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que et jouit d'abord d'une grande faveur à la cour. Après s'être distingué dans plusieurs campagnes, il fut nommé en 1552 par Henri II colonel général et amiral; il contribua au gain de la bat. de Renty et défendit St-Quentin contre les Espagnols. Mais après la mort du roi Henri II, las des intrigues de la cour, il résigna tous ses emplois et se retira dans ses terres : dans cette retraite, la lecture des livres des novateurs changea ses opinions religieuses, et il embrassa la Réforme. En 1562, lorsque la guerre éclata entre le parti protestant et le parti catholique, Coligny fut nommé par le premier lieutenant général; il combattit sous les ordres de Condé, et perdit avec ce prince la bataille de Dreux contre le duc Fr. de Guise. La mort de ce dernier, assassiné sous les murs d'Orléans, amena quelques années de paix. Les armes ayant été reprises de part et d'autre en 1567, Coligny eut part au combat indécis de St-Denis, puis à la bat de Jarnac où périt Condé. Il devint après la mort de ce prince le chef du parti et perdit la bat. de Moncontour (1569). Après le traité de paix conclu à St-Germain en 1570, il reparut à la cour et fut accablé de caresses comme tous ceux de son parti. Mais le massacre de la St-Barthélemy se préparait, et l'amiral en fut une des premières victimes. Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, Bême l'assassina dans son appartement, et jeta son corps par la fenêtre dans la cour. Coligny était d'un caractère grave, doux et bienveillant; il a été général habile, mais malheureux. Castillon a écrit son Histoire. M. Bourquelot a publié en 1858 sa Correspondance.

COLIGNY (ODET de), frère du préc., dit le cardinal de Châtillon, né en 1515, occupa de hautes dignités dans l'Église et fut nommé cardinal en 1533; mais il embrassa dans la suite la Réforme et même se maria. Il fut excommunié, dépouillé de ses dignités et contraint de se réfugier en Angleterre, où il mourut en 1570, empoisonné par son valet de chambre.

COLIGNY DANDELOT (François). V. DANDELOT.

COLIGNY-SALIGNY (Jean, comte de), un des derniers rejetons de la maison Coligny, né à Saligny en 1617, mort en 1686, suivit la fortune du prince de Condé et prit part à sa révolte; mais ayant eu à se plaindre de lui, il devint son ennemi irréconciliable, et fit la paix avec la cour. Envoyé comme lieutenant général en Hongrie au secours de l'empereur contre les Turcs, il contribua puissamment à la victoire de St-Gothard, 1664. Il a laissé des Mémoires, longtemps inédits, et publiés seulement en 1844, par Monmerqué; il y traite fort mal le prince de Condé.

COLIMA, v. et port du Mexique, sur une riv. du même nom, à 440 k. O. de Mexico; 30 000 h. Ch.-l. d'un territoire qui s'étend sur le Pacifique et qui fait partie de l’État de Xalisco.

COLIN-MAILLARD (Jean), guerrier flamand du Xe siècle, ainsi nommé du maillet redoutable dont il était armé, vivait dans le pays de Liége. On raconte que dans une bat. qu'il livrait au comte de Louvain, il eut les yeux crevés et n'en continua pas moins de se battre, frappant au hasard tout autour de lui. Le jeu de Colin-Maillard ne serait qu'un souvenir et une imitation de ce fait.

COLISÉE, Colosseum, immense et magnifique amphithéâtre de Rome, fut commencé par Vespasien et achevé par Titus. Il fut appelé Colossée parce que près de là était la statue colossale de Néron. Il avait 80 rangs de gradins et pouvait contenir plus de 80 000 spectateurs. C'est dans le Colisée que se livraient les combats de gladiateurs, et que les martyrs chrétiens étaient livrés aux bêtes. Le Colisée fut en partie détruit par des tremblements de terre et par la main des Barbares, lors de la prise de Rome au Ve siècle; néanmoins ce qui en reste offre encore un aspect imposant. Au XVIIe s., Benoît XIV le mit sous la protection de la religion en le consacrant aux martyrs. — Un monument analogue fut construit à Paris, dans les Champs-Élysées, sous Louis XV, pour les fêtes et les plaisirs publics; mais il eut peu de succès et fut démoli dès 1784. Une rue du faubourg St-Honoré en a conservé le nom.

COLLATIE, Collatia, petite v. du Latium, à l'E. et près de Rome, sur un ruisseau tributaire de l'Anio. C'est là qu'eut lieu l'outrage fait par Sextus Tarquin à Lucrèce, femme de Tarquin Collatin.

COLLATIN (TARQUIN), L. Tarquinius Collatinus, neveu de Tarquin et mari de Lucrèce, ainsi nommé parce qu'il possédait de grands biens à Collatie. Après l'insulte faite à sa femme, il se mit avec Brutus à la tête du peuple pour chasser les Tarquins : il fut nommé consul avec lui (509 av. J.-C.). Peu après, ayant excité des soupçons dans le peuple comme tenant de trop près à la famille exilée, il fut forcé de se démettre de ses fonctions et de sortir de Rome.

COLLÉ (Ch.), homme de lettres, né à Paris en 1709, mort en 1783, était fils d'un procureur et cousin de Régnard. Il se lia avec Gallet, Panard, Piron, Crébillon fils; fit partie de la Société du Caveau, si célèbre par sa gaieté, et fut admis, vers 1730, dans celle du duc d'Orléans, qui le nomma son lecteur et son secrétaire. Il composa pour le théâtre de ce prince une foule de pièces et de parades fort gaies, et donna au Théâtre-Français deux bonnes comédies : Dupuis et Desronais, 1763; la Partie de chasse de Henri IV, 1774. On lui doit aussi nombre de chansons grivoises, dont la meilleure est la Vérité dans le vin. Les pièces qu'il avait composées pour le duc d'Orléans ont été réunies sous le titre de Théâtre de société, 1768, 2 vol. in-8. Quelques-unes de ses parades se trouvent, mais défigurées, dans le Théâtre des Boulevards, 1756. Le recueil de ses chansons, publ. en 1807, forme 2 vol. in-18. On a en outre de lui un Journal historique ou Mémoires littéraires, etc., 3 vol. in-8, 1805.

COLLÉGE, COLLÉGE DE FRANCE, SACRÉ COLLÉGE. V. ces mots au Dict. universel des Sciences.

COLLETET (Guill.), poëte médiocre, né à Paris en 1598, mort en 1659, eut de la réputation dans son temps, jouit de la protection de plusieurs grands personnages, entre autres de Richelieu, dont il fut quelquefois le collaborateur et qui lui donna une fois 600 livres pour 6 mauvais vers. Il fut un des premiers membres de l'Académie française. Il épousa successivement trois de ses servantes; son inconduite le réduisit à la misère. On a de lui : 1° des poésies (tragédies, pastorales, etc.), parmi lesquelles on remarque le Banquet des poëtes, 1646, et de nombreuses épigrammes; 2° des traités assez estimés sur la poésie morale, le sonnet, l'églogue, réunis sous le titre d’Art poétique, 1658; 3° des traductions, entre autres, celles des Couches de la Vierge, de Sannazar. Il a laissé les Vies des poëtes français, conservées manuscrites à la Bibliothèque du Louvre. — Son fils, François C., né en 1628, mort vers 1680, a aussi fait des vers (Noëls nouveaux, 1660; le Tracas de Paris, 1665; la Muse coquette, 1665); mais il est encore inférieur à son père. C'est ce second Colletet qui a été couvert de ridicule par Boileau.

COLLIBERTS. V. CAGOTS.

COLLIER (Jérémie), écrivain anglais, né en 1650 dans le comté de Cambridge, mort en 1726, était ecclésiastique, mais ardent non-conformiste. Il s'opposa de toutes ses forces à la révolution de 1688 et renonça à ses fonctions pour ne pas prêter serment à Guillaume III. Outre des pamphlets de circonstance, on a de lui des Essais de morale, 1697, Coup d'œil sur l'immoralité du théâtre anglais, 1698, une Histoire ecclésiastique d'Angleterre, 1708, une traduction du Dictionnaire de Moréri, et un traité paradoxal, Clavis universalis, 1713, où il combat l'existence du monde extérieur.

COLLIER (Affaire du). Voy. ROHAN et LAMOTTE.

COLLIN D'HARLEVILLE (J. Fr.), poëte comique du 2e ordre, né en 1755 à Mévoisins près de Chartres, mort à Paris en 1806, donna successivement l'Inconstant, 1786, l'Optimiste, 1788, les Châteaux en Espagne, 1789, M. de Crac, 1791, le Vieux Cé-