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frère de roi, oncle de rois, père de roi et jamais roi. — Un autre Charles de Valois, duc d'Angoulême, puis comte d'Auvergne, fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, 1573-1650, fut emprisonné en 1604 comme ayant conspiré contre Henri IV, recouvra sa liberté sous Louis XIII, et combattit vaillamment en Languedoc, en Allemagne et en Flandre. On a de lui des Mémoires sur les règnes de Henri III et Henri IV, Paris, 1662.

CHARLES D'ANJOU, frère de Louis IX, et roi de Naples. V. ci-après la série des Rois de Naples.

CHARLES D'ANJOU, comte du Maine, 3e fils de Louis II d'Anjou, roi de Naples et de Sicile, était le beau-frère et le favori de Charles VII, qu'il accompagna dans diverses expéditions de 1449 à 1452. Lors de l'avénement de Louis XI, il parut s'attacher à ce monarque, qui le chargea de régler ses différends avec le duc de Bretagne ; mais sa négociation n'aboutit qu'à envenimer la haine des deux partis. Il tint une conduite encore plus équivoque pendant la Ligue dite du Bien-Public, soit en Normandie, où il négligea de contenir les Bretons, soit à la bataille de Montlhéry, où il abandonna le roi et prit la fuite. Néanmoins, Charles, dont la lâcheté ou la perfidie paraissait devoir être punie du dernier supplice, ne subit que la disgrâce de Louis XI, intéressé à ménager le roi de Sicile René, frère de Charles. Il mourut en 1472.

CHARLES D'ANJOU, comte du Maine et duc de Calabre, fils du précéd. et dernier rejeton de la maison d'Anjou, fut investi du duché de Provence par le testament de son oncle René, mort en 1480 ; mais il mourut peu après, 1481, par suite de la douleur que lui causa la perte de sa femme. Il avait hérité des prétentions de ses ancêtres sur le trône de Naples, et portait comme roi de Naples le titre de Charles IV. Il légua à Louis XI sa souveraineté de Provence et ses prétentions sur Naples.

CHARLES DE BLOIS ou DE CHÂTILLON, fils de Marguerite, sœur de Philippe de Valois, épousa en 1337 Jeanne de Penthièvre, fille de Gui, et nièce de Jean III, duc de Bretagne. Les conditions du mariage furent que Charles de Blois prendrait le nom et les armes de Bretagne et qu'il succéderait au duc Jean III, qui n'avait pas d'enfants. La plupart des seigneurs et des barons lui prêtèrent foi et hommage, comme à l'héritier présomptif de leur souverain ; mais Jean, comte de Montfort, frère du duc de Bretagne, prétendait hériter de ses États. A la mort du duc (1341), il s'alluma entre les deux compétiteurs une guerre sanglante qui dura 23 ans ; elle se termina en 1364 par la mort de Charles de Blois, qui fut vaincu et tué à la bataille d'Auray. Pendant cette longue lutte, dans laquelle la France soutenait Charles, tandis que l'Angleterre appuyait son rival, on vit briller plusieurs guerriers célèbres, Gautier de Mauni, Beaumanoir, Du Guesclin et Chandos. Charles ayant été pris en 1346, au combat de La Roche-Darrien, et enfermé dans la Tour de Londres, sa femme, Jeanne de Penthièvre, continua la guerre, jusqu'au retour de son mari, contre Jeanne de Flandre, femme du comte de Montfort.

CHARLES DE BOURBON, connétable. V. BOURBON.

CHARLES D'ORLÉANS, DE GUYENNE. V. ORLÉANS, etc.

CHARLES LE TÉMÉRAIRE, duc de Bourgogne, fils de Philippe le Bon, né en 1433, porta d'abord le titre de comte de Charolais et se signala de bonne heure par son courage et sa haine contre Louis XI. Il entra dans la Ligue du Bien-Public formée contre ce prince, et lui livra la bataille de Montlhéry (1465). Devenu duc de Bourgogne en 1467, il punit avec rigueur les Liégeois qui s'étaient révoltés contre leur évêque, son parent et son allié. Ayant appris que Louis XI, qui négociait avec lui à Péronne, excitait de nouveau les Liégeois à la révolte, il attira ce prince dans une conférence à Péronne et le força à l'accompagner contre eux et à l'aider à les soumettre (1468). Tout son règne fut rempli par ses guerres avec le roi de France (dont il était le plus puissant vassal, et contre lequel il chercha à susciter l'empereur et le roi d'Angleterre), et par les efforts qu'il fit pour agrandir ses États aux dépens de ses voisins, surtout de la Suisse et de la Lorraine. Il fut battu par les Suisses en plusieurs rencontres, notamment à Granson, puis à Morat, où son armée fut exterminée (1476), et il trouva peu après la mort sous les murs de la ville de Nancy qu'il disputait au duc de Lorraine (1477). Il laissa une fille, Marie de Bourgogne, qui hérita de ses États et en porta une partie dans la maison d'Autriche, par son mariage avec Maximilien, fils de l'empereur Frédéric III.

CHARLES I (ou II en comptant pour Ier duc Charles de Lorraine), duc de Lorraine, fut élevé à la cour de France sous Charles V, régna de 1391 à 1431, soutint les droits à l'empire de son beau-père Robert contre Wenceslas; combattit dans les rangs de l'armée française à la journée d'Azincourt, et fut fait connétable en 1417.

CHARLES II (ou III), dit le Grand, duc de Lorraine, fils du duc François I et de Christine de Danemark, nièce de Charles-Quint, né à Nancy en 1543, n'avait que 3 ans lorsque son père mourut. Sa mère Christine fut déclarée régente. Ce prince fut le bienfaiteur de son peuple et le législateur de son pays ; il fonda les villes de Clermont en Argonne, Lunéville, Stenay, et arrêta le plan de la ville de Nancy. Il avait épousé Claude, fille du roi de France Henri II, et prétendit au trône en 1589.

CHARLES III (ou IV), fils du précéd., né en 1604, duc de Lorraine en 1624, se mit imprudemment en hostilité avec la France et fut dépouillé de ses États par Louis XIII (1631). Il en recouvra une partie par les traités de St-Germain (1641) et des Pyrénées(1659); mais il en fut chassé de nouveau par Louis XIV pour avoir violé ces traités et être entré dans la coalition contre la France. Il mourut en 1675, après avoir remporté une victoire à Consarbruck sur le maréchal de Créqui. Il n'avait pas d'enfants. Par un testament signé en 1660, il avait institué Louis XIV son héritier.

CHARLES IV (ou V), né à Vienne en 1643, m. en 1690, était neveu du préc., et succéda à ses droits en 1675, malgré l'opposition de Louis XIV. Ne pouvant se mettre en possession de ses États, il prit du service en Autriche. Il fut un des meilleurs généraux de l'empire, battit les Turcs sous les murs de Vienne, leur prit Bude et gagna sur eux la victoire de Mohacz (1687). L'empereur Léopold lui avait donné la main de sa sœur, l'archiduchesse Marie-Éléonore.

CHARLES Ier, roi de Navarre, le même que CHARLES IV, roi de France, roi de Navarre du chef de sa mère.

CHARLES II, dit le Mauvais, né en 1332, était arrière petit-fils de Philippe III, et devint roi de Navarre en 1349, à la mort de sa mère Jeanne de Flandre. Ayant des droits sur la couronne de France en cas d'extinction de la branche de Valois, il ne cessa de fomenter des troubles en France, dans l'espoir d'arriver au trône. Il s'allia dans ce but avec le roi d'Angleterre, éleva des prétentions sur plusieurs provinces, souleva Paris, de concert avec Ét. Marcel, contre le Dauphin (Charles V), tenta même de l'empoisonner (1377), et ne resta tranquille qu'après avoir été battu à Cocherel par Du Guesclin (1364) et quand il vit le roi solidement établi sur le trône. Il se tourna alors vers l'Espagne, et eut de longs démêlés avec Pierre le Cruel et Henri de Transtamare, qui se disputaient la Castille. Trahissant tous les partis à la fois, il se fit tant d'ennemis qu'il fut forcé pour se tirer d'affaire d'abandonner une portion de ses États (1379). Instruit enfin par l'adversité, il passa ses dernières années en paix, ne s'occupant que de l'administration de son royaume. Il mourut en 1387. Il avait épousé une fille du roi Jean.

CHARLES III, dit le Noble, fils du préc., lui succéda en 1387, et s'appliqua à vivre en paix avec ses voisins. Il renonça aux prétentions de son père sur plusieurs provinces de France (1404), et reçut en