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dédommagement des sommes considérables. Il mourut en 1425 après un règne long et paisible.

4o  Empereurs d’Allemagne.

CHARLES I et CHARLES II. V CHARLEMAGNE et CHARLES-LE-CHAUVE à la série des rois de France.

CHARLES III, dit le Gros ou le Gras, 3e  fils de Louis le Germanique, né en 832, roi d’Alémanie en 876, empereur en 881, réunit en 882 tout le patrimoine de son père par suite de la mort de ses deux frères, Carloman, roi de Bavière, et Louis, roi de Saxe. Des bandes normandes étant venues ravager la Lorraine, il les éloigna en achetant la paix au lieu de les combattre. Nommé régent de la France (884) pendant la minorité de Charles le Simple, et lorsque les Normands envahissaient la Neustrie, il traita encore avec ces barbares, et ne les éloigna qu’en leur payant une somme de 700 liv. d’argent. Il s’attira, par cette lâche conduite, le mépris universel, se vit abandonné par son armée et fut déposé solennellement à la diète de Tribur en 887. Il mourut l’année suivante à l’abbaye de Reichnau, dans un abandon universel.

CHARLES IV, empereur, né en 1316, mort en 1378. fils de Jean de Luxembourg, roi de Bohême, et petit fils de l’empereur Henri VII, fut couronné roi de Bohême en 1346, et empereur l’année suivante. Il publia la fameuse Bulle d’Or (1356), qui jusqu’à nos jours a été la loi fondamentale de l’empire germanique. Charles IV montra une grande condescendance envers le pape et le clergé, établit en faveur du Saint-Siége des impôts onéreux, affranchit le clergé de toute autorité temporelle et s’attira par là de grandes difficultés. C’est contre lui que les villes libres de l’empire formèrent la Ligue de Souabe. Ce prince fonda les universités de Prague et de Vienne.

CHARLES V, dit Charles-Quint, empereur d’Allemagne, roi d’Espagne et des Deux-Siciles, né en 1500 à Gand, était fils de Philippe le Beau, archiduc d’Autriche, et de Jeanne la Folle, fille de Ferdinand et d’Isabelle et héritière de Castille. Déclaré roi d’Espagne en 1516, du vivant de sa mère, il fut élu empereur trois ans après, et succéda à l’empereur Maximilien, son aïeul ; il avait eu pour compétiteur François I, roi de France. Les deux rivaux se firent longtemps la guerre. Après différents succès, Charles l’emporta, et François I, fait prisonnier à la bataille de Pavie (1525), fut conduit en Espagne et contraint de signer à Madrid un traité désastreux. Ce traité ne put être exécuté : de là une nouvelle guerre (1526), que signalèrent la prise de Rome par le connétable de Bourbon (1527), et l’expédition de Lautrec dans le roy. de Naples (1528) ; la paix de Cambray (1529) mit fin à cette guerre. En 1536, Charles Quint reprit les armes, pour secourir son allié, le duc de Savoie, attaqué par François I, et vint assiéger Marseille ; il fut obligé de se retirer, et conclut à Nice en 1538 une trêve de 10 ans. En 1539, il obtint du trop confiant François I la permission de traverser la France pour aller réprimer la révolte des Gantois et fut reçu à Paris avec magnificence. Il n’en recommença pas moins la guerre trois ans après ; mais son armée fut défaite à Cérisoles, ce qui amena la paix de Crespy (1544). En Allemagne, Charles fit tous ses efforts pour s opposer à la Réforme, et défit à Mühlberg les Protestants confédérés (1547) ; il fut contraint néanmoins de signer en 1552 la paix de Passaw, qui assurait aux Réformés la liberté de conscience. La même année, il tourna de nouveau ses armes contre la France, mais il assiégea inutilement Metz, que défendait le duc de Guise (1552). Charles Quint fit aussi plusieurs expéditions en Afrique : il défit Barberousse en 1535 et prit Tunis, mais il échoua contre Alger (1541). Affaibli par la vieillesse et les maladies, aigri par les revers, cet empereur abdiqua en 1556 et céda l’empire à Ferdinand son frère. Déjà depuis plusieurs mois il avait placé la couronne d’Espagne sur la tête de Philippe son fils. Il se retira dans le monastère de St-Just ou Yuste en Estramadure et y mourut en 1558. On a dit, mais à tort, qu’il regretta le pouvoir dont il s’était démis. Ce prince était du caractère le plus dissimulé ; il était ferme, mais impitoyable et sans générosité. On a plusieurs fois écrit sa Vie ; l’ouvrage le plus connu est l’Histoire de Charles V de Robertson, trad. par Suard. M. Mignet a donné l’histoire de son Abdication et de son séjour au monastère de Yuste. Lanz a pub. ses Lettr., Leips., 1845 (en franç.).

CHARLES VI, 2e  fils de l’empereur Léopold, né en 1685, se fit d’abord couronner roi d’Espagne à Vienne en 1703, à la mort de Charles II, et se rendit dans ce royaume en 1704 ; il trouva un redoutable concurrent dans Philippe V, petit-fils de Louis XIV, et ne put réussir à se mettre en possession de cette couronne (V. Guerre de Succession) ; cependant il fut reconnu roi de Naples (1707). A la mort de Joseph I, son frère (1711), il fut nommé empereur d’Allemagne. Par le traité de Rastadt (1714), il renonça à ses prétentions sur l’Espagne et obtint la cession de Naples, des duchés de Milan et de Mantoue, de la Sardaigne et des Pays-Bas. Sous son règne, les troupes impériales, conduites par le prince Eugène, remportèrent sur les Turcs les victoires de Peterwaradin (1716) et de Belgrade (1717), et les forcèrent à signer la paix de Passarowitz (1718). Charles VI entreprit aussitôt après une nouv. guerre contre le roi d’Espagne Philippe V, et entra dans la quadruple alliance formée contre ce prince par la Grande-Bretagne, la France, l’empereur et les États de Hollande (1718) ; mais ces différends furent arrangés par le traité de Vienne en 1725. La guerre se ralluma encore en 1733 à l’occasion de l’élection du roi de Pologne, Frédéric-Auguste, que l’empereur Charles VI avait favorisée, tandis que la France soutenait Stanislas : cette guerre fut terminée en 1735 par un traité qui donnait la Lorraine à Stanislas en dédommagement de sa couronne. Attaqué par les Turcs peu après, Charles VI leur abandonna en 1739 la Valachie, la Servie et Belgrade. Il mourut en 1740. Il avait pour fille aînée Marie-Thérèse : il voulut assurer ses États d’Autriche à cette princesse et publia dans ce but dès 1713 une Pragmatique-Sanction ; néanmoins sa succession fut vivement disputée. Ce prince a laissé des Commentaires sur sa propre vie, qui ont été publ. à Bruxelles en 1862.

CHARLES VII (Charles Albert), fils de Maximilien-Emmanuel, électeur de Bavière, né en 1697, épousa en 1722 une fille de l’empereur Joseph I, et succéda en 1726 à son père dans l’électorat de Bavière. Après la mort de l’empereur Charles VI (1740), il refusa de reconnaître Marie-Thérèse, fille de Charles VI, pour héritière des États d’Autriche, et prétendit avoir droit à la couronne en vertu d’un testament de Ferdinand I. Il fut soutenu par la France, et les troupes de Louis XV parvinrent à le faire couronner duc d’Autriche à Lintz, roi de Bohême à Prague, et enfin empereur à Francfort en 1742. Mais la fortune ne tarda pas à l’abandonner : il perdit en peu de temps toutes ses conquêtes et fut même chassé de ses États héréditaires. Cependant en 1744, le roi de Prusse Frédéric II ayant fait dans la Bohême une diversion qui occupa l’armée impériale, Charles en profita pour recouvrer ses États et rentra enfin dans Munich. Il y mourut en 1745. Il eut pour successeur à l’électorat son fils Maximilien-Joseph, et à l’empire François I, époux de Marie-Thérèse.

5o  Rois d’Angleterre.

CHARLES I, roi d’Angleterre, fils de Jacques I, monta sur le trône en 1625, âgé de 26 ans. Il se laissa gouverner par Buckingham, qui avait été aussi le favori de son père ; tenta contre l’Espagne et la France des expéditions qui eurent l’issue la plus malheureuse : renvoya successivement quatre parlements qui lui refusaient des subsides ou qui lui adressaient de justes réclamations, entre autres la célèbre pétition des droits (1628), et prétendit gouverner seul et sans contrôle. Après avoir mécontenté