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l'Aisne et leurs affluents. On y trouve en abondance la craie, la marne, l'ardoise, etc. Le sol produit beaucoup de grains, de fruits, de légumes; mais ce pays est surtout célèbre par ses vins blancs et rouges, et par ses vins mousseux, dits vins de Champagne, parmi lesquels on cite ceux d'Aï, Sillery, Bouzy, Mareuil, Hautvilliers, Dizy, Epernay, Pierry, Avize. — Les peuples qui habitaient ce pays avant la conquête romaine étaient les Lingones, les Senones, les Tricasses, les Catalauni et les Remi. Sous l'empire romain, il fit partie des Lyonnaises 1re et 4e et de la Belgique 2e. Après l'invasion des Barbares, il fut partagé entre le roy. des Burgundes et celui des Francs, puis entre les deux roy. d'Orléans (Bourgogne francique) et de Metz (Austrasie). In 451, la Champagne fut dévastée par Attila, qui fut défait aux env. de Châlons. Sous les Mérovingiens, elle eut des ducs nommés par les rois. Aux Xe siècle, elle échut à des comtes issus de la maison de Vermandois, dont le 1er fut Herbert, mort en 943. Quand cette dynastie s'éteignit, en 1020, elle devint le partage d'Eudes II, petit-fils de Thibaut le Tricheur (comte de Blois, Chartres, Tours, Beauvais et Meaux, mort en 978) et neveu du dernier comte de la maison de Vermandois. Deux fils du comte Eudes II, Étienne et Eudes, puis son frère, Thibaut, lui succédèrent. Thibaut donna naissance à deux branches de la maison de Champagne : l'aînée posséda d'abord la Champagne et s'éteignit en 1125; la cadette, celle des comtes de Blois, Chartres et Brie, hérita en 1125 du comté de Champagne. Se divisant à son tour en 1152, cette branche produisit deux lignes : la 2e ligne de Blois et la ligne champenoise, qui eut la Champagne et la Brie. Henri I commença cette dernière ligne; Henri II, son fils aîné, devint roi de Chypre, puis de Jérusalem, et mourut en 1197, laissant son comté à Thibaut V, son frère; Thibaut VI le posthume régna après lui et devint roi de Navarre en 1234. Il eut pour successeurs, tant en Champagne qu'en Navarre, Thibaut VII (II en Navarre), Henri III (I), Jeanne I. Celle-ci apporta la Champagne et la Navarre en dot à son époux Philippe le Bel, en 1284. Depuis ce temps la Champagne ne fut plus séparée de la couronne de France. Cependant la réunion officielle ne fut plus prononcée qu'en 1361. Sous l'administration royale, la Champagne formait un des 12 grands gouvernements : elle renfermait 10 bailliages. On doit à M. d'Arbois de Jubainville l’Histoire des comtes de Champagne, 1859-62, 3 vol. 8°.

On avait donné le nom de Champagne à quelques autres pays de France, sans doute aussi à cause des plaines qu'ils contiennent : 1° en Berry, lieux principaux : Lugny, Jussy (Cher), Ménétréol, La Champenoise (Indre); 2° dans le Maine : Loué, Cranne, Montreuil, St-Christophe (Sarthe); 3° en Normandie: Bailly, St-Martin (Seine-Inf.); 4° dans l'Angoumois : ce dernier pays, comprenant les environs de Cognac, est auj. réparti entre les dépts de la Charente et de la Charente-Inf.; il est renommé pour la supériorité de ses eaux-de-vie, dites fine Champagne.

CHAMPAGNE, ch.-l. de c. (Ain), à 15 kil. N.de Belley; 450 hab. Anc. capit. du Valromey.

CHAMPAGNE-MOUTON, ch.-l. de cant. (Charente), à 19 kil. O. de Confolens : 900 hab.

CHAMPAGNE (THIBAUT, comtes de). V. l'art. ci-dessus et THIBAUT.

CHAMPAGNE (Philippe), peintre, né à Bruxelles en 1602, mort en 1674, vint à Paris en 1621 pour s'y perfectionner sous le Poussin, et s'y fixa tout à fait. Ses talents lui méritèrent la place de 1er peintre de la reine et une pension de 1200 liv. Il fut reçu, en 1648, membre de l'Académie de peinture, fut nommé professeur en 1655, et enfin directeur de l'Académie. Son assiduité au travail lui avait donné une facilité surprenante. Il a laissé une multitude de morceaux estimés, qui ornaient les édifices publics, les églises (Val-de-Grâce, Sorbonne, St-Severin, St-Merry) et les maisons particulières. Les plus connus sont : le Vœu de Louis XIII (à Notre-Dame), la Réception des chevaliers du St-Esprit, une Cène, la Madeleine aux pieds de J.-C., les Religieuses. Il excellait aussi dans le portrait. Champagne dessinait fort bien et imitait exactement la nature, sans jamais blesser la décence; mais ses compositions sont plus savantes que poétiques. — Son neveu, J. B. Champagne, s'est aussi distingué dans le même art; il a le plus souvent travaillé avec lui.

CHAMPAGNEY, ch.-l. de c. (H.-Saône), à. 16 kil. N. E. de Lure; 2000 hab. Station. Houille.

CHAMPAGNOLES, ch.-l. de c. (Jura), à 23 kil. S. E. de Coligny; 3146 hab. Tréfilerie, forges.

CHAMPAGNY (J. B. NOMPÈRE de), duc de Cadore, né à Roanne en 1756, mort en 1834, était major de vaisseau à 26 ans. Il fut, en 1789, député de la noblesse aux États généraux, et se distingua par son éloquence et sa modération. Bonaparte l'appela au Conseil d'État en 1800, le nomma en 1801 ambassadeur à Vienne, en 1804 ministre de l'intérieur, en 1807 ministre des relations extérieures; il conclut en cette qualité le traité de Vienne, 1809, et négocia le mariage de l'Empereur avec Marie-Louise. Il rentra dans la vie privée à la Restauration, et fut nommé pair en 1819. Il avait été créé duc de Cadore en 1808.

CHAMPAUBERT, vge de France (Marne), à 22 k. S. O. d'Épernay; 250 hab. Napoléon y battit le général russe Alsuvief, 10 février 1814.

CHAMPCENETZ (le chevalier de), officier aux gardes françaises, connu par son esprit, né en 1759 à Paris, était neveu du gouverneur des Tuileries. Il attaqua la Révolution avec l'arme du ridicule : il travailla avec Rivarol à plusieurs écrits de circonstance et eut la principale part à la rédaction du recueil périodique intitulé : les Actes des Apôtres. Il fut arrêté et mis à mort eh 1794.

CHAMP D'ASILE, DE MAI, etc. V. CHAMP.

CHAMPEAUX, vge de Seine-et-Marne, à 12 kil. N. E. de Melun; 460 hab. Patrie de Guillaume de Champeaux, maître, puis adversaire d'Abélard.

CHAMPEIN (Stanislas), compositeur, membre de l'Institut, né en 1753 à Marseille, mort en 1830, est connu par de spirituelles partitions dont plusieurs sont restées longtemps au répertoire : on remarqua surtout le Soldat français, opéra-comique, 1779 ; la Mélomanie, 1781, charmante parodie de la musique italienne, le Nouveau don Quichotte, que l'auteur fit passer pour un opéra italien, et qui trompa les Italiens eux-mêmes. Champein entra en 1792 dans l'administration : il fut préfet à Mayence.

CHAMPEIX, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur la Couze, à 10 k. N. O. d'Issoire; 1900 hab. Anc. château.

CHAMPIER (Symphorien), né en 1472 à St-Symphorien, près de Lyon, mort vers 1539, était allié à la famille du chevalier Bayard. Il fut 1er médecin du duc de Lorraine, suivit ce prince qui se rendait en Italie avec Louis XII, assista à plusieurs batailles, puis se fixa à Lyon, où il remplit les fonctions d'échevin et contribua à plusieurs fondations utiles, notamment à celle de l’École de médecins de Lyon. Outre de savants traités de médecine, inspirés par l'étude des maîtres grecs et arabes, il a composé un grand nombre d'ouvrages historiques, parmi lesquels on remarque les Chroniques de Savoie, 1516; la Vie de Bayard, 1525.

CHAMPIGNY, vge près de St-Maur (Seine), illustré par trois jours de combats meurtriers pendant le siége de Paris (29 novembre-1er décembre 1870).

CHAMPIONNET (J. Étienne), général français, né à Valence en 1762, mort en 1800, était fils naturel d'un avocat. Il entra fort jeune au service et dut à sa valeur un avancement rapide. Nommé colonel après le combat d'Arlon, général de brigade en 1793, il contribua beaucoup à la victoire de Fleurus, 1794. Envoyé en 1798 en Italie, il chassa de Rome l'armée napolitaine, conquit en peu de jours le roy. de