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au S. des Chérusques et à l'E. des Sicambres, habitait vers le confluent de la Fulde et la Werra et le long de l'Eder.

CHASTELAIN, CHASTELET. V. CHATELAIN, etc.

CHASTELARD (P. de BOSCOSEL de), gentilhomme dauphinois, petit-fils de Bayard, conçut une violente passion pour Marie Stuart, épouse de François II, suivit cette princesse en Écosse après la mort de ce monarque, fut surpris caché dans sa chambre, et condamné à perdre la tête.

CHASTELLUX (Claude de BEAUVOIR, seigneur de), né vers la fin du XIVe siècle en Bourgogne, mort en 1453, servit avec le plus grand zèle le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, pendant les troubles du règne de Charles VI; surprit Paris en 1418 par la connivence de Perrinet Leclerc, eut une grande part à la victoire de Cravant, 1423, et fut en récompense nommé maréchal par le duc. Il assista aux assemblées tenues à Auxerre pour la paix en 1451. L'aîné de cette famille était de droit premier chanoine d'Auxerre : cet honneur lui avait été décerné en mémoire de ce que Claude de Chastellux, après avoir pris Cravant, avait remis cette place au chapitre d'Auxerre, de qui elle dépendait.

CHASTELLUX (Franç. Jean, marquis de), né à Paris en 1734, mort en 1788, fut colonel d'un régiment qui portait son nom, servit en Allemagne, 1756-63, puis passa comme major général en Amérique, en 1780, et s'y lia avec Washington. Ami de Voltaire et des encyclopédistes, il cultivait la littérature au milieu des camps et fut admis à l'Académie française. On a de lui entre autres écrits : De la félicité publique, 1772, ouvrage exalté par Voltaire ; Éloge d'Helvétius, 1774; Voyages dans l'Amérique septentrionale, 1780-1782, ouvrage plein d'intérêt.

CHASTENET DE PUYSÉGUR. V. PUISÉGUR.

CHAT (lac du), lac de l'Amérique septentrionale, sur la limite du Haut et du Bas-Canada, a environ 31 k. de long sur 4 de large. Il est alimenté par l'Ottawa, qui forme une chute après l'avoir traversé.

CHATAM. V CHATHAM.

CHÂTEAU (LE), ou LE CHÂTEAU-D'OLÉRON, ch.-l. de cant. (Charente-Inf.), à l'extrémité S. E. de l'île d'Oléron, sur la passe de Maumusson; 1406 hab. Petite place de guerre, château fort. Sel, vin.

CHÂTEAUBOURG, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 15 k. O. de Vitré; 1300 h. Ardoisières.

CHÂTEAUBRIAND (Franç. René, vicomte de), né en 1768 à St-Malo, d'une famille noble et ancienne, passa son enfance dans le manoir patrimonial de Combourg, fit de rapides études aux colléges de Dol et de Rennes, obtint un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre à 17 ans, fut fait capitaine à 19, vint à Paris en 1788, s'y lia avec La Harpe, André Chénier, Fontanes et autres littérateurs de l'époque, et débuta par des vers pour l'Almanach des Muses. Il s'éloigna de la France à la vue des excès populaires, s'embarqua pour le Nouveau-Monde, parcourut pendant une année les immenses solitudes et les forêts vierges de l'Amérique du Nord, vivant avec les sauvages et ébauchant sur les lieux son poëme des Natchez; revint en Europe en 1792, alla rejoindre à Coblentz l'armée des émigrés, fut blessé au siége de Thionville et transporté mourant à Jersey; vécut quelques années à Londres dans le dénûment, réduit à donner des leçons de français et à faire des traductions pour les libraires; publia en cette ville en 1797 son premier ouvrage, l’Essai sur les révolutions anciennes et modernes dans leur rapport avec la Révolution française, où il exprimait en politique et en religion des idées peu en harmonie avec celles qu'il professa plus tard, mais où se révélait déjà son talent d'écrivain; fut ramené aux idées religieuses par une lettre de sa mère mourante, rentra en France en 1800, rédigea pendant quelques années le Mercure avec Fontanes, et fit paraître dans ce recueil, en 1801, Atala, création originale qui excita une admiration universelle; composa vers la même époque René, œuvre empreinte d'une mélancolie rêveuse, où se trahit le secret de son propre cœur, et donna en 1802 le Génie du Christianisme, qu'il avait en partie rédigé en Angleterre, et dont Atala et René n'étaient que des épisodes : il s'était proposé d'y montrer que le Christianisme, si supérieur au Paganisme par la pureté de la morale, n'est pas moins favorable à l'art et à la poésie que les fictions de l'antiquité; ce livre fit événement et donna le signal d'une sorte de restauration religieuse. L'auteur, remarqué par le Premier Consul, fut choisi en 1803 pour accompagner le cardinal Fesch à Rome comme secrétaire d'ambassade; il venait d'être chargé en 1804 de représenter la France près de la république du Valais lorsqu'il connut l'exécution du duc d'Enghien : il s'empressa de donner sa démission et ne cessa depuis de se montrer hostile à l'Empire. Rendu aux lettres, Chateaubriand conçut le projet d'une épopée chrétienne, où seraient mis en présence le Paganisme expirant et la religion naissante; il voulut visiter par lui-même les lieux où devait être placé le théâtre de l'action, et parcourut dans ce but la Grèce, l'Asie Mineure, la Palestine et l’Égypte (1806). A son retour, il alla s'enfermer dans une modeste retraite, qu'il appelait la Vallée-aux-Loups, à Aunay, près de Sceaux, et y composa les Martyrs, sorte d'épopée en prose, qui ne parut qu'en 1809 : ce beau poëme, qui est son chef-d'œuvre, offre la plus heureuse application des théories du Génie du christianisme. Les notes que l'auteur avait recueillies dans son voyage formèrent la matière de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811). La même année, Chateaubriand fut élu membre de l'Académie française, à la place de M.-J. Chénier; mais ayant, dans son projet de discours de réception, sévèrement blâmé certains actes de la Révolution, il ne lui fut pas permis de prendre possession de son siége; il ne put siéger qu'après la Restauration. — Chateaubriand accueillit avec transport le retour des Bourbons : dès le 30 mars 1814, il avait publié contre le souverain déchu un virulent pamphlet, De Buonaparte et des Bourbons, qui fut répandu par milliers, et qui, au dire de Louis XVIII, valut à ce prince une armée. Nommé ambassadeur en Suède, il n'avait pas encore quitté Paris quand Napoléon revint en France (1815). Il accompagna Louis XVIII à Gand, devint un des membres de son cabinet, lui adressa un célèbre Rapport sur l'état de la France, et fut au retour nommé ministre d'État et pair de France; mais ayant, dans La monarchie selon la Charte, attaqué l'ordonnance du 5 septembre 1816 qui dissolvait la Chambre introuvable, il fut disgracié et perdit son poste de ministre d'État. Il se jeta dès lors dans l'opposition ultra-royaliste et devint l'un des principaux rédacteurs du Conservateur, le plus puissant organe de ce parti. Le meurtre du duc de Berry (1820) le rapprocha de la cour : il écrivit à cette occasion d'intéressants Mémoires sur la vie et la mort du duc. Nommé la même année ministre de France à Berlin, puis ambassadeur en Angleterre (1822), il fut l'un des plénipotentiaires au congrès de Vérone, et fit décider la guerre d'Espagne, malgré l'opposition de l'Angleterre. A son retour, il reçut le portefeuille des affaires étrangères; mais, n'ayant pu s'accorder avec M. de Villèle, chef du cabinet, il se vit brutalement congédié (5 juin 1824). Il rentra aussitôt dans l'opposition, mais pour s'unir cette fois au parti libéral, et combattit à outrance le ministère Villèle, soit à la Chambre des Pairs, soit dans le Journal des Débats, où il donna le signal de la défection : il se montra à cette époque le zélé défenseur de la liberté de la presse et de l'indépendance de la Grèce, ce qui lui valut une grande popularité. A la chute de M. de Villèle, il fut nommé ambassadeur à Rome (1828); mais il donna sa démission à l'avénement du ministère Polignac. Après la révolution de 1830, il mon-