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1825). Son Histoire a été écrite par Touchard-Lafosse, 1838, et par Sarrans jeune, 1845. — Bernadotte avait eu d’Eugénie Clary, belle-sœur de Joseph Bonaparte, un fils, qui lui a succédé sous le nom d’Oscar I (1844-1859).

CHARLES XV, successeur d’Oscar I, son père (1859-1872). Son règne fut marqué par deux faits importants : la réforme de la représentation nationale (1866), et l’extension du droit de suffrage (1869).

7o  Rois d’Espagne.

CHARLES I ou Charles-Quint, roi d’Espagne. V. CHARLES V, à la série des empereurs d’Allemagne.

CHARLES II, roi d’Espagne et de Naples, fils de Philippe IV, né en 1661, était d’une complexion si débile qu’il ne put marcher et parler qu’à 5 ans. Il fut proclamé roi en 1665, sous la tutelle de sa mère Anne d’Autriche. La destinée de ce prince faible fut d’être sans cesse gouverné : il le fut d’abord par sa mère, puis par don Juan d’Autriche, son frère naturel ; par sa femme, Louise d’Orléans, et enfin par ses ministres. Ayant eu l’imprudence d’entrer dans la coalition contre Louis XIV, il se vit enlever la Franche-Comté et plusieurs provinces des Pays-Bas (1678). N’ayant pas d’enfants, quoiqu’il eût été marié deux fois, il vit à trois reprises les puissances européennes régler sans lui le partage de ses États (1668, 1698, 1700) : dans son indignation, il fit, en 1700, un testament par lequel il déclarait héritier de toute la monarchie espagnole Philippe de France, duc d’Anjou et petit-fils de Louis XIV ; on sait quelle guerre excita ce testament, contre lequel protesta la maison d’Autriche (V. SUCCESSION). Il mourut peu après, le 1er nov. En lui finit la branche aînée de la maison d’Autriche, qui régnait en Espagne depuis deux siècles. Sous ce règne, l’Espagne, plongée dans un désordre extrême, perdit le reste de considération dont elle jouissait en Europe.

CHARLES III, fils de Philippe V et d’Élisabeth Farnèse, né en 1716, mort en 1788, porta longtemps le nom de don Carlos. Il régna d’abord sur Parme, dont il avait hérité par sa mère en 1731 ; quelques années après (1734), son père lui céda ses droits sur le royaume des Deux-Siciles. Il sut en peu de temps se mettre en possession de cette nouvelle couronne, battit à Bitonto les Impériaux qui la lui disputaient, et fut reconnu par la France en 1735 ; il prit, comme roi de Naples, le nom de Charles VII. Bien secondé par son ministre Tanucci, il gouvernait avec sagesse depuis 28 ans ses États d’Italie, lorsqu’en 1759 il fut appelé au trône d’Espagne par la mort de son frère Ferdinand VI ; il laissa les Deux-Siciles à son 3e fils, Ferdinand, et monta sur le trône d’Espagne sous le nom de Charles III. Il conclut avec Louis XV le Pacte de famille (1761), et se joignit à la France dans les deux guerres qu’elle eut à soutenir contre l’Angleterre en 1762 et 1778 ; il n’éprouva que des revers dans la 1re de ces deux guerres, mais il répara en partie ses pertes dans la 2e, et recouvra Minorque et la Floride, que les Anglais lui avaient enlevées. Il tenta à plusieurs reprises (1775, 1783, 1784) de punir l’insolence des pirates d’Alger ; mais il ne réussit pas dans ces expéditions. Ce prince s’occupa surtout d’améliorer l’état intérieur de l’Espagne. On lui doit des canaux, des grands chemins, l’hôtel des douanes et celui des postes à Madrid, le cabinet d’histoire naturelle, le jardin botanique, les académies de peinture et de dessin ; il créa des écoles militaires et navales, et fit d’importants armements maritimes. Il voulut aussi réformer le costume des Espagnols ; mais ce projet causa un terrible soulèvement à Madrid (1765). Il se montra très-opposé aux Jésuites et les bannit en 1767 de son royaume et de ses colonies. — Ce prince fonda en 1771, à l’occasion de la naissance de l’Infant, l’Ordre de Charles III, destiné à récompenser le mérite. La croix est blanche et bleue, à 8 pointes ; au milieu on voit l’image de la Vierge, avec cette devise : Virtuti et merito. Le ruban est bleu liseré de blanc.

CHARLES IV, roi d’Espagne, fils de Charles III, né à Naples en 1748, mort en 1819, succéda à son père en 1788. Prince faible et incapable, il fut sans cesse dominé par la reine Marie-Louise ainsi que par le favori de cette princesse, Manuel Godoy, prince de la Paix, et fut à la merci de tous les événements. En 1793, après l’exécution de Louis XVI, il déclara la guerre à la France ; mais il se vit bientôt contraint de faire la paix et même de conclure avec la France un traité d’alliance offensive et défensive (Bâle, 1795). En conséquence de ce traité, il dut faire la guerre au Portugal et à l’Angleterre ; cette dernière puissance lui fit éprouver un terrible échec à Trafalgar (1805) et lui enleva ses plus belles colonies. Il devint ensuite le jouet de Napoléon. Accablé du joug que lui imposait l’Empereur, il voulut se retirer en Amérique ; mais la révolte d’Aranjuez, excitée par son fils Ferdinand (18 mars 1808), l’empêcha d’exécuter ce projet, et il se vit contraint d’abdiquer en faveur de ce fils ; deux mois après, Napoléon, que les deux princes avaient invoqué comme arbitre, le forçait, dans l’entrevue de Bayonne, à rétracter cette abdication et à en faire une nouvelle en sa propre faveur (5 mai). Charles IV fut envoyé à Compiègne, puis il alla résider à Marseille (jusqu’en 1811) et enfin à Rome, où il mourut.

8o  Rois de Naples et des Deux-Siciles.

CHARLES I, comte d’Anjou et de Provence, puis roi de Naples, né en 1220, mort en 1285, était fils de Louis VIII et frère de S. Louis. Il suivit son frère en Égypte et fut fait prisonnier comme lui après la bat. de Mansourah (1250). Rendu à la liberté, il vint gouverner la Provence dont il avait hérité par sa femme, Béatrix, fille de Raymond-Béranger. En 1264, le pape Urbain IV l’appela à combattre Mainfroi, roi de Naples et de Sicile, qui avait encouru la disgrâce du Saint-Siége, et lui donna la couronne de ce prince. Il réussit en effet à s’emparer du royaume de Naples en battant Mainfroi à Bénévent (1266) et son neveu Conradin à Tagliacozzo (1268) ; mais il souilla sa victoire par ses cruautés et rendit son gouvernement tellement odieux aux Siciliens, que ceux-ci, guidés par Jean de Procida, conspirèrent contre lui : l’an 1282, tous les Français qui se trouvaient dans Palerme furent massacrés le lundi de Pâques, à l’heure de vêpres, ce qui a fait nommer ce massacre les Vêpres siciliennes. Charles perdit la Sicile par suite de cet événement, mais il resta maître du royaume de Naples. À partir de cette époque, il n’éprouva que des revers.

CHARLES II D’ANJOU, dit le Boiteux, fils du précèdent. Lorsque son père mourut, il était en captivité, ayant été fait prisonnier en 1284 dans un combat qu’il avait livré imprudemment aux Siciliens. Il ne recouvra la liberté qu’en 1289 et se fit couronner roi de Naples. Il s’efforça inutilement de reconquérir la Sicile que son père avait perdue ; mais il gouverna ses peuples avec plus de douceur et de sagesse que lui. Il mourut en 1309, laissant le trône à son fils Robert. Un autre de ses fils, Charles-Martel, disputa à André III le trône de Hongrie, 1290.

CHARLES III, dit Charles de Duras, petit-fils de Jean de Duras, frère du roi Robert, et arrière-petit-fils du préc., fut appelé en 1381 au trône de Naples par le pape Urbain VI, mécontent de la reine Jeanne. Il se mit en possession de la couronne sans coup férir et fit étouffer Jeanne ; mais il eut ensuite à combattre Louis I, duc d’Anjou, à qui cette princesse avait cédé ses droits. Il finit par avoir aussi des démêlés avec le pape qui, l’ayant placé sur le trône, prétendait le dominer. En 1385, il fut appelé au trône de Hongrie, dont il était le seul héritier mâle ; mais au moment où il croyait avoir triomphé de tous les obstacles, il fut assassiné par ordre de la reine de Hongrie, veuve du dernier roi, qui avait feint de renoncer à ses droits (1386). Son fils Ladislas lui succéda sur le trône de Naples.