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célèbres. — Darius et Xerxès avaient respecté Délos pendant les guerres médiques, mais les généraux de Mithridate la dévastèrent; depuis ce temps elle est restée fort pauvre; elle est auj. presque inhabitée.

DELPECH (Jacq. Matthieu), savant médecin, né à Toulouse en 1772, mort assassiné en 1832, fut nommé en 1812 professeur de chirurgie à Montpellier, et rivalisa pendant 20 ans avec les professeurs les plus célèbres. On a de lui : Précis des maladies chirurgicales, 1815; Chirurgie clinique de Montpellier, 1823; Orthomorphie, 1829; Mémorial des hôpitaux du Midi, 1831.

DELPHES, Delphi, auj. Castri, v. de Phocide, sur la pente S. O. du Parnasse, fut d'abord nommé Pytho, du serpent Python, tué, dit la Fable, par les flèches d'Apollon, sur le lieu même qu'occupa depuis la ville. Les anciens regardaient Delphes comme une ville sacrée et la plaçaient au centre de la terre (ombilicus terræ). Son temple et son oracle d'Apollon la rendirent célèbre dans tous les pays habités par des Grecs (V. PYTHIE). Elle était le centre d'une puissante amphictyonie. Les villes grecques, et même les princes étrangers, envoyaient à Delphes de riches présents, ou y mettaient leurs trésors en dépôt, en les plaçant sous la protection du dieu. Aussi les richesses ne cette ville tentèrent-elles souvent la cupidité : pendant la guerre sacrée (de 355 à 345 av. J.-C.), Philomèle, Onomarque, Phaylle, Phalèque les enlevèrent presque toutes; en 278 av. J.-C., les Gaulois, conduits par Brennus, marchèrent sur Delphes, qui ne fut préservée que par la déroute qu'ils éprouvèrent au passage du mont Parnasse.

DELPHINATUS, nom latinisé du DAUPHINÉ.

DELRIEU (E. J. Bapt.), auteur dramatique, né en 1760, mort en 1836, fut professeur de rhétorique à Versailles. Il a composé une foule de pièces : tragédies, comédies, drames, opéras, mélodrames, il a tout tenté. Ses meilleurs ouvrages sont : le Jaloux malgré lui, comédie en un acte, et Artaxerce, 1808, tragédie en 5 actes, où il imita Métastase; Démétrius, 1815; Léonide, 1836. En 1793, il faisait des Couplets en l'honneur de la Montagne; en l811, il fit une Ode sur la naissance du roi de Rome.

DELRIO (Mart. Ant.), savant jésuite, né à Anvers en 1551, mort en 1608. Il remplit d'abord de hautes fonctions publiques, fut sénateur au conseil de Brabant et vice-chancelier; mais dégoûté des affaires par les guerres civiles, il se fit jésuite en Espagne. Il enseigna les saintes lettres à Salamanque, à Douay, à Liége, à Louvain. Il a donné des notes estimées sur C. Solin, Claudien et Sénèque le Tragique, 1674, et a laissé 6 livres de Disquisitiones magicæ, 1599, où il montre une grande crédulité : cet ouvrage a été trad. en français par A. Duchesne, 1611.

DELTA DU NIL, grand territoire triangulaire de l’Égypte, était compris entre les deux bras du Nil dits branches Canopique et Agathodémon ou Pélusiaque, et la Méditerranée; un autre bras, l'Athribitique, le divisait en Grand-Delta à l'O. et Petit-Delta à l'E. Le nom de Delta avait été donné au pays à cause de la ressemblance de la configuration avec la lettre grecque ∆. — Par suite, on a donné le nom de Delta aux contrées situées de même entre les 2 bouches extrêmes de plusieurs grands fleuves, tels que le Danube, le Pô, le Rhin, l'Indus, le Gange, le Niger, le Missouri.

DELUC (J. André), savant, né à Genève en 1727, mort à Windsor en 1817, était fils d'un horloger. Nommé en 1768 délégué de Genève à Paris, il devint en 1770 membre du grand Conseil de Genève. Il s'est surtout occupé de physique et de géologie, a parcouru presque toute l'Europe pour recueillir des observations, et s'est efforcé de faire cadrer ses découvertes avec le texte de la Genèse. Il passa une partie de sa vie en Angleterre, et fut nommé lecteur de la reine (1773). Ses principaux ouvrages sont : Théorie des baromètres et des thermomètres; Nouvelles idées sur la météorologie, 1786; Lettres à la reine d'Angleterre sur les montagnes et l'histoire de la Terre, 1778-80; Éléments de géologie, 1809, Voyages géologiques, 1810. Il donna en 1801 un Précis de la philosophie de Bacon, dans le but de combattre Lasalle, traducteur infidèle du philosophe anglais; cet ouvrage est peu digne de lui. On doit à J. A. Deluc des perfectionnements importants dans le baromètre, le thermomètre et l'hygromètre.

DE LUC (le comte), ambassadeur. V. LUC (comte de).

DÉLUGE. Suivant la Genèse, Dieu submergea toute la terre en punition des crimes toujours croissants de ses habitants. Noé y échappa seul avec sa famille, en se réfugiant dans l'Arche (V. NOÉ). On place cet événement l'an du monde 1656, 3308 av. J.-C. (2348 selon Usserius). — On trouve chez presque toutes les nations anciennes le souvenir d'un cataclysme analogue. Les annales de la Grèce ont conservé la mémoire de plusieurs déluges partiels : les deux principaux arrivèrent sous Ogygès et sous Deucalion : ce dernier inonda la Thessalie l'espace de trois mois.

DELVINCOURT (Claude Étienne), jurisconsulte, né à Reims en 1762, mort à Paris en 1831, était avant la Révolution agrégé à la Faculté de droit de Paris. Il y rentra dès que les écoles furent rouvertes, devint doyen, et fut des premiers a commenter le nouveau Code : il publia dans ce but des Institutes de Droit civil (1808, 3 vol, in-8), et de Droit commercial (1810, 2 vol. in-8). Malgré des vices de rédaction, ces ouvrages rendirent service parce qu'ils défrichèrent le terrain. Légitimiste ardent, Delvincourt fut nommé censeur en 1814, et membre du Conseil de l'instruction publique en 1824; il perdit ce dernier poste en 1830.

DELVINO ou DELONIA, Gythanæ, v. de Turquie d'Europe (Roumélie), dans l'anc. Albanie, ch.-l. de sandjak, à 64 kil. S. O. de Janina; 12 000 hab. — Le sandjak de Delvino s'étend le long de l'Adriatique et est traversé par les monts de la Chimère (montes acroceraunii). Il répond à l'anc. Chaonie.

DELY-IBRAHIM, commune d'Algérie, à 11 kil. S. S. O. d'Alger; env. 1500 hab. C'est notre premier essai de colonisation en Algérie.

DÉMADE, orateur d'Athènes, qui de simple matelot s'éleva par son éloquence aux premiers emplois de la République. Fait prisonnier par Philippe à la bataille de Chéronée (338 av. J.-C.), il sut se concilier l'estime du vainqueur par sa franchise et obtint sa liberté. Il resta depuis toujours attaché à la Macédoine, soit par conviction, soit plutôt par vénalité, et fit prévaloir à Athènes les propositions les plus favorables au parti macédonien. Adversaire acharné de Démosthène, il proposa, à l'approche d'Antipater, le décret qui condamnait à mort ce grand orateur. Ayant plus tard trahi Antipater pour Perdiccas, il fut mis à mort par Cassandre, fils d'Antipater, (318). Il ne reste sous son nom qu'un seul discours (dans les Oratores græci de Reiske, tome IV, et dans la Bibliothèque grecque de Didot), dont l'authenticité n'est même pas démontrée.

DÉMARATE, Corinthien, fut chassé de sa patrie lors de l'usurpation de Cypsélus, et vint en 658 av. J.-C. s'établir à Tarquinies en Italie. Son fils, qu'il nomma Tarquin, régna sur Rome.

DÉMARATE, roi de Sparte de 520 à 492, fut exilé par les intrigues de son collègue Cléomène qui le fit passer pour bâtard, et se réfugia à la cour de Darius. La franchise de ses discours ayant irrité le grand roi, celui-ci le fit mettre à mort. On dit qu'ayant eu connaissance des projets du roi de Perse contre la Grèce, il en avait donné avis à ses compatriotes.

DEMARNE (J. L.), peintre flamand, né à Bruxelles en 1744, mort en 1829, a produit une foule de charmants tableaux de genre dans lesquels les personnages, les animaux et le paysage se disputent l'intérêt. Le Musée de Paris en possède trois (une Noce de village, une Diligence sur une route, une Foire), qui peuvent faire apprécier cet éminent artiste. Le ton vigoureux de ses jolies figures ne nuit jamais à l'harmonie de l'ensemble.

DÉMARQUE (c.-à-d. chef de déme), magistrat