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superficie, et est traversée par le canal de Craponne, qui l'a rendue en partie à l'agriculture. Les anciens attribuèrent l'origine de la Crau à une grêle de pierres que Jupiter lança un jour sur un antagoniste d'Hercule que ce héros ne pouvait vaincre. On suppose que c'était une anse de la Méditerranée, d'où la mer s'est retirée.

CRAVANT, bourg du dép. de l'Yonne, à 15 kil. S. E. d'Auxerre ; 1000 h. Les Anglais unis aux Bourguignons y défirent les Français en 1423.

CRAVEN (lady). V. ANSPACH (margravine d').

CRAYER (Gaspard de), peintre flamand, né à Anvers en 1585, mort en 1669 à Gand. Parmi ses tableaux on cite Ste-Catherine enlevée au ciel (à Gand); la Résurrection de J.-C.; la Vierge intercédant pour les infirmes ; le Centenier aux pieds de J.-C.

CRÉBILLON (Prosper JOLYOT de), poëte tragique, né à Dijon en 1674. mort en 1762, à 88 ans, était fils du greffier en chef de la chambre des comptes de Dijon. Il fut placé à Paris chez un procureur pour apprendre la chicane ; mais son patron, appréciant son talent, fut le premier à l'engager à travailler pour le théâtre. Il donna successivement Idoménée (1705), Atrée (1707), Électre (1709), Rhadamiste (1711), qui le placèrent auprès de nos grands maîtres, puis Xerxès (1714), Sémiramis (1717), Pyrrhus (1726), qui eurent moins de succès. Après cette dernière pièce, il resta 22 ans sans rien produire : on attribue ce long silence au peu d'encouragement qu'il obtenait du gouvernement. Cependant en 1749 il rentra dans la carrière, à 72 ans, et donna Catilina, l'une de ses meilleures pièces. Il fit jouer sa dernière tragédie, le Triumvirat, en 1755, à 81 ans. Crébillon a surtout visé à exciter la terreur ; il a même poussé le terrible jusqu'à l'horrible et à l'atroce. Ce poëte était d'un caractère fier, incapable de s'abaisser à courtiser les grands. Il avait d'ailleurs des habitudes cyniques et peu engageantes : aussi resta-t-il la plus grande partie de sa vie dans un état voisin de la misère. Pendant longtemps, il n'eut pour vivre qu'une place de censeur de la police. Vers l'âge de 60 ans, Mme de Pompadour lui fit obtenir une pension de 1000 fr. et une place à la Bibliothèque royale. Il fut reçu à l'Académie en 1731, et prononça son discours en vers. Voltaire fut jaloux des succès de Crébillon, et, pour montrer sa supériorité, il refit plusieurs des sujets que son rival avait traités, entre autres Sémiramis et Catilina, qu'il intitula Rome sauvée. Les œuvres de Crébillon ont été imprimées à l'Imprimerie Royale en 1750, 2 vol. in-4. On en a donné depuis une foule d'éditions. Les meilleures sont celles de P. Didot, 1812, 3 v. in-8, et de Renouard, 1818, 2 v. in-8. — Son fils, Claude-Prosper, 1707-1777, est auteur de plusieurs romans légers et même graveleux. Malgré la licence qui règne dans ses écrits, il eut des mœurs honnêtes ; il habitait avec son père et vivait dans la meilleure intelligence avec lui. Les plus connus de ses romans sont : Lettres de la marquise de ***, 1732 ; Tanzaï et Néadarné, 1734, qui le fit enfermer à la Bastille à cause de certaines allusions ; les Égarements du cœur et de l'esprit, 1736 ; le Sopha, 1745 ; Lettres athéniennes, 1771.

CRÉCY, ch.-l. de c. (Somme), sur la Maie, à 16 k. N. d'Abbeville ; 1650 h. Près de là Édouard III battit Philippe VI en 1346 : il dut surtout la victoire à l'emploi du canon. — Ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), sur le Grand-Morin, à 12 kil. S. de Meaux ; 1100 hab. Jadis flanqué de tours, dont on voit des vestiges.

CRÉCY-SUR-SERRE, ch.-l. de c. (Aisne), à 16 kil. N. de Laon ; 2052 hab. Ce bourg obtint dès 1180 une charte de commune.

CREDITON, v. d'Angleterre (Devon), à 11 k. S. E. d'Exeter ; 6000 h. Importante sous les Saxons. Anc. évêché, auj. transporté à Exeter.

CREECH (Thomas), écrivain anglais, né à Blandford (Dorsetshire) en 1659, mort en 1700. Amoureux d'une demoiselle qui ne répondait point à ses vœux, il se pendit de désespoir. On a de lui plusieurs trad. d'ouvrages latins et grecs : celle de Lucrèce en vers anglais, Oxford, 1682, in-8, est la plus estimée. Il a aussi donné une bonne édition de ce poëte, Londres, 1694, in-8.

CREEKS, peuple de l'Amérique. V. CRIKS.

CREIL, ch.-l. de c. (Oise), sur l'Oise, à 11 kil. N. E. de Senlis, et à 51 kil. de Paris ; 3626 hab. Grande manufacture de faïence fine. Station du chemin de fer du Nord, avec embranchement sur St-Quentin et Beauvais. Aux env., pierres de taille. Anc. château où fut enfermé Charles VI.

CRELLIUS (Jean), unitaire, disciple de Socin, né en 1590, près de Nuremberg, mort en 1633, fut pasteur à Cracovie et y répandit sa doctrine. Ses principaux ouvrages sont : De uno Deo, 1631 ; Vindiciæ pro religionis libertate, 1637, trad. par Naigeon sous ce titre, De la Tolérance (1769). — Son fils, Christophe, et son petit-fils, Samuel, furent aussi de zélés unitaires : on a de es dernier Fides primorum Christianorum, 1697.

CRÈME ou CREMA, Forum Diuguntorum ? v. de Lombardie (Lodi), sur le Serio, à 40 kil. S. E. de Milan ; 9000 hab. Évêché. Quelques édifices remarquables, cathédrale, palais épiscopal, etc. Soieries, dentelles, toiles, chapeaux ; filatures de lin. Confitures renommées. Aux environs, lin magnifique. — Fondée en 570 par des fugitifs que la cruauté d'Alboin, roi des Lombards, avait éloignés de leurs demeures ; prise en 1160 par Frédéric Barberousse et en 1796 par les Français, le lendemain de la prise de Lodi.

CREMERA, auj. la Valea, ruisseau d’Étrurie, tombait dans le Tibre après avoir passé à Veïes. C'est sur ses bords que les 306 Fabiens périrent en combattant l'armée des Étrusques, 477 avant J.-C.

CRÉMIEU, Crimiacum, ch.-l. de c. (Isère), à 24 kil. N. O. de la Tour-du-Pin; 2000 h. Restes d'un château où résidaient les Dauphins du Viennois. Près de là est la célèbre grotte de la Balme. — ÉDIT de Crémieu. V. ÉDIT.

CRÉMONE, Cremona, v. de Lombardie, ch.-l. de délégation, à 65 k. S. E. de Milan, sur le Pô ; 30 000 h. Évêché, collége, gymnase. La v. a 10 k. de tour ; belle cathédrale et quelques églises remarquables, grande tour, plusieurs palais. Draps, étoffes de soie et de coton, chapeaux ; fabrique de cordes musicales et de violons. Patrie d'Amati, de Guarneri, de Stradivarius et de Malpighi. – Crémone fut bâtie par les Gaulois, et reçut une colonie romaine l'an 191 av. J.-C. Octave partagea le territoire de cette ville entre les vétérans de ses armées pour la punir d'avoir embrassé le parti d'Antoine. C'est aux env. que se livra la fameuse bataille de Bédriac, en 69. Ensanglantée au XIIe s. par les querelles des Guelfes et des Gibelins, elle fut depuis réunie au duché de Milan. Elle fut prise en 1702 par les Impériaux, qui y firent prisonnier le maréchal de Villeroi. Les Français la prirent en 1696 et 1800 ; elle devint le ch.-l. du dép. du Haut-Pô. Elle fut en 1814 rendue à l'Autriche, qui la perdit en 1859 avec toute la Lombardie. — La délégation, entre celles de Brescia au N. et le duché de Parme au S., compte 185 000 hab.

CREMONINI (César), né à Cento, dans les États de l’Église, en 1550, enseigna la philosophie pendant 30 ans à Ferrare et à Padoue et mourut en 1631. Il professait les doctrines d'Aristote, d'Alexandre d'Aphrodisée et surtout d'Averrhoès, et prétendait que l'on ne peut par la seule raison démontrer l'immortalité de l'âme ; ce qui le fit accuser de matérialisme et d'athéisme. Ses principaux ouvragés sont : Diatyposis naturalis Aristotelicæ philosophiæ ; De anima ; De Sensibus et facultate appetitiva.

CREMUTIUS CORDUS. V. CORDUS.

CRÉNIDES, nom primitif de la v. de Philippes.

CRÉON, prince thébain, fils de Ménécée et frère de Jocaste, s'empara deux fois du trône de Thèbes : la 1re après la mort de Laïus, la 2e après celle d'Étéocle et de Polynice, et régna en tyran. Antigone ayant, malgré sa défense, enseveli son frère Poly-