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seil particulier que présidait l’empereur, et qui était chargé d’exercer en son nom les droits impériaux. Il donnait l’investiture aux comtes et aux barons du St-Empire ; il jugeait en dernier ressort toutes les causes féodales qui avaient pour objet un fief, ainsi que celles qui concernaient les affaires d’Italie. Les États n’avaient droit de recours à la diète que quand l’arrêt du Conseil pouvait produire un grief commun à tout l’empire. Le droit de surveillance sur ce tribunal appartenait à l’électeur de Mayence. Ce Conseil, établi en 1501 par l’empereur Maximilien, empiéta peu à peu sur les droits des États ; à l’époque du traité de Westphalie il était devenu un pouvoir redoutable entre les mains des empereurs. Le Conseil aulique a été conservé dans l’empire d’Autriche, mais il n’a plus son importance première.

CONSEIL DES ANCIENS, assemblée créée en France par la constitution de l’an III (23 septembre 1795), partageait le pouvoir avec le Directoire exécutif, et concourait, avec le Conseil des Cinq-Cents, à la confection des lois. Elle avait 250 membres, qui se renouvelaient par tiers tous les ans ; ils devaient avoir 40 ans au moins, être mariés ou veufs, et domiciliés depuis 15 ans sur le territoire de la République. Ils approuvaient ou rejetaient les résolutions prises par le Conseil des Cinq-Cents, et élisaient les directeurs du pouvoir exécutif. La révolution du 18 brumaire an VIII (1799) mit fin à l’existence de ce Conseil. Il siégeait aux Tuileries.

CONSEIL DES CINQ-CENTS, assemblée qui, d’après la constitution de l’an III (1795), formait, avec le Conseil des Anciens, le Corps législatif. Elle se composait de 500 membres, élus pour 3 ans. Ils devaient être âgés de plus de 30 ans et domiciliés depuis 10 ans sur le territoire de la République. Cette assemblée proposait les lois. Le Conseil des Cinq-Cents siégeait dans la salle du Manége (rue actuelle de Rivoli). Dans la journée du 18 fructidor an V, les Directeurs expulsèrent 42 de ses membres, qui tendaient à la contre-révolution. Le 18 brumaire an VIII, ce Conseil, transféré à St-Cloud, fut violemment dissous, en même temps que le Conseil des Anciens, par le général Bonaparte.

CONSEIL DES DIX, tribunal secret de la république de Venise, composé de 10 membres pris dans le Grand Conseil. Il était chargé de veiller à la sûreté de l’État, de poursuivre et de punir les ennemis secrets de la république. Pour cela, il était armé de pouvoirs illimités, avait droit sur toutes les têtes et était affranchi de toute responsabilité. Ce Conseil fut créé en 1310, après la conjuration de Boémond Tiépolo ; il ne devait exister d’abord qu’un court espace de temps ; mais, prorogé d’année en année, il finit par être déclaré perpétuel en 1325. Depuis lors, cette terrible magistrature domina la république de Venise ; elle ne tomba qu’avec la république.

CONSEIL DE SANG, nom donné par les Brabançons à un Conseil établi dans les Pays-Bas par le duc d’Albe, et que les Espagnols appelaient Conseil des troubles. Il dut le 1er nom aux exécutions sanglantes qu’il ordonna (V. ALBE) ; les comtes d’Egmont et de Horn furent au nombre des victimes.

Pour les Conseils administratifs et judiciaires, V. le mot CONSEIL au Dict. univ. des Sciences.

CONSENTES (DII), nom sous lequel on désignait à Rome les 12 principales divinités qui formaient, avec Jupiter, le conseil suprême de l’Olympe, et présidaient chacune à un mois de l’année. C’étaient Jupiter, Neptune, Mars, Apollon, Mercure, Vulcain ; Junon, Vesta, Minerve, Vénus, Diane et Cérès.

CONSENTIA, v. du Brutium, auj. Cosenza.

CONSERANS ou COUSERANS, Consorrani, petite prov. de la Gascogne, au S. E., entre le Comminges et le gouvernement de Foix. Ch.-l., St-Girons. Autres places, St-Lizier, Massat. Anc. évêché. Le Conserans fait auj. partie du dép. de l’Ariége.

CONSERVATOIRE, Voy. ces mots
CONSISTOIRE, au Dict. univ. des Sciences.

CONSORRANI, peuple de la Novempopulanie, au pied des Pyrénées, entre les Convenæ et les Volcæ Tectosages. Leur ch.-l. était Consorranorum oppidum, auj. Saint-Lizier. V. CONSERANS.

CONSTABLES. On nomme ainsi en Angleterre des officiers municipaux chargés de l’exécution des lois et du maintien de l’ordre ; ils sont placés sous l’autorité du juge de paix et ont pour insignes un bâton d’un mètre environ de longueur, surmonté des armes royales, et une petite verge de cuivre de 30 à 40 centimètres, avec laquelle ils touchent ceux qu’ils doivent arrêter. Ce service, institué sous Édouard III, a été longtemps gratuit, comme l’est chez nous celui de la garde nationale. Depuis 1829, les anciens constables ont été remplacés par des officiers de police (police constable), qui sont rétribués. Le mot constable comme celui de connétable, dont il était synonyme dans l’origine, vient de comes stabuli.

CONSTANCE, Constantia, v. du grand-duché de Bade, ch.-l. du cercle du Lac, sur le Rhin et sur le lac de Constance, à 156 kil. S. S. E. de Carlsruhe, à 146 kil. S. E. de Strasbourg ; 6500 hab. Évêché. Jolie ville, belle cathédrale, palais épiscopal, anciens couvents des Franciscains, des Dominicains (où se tint le concile) et des Jésuites. Établissements d’instruction. Draps, toiles, horlogerie, etc. — Fondée par les Romains au IVe siècle, elle était grande et importante au moyen âge (on y comptait 40 000 h.) ; elle fut longtemps ville impériale, et eut un évêché souverain, qui fut sécularisé en 1802. Frédéric Barberousse y signa en 1183 la Paix de Constance, qui reconnaissait l’indépendance des villes lombardes. Il s’y tint de 1414 à 1418 un célèbre concile œcuménique qui mit fin au grand schisme d’Occident en déposant les papes Jean XXIII et Benoît XIII, et en nommant Martin V. C’est dans ce même concile que furent jugés et condamnés Jean Huss et Jérôme de Prague. Le clergé français y était représenté par Pierre d’Ailly, archevêque de Cambray, et par J. Gerson, chancelier de l’université de Paris. Constance fut mise au ban de l’empire par Charles-Quint en 1548 pour avoir refusé d’accepter l’intérim. Elle fut cédée en 1805 par l’Autriche au grand-duc de Bade.

Le Lac de Constance, Brigantinus lacus, entre la Suisse septentr. et plusieurs États de l’Allemagne, a 65 k. sur 13, et se partage en deux bras, dits le lac supérieur et le lac inférieur ou de Zeller. Le Rhin le traverse ; la Bregenz, l’Argen, le Stokach, viennent s’y jeter. Bords riants, eaux poissonneuses. Ce lac éprouve souvent, sans aucune cause apparente, une hausse subite, qui est suivie d’une baisse pareille : ce phénomène est appelé ruhss.

CONSTANCE, v. de la colonie du Cap, à 22 kil. E. du cap de Bonne-Espérance. Vins délicieux : le rouge est dit grand-constance, le blanc petit-constance.

CONSTANCE I, surnommé Chlore, c.-à-d. pâle, empereur romain, fut adopté et nommé césar en 292 par Maximien, et eut à gouverner les Gaules, l’Espagne et la Grande-Bretagne : il réduisit les Bretons qui s’étaient révoltés à l’instigation de Carausius et d’Allectus (296), releva la ville d’Autun, détruite par les Bagaudes, et repoussa les Francs. Devenu auguste en 305, avec Galérius, il gouverna avec sagesse et avec bonté, et fit cesser dans ses États les persécutions contre les Chrétiens. Il mourut en 306, à Eboracum (York), au moment où il allait faire la guerre au Pictes et aux Calédoniens. Il avait d’abord épousé Hélène ; quand il eut été fait césar, il fut obligé de la répudier pour épouser Théodora, fille de la femme de Maximien. Il avait eu d’Hélène, Constantin, qu’il nomma césar en mourant. Il eut de Théodora Jules Constance, père de l’emp. Julien.

CONSTANCE II, 2e fils de Constantin. À la mort de son père (337), il partagea l’empire avec ses frères, Constantin II et Constant, et eut en partage l’Orient et la Grèce. Ses frères ayant péri en Occident, il attaqua et battit Magnence et Vétranion qui avaient usurpé la pourpre, et resta ainsi seul maître de