueils de Canons apostoliques (publiés pour la 1re fois en 1628, in-8, par Justel); de Décrétales (dans la Bibliothèque du droit canon); des versions latines des ouvrages de S. Pacôme et autres Pères. Ce fut Denys le Petit qui introduisit l'usage décompter les années à partir de la naissance de J.-C., qu'il plaça à l'année 753 de Rome (4 ans trop tard, à ce qu'il paraît). Il trouva une période de 532 ans qui commençait à l'année même de l'incarnation, et qu'on appela, d'après son nom, période dionysienne.