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avec lesquels on les confond le plus souvent, se fixèrent enfin dans les pays nommés depuis Souabe, Suisse et Alsace, et formèrent le noyau de l'empire qui prit d'eux le nom d’Allemagne.

ALEMBERT (Jean lerond d'), né à Paris en 1717, fut abandonné à sa naissance et fut recueilli par un commissaire de police qui le confia à la femme d'un pauvre vitrier nommé Rousseau. Il conserva toujours pour cette femme les sentiments d'un fils, et quoique plus tard il eût appris le secret de sa naissance (il avait pour mère Mme de Tencin, et pour père M. Destouches-Canon, commissaire d'artillerie), il ne voulut pas la quitter pour la grande dame qui avait attendu avant de le reconnaître qu'il se fût fait un nom illustre. On le nomma d'abord Jean Lerond, parce qu'il avait été trouvé sur les marches de l’église St-Jean-Lerond (auj. détruite) ; il y ajouta plus tard le nom de D'Alembert. Il ressentit de très bonne heure une vive passion pour les mathématiques et se fit connaître dès l’âge de 22 ans par de savants mémoires qui le firent bientôt admettre à l'Académie des Sciences (1741). Dans les années suivantes, il publia des traités de mécanique, qui l’ont placé au premier rang des géomètres ; en 1746, il remporta le prix proposé par l’Académie de Berlin sur la question de la Cause générale des vents, et cette société fut si frappée de la supériorité de son mémoire qu'elle l'adopta par acclamation au nombre de ses membres. S’étant associé à Diderot pour la publication de l’Encyclopédie (1760), il donna à cet ouvrage, outre de savants articles de mathématiques, d'excellents morceaux de littérature, et il en rédigea le Discours préliminaire, qui commença sa carrière littéraire. Il publiait vers le même temps un Essai sur les gens de lettres, qui eut un grand succès. En 1754, il fut reçu à l'Académie Française ; il devint en 1772 secrétaire perpétuel de cette compagnie. Il mourut de la pierre en 1783, âgé de 66 ans. Au plus vif amour pour la science, d’Alembert joignait la bienfaisance et le désintéressement. Il refusa les propositions du grand Frédéric, qui, lors des mesures prises en France contre les Encyclopédistes, lui offrit la présidence de l'Académie de Berlin ; il résista également aux instances de Catherine II, impératrice de Russie, qui voulait lui confier l'éducation de son fils. Il eut pour Voltaire un attachement constant et entretint avec ce philosophe une correspondance suivie qui a été publiée après leur mort : il est à regretter qu’on y trouve trop souvent l’expression de leur haine contre la religion chrétienne. Il vécut longtemps dans l’intimité de Mlle de l’Espinasse. Les principaux ouvrages de d'Alembert sont, pour la partie mathématique : Traité de dynamique, 1743 ; Traité des fluides, 1744 ; Réflexions sur les vents, 1747 ; Recherches sur différents points du système du monde, 1754 ; pour la partie littéraire : Mélanges de littérature et de philosophie, 1752 (on y remarque surtout ses Éléments de philosophie) ; Éléments de musique, 1779 ; enfin des Éloges qui l’ont placé à côté de Fontenelle. Toutes ses œuvres ont été réunies en 18 vol. in-8 par Bastien, Paris, an XIII (1805), et en 5 vol. in-8 (éd. compacte), Paris, 1821-22. Condorcet a écrit son Éloge.

ALENÇON, Alentio ou Alenconium au moyen âge, ch.-l. du dép. de l'Orne, sur la Sarthe et la Briante, à 193 kil. O. de Paris (267 par chemin de fer) ; 16 110 hab. Belle église gothique de Notre-Dame ; halle au blé ; ruines de l'ancien château des ducs, dont 2 tours sont parfaitement conservées ; lycée (depuis 1847), bibliothèque, cabinet de physique et d'histoire naturelle, observatoire, etc. Aux env., fer, granit, pierres à meules. Industrie variée, basins piqués, calicots, cotonnades, mousselines, point d'Alençon ; pierres taillées dites diamants d'Alençon. Patri de Valazé, d'Hébert (le Père Duchesne), de Desgenettes. – Au Xe siècle, Alençon n'était encore qu'un château entouré de quelques maisons ; au xie siècle,

c'était déjà une place importante. Le comté d’Alençon, connu dès 942, fut réuni à la couronne en 1219 par Philippe-Auguste, mais bientôt reconstitué par S. Louis, qui le donna à son 5e fils Pierre, après la mort duquel il fut donné par Philippe le Hardi à son 3e fils Charles de Valois; (V. l’art. suiv.). Réuni à la couronne en 1525, à la mort de Charles de Valois, séparé de nouveau pour être donné au 4e fils de Henri II. Il fut enfin, après la mort de ce prince, 1584, réuni définitivement à la couronne.

ALENÇON (comtes et ducs d'), branche de la maison de Valois, dont le chef fut Charles de Valois, 3e fils du roi Philippe III, dit le Hardi. Les princes de cette branche sont : Charles I, qui fut créé comte d'Alençon en 1285 et qui mourut en 1325 ; — Charles II, 1325-1346 ; il était frère de Philippe de Valois et fut tué à la bataille de Crécy ; — Pierre, 1346-1404 ; Jean I, 1404-1415, en faveur duquel le comté d'Alençon fut érigé en duché-pairie en 1414 ; — Jean II, 1415-1474, qui ayant trahi Charles VII et ayant traité avec les Anglais, fut condamné par la cour des pairs, 1458, et obtint grâce de la vie ; il fut de nouveau condamné sous Louis XI, en 1474, comme agent de Charles le Téméraire, obtint encore sa grâce, et mourut en 1476, après 17 mois de captivité ; — René, 1474-1492, qui fut dépouillé de ses biens, et enfermé dans une cage de fer par Louis XI ; — Charles III, 1492-1525, qui, par sa lâche conduite, fut une des principales causes de la perte de la bataille de Pavie, et en qui s'éteignit la race des ducs d'Alençon.

Le titre de duc d’Alençon fut également porté par un fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, qui prit plus tard le titre de duc d’Anjou ; puis par Gaston d’Orléans et par Monsieur (Louis XVIII).

ALENTEJO, c.-à-d., en portugais, au delà du Tage, la plus grande des 6 prov. du Portugal, est située entre les Estramadures espagnole et portugaise, l'Algarve, le Beira, et est effleurée au N. par le Tage ; env. 400 000 hab.; capit. Evora. On y trouve quelques lacs et des lagunes qui seules servent de ports. Air en général malsain. Riz, fruits exquis, excellents oliviers, vin médiocre. — L'Alentejo est divisé en 8 comarcas : Beja, Evora, Elvas, Porlalègre, Ourique, Villaviciosa, Crato, Avis.

ALÉOUTES (îles), archipel du grand océan Boréal, s'étend de 160° 49' O. à 169° 10’ long. E., de 51° 40' à 55° lat. N. Ces îles font partie de l'Amérique du N., et appartiennent à l’empire russe. Placées au bout de la presqu'île d'Alaska, dont elles sont comme une prolongation, elles forment une courbe, et ferment presque la mer de Behring. On les distingue en 3 groupes : Aléoutes propres, Andréanov, Lisii ou des Renards. Côtes rendues dangereuses par les bas-fonds et les rochers ; sol hérissé de mont. volcaniques. Les hab. sont au nombre de 5 à 6 000 ; ils vivent sous terre, chassent et pêchent, et font quelque commerce de pelleteries. — Cet archipel a été découvert en 1741 par Behring.

ALEP, Aleppum, Berœa, v. de Syrie, ch.-l. du pachalik d'Alep, sur le Koïk, à 200 kil. N. O. de Damas, était avant le tremblement de terre de 1822 la 3e ville de l'empire ottoman pour la grandeur et l'importance. Elle avait près de 200 000 hab. qui sont réduits de plus de moitié. On y comptait 100 mosquées, 200 fontaines, 2 caravanséraïs, des bazars, des cafés nombreux, une foule de fabriques et de manufactures. Un château fort, une vieille muraille flanquée de tours la mettaient à l'abri d'un coup de main ; 4 grandes caravanes en partaient à 4 époques de l'année, et la mettaient en rapport avec la Perse et l'Inde, avec Constantinople, avec le Diarbékir et l'Arménie ; aussi l'avait-on nommée la Palmyre moderne. Toutes les puissances ont encore des consuls à Alep. Cette ville est la résidence d'un mollah de 1re classe, d'un patriarche grec, d’évêques arménien, maronite, jacobite. Brocarts d’or et d’argent ; châles, mousselines. — Ville forte ancienne, mentionnée dans la Bible sous le nom de Bérée. Elle