Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ALBE - 36 - ALBE

ALBERT (S.), évêque de Liège à la fin du XIIe siècle, fut élu pour ses vertus, mais se vit persécuté par l'empereur Henri VI qui avait soutenu un autre candidat. Il se réfugia près de l’archevêque de Reims et fut assassiné près de cette ville par des émissaires de l'empereur (vers 1195). On l’hon. le 21 nov. — Religieux carme, né en 1212 à Trapani, m. en 1292, fut provincial de son ordre pour la Sicile et convertit un grand nombre de Juifs. On l’hon. le 8 août.

ALBERT I, duc d’Autriche et empereur d’Allemagne, né en 1248, était fils de Rodolphe de Habsbourg. Il eut pour concurrent à l’empire Adolphe de Nassau, qu’il vainquit et tua à la bataille de Gœlheim en 1298. Il eut de violents démêlés avec le pape Boniface VIII, au sujet de son élection à l’empire ; mais ce pontife finit par le reconnaître. Il se fit détester par son orgueil et sa tyrannie : ce fut sous son règne que la Suisse, opprimée par Gessler, son lieutenant, se rendit indépendante (V. tell). Il périt en 1308, au passage de la Reuss, assassiné par des conjurés, à la tête desquels était Jean de Souabe, son neveu, qu’il avait dépouillé de son patrimoine.

ALBERT II, duc d'Autriche, surnommé le Sage, 4e fils du préc., succéda en 1330 à son frère Frédéric le Beau dans ses États héréditaires, mais sans aspirer à l'empire. Il tenta inutilement de réduire les Suisses et de reprendre Zurich, et mourut en 1358.

ALBERT III, duc d' Autriche, fils du préc., cultiva les sciences et les arts, protégea les lettres, et fonda des chaires de mathématiques et de théologie dans l'université de Vienne. Mort en 1395.

ALBERT IV, dit le Pieux, duc d'Autriche, fils du préc., fit le pèlerinage de la Terre-Sainte, et mena, à son retour, la vie d'un anachorète. Retiré dans un couvent de chartreux, il s'y faisait appeler frère Albert, et remplissait rigoureusement tous les devoirs monastiques. Il m. en 1406, à 27 ans.

ALBERT V, duc d'Autriche, empereur d'Allemagne, surnommé le Magnanime, était fils d'Albert IV. Il succéda d'abord à son père dans ses états héréditaires d'Autriche, épousa en 1422 Élisabeth, fille de l’emp. Sigismond, et par là devint successivement roi de Bohême, de Hongrie, enfin empereur en 1438. Il fit adopter par la diète de Mayence les résolutions du concile de Bâle, qui tendaient à réduire l’étendue de l'autorité pontificale, et fit régner l'ordre et la paix dans ses états. Il mourut en 1439, à la suite d'une expédition malheureuse contre Amurath II, qui avait envahi la Hongrie.

ALBERT VI, archiduc d'Autriche, 6e fils de l'empereur Maximilien II, avait d’abord embrassé l’état ecclésiastique et avait été élevé au cardinalat ; mais il renonça à la pourpre et épousa la fille de Philippe II. Nommé par ce prince, en 1598, gouv. des Pays-Bas, il tenta vainement de reconquérir la Hollande, qui avait secoué le joug de l'Espagne ; il répara autant qu’il le put, les maux que le Brabant et la Flandre avaient eus à souffrir sous le duc d’Albe. Il mourut en 1621, peu avant la reprise de la guerre.

ALBERT, dit l'Ours, margrave et électeur de Brandebourg, né en 1106, m. en 1170, s’arma pour l’emp. Conrad contre les Guelfes, reçut en récompense le duché de Saxe, enlevé à Henri le Superbe (1138), se vit peu après obligé de le restituer, mais obtint en dédommagement que son margraviat, qui relevait de la Saxe, devînt fief immédiat de l’empire, 1142 : il fut ainsi la tige des électeurs de Brandebourg. En 1140 il s’était emparé de la principauté d'Anhalt, qu'il transmit à son fils Bernhard. Il fit défricher une grande partie de ses États, en augmenta la population, et y bâtit plusieurs villes, entre autres Berlin et Francfort-sur-l’Oder. Il mourut au retour d’un pèlerinage à Jérusalem.

ALBERT, dit l'Achille (pour sa bravoure) et l’Ulysse (pour sa prudence), électeur de Brandebourg de 1471 à 1484, de la maison de Hohenzollern continua la guerre commencée par son frère Frédéric II contre la Poméranie, se fit reconnaître suzerain de ce pays, et contribua beaucoup à l'agrandissement de sa maison.

ALBERT, margrave de Brandebourg, puis duc de Prusse et grand maître de l'ordre Teutonique, né en 1490, m. en 1568, renonça, en 1525, à son titre de grand maître et embrassa le Luthéranisme. En échange de la dignité qu’il abandonnait, il reçut de Sigismond, roi de Pologne, avec lequel il avait été longtemps en contestation, et dont il consentit à reconnaître la suzeraineté, la Prusse inférieure et le titre de duc qu'il porta le premier, au lieu de celui de margrave qu'il avait porté jusque-là ainsi que ses prédécesseurs. C'est de ce moment que date la sécularisation de la Prusse. Il fonda en 1548 l’Université de Kœnigsberg.

ALBERT, le Belliqueux, dit aussi l’Alcibiade, marquis de Brandebourg, né en 1522, mort en 1558, servit d’abord avec ardeur Charles Quint contre la France, puis prit parti pour la France et entra dans la ligue formée contre l’empereur par Maurice, électeur de Saxe, mais ne tarda pas à se brouiller avec ses nouveaux alliés et revint à Charles-Quint. Il se rendit tellement odieux par ses déprédations qu’il se forma une ligue contre lui : vaincu par Maurice en 1553, il fut mis au ban de l’empire et exilé.

ALBERT DE BRANDEBOURG, cardinal, fils de Jean, électeur de Brandebourg, fut nommé en 1513 archev. De Magdebourg, et en 1514 archev. et électeur de Mayence, se montra tout dévoué à la cour de Rome et fut un des premiers à admettre les Jésuites. Léon X l’avait autorisé à distribuer des indulgences, ce qui l’engagea dans des luttes très-vives avec Luther, qui vint prêcher la réforme dans ses États. Après une résistance inutile, Albert se vit obligé en 1541 d’accorder aux habitants de Magdebourg le libre exercice de leur culte. Il mourut en 1545. Il avait fondé en 1506 l’Université de Francfort-sur-l’Oder.

ALBERT DE MECKLEMBOURG, roi de Suède, élu en 1363, fut détrôné en 1389, par Marguerite de Waldemar, reine de Danemark, soutenue par la noblesse suédoise, qu'il avait exaspérée par sa conduite. Après 5 ans de captivité, il fut renvoyé à Mecklembourg, où il mourut en 1412.

ALBERT DE SAXE. V. SAXE et ALBERTINE (ligne)

ALBERT D’AIX, chanoine et gardien de l'église d'Aix, soit Aix en Provence, soit plus probablement d'Aix-la-Chapelle, mort vers 1120. Il a écrit une relation de la 1re croisade (1095-1120), d'après les récits de témoins oculaires, publiée en 1584, à Helmstaedt, par Reiner-Reineck, in-4, sous le titre de Chronicon Hierosolymitanum. Elle se trouve, traduite en français, dans la collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France de M. Guizot (le XX et XXI), 1824.

ALBERT LE GRAND, philosophe et théologien scolastique, surnommé le Grand à cause de l'étendue de ses connaissances, était issu de la famille des comtes de Bollstatt. Il naquit à Lavingen en Souabe, en 1193 ou 1205, étudia à Padoue, entra en 1221 dans l'ordre de St-Dominique, dont il devint par la suite provincial (1254), et enseigna la philosophie avec un grand succès d'abord à Paris, dont une place a retenu son nom (la place Maubert, pour maître Albert), puis se fixa à Cologne. Il fut nommé en 1256 par le pape maître du palais, après avoir gagné la cause des Dominicains contre l’Université, et fut fait en 1260 évêque de Ratisbonne ; mais il se démit au bout de trois ans de son évêché pour se retirer à Cologne, et s'y livra tout entier à l'étude. Il mourut dans cette ville en 1280. Albert le Grand posséda toutes les sciences cultivées de son temps ; sa réputation de savoir était si grande qu'il passait pour magicien, quoique cette opinion n'eût aucun fondement. Son principal mérite est d'avoir fait connaître et d’avoir commenté les ouvrages d'Aristote, dont la plupart étaient restés inconnus depuis des siècles ; il les étudia dans des traductions latines faites sur l'arabe. Ses œuvres ont été recueillies par Jammy,