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Bosphore de Thrace, en face de Byzance. C’est là que s’embarquèrent à leur retour les Dix-mille Grecs conduits par Xénophon. Licinius y fut battu par Constantin en 323.

CHRYSOSTOME. V. DION et JEAN (S.).

CHUCUITO, v. de Bolivie, sur le bord N. du lac de Titicaca, à 250 kil. N. O. de la Paz. Cette v. a eu 30 000 h., mais elle est fort déchue.

CHUQUISACA ou CHARCAS (dite aussi LA PLATA, c.-à-d. l'Argent, à cause de ses mines d’argent), capit. de la Bolivie, ch.-l. du département de Chuquisaca, par 19° 32' lat. S., 67° 30' long. O. ; 30 000 h. Archevêché, université, consulats. Belle cathédrale; monument du général Sucre. L’indépendance de la Bolivie y fut proclamée en 1825; il y fut conclu en 1834 un traité de commerce entre la France et la Bolivie. — Le dép., situé entre le Pérou au N., le Brésil à l'E., le Paraguay et le pays des Chiquitos, au S., les dép. de la Paz et de Potosi à l'O., a 880 k. de long et 180 000 hab. (presque tous Indiens). Très-hautes montagnes; mines d’or et d’argent. Pizarre pénétra dans le pays en 1538 et y fonda la v. Chuquisaca, sur les ruines d’une ville péruvienne.

CHURCHILL (Charles), poëte satirique, né en 1731 à Westminster, mort en 1764, était fils d’un ministre anglican, qu’il remplaça dans une des paroisses de Londres. Il mena une vie fort dissipée et fort misérable, et mourut à trente-trois ans. Ses principaux poëmes sont : la Rosciade, contre les comédiens de son temps; le Revenant, la Prophétie de famine, contre les Écossais; l'Auteur; l’Épître à Hogarth, satire sanglante contre cet artiste. On a publié en 1804 ses œuvres en 2 vol. in-8, avec notes. Les Anglais placent ce poète après Pope.

CHURCHILL (John). V. MARLBOROUGH.

CHUS (Terre de), nom donné dans la Bible à l’Éthiopie, qu’une tradition fait peupler par Chus, fils de Cham et petit-fils de Noé.

CHUSAN ou CHOUSAN, grande île de la Chine, dans la mer Bleue, sur la côte de la prov. de Tché-Kiang, compte env. 250 000 hab. et a pour ch.-l. Ting-haï. Sol fertile et bien cultivé : riz, patates, thé, arbres à suif. Cette île domine à la fois l’embouchure du Yang-tsé-kiang et la route du Japon. Les Anglais la prirent en 1840 et en 1841, et la restituèrent en 1846. Elle fut de nouveau occupée en 1860 par l’armée anglo-française, mais évacuée la même année.

CHYITES, secte musulmane, opposée à celle des Sonnites ou Sunnites, ne reconnaît qu'Ali pour légitime successeur de Mahomet, et que les descendants d'Ali pour imams ou souverains pontifes. Ils rejettent les explications théologiques d'Aboubekr, d'Omar et d'Othman. Le nom de Chyites (factieux, hérétiques) leur est donné par les Sunnites, qui se disent seuls orthodoxes; mais ils s’appellent eux-mêmes Adéliés, partisans de la justice. Les Chyites se subdivisent en plusieurs sectes ; la plupart admettent après Ali douze imams, qui sont les successeurs légitimes du Prophète, et regardent un certain Ismaël comme le dernier; ils croient que cet Ismaël, qui disparut sans qu’on connût son sort, doit tôt ou tard revenir sur la terre, et ils attendent son retour (V. ISMAÉLITES et MAHDI). La secte des Chyites se forma à la suite de l’assassinat d'Ali et de l’usurpation des Ommiades, qui exclurent les descendants d'Ali (659). Les Chyites occupent particulièrement la Perse, les Indes, la Mésopotamie, la Syrie et le N. de l'Arabie, où ils sont connus sous le nom de Wahabites.

CHYPRE, Cypros des anciens, île de la Méditerranée, entre l'Asie-Mineure et la Syrie; 225 k. sur 80; env. 100 000 hab.; ch.-l., Nicosie; autres villes, Larnaka, Baffa (Paphos), Famagouste, Limasol. Elle est traversée par une chaîne de montagnes très-hautes, parmi lesquelles l’ancien Olympe. Le sol, très-fertile, produit du blé, du coton, du tabac, de la garance, de l’huile, des figues et autres fruits du Midi, et surtout des vins excellents, dont les plus estimés sont ceux de la Commanderie. On exploitait jadis dans cette île de riches mines d’or, d’argent et surtout de cuivre (en latin cuprum). — L’île de Chypre fut très-célèbre dans l’antiquité. C’est là que florissaient les villes d'Amathonte, de Paphos, d'Idalie, toutes trois consacrées à Vénus, qui prenait de là le nom de Cypris. Cette île fut soumise successivemt aux Phéniciens (jusqu'en 620 av. J.-C.), aux Égyptiens (550) et aux Perses (depuis Artaxerce Mnémon); cependant elle se gouvernait par ses propres lois; souvent même elle se révolta avec l’appui des Grecs, notamment du temps de Cimon (450). Elle était indépendante au commencement du IVe s. av. J.-C. : et on y comptait alors 9 roy. dont le plus célèbre est celui de Salamine (V. EVAGORAS). Elle fut ensuite comprise dans l’empire d'Alexandre. Sous les successeurs de ce prince, elle fut souvent disputée par les rois d’Égypte et de Syrie, et parfois elle forma un roy. particulier, qui fut possédé par divers princes de la famille des Ptolémées. Caton s’en empara pour les Romains en 58 av. J.-C. Sous les empereurs grecs, Chypre fut prise par les Arabes, et après avoir subi diverses dominations, elle fut conquise par Richard Cœur de Lion (1191). Celui-ci la donna à Guy de Lusignan, seigneur français, qui y fonda le roy. de Chypre (1192), et dont les descendants la possédèrent plusieurs siècles. Enfin, Catherine Cornaro, veuve de Jacques III et héritière des Lusignans, la vendit aux Vénitiens en 1489. Les Turcs s’en emparèrent en 1570; sous leur domination elle a été réduite à un état déplorable. M. Mas-Latrie a écrit l’Histoire de Chypre sous la domination française, 1853. — Les ducs de Savoie, depuis rois de Sardaigne et d'Italie, portent le titre de rois de Chypre et de Jérusalem; ils tiennent ce droit de Charlotte de Lusignan, reine de Chypre (1458), qui avait épousé un prince de Savoie, et qui, bien que dépouillée par le bâtard Jacques, légua en mourant son royaume à son neveu Charles I de Savoie (1487).

Rois de Chypre de la maison de Lusignan.
Guy de Lusignan, 1192. Hugues IV, 1324.
Amaury, 1194. Pierre I, 1361.
Hugues I, 1205. Pierre II, 1369.
Henri I, 1218. Jacques I, 1382.
Hugues II, 1253. Jean II, 1398.
Hugues III, 1267. Jean III, 1432
Jean I, 1284. Charlotte et Louis, 1458.
Henri II, 1285. Jacques II, 1464
Amaury de Lusignan, usurp. 1306-1310. Jacques III, 1473
Catherine, 1475-1489.

CIACCONIUS ou CHACON (P.), savant espagnol, né en 1525 à Tolède, fut chanoine à Séville, puis vint à Rome où il mourut en 1581. Il a laissé des notes estimées sur Salluste, César, Arnobe, Tertullien, etc., ainsi que des traités De Triclinio romano, Rome, 1588; De Ponderibus, mensuris et nummis Græcorum et Romanorum, 1608, et l’explication des bas-reliefs de la colonne Trajane.

CIACCONIUS ou CHACUN (Alph.), religieux espagnol de l’ordre des Prêcheurs, né en 1540 à Baez, mort à Rome en 1590, a composé un grand nombre d’ouvrages en latin sur l’histoire romaine et l’histoire ecclésiastique. Nous citerons sa Bibliotheca scriptorum ad ann. 1583, Paris, 1731, in-fol., rangée par ordre alphabétique, ouvrage précieux, mais inachevé (il s’arrête à la lettre E.) ; Vitæ et gesta Roman. Pontif. et cardin., Rome, 1601, in-fol.

CIANUS SINUS, golfe de Moudania, sur la côte S. E. de la Propontide, à l'O. de Nicée, tirait son nom de Cius ou Cionte qui était sur ses côtes.

CIBALIS, auj. Swilei, v. d'Illyrie, sur la Save, aux confins de la Pannonie. Constantin y battit Licinius en 314. Patrie de Valentinien et de Valens.

CIBAO (monts), situés au centre de l’île d'Haïti, sur une étendue de 90 k. Ils renferment une mine d’or, la 1re qu’on ait trouvée en Amérique. L'Artibonite, le Grand-Yaque et quelques autres riv. y prennent leur source. — Ces monts ont donné leur nom à un dép. de l’État actuel d'Haïti; ch.-l. Santiago.