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placé à la tête d'un des démes ou communes de l'Attique, était analogue à nos maires.

DEMAVEND, v. de Perse, ch.-l. du Tabaristan, à 45 kil. N. E. de Téhéran, au pied des monts Elbourz ; 3000 hab. — Près de cette v. et sur la limite du Tabaristan et du Mazanderan s'élève le pic volcanique de Demavend, qui a environ 6600m de hauteur.

DEMBÉA, prov. du roy. de Gondar en Abyssinie, faisait jadis partie de l'Amhara; elle est très-fertile. Gondar en est la capitale. — Le lac de Dembéa, dans l'État de même nom, situé à peu près au centre de l'Abyssinie et à 75 kil. S. O. de Gondar, a 700 k. de tour. Le Bahr-el-Azrek le traverse.

DÉMÉRARY ou DÉMÉRARA, riv. de la Guyane anglaise, tombe dans l'Atlantique un peu à l'E. de l'emb. de l'Esséquébo. Elle donne son nom à un gouvt de la Guyane anglaise, qui s'étend sur une longueur de 75 k. env. le long de l'Atlantique, depuis l'embouchure de l'Abary jusqu'à celle de l'Esséquébo, par 59° 71'-61° 42' long. O., 4° 10'-6° 50' lat. N. ; 180 850 hab., dont 75 000 esclaves. ; ch.-l., Stabrœk et Georgetown. Sucre et autres denrées coloniales ; beaucoup de bétail dans les savanes. — Les Hollandais occupèrent ce district dès 1740. Par le traité de 1814, ils le cédèrent à l'Angleterre avec les établissements voisins de Berbice et d'Esséquébo.

DÉMÉTER (c.-à-d. Terre-Mère), nom grec de Cérès.

DÉMÉTRIADE, Demetrias, v. de Magnésie, au S. O. de Cynocéphales, sur le golfe Pélasgique, fut fondée par Démétrius Poliorcète, et devint la résidence des rois de Macédoine. C'était une des clefs du pays. — v. de Phénicie, sur la côte, est auj. Akkar.

DÉMÉTRIUS I, surnommé Poliorcète (c.-à-d. preneur de villes), roi de Macédoine, né en 337 av. J.-C., était fils d'Antigone, un des généraux et des successeurs d'Alexandre. Il servit d'abord sous son père, défendit pour lui, mais sans succès, la Syrie contre Ptolémée et la Babylonie contre Séleucus, s'empara d'Athènes, sous prétexte d'y assurer la liberté (308), en chassa Démétrius de Phalère et s'y fit proclamer roi. Il enleva à Cassandre toute l'Attique, la Béotie, et une partie du Péloponèse, y joignit Chypre, Tyr, Sidon, mais assiégea inutilement Rhodes, fut battu, avec Antigone, à la bat. d'Ipsus (301 av. J.-C.), et réduit pendant quelque temps à mener la vie d'un aventurier. Cependant, ayant rassemblé de nouvelles troupes, il réussit, après la mort de Cassandre, à s'emparer de la Macédoine et s'y maintint de 295 à 287. Détrôné par Pyrrhus, il envahit l'Asie où régnait Séleucus ; mais celui-ci le prit (286) et le tint captif jusqu'à sa mort (283). Plutarque a écrit sa Vie. Son surnom vient du grand nombre de villes qu'il avait prises.

DÉMÉTRIUS II, roi de Macédoine, 242-232, était fils d'Antigone Gonatas et petit-fils du précédent. Il fit la guerre aux Étoliens, aux Achéens, à Alexandre II, roi d'Épire, et conquit la Cyrénaïque.

DÉMÉTRIUS I, Soter (sauveur), roi de Syrie, fils de Séleucus Philopator, fut envoyé dans sa jeunesse en otage à Rome, s'échappa après la mort de son père, chassa Antiochus Eupator qui avait usurpé le trône et se fit reconnaître roi (162 av. J.-C.). Il fit la guerre aux Juifs avec des succès variés, et eut à combattre Judas et Jonathas Machabée; il conquit la Cappadoce. Il fut détrôné et mis à mort par l'usurpateur Alexandre Bala, que soutenait le roi d’Égypte, Ptolémée Philométor (149). Il avait reçu le nom de Soter des Babyloniens, parce qu'il les avait délivrés de deux tyrans, Timarque et Héraclide.

DÉMÉTRIUS II, Nicator (vainqueur), roi de Syrie de 144 à 125 av. J.-C., fils aîné de Démétrius Soter, épousa Cléopâtre, fille de Ptolémée VI, chassa, avec le secours de son beau-père, l'usurpateur Alexandre Bala, et fit la guerre aux Parthes, mais il tomba entre leurs mains. Mithridate, leur roi, le traita avec douceur et lui fit épouser sa fille Rodogune. Cléopâtre, sa 1re femme, irritée de se voir répudiée, épousa Antiochus Sidète, frère de Démétrius, qu'elle fit reconnaître roi. Cependant Démétrius Nicator, s'étant échappé de chez les Parthes, réussit à remonter sur son trône ; mais il se rendit odieux à ses sujets et fut détrôné par Alexandre Zébina. Il avait pris le nom de Nicator après sa victoire sur Alex. Bala.

DÉMÉTRIUS III, Eucærus (l'heureux), 4e fils d'Antiochus VIII ou Grypus, monta sur le trône de Syrie avec son frère Philippe, l'an 95 av. J.-C. Les deux frères se firent la guerre; Philippe ayant appelé les Parthes à son secours, Démétrius fut fait prisonnier par eux. Il fut traité avec douceur par Mithridate leur roi ; mais il resta captif jusqu'à sa mort, en 87.

DÉMÉTRIUS de Phalère, orateur et homme d'État d'Athènes, s'attacha au parti des Macédoniens et fut élu par leur influence archonte décennal, l'an 318 av. J.-C. Il gouverna sagement, et les Athéniens charmés de son gouvernement lui élevèrent 360 statues de bronze. Il y avait dix ans qu'il gouvernait la république au nom de Cassandre, roi de Macédoine, lorsque Démétrius Poliorcète s'empara de la ville, et proclama la liberté des Athéniens pour les soustraire à l'influence macédonienne. Démétrius de Phalère perdit dès lors toute autorité; il se retira en Égypte, où Ptolémée Lagus l'accueillit avec honneur. On dit que le musée et la célèbre bibliothèque d'Alexandrie furent créés par son conseil. A la mort de Ptolémée Lagus (283), Ptolémée Philadelphe, successeur de ce prince, irrité contre Démétrius, qui avait voulu le faire éloigner du trône, le relégua dans la H.-Égypte et le fit garder à vue. Démétrius, ne pouvant supporter sa captivité, se donna la mort en se faisant piquer par un aspic. Il avait composé des harangues et des histoires dont on n'a plus rien auj. Il nous reste sous son nom un Traité de l'élocution, publié par Schneider, Altenbourg, 1779, et par Gœller, Leips., 1837, qui paraît être l'œuvre d'un Démétrius d'Alexandrie, grammairien du IIe siècle. Bonamy a donné une excellente dissertation sur la Vie et les écrits de Démétrius (Mém. de l'Ac. des inscr.).

DÉMÉTRIUS ou DMITRI, princes russes. V. DMITRI.

DÉMÉTRIUS CANTACUZÈNE, CANTEMIR. V. CANTACUZÈNE, CANTEMIR.

DEMIDOFF, riche famille russe, a pour tige Demide, armurier fondeur à Toula, qui fut chargé par Pierre le Grand de fondre les canons dont ce prince avait besoin pour ses nombreuses expéditions militaires, et qui fut anobli pour avoir puissamment secondé l'activité du czar. Il établit en 1699 la première fonderie de fer à Neviansk en Sibérie et découvrit en 1725 les mines de Koliwan, dont l'exploitation l'enrichit. — Son fils Nikita et ses petits-fils se distinguèrent dans la même carrière et finirent par amasser une fortune colossale. On connaît surtout : Procope Demidoff, né à Moscou vers 1730, qui exploita avec un grand profit les mines de fer, de cuivre et d'or des monts Ourals; et Nicolas Nikitich, comte Demidoff, zélé philanthrope, né en 1774 à St-Pétersbourg. Après avoir combattu l'invasion française à la tête d'un régiment qu'il avait levé lui-même, il dota sa patrie de plusieurs industries, y créa des établissements d'utilité publique, perfectionna l'exploitation des mines, et se fit par son industrie un revenu qui s'élevait a 5 millions. C'est lui qui acclimata en Crimée les vignes de Bordeaux et de Champagne, ainsi que l'olivier de Lucques. Il passa ses dernières années en France et en Italie, vivant dans la société des savants et répandant autour de lui d'innombrables bienfaits. Il mourut à Florence en 1828. — Il a laissé deux fils, Paul et Anatole Demidoff, qui, en héritant de sa fortune, ont conservé sa bienfaisance et son goût éclairé pour les lettres. L'un d'eux, le comte Anatole, s'est allié à la famille de Napoléon en épousant une de ses nièces, la princesse Mathilde, fille de Jérôme (1840). Il a publié en 1839 un savant Voyage dans la Russie méridionale et la Crimée.

DEMIR-HISSAR, c.-à-d. château de fer, jadis Heraclea, ville de Turquie d'Europe (Roumélie), à