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tra une fidélité chevaleresque à la cause de la légitimité : il se retira des affaires, quitta même la Chambre des Pairs et ne signala plus son existence politique que par des critiques acerbes contre le nouveau gouvernement (De la Restauration et de la Monarchie élective, 1831), par des voyages auprès de la famille déchue, et par la publication d'un Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry (1833), mémoire au sujet duquel il fut poursuivi, mais acquitté. Il avait donné en 1831 des Études historiques (4 vol. in-8), résumé d'histoire universelle où il voulait montrer le Christianisme réformant la société; cet ouvrage devait être le frontispice d'une histoire de France qu'il méditait depuis longtemps, mais qu'il n'a pas exécutée. Ses dernières années furent passées dans une profonde retraite; il ne quittait guère sa demeure que pour aller à l'Abbaye-aux-Bois, chez Mme Récamier, dont il fut l'ami constant et dont le salon réunissait l'élite du monde littéraire. Il avait commencé dès 1811 des mémoires sur sa propre vie; il les reprit et les continua presque jusqu'à ses derniers moments; ces mémoires, qu'il intitula Mémoires d'Outre-Tombe, ne devaient paraître qu'après sa mort; toutefois, pressé par des besoins d'argent, qui l'assiégèrent toute sa vie, il les céda dès 1836 à une société qui lui assura un revenu convenable pour le reste de ses jours. Il mourut en 1848 à Paris; ses restes furent transportés à St-Malo, et déposés, selon son vœu, au rocher du Grand Bé, îlot d'aspect romantique situé dans la rade de sa ville natale; il lui fut fait des obsèques magnifiques.

Chateaubriand est sans contredit le plus grand écrivain du siècle et peut-être le plus grand peintre de la nature qui ait existé : il brille surtout par l'éclat, le coloris et le grandiose des images, empruntées pour la plupart à une nature toute nouvelle; chez lui le sentiment, noble ou tendre, est presque toujours mêlé de mélancolie et d'amertume. On a relevé, surtout dans ses premiers écrits, des traces de mauvais goût, un style ampoulé, des idées bizarres, des alliances de mots forcées; les sages conseils de Fontanes parvinrent peu à peu à faire disparaître ces imperfections. Par ses qualités comme par ses défauts, Chateaubriand peut être considéré comme le père du romantisme en France. Comme homme politique, sa conduite et ses écrits semblent offrir de nombreuses contradictions; cependant, il fut toujours, ou du moins il voulut être à la fois l'ami de la royauté légitime et de la liberté, défendant alternativement celle des deux qui lui semblait être en péril : « Je suis, a-t-il dit lui-même, bourbonien par honneur, monarchiste par raison, républicain par goût et par caractère. » Aux avantages de l'esprit, Chateaubriand joignait ceux de la personne : « Le génie était dans ses yeux, a dit un de ses panégyristes, la grâce dans son sourire; la noblesse et la fermeté de son âme se répandaient sur tous ses traits. » Comme plusieurs hommes célèbres, il avait une vanité excessive, qui éclate dans ses Mémoires.

Outre de nombreuses éditions de chacun des ouvrages séparés de Chateaubriand, il a été fait plusieurs édit. de ses Œuvres complètes; les meilleures sont celles de Ladvocat, en 31 vol. in-8, Paris, 1826-31, revue par l'auteur même, qui y a joint des éclaircissements et des notes critiques, et l'a enrichie de quelques œuvres inédites (les Abencerrages, les Natchez, Moïse, tragédie, des poésies diverses, des discours politiques); et celle de Ch. Gosselin, 25 vol. in-8, 1836-38 (on y trouve en plus le Congrès de Vérone, un Essai sur la littérature anglaise, une traduction du Paradis perdu de Milton). Chateaubriand n'a donné depuis que la Vie de Rancé, 1844. Les Mémoires d'Outre-Tombe, publiés d'abord dans le feuilleton de la Presse, ont été édités en 12 vol. in-8 de 1849 à 1850. — M. de Noailles, son successeur à l'Académie, y a fait son Éloge. MM. Marin et Ancelot ont écrit sa Vie, M. Collombet Châteaubr., sa vie et ses écrits, M. Ste-Beuve Châteaubr. et son groupe liitér.; M. Danilo, Chât. et ses critiques; M. Benoît Étude sur Châteaubr.

CHÂTEAUBRIANT, Brientii castellum, ch.-l. d'arr. (Loire-Inf.), sur la Chère, à 60 kil. N. da Nantes; 3634 hab. Cuirs ; conserves d'angélique. Cette v. tire son nom d'un château construit vers 1515 par Brient, comte de Penthièvre, et a donné son nom aux comtes de Châteaubriant. — Henri II y rendit en 1551 un édit contre les Protestants.

CHÂTEAUBRIANT (Françoise, comtesse de), femme célèbre par sa beauté, née vers 1475, morte en 1537, était fille de Jean de Foix et sœur du vicomte de Lautrec et du maréchal de Foix. Mariée très-jeune à Jean de Laval-Montmorency, seigneur de Châteaubriant, qui l'amena à la cour, elle inspira une vive passion à François I; mais elle fut au bout de peu d'années supplantée par la duchesse d'Étampes et resta en butte à la jalousie de son mari, qu'on accuse d'avoir hâté sa mort. On raconte sur elle des aventures fort romanesques. Cependant quelques-uns contestent même sa liaison avec François I, et attribuent à Louise de Crèvecœur, épouse de Bonnivet, toute l'histoire qu'on raconte d'elle.

CHÂTEAUBRUN (J. B. VIVIEN DE), littérateur, membre de l'Académie française, né à Angoulême en 1686, mort en 1775, fut sous-précepteur, puis maître d'hôtel ordinaire du duc d'Orléans, et composa quelques tragédies : Mahomet II, jouée en 1714; les Troyennes, jouée en 1754, et restée au théâtre; Philoctète, 1755; Astyanax, 1756.

CHÂTEAU-CHALON, bourg de France (Jura) à 12 kil. N. E. de Lons-le-Saulnier; 650 hab. Anc. abbaye de Bénédictins. Vins blancs excellents.

CHÂTEAU-CHINON, Canicum castellum, ch.-l. d'arr. (Nièvre), à 59 kil. N. E. de Nevers; 2775 hab. Trib. de 1re inst., biblioth. Commerce de vins, bois, charbon, bestiaux. Autrefois capit. du Morvan.

CHÂTEAU-DAUPHIN ou CASTEL-DELFINO, bourg des États Sardes, sur la frontière de France, à 30 k. O. S. O. de Saluces, sur le versant S. du mont Viso; 1500 hab. Ancien fort qui appartint longtemps à la France: Charles-Emmanuel, duc de Savoie, s'en empara en 1588, mais le rendit bientôt. La France le céda à la Savoie en 1713.

CHÂTEAU-DU-LOIR, ch.-l. de cant. (Sarthe) à 35 kil. S. O. de St-Calais; 3017 hab. Station. Toile à voiles, filature de coton, tanneries; marrons.

CHÂTEAUDUN, Castellodunum en latin moderne, ch.-l. d'arr. (Eure-et-Loir), près de la r. g. du Loir, à 44 kil. S. O. de Chartres; 6776 hab. Trib. de 1re inst., collége, biblioth. Ancien château des comtes de Dunois. Grains, farine; tanneries, etc. — Bâtie au Xe siècle. — Héroïque résistance contre les troupes allemandes (18 oct. 1870).

CHÂTEAU-GAILLARD, c.-à-d. Château fort, nom donné en France à plusieurs forteresses. La plus célèbre est le Château-Gaillard d'Andely (Eure), sur la r. dr. de la Seine, à la porte des Andelys. Il fut construit en 1197 par Richard Cœur de Lion, pris en 1204 par Philippe-Auguste, servit de prison aux belles-filles de Philippe le Bel (1314) et à Charles le Mauvais (1356); fut pris par les Anglais en 1419, et repris par Charles VII en 1449. Il fut démantelé de 1603 à 1610; il n'en reste que le donjon, avec quelque tours et des souterrains.

CHÂTEAU-GIRON, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 17 kil. S. E. de Rennes; 2000 hab. Toile à voiles.

CHÂTEAU-GONTHIER, ch. d'arr. (Mayenne), sur la Mayenne, à 29 kil. S. E. de Laval; 8000 hab. — Trib. de 1re inst., collége diocésain, biblioth., curieuse église du Xe siècle. Serges, étamines, toiles; blanchisseries; tanneries. Bois, vin, fer, graine de trèfle, etc. — Cette ville se forma autour d'un château bâti en 1037 par Foulques Néra, comte d'Anjou, et fut érigée par Louis XIV en marquisat.

CHÂTEAU-HAUT-BRION, hameau de la Gironde, arr. de Libourne, cant. de Pujols. Vignoble célèbre, l'un des 4 premiers crus de vins rouges de Bordeaux.