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fut florissante sous les rois de Syrie et sous les Romains ; son bel aqueduc est l’ouvrage de ces derniers. Sous Héraclius, elle fut conquise par les Sarrasins, 636 ; les Mongols la prirent d'assaut en 1260 ; Tamerlan la ravagea en 1402 ; les Turcs en devinrent maîtres en 1517. Ibrahim pacha l’enleva en 1832 au sultan, à qui elle fut restituée l’année suiv. Longtemps, la peste décima cruellement les habitants d'Alep ; ils sont aussi sujets au Bouton d’Alep. Cette v. a été presque entièrement détruite par les deux tremblements de terre de 1822 et 1823. La crainte de nouvelles secousses empêcha les Aleppois de songer sérieusement à relever leur ville ; cependant, elle reprend depuis quelques années son ancienne importance.

ALEP (pachalik d'), un des 4 de la Syrie, entre ceux d'Adana, de Marach, de Racca, de Damas, de Tripoli et la mer ; env. 500 000 hab. On y trouve de hautes mont., l'Alma-Dagh, le Liban, etc. ; il est arrosé par l'Euphrate, l'Oronte, le Chalus, auj. Koïk. Fertilité remarquable en nombre d'endroits. Les sauterelles y causent des dégâts inouïs.

ALERIA, et par corruption Alalia, village de Corse, sur la côte E., à 40 kil. S. E. de Corte. Fondé en 564 av. J.-C. par les Phocéens, et jadis important. Ruines d’un vaste cirque.

ALESIA, v. forte de l’ancienne Gaule, capit. des Mandubiens, était jadis si importante qu’on la surnommait Urbium mater. Vercingétorix y soutint un siège célèbre contre César (52 av. J.-C.). On croit généralement que cette ville est Alise ou Ste-Reine (Côte-d’Or). Cependant, quelques-uns ont voulu tout récemment la placer à Alaise (Doubs), entre Ornans et Salins. Des fouilles exécutées en 1861 ont décidé la question en faveur de l’Alise de Bourgogne.

ALESSANO, Leuca, Alexanum, v. de l’anc. roy. de Naples, à 36 kil. S. O. d'Otrante ; 7000 hab. Évêché.

ALESSIO, Lissus, v. de la Turquie d'Europe (Albanie), à 36 kil. S. de Scutari, sur le Drin, près de son embouchure ; 3000 hab. C’est là que mourut Scandeberg et que se trouve son tombeau.

ALET ou ALETH, Electa ou Alecta, v. de France (Aude), à 10 kil. S. O. de Limoux, sur l'Aude, 1000 hab. Anc. évêché, érigé en 1318, aujourd’hui supprimé. Quatre sources minérales, dont une chaude. Fer, cuivre, forges et clouteries.

ALETUM, Guich-Alet, v. de Gaule, chez les Redones, sur la mer. Ses ruines se voient entre St-Malo et St-Servan. Évêché, transf. en 1152 à St-Malo.

ALEXANDER AB ALEXANDRO, savant italien, dont le véritable nom est Alessandro Alessandri, né à Naples en 1461, mort vers 1525, s'est rendu célèbre par un livre intitulé : Genialium dierum libri VI (Rome, 1522, in-fol., et Leyde, 1673, 2 vol. in-8, avec des commentaires), ouvrage d'érudition fait sur le modèle des Nuits attiques d'Aulu-Gelle et où il traite des antiquités romaines. Il était ecclésiastique et s'était rendu profond dans la science du droit : il exerça même quelque temps la profession d’avocat.

ALEXANDRA, fille de Priam, plus connue sous le nom de Cassandre. V. ce nom et LYCOPHRON.

ALEXANDRA, reine des Juifs, femme d'Alexandre Jannée, régna seule après la mort de son mari (79-70 av. J.-C.), pendant la minorité d’Hyrcan II, son fils. Les Pharisiens commirent de grandes cruautés sous son règne. — Une autre Alexandra, fille d’Hyrcan II, épouse d’Alexandre, fils d’Aristobule II, et mère d’Aristobule et Mariamne, fut mise à mort par Hérode, 29 av. J.-C. — Voy. aussi SALOMÉ.

ALEXANDRE, Ce nom, qui en grec veut dire protecteur des hommes, a été porté par un grand nombre de personnages célèbres anciens et modernes, qu'on trouvera dans l'ordre suivant : 1° rois et princes ; 2° papes et saints ; 3° savants et écrivains.

I. Rois et Princes.

Il y eut en Macédoine cinq princes de ce nom :

ALEXANDRE I, fils d'Amyntas I, 496-454 av. J.-C.

ALEXANDRE II, fils d'Amyntas III, 370-379.

ALEXANDRE III, dit le Grand, fils de Philippe et d'Olympias, naquit à Pella l'an 356 av. J.-C, fut élevé par le philosophe Aristote, et montra dès sa jeunesse ce qu'il devait être un jour : il s’éprit d’une vive passion pour Homère et prit Achille pour modèle ; supérieur dans les exercices du corps comme dans ceux de l’esprit, il put seul dompter Bucéphale. A peine âgé de 16 ans, il gouverna l’État pendant l’absence de Philippe, qui assiégeait Byzance, et soumit quelques peuples voisins. Il sauva la vie de son père dans un combat contre les Triballes, et décida la victoire à Chéronée en taillant en pièces le bataillon sacré des Thébains (338). Il monta sur le trône à 20 ans (336), conquit la Thrace et l'Illyrie, et fit rentrer sous sa domination la Grèce, qui, se fiant sur sa jeunesse, avait cru pouvoir secouer le joug que Philippe lui avait imposé : Athènes et Thèbes étaient à la tête du mouvement ; il détruisit Thèbes, où il ne respecta que la maison de Pindare ; mais il épargna Athènes, qui s’était soumise (335). Il déclara aussitôt après la guerre aux Perses, et, s'étant fait nommer généralissime de toute la Grèce, il partit de Pella, en 334, pour marcher contre eux avec 30 000 hommes d'infanterie et 5000 chevaux. Après avoir passé l'Hellespont, il défit, sur les bords du Granique, l'armée de Darius, roi des Perses (334), et soumit avec rapidité toute l'Asie-Mineure, malgré les efforts héroïques de Memnon le Rhodien. A Gordium, en Phrygie, il trancha de son épée le célèbre nœud gordien, ce qui lui présageait l’empire de l’Asie. Une maladie dangereuse, qu’il avait contractée en se baignant tout couvert de sueur dans les eaux du Cydnus, l'arrêta quelque temps à Tarse ; mais s'étant bientôt rétabli par les soins de son médecin Philippe, il vainquit de nouveau Darius à Issus, en Cilicie (333). Dans cette bataille, il fit prisonnière toute la famille du grand roi, mais il lui rendit aussitôt la liberté et la traita avec la plus grande générosité. Cette victoire fut suivie de la réduction de Sidon, où il plaça Abdolonyme sur le trône, de celle de Tyr, qu’il ne prit qu’après 7 mois de siège, de Gaza, défendue par le brave Bétis, de la Judée et enfin de l'Égypte, où il fit bâtir Alexandrie ; il pénétra jusque dans la Libye, où il se fit déclarer fils de Jupiter par l'oracle d'Ammon. A son retour d'Égypte, il remporta sur Darius, près d’Arbèles en Assyrie (331), une dernière victoire, qui fut bientôt suivie de la mort de Darius, et qui le rendit maître de toute la Perse. Il fit une entrée triomphale à Babylone, s’empara de Suse et de Persépolis, dont il incendia le palais dans une orgie, poursuivit l’assassin de Darius, le satrape Bessus, et conquit la Parthie, la Sogdiane, la Drangiane, la Bactriane ; mais à la même époque il se souillait du meurtre de Clitus, et se rendait odieux par le supplice de Dymnus, de Philotas, de Callisthène et par l’assassinat de Parménion (329-328). Non content d’avoir soumis l’empire des Perses, il attaqua les Scythes qu’il battit près de l’Iaxarte, puis entreprit la conquête de l’Inde (327) : il reçut la soumission de Taxile, défit, sur les bords de l’Hydapse, le roi Porus, qu’il traita avec magnanimité, et s’avança jusqu’à l’Hyphase. Mais ses soldats ayant refusé de le suivre plus loin, il revint à Babylone, où il déploya tout le faste et toute la mollesse des rois d'Asie. Les débauches et les excès auxquels il se livra abrégèrent sa vie, et il mourut à la fleur de l'âge, en 323. On le crut empoisonné par Antipater. Il laissait Roxane enceinte d’un fils qui fut nommé Alexandre Aigus, et que Cassandre fit périr en bas âge. Alexandre n'avait pas désigné son successeur : il s'était contenté de léguer la couronne au plus digne. Son empire fut partagé entre ses généraux, et ce partage devint la source de guerres longues et sanglantes. A la différence de la plupart des conquérants, Alexandre s’occupa plus de fonder ou de conserver que de détruire : il s’efforça d’unir et de civiliser les peuples conquis et jeta les fondements de près de 70 villes. Sa vie a été écrite par Quinte-Curce, Plutarque et Arrien : ce dernier historien est le plus estimé.