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410, mort en 490, vécut plusieurs années sur une colonne, dans la méditation et la prière. Fête, 10 déc.

DANIEL (Gabriel, dit le Père), historiographe, né à Rouen en 1649, mort en 1728, entra dans l'ordre des Jésuites, écrivit des ouvrages d'histoire, de philosophie et de religion. Le plus connu est son Histoire de France, qui parut en 1713, 3 vol. in-fol. (réimprimée avec de grandes améliorations par le P. Griffet, 1755-60, 17 vol. in-4) : cette histoire a été vivement critiquée ; elle n'est guère en effet qu'un long et ennuyeux récit de siéges et de combats ; cependant elle ne manque ni d'exactitude ni de clarté. L'auteur en donna un Abrégé en 1724, 9 vol. in-12. On a aussi du P. Daniel une Hist. de la Milice française, 1721, et quelques écrits polémiques : Voyage du monde de Descartes, 1690, où il combat le système des tourbillons ; Entretiens de Cléandre et d'Eudoxe sur les Lettres provinciales, 1694, où il défend les Jésuites.

DANNECKER (J. H.), sculpteur, né à Stuttgard en 1759, mort en 1841, reçut les leçons de Pajou et de Canova, devint professeur des arts plastiques à l'Académie de Stuttgard et composa un grand nombre de morceaux qui se distinguent par une composition simple, par le naturel, la vérité et le sentiment, notamment le Monument de Schiller, celui du comte de Zeppelin (à Louisbourg), Sapho, Ariane, l’Amour, Psyché, et les bustes du roi de Wurtemberg Frédéric, de l'archiduc Charles, de Glück, Lavater, etc.

DANNEMARIE, ville d'Alsace-Lorraine, à 22 kil. E. de Belfort : 450 hab. Station du chemin de fer.

DANRÉMONT (Denis, comte de), général français, né en 1783 à Chaumont, fit ses 1re armes sous l'Empire, dans la grande armée. Promu en 1821 au grade de maréchal de camp, il reçut en 1823 un commandement en Espagne, remplit ensuite diverses fonctions administratives ou diplomatiques, commanda en 1830 une brigade dans l'expédition d'Alger, fut nommé en 1837 gouverneur de l'Algérie et dirigea en cette qualité la 2e expédition de Constantine : la place fut prise d'assaut, mais Danrémont fut emporté par un boulet de canon en allant reconnaître une batterie. Il avait été nommé en 1835 pair de France.

DANTE ALIGHIERI, célèbre poëte italien, né à Florence en 1265, eut pour maître Brunetto Latini, et cultiva toutes les sciences connues de son temps. Dès sa première enfance il ressentit la passion de l'amour et fut épris de la jeune Béatrix, qu'il perdit à la fleur de l'âge et dont il immortalisa la mémoire dans ses poëmes. Dans les troubles qui agitaient alors l'Italie, Dante fut guelfe ardent : il se signala dans plusieurs expéditions contre les Gibelins d'Arezzo, de Bologne et de Pise, et contribua beaucoup par sa valeur à la victoire de Campaldino (1289), remportée sur ceux d'Arezzo, ainsi qu'à la prise de Caprona, enlevée aux Pisans (1290). Il remplit avec succès un grand nombre de missions politiques, et fut nommé en 1300 un des prieurs ou magistrats suprêmes de Florence. Mais la division s'étant mise entre les Guelfes, qui dominaient à Florence, et la ville s'étant partagée entre deux nouvelles factions, les Noirs, qui voulaient ouvrir leurs portes à Charles de Valois, et les Blancs, qui le repoussaient, Dante, qui avait pris parti pour les Blancs, et s'était avec eux rapproché des Gibelins, fut exilé de sa patrie, 1302. Il erra depuis de ville en ville, luttant contre la misère ; séjourna à Sienne, à Vérone ; vint passer quelque temps à Paris où il fréquenta l'université, et se fixa enfin à Ravenne, où il mourut en 1321, après avoir fait de vains efforts pour rentrer dans sa patrie. Il s'était marié après la mort de Béatrix ; il laissa plusieurs enfants. Dante s'est immortalisé par la composition du célèbre poëme connu sous le titre de la Divine Comédie : cette œuvre comprend trois poëmes ou parties distinctes, l'Enfer, le Purgatoire, le Paradis ; le poëte, racontant le sort des âmes après la vie terrestre, place dans l'enfer et le purgatoire tous ceux qui ne se sont signalés que par leurs crimes ou leurs vices, ceux surtout qui ont été les auteurs de ses maux, et dans le paradis ceux qui ont fait le bien. Il feint que Virgile, son poëte favori, l'accompagne dans l'enfer et le purgatoire, pour lui nommer les réprouvés et lui décrire leurs supplices, et que Béatrix est son guide dans le paradis. C'est une des productions les plus sublimes qu'ait enfantées le génie de l'homme, mais c'est aussi un des ouvrages les plus bizarres et les plus obscurs : les allusions dont il est rempli sont la principale cause de cette obscurité. La Divine Comédie est le premier poëme qui ait été écrit en langue italienne; jusque-là, on n'écrivait qu'en latin. Il est divisé en tercets ou rimes triplées. Ce poëme excita une admiration universelle. Dans plusieurs villes on créa des chaires où il devait être expliqué ; Boccace fut le premier qui remplit la chaire créée dans ce but à Florence. Outre la Divine Comédie, le Dante a aussi composé des Poésies lyriques qui ne sont pas indignes de lui ; la Vita nuova, qui renferme des détails sur ses premières années ; des traités De vulgari Eloquentia, De Monarchia universali (ouvrage où il se montre favorable à l'empereur et qui fut condamné à Rome). Ses œuvres, souvent imprimées, ont été réunies par Zapata de Cisneros, chez Zatta, Venise, 1758, 5 vol. in-4. La Divine Comédie a eu une foule d'éditeurs et de commentateurs : la 1re édition est de 1472 ; l'une des plus estimées est l'édition publiée à Rome par le P. Lombardi, 1791, et réimprimée en 1815 avec des notes. Parmi les trad., on estime celles de Rivarol (1783), d'Artaud (1811 et 1828, 9 vol. in-12, avec texte), de Fiorentino, 1841, de Brizeux, 1843, de Delécluze, 1854, de St-Mauris, 1853, de La Mennais, 1855, de Mesnard, 1857, en prose. Grangier (1596), Terrasson (1817), Antony Deschamps (1830), Gourbillon (1831), C. Calemard de Lafayette (1835), Aroux (1842), Mongis (1846), Ratisbonne (1852-57), l'ont mise en vers. S. Rhéal a trad. le De Monarchia, 1855. La Vie du Dante a été écrite par Boccace, Villani, Léonard Arétin, et par Artaud de Montor. V. Fauriel, Dante et les origines de la littérature italienne, 1854 ; Aroux, Dante hérétique, révolutionnaire et socialiste (1854); Clef de la Comédie anticatholique de Dante (1856) ; Delécluze, D. et la poésie amoureuse, 1854.

DANTINE (dom Maur François), bénédictin de St-Maur, né à Gonrieux, près de Liége, en 1688, mort à Paris en 1746, travailla à la Collection des Décrétales, à une nouv. édit. du Glossaire de Ducange (il en publia les 5 premiers volumes, 1734-35), et à l'Art de vérifier les dates.

DANTISCUM, nom latin de DANTZICK.

DANTON (Georges Jacques), célèbre démagogue, né à Arcis-sur-Aube en 1759, exerçait les fonctions d'avocat aux conseils du roi lorsqu'éclata la Révolution. Il en adopta les principes avec enthousiasme, et ne tarda pas à rompre avec la cour. Comme Mirabeau, il avait reçu de la nature toutes les qualités d'un tribun : énergie prodigieuse, intelligence vaste et féconde, imagination ardente, stature athlétique, visage d'une expression terrible, voix tonnante; aussi obtint-il bientôt un grand ascendant sur le peuple. Il fonda le club des Cordeliers, et y professa les doctrines les plus révolutionnaires. En 1791 il fut nommé membre de l'administration départementale de la Seine, en 1792 substitut du procureur de la Commune de Paris. Cette même année, il fut un de ceux qui dirigèrent le plus activement la journée du 10 août, et qui contribuèrent le plus à faire prononcer la déchéance du roi. Après cet événement, l'Assemblée législative lui confia le portefeuille du ministère de la justice. Au 2 septembre, lorsque l'entrée des Prussiens en Champagne avait répandu la consternation dans Paris, Danton déploya le caractère le plus énergique et montra une confiance qui releva tous les courages ; mais il se déshonora en autorisant ; dans les horribles journées de septembre, le massacre des prisonniers, en organisant la Terreur, et en faisant promener la guillotine par toute la France. Il quitta