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vrai créateur de l'art dramatique en France; on admire surtout en lui l'énergie, le sublime; mais on lui reproche de l'enflure, de la subtilité et des disparates choquantes. Ce grand homme était extrêmement simple dans ses mœurs et dans ses manières, et brillait peu dans la conversation. Il pratiquait toutes les vertus domestiques : il resta toujours uni avec son frère, Th. Corneille, et vécut avec lui. La 1re édition estimée des œuvres de P. Corneille est celle que donna son frère Th. Corneille, Paris, 1706, 10 vol. in-12. Voltaire les publia de nouveau en 1764 (au profit d'une nièce de Corneille), 12 vol in-8, avec des Commentaires, où il montre quelquefois une grande sévérité. Palissot fit paraître en 1802 une édition complète, avec des observations sur les commentaires de Voltaire. MM. Didot ont publié, de 1855 à 1860, une nouvelle édit. de P. Corneille, avec des Commentaires d'Aimé Martin. On doit à M. Marty-Laveaux l'éd. la plus complète, 1863 et ann. suiv., 12 vol. in-8. Fontenelle a donné la Vie de P. Corneille (dont il était le neveu) ; Gaillard, Victoria Fabre, l’Éloge de Corneille; J. Taschereau, l’Hist. de la Vie et des ouvrages de P. Corneille, 1829 et 1855; M. Guizot, Corneille et son temps. Rouen lui a élevé une statue.

CORNEILLE (Thomas), frère du préc., né à Rouen en 1625, mort en 1709, travailla comme son frère pour le théâtre, et fut après lui le meilleur poëte dramatique de la France jusqu'à la venue de Racine. Il a fait des comédies et des tragédies, dont quelques-unes eurent un succès prodigieux, dû surtout à un style facile et à une certaine entente de la scène. Celles de ses tragédies qui sont le plus estimées sont : Timocrate (1656), Stilicon (1660), Camma (1661), Ariane (1672), Essex (1678). Parmi ses comédies, qui presque toutes sont imitées de l'espagnol, on connaît surtout le Festin de Pierre (1673). Th. Corneille a traduit en vers les Métamorphoses d'Ovide, et a composé un Dictionnaire des Arts et des Sciences, pour servir de Supplément au Dictionnaire de l'Académie, 1694, ainsi qu'un Dictionnaire universel géographique et historique, 1708. Il succéda à son frère à l'Académie française (1685), et fut reçu aussi à l'Académie des inscriptions. Ses œuvres dramatiques se trouvent avec celles de son frère; elles ont été aussi publiées à part en 1682, 1722, 1738, 5 v. in-12, etc.

CORNÉLIE, mère des Gracques, était fille de Scipion l'Africain et femme du consul Tib. Sempronius Gracchus. Veuve de bonne heure, elle se consacra à l'éducation de ses fils, et se fit admirer par ses vertus autant que par la noblesse de son caractère. Un roi d’Égypte, Ptolémée Physcon, lui proposa, dit-on, de l'épouser; mais elle rejeta ses offres, trouvant plus glorieux d'être la veuve d'un Romain que l'épouse d'un roi. Une dame de la Campanie, après avoir fait étalage devant elle de ses bijoux, désirait qu'à son tour elle lui laissât voir ses richesses; elle fit alors venir ses fils : « Voilà, dit-elle, mes bijoux et mes ornements. » On lui éleva de son vivant une statue de bronze, au bas de laquelle était cette inscription : A Cornélie, mère des Gracques.

CORNÉLIE, femme de Pompée et fille de Métellus Scipion, suivit son mari dans sa fuite après la bat. de Pharsale, le vit massacrer sous ses yeux dans le port d'Alexandrie et se réfugia en Chypre.

CORNÉLIENNE (maison), Cornelia gens, une des plus anc. familles patriciennes de Rome, se divisa en un grand nombre de branches dont les principales sont les Lentulus, les Scipions, les Céthégus, les Dolabella, les Cossus, les Rufinus. V. ces noms.

CORNÉLIUS NÉPOS, écrivain latin du Ier siècle av. J.-C, fut lié avec Cicéron, Atticus et Catulle. Il avait composé plusieurs ouvrages historiques qui étaient fort estimés des anciens; il nous reste seulement sous son nom les Vies des grands capitaines de l'Antiquité; cet opuscule paraît même n'être qu'un abrégé de l'ouvrage original, qui était beaucoup plus étendu; on l'attribue avec vraisemblance à Æmilius Probus, grammairien du temps de Théodose. Les éditions les plus estimées sont l'édition princeps, Venise, 1471; celles de Bosius, 1806; de Roth, 1841; de Monginot, 1868. Cornélius a été plusieurs fois traduit en franç., notamment dans les coll. Panckoucke et Nisard.

CORNET (Nicolas), 1592-1663, théologien français, fut un des principaux adversaires du Jansénisme; Bossuet a prononcé son Oraison funèbre.

CORNÉLIUS SEVERUS, poëte latin, contemporain d'Ovide, fut enlevé par une mort prématurée. Il reste de lui un fragment sur la Mort de Cicéron. On lui a attribué le poëme de l’Etna; mais Wernsdorf pense que cet ouvrage est de Lucilius Junior.

CORNETO, Cornetum, v. de l'Italie, à 17 kil. N. de Civita Vecchia; 2500 hab. Évêché. — Près de là est la célèbre mine d'alun de la Tolfa. Aux env., ruines de Tarquinies, où l'on a récemment trouve des hypogées, avec vases, mosaïques, etc.

CORNO (mont). V. GRAN-SASSO.

CORNOUAILLES, Dumnonii des anciens, Cornubia, Cornu Galliæ, en anglais Cornwall; comté d'Angleterre, à la pointe S. O. de l'île, est partout baigné par la mer, sauf à l'E., où il est borné par le comté de Devonshire : 139 kil. sur 75; 340 000 hab. Ch.-l. Bodmin et Launceston. Sol maigre, qui ne produit guère que des pommes de terre; pâturages. Riches mines d’étain et de cuivre; antiquités druidiques. On parlait encore à Cornouailles il y a 3 siècles un dialecte dérivé du celtique. — A l'extrémité S. O. du comté et à 7 kil. N. du cap Land's-end, est le cap de Cornouailles.

CORNOUAILLES, petit pays de France qui faisait partie de la Basse-Bretagne ; ch-l. Quimper. Il se trouve auj. partagé entre les dép. du Finistère, du Morbihan et des Côtes-du-Nord. — On donnait aussi le nom de Cornouailles à la ville même de Quimper-Corentin et à l'évêché dont elle était le siége.

CORNOUAILLES (NOUV.-), New-Corwall, pays de l'Amérique du Nord, sur la côte occidentale, s'étend de 54° à 58° lat. N. La partie septentr. appartient aux Russes et la partie méridionale aux Anglais : celle-ci est comprise dans la Nouv.-Calédonie. Behring aperçut la côte du Nouv.-Cornouailles en 1741 ; mais elle ne fut explorée qu'en 1775, par les Espagnols Juan d'Ayola, Juan de la Bodega et Quadra.

CORNUBIA, Cornwall, lieu de la Grande-Bretagne anc., à l'extrémité S. O. de l'île, chez les Dumnonii. Les Bretons (que commandait Ambrosius, père d'Arthur) y furent défaits par le Saxon Cerdic en 508.

CORNUEL (Anne Bigot, dame), femme célèbre par son esprit, avait épousé un trésorier de la guerre qui la laissa veuve en 1650. Elle mourut en 1694, dans un âge avancé. Mme de Sévigné et Tallemant des Réaux citent d'elle une foule de traits et de reparties piquantes, qui étaient recueillis avec empressement et passaient de bouche en bouche.

CORNUS, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 24 kil. S. E. de Ste-Affrique ; 1000 hab. Fabriques de feutres.

CORNUTUS (L. Annæus), stoïcien, natif de Leptis en Afrique, précepteur et ami de Perse, qui lui adressa sa 5e satire, fut exilé par Néron, à cause de la liberté avec laquelle il avait jugé ses vers. On a de lui un petit traité de la Nature des Dieux, en grec, publié sous le nom de Phurnutus; il se trouve dans les Opuscula mythologica, de Gale, Cambridge, 1671, et a été publ. à part par F. Osann, Gœtt., 1845.

CORNWALLIS (Charles MANN, marquis de), général anglais, né en 1738, se distingua dans la guerre d'Amérique, seconda avec talent et courage le général en chef Clinton; se signala aux combats de Germantown (Pensylvanie) et de Redbank (New-Jersey) en 1777, et eut la principale part à la prise de Charleston en 1780. Mais en 1781, Lafayette le força à mettre bas les armes avec 8000 hommes, à Yorktown, ce qui le fit rappeler. Nommé en 1786 gouverneur du Bengale, il fit avec succès la guerre à Tippou-Saïb et devint en 1802 gouverneur général