Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/484

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre les plaisirs, la guerre et les arts. Il conquit la Pamphylie, la Mysie et la Phrygie jusqu'à l'Halys. Sa cour, à Sardes, était le rendez-vous des philosophes et des gens de lettres : Solon étant venu l'y visiter, Crésus lui montra avec orgueil ses trésors, ses palais, croyant éblouir le philosophe et vantant son bonheur ; mais Solon se contenta de lui dire : « N'appelons personne heureux avant sa mort. » En effet, Crésus ne jouit pas longtemps de son bonheur : s'étant allié aux Assyriens contre Cyrus, il fut battu à la bataille de Thymbrée, puis assiégé dans Sardes ; bientôt même la ville fut prise d'assaut (548), et Crésus fait prisonnier. Il fut conduit devant Cyrus, qui fit élever un bûcher pour l'y brûler. Alors, reconnaissant la vérité de ce que Solon lui avait dit, il s'écria : « O Solon, Solon ! » Cette parole, remarquée par Cyrus, lui sauva la vie : car, dès qu'il eut expliqué au vainqueur ce qui le faisait parler ainsi, Cyrus, frappé de l'instabilité des choses humaines, le fit retirer du bûcher. Il le garda auprès de lui et l'honora même de sa confiance.

CRÈTE, Creta, auj. Candie, grande île de la Méditerranée, située vis-à-vis de l'ouverture de la mer Égée, et traversée par le 35e degré lat. N. Elle passait jadis pour avoir cent villes : les principales étaient Cnosse, Cydon, Gortyne, etc. On y remarquait le mont Ida et le labyrinthe. Les habitants étaient de race mixte et se composaient d'indigènes, de Phéniciens et de Grecs, parmi lesquels les Doriens dominaient. Ils étaient habiles archers. Dès le XIVe siècle av. J.-C., cette île fut une grande puissance maritime. La Crète est encore célèbre par ses lois, que l'on attribuait à son roi Minos et dont celles de Lycurgue ne furent qu'une imitation. Primitivement, cette île fut gouvernée par des rois, au nombre desquels on compte Minos et Idoménée qui vivait au temps de la guerre de Troie. A une époque incertaine, elle s'érigea en république et confia le gouvernement de l’État à un sénat et à dix magistrats annuels. Cette république ne joua qu'un rôle peu marquant dans l'histoire de la Grèce. Ayant donné refuge aux pirates de Cilicie, elle fut attaquée par les Romains et fut soumise, l'an 66 av. J.-C., par Q. Metellus. G. Perrot a donné une Ét. sur l'île de Crète (1867)

CRÉTEIL, vge du dép. de la Seine, sur la Marne, à 11 kil. S. E. de Paris ; 1800 hab. Pierres de taille.

CREULLY, ch.-l. de cant. (Calvados), sur la Seule, à 16 kil. N. O. de Caen ; 1100 hab. Dentelle, voiles, moulins, château gothique.

CREUS (cap), Aphrodisium promontorium, puis Crucis prom., cap de Catalogne, au N. E. de Roses, forme l'extrémité orientale des Pyrénées. On y voyait un temple de Vénus (en grec Aphrodite).

CREUSE, Crosa, riv., de France arrose les dép. de la Creuse et de l'Indre, passe à Felletin, Aubusson, Argenton, Leblanc, reçoit la Gartempe et se jette dans la Vienne après un cours de 260 kil.

CREUSE (dép. de la), entre ceux de l'Indre, du Cher, de la Corrèze, de la Hte-Vienne, de l'Allier et du Puy-de-Dôme; 5322 kil. carr.; 270 055 hab.; ch.-l., Guéret. Il est arrosé par la Creuse et la Gartempe. Il est formé de la ci-devant Hte-Marche et de quelques parties du Berry et du Limousin. Houille, granit, pierres de taille fines, terre à potier, mica, agaric pour amadou, etc. Sources minérales à Évaux. Étangs poissonneux. Sol maigre : seigle, sarrasin, etc., mais peu de blé ; pommes de terre, fruits, légumes ; point de vignes. Beaucoup de moutons, chèvres, porcs, abeilles ; on tire beaucoup de sangsues des étangs de la Souterraine. Usines à fer, tapis, papier, tanneries ; émigration annuelle d'ouvriers pour le bâtiment. — Ce dép. a 4 arr. (Guéret, Bourganeuf, Boussac, Aubusson). 25 cant. et 269 communes. Il appartient à la 21e division militaire, et dépend de la cour impériale et du diocèse de Limoges.

CRÉÜSE, fille de Priam et 1re femme d'Énée, fut mère d'Ascagne. Elle se perdit en fuyant avec son mari pendant le sac de Troie. — Fille de Créon, roi de Corinthe, épousa Jason après qu'il eut répudié Médée. La magicienne, pour se venger de Créüse, lui envoya, comme présent de noce, une boîte fatale d'où sortit, lorsqu'on l'ouvrit, une flamme qui la dévora, avec toute sa famille.

CREUTZNACH, v. des États prussiens (prov. Rhénane), sur la Nahe, à 30 kil. S. O. de Mayence ; 7100 hab. Fabriques de tabac, savon, sucre de betteraves ; tanneries, etc. Prise par les Français en 1644. — Aux env., salines qui rendent par an 250 000 kilogr. de sel : elles appartiennent au grand-duc de Hesse-Darmstadt. Eaux thermales iodurées, connues dès 1478 et recommandées comme résolutives.

CREUZÉ DE LESSER (Aug.), littérateur, né à Paris en 1771, d'une famille de Châtellerault, mort en 1839, fut, sous l'Empire et la Restauration, préfet de la Charente et de l'Hérault. Il a écrit un grand nombre d'ouvrages, dont les principaux sont : trois poëmes héroïques, Amadis, Roland, et les Chevaliers de la Table ronde, 1813 ; des poëmes lyriques intitulés : Odéides ; les Aventures du Cid ou recueil de Romanceros espagnols ; des opéras-comiques, dont les plus connus sont M. Des Chalumeaux (1806) et le Nouveau seigneur du village (1813), des comédies, la Revanche et le Secret du ménage ; les Annales d'une famille pendant 1800 ans, 1834.

CREUZER (Fréd.), un des savants les plus distingués de l'Allemagne, né à Marbourg en 1771, m. en 1858, fut nommé professeur de philologie et d'histoire ancienne à Heidelberg (1854-58). Il publia à Leipsick de 1810 à 1812, en allemand, la Symbolique et la Mythologie des peuples anciens ; cet ouvrage, que M. Guigniaut a traduit en le refondant, rendit son nom célèbre par toute l'Europe, mais il souleva en Allemagne une vive polémique. On lui doit en outre un grand nombre de travaux éminents sur l'histoire et l'archéologie : De l'Art historique chez les Grecs (1802), Dionysus, de rerum bacchicarumque originibus (1808), Études sur les antiquités romaines (1824), De l'histoire et de l'archéologie romaines (1836), ainsi que plusieurs éditions d'auteurs anciens, entre autres une édition magnifique de Plotin, imprimée à Oxford en 1835, 3 vol. in-4, dont malheureusement la correction n'égale pas la beauté. Il fit paraître en 1848 son autobiographie sous le titre de Vie d'un vieux professeur. Fr. Creuzer était membre de presque toutes les sociétés savantes et associé de l'Institut de France. M. Guigniaut a lu son Éloge à l'Acad. des Inscriptions.

CREUZER, compositeur. V. KREUTZER.

CREUZOT (LE), v. du dép. de Saône-ét-Loire,. à 1 kil. S. E. de Monicenis ; 14 500 hab. Il doit son existence à la création d'une vaste usiné fondée en 1777 et qui contient des hauts fourneaux, une fonderie de canons, des forges pour la construction de machines, des fabriques de cuivre laminé et de tôle, etc., et une vaste cristallerie, dont les produits rivalisent avec ceux de Bohême. Aux environs se trouve une mine de houille. Un ch. de fer fait communiquer le Creuzot avec le Canal du Centre. Voyez l'art. SCHNEIDER (Supplément).

CREVANT. V. CRAVANT.

CRÈVECŒUR, ch.-l. de cant. (Oise), a 40 kil. N. O. de Clermont ; 2310 hab. Serges, alépines, etc. Commerce de cidre, laine, grains, chevaux. — Il y a encore plusieurs autres villes de ce nom, notamment dans les dép. du Calvados et du Nord : cette dernière, située à 10 kil. S. de Cambray, et que l'on croit être la même que Vincy, a donné son nom aux seigneurs de Crèvecœur.

CRÈVECŒUR (Phil. de), servit d'abord Charles le Téméraire, passa après sa mort au service de Louis XI (1477), auquel il livra Arras, Hesdin et Boulogne, perdit la bataille de Guinegate (1479), mais conquit plusieurs places en Flandre, notamment St-Omer et Térouanne, fut fait maréchal en 1492, et signa la même année la paix d'Étaples avec l'Angleterre. Il mourut en 1494.