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Numance, Segobriga, étaient leurs places principales. Ils étaient, comme l'indique leur nom, de race mixte et composés de Celtes et d'Ibères. Soumise par les Carthaginois, puis par les Romains, après une lutte opiniâtre, la Celtibérie fut comprise dans la Tarraconaise.

CELTIQUE, Celtica. Ce nom, donné d'abord vaguement à tout le pays habité par les Celtes, c.-à-d. à toute la Gaule Transalpine, désigna, au temps de César, la Gaule proprement dite, comprise entre le Rhône, la Garonne, l'Océan, la Seine, la Marne et la partie inférieure du Rhin. Au temps d'Auguste, on donna le nom de Gaule Celtique à l'ensemble des quatre Lyonnaises. Pour les divisions de la Celtique, V. GAULE et LYONNAISE.

CELTIQUES, Celtici, peuple de l'Hispanie occid. (Lusitanie), celte d'origine, entre l'emb. du Tagus (Tage) et une partie du cours inférieur de l’Anas (Guadiana). Leur pays répond à peu près à l'Alentéjo, plus une portion de l'Estramadure et de l'Andalousie. On y trouvait Ebora et Pax Julia (Béja).

CÉLY, vge du dép. de Seine-et-Marne, à 13 kil. S. O. de Melun; 520 hab. Aux env., château bâti par Jacques Cœur en 1400.

CENCHRÉES, Cenchreæ, v. du Péloponèse, sur le golfe Saronique, était un des 2 ports de Corinthe.

CENCI, famille romaine célèbre par ses richesses, ses crimes et ses malheurs, se prétendait issue du consul Crescence : un de ses membres, fils d'un préfet de Rome, et préfet lui-même, suscita en 1075 une émeute contre le pape Grégoire VII et le retint captif.

Le personnage le plus fameux de cette famille est Francesco Cenci, qui vivait à la fin du XVIe siècle. Ses mœurs étaient fort corrompues; il fut accusé plusieurs fois d'un vice infâme, et acheta ses juges à prix d'or. Il avait quatre fils et une fille, Béatrix Cenci; il les maltraitait cruellement ou les faisait servir à ses plaisirs brutaux; on l'accuse même d'avoir fait assassiner les deux aînés. Révoltée de tant d'horreurs, Béatrix, sa fille, de concert avec deux de ses frères et Lucrèce, leur mère, fit assassiner Francesco Cenci. Accusés de parricide, ils périrent tous quatre sur l'échafaud par la sentence de Clément VIII (1605). Ce triste événement fit une impression profonde sur le peuple de Rome, et pendant plusieurs siècles le nom de Béatrix Cenci s'est conservé dans les chants populaires. Il a aussi été mis plusieurs fois sur la scène. Le supplice de la Cenci a été reproduit par plusieurs peintres, notamment par Paul Delaroche. On voit auj. à Rome, dans le palais Colonna, son portrait par Guido Reni.

CENDRES (MERCREDI DES), le lendemain du Mardi gras, est le 1er jour du Carême. Chez les premiers Chrétiens, ce jour était celui où se faisaient les pénitences publiques; les pénitents se présentaient en signe d'affliction la tête couverte de cendres. Auj., il n'y a plus de semblables pénitences, mais les fidèles se rendent à l'église, où le prêtre leur fait une croix sur le front avec de la cendre, en prononçant ce verset de la Genèse (III, 19): Memento homo quia pulvis es, et in pulverem reverteris. « Homme souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » Cette cérémonie fut instituée par Grégoire I.

CÈNE (du latin cœna, souper). Ce nom a été donné spécialement au dernier souper que J.-C. fit avec ses apôtres rassemblés la veille de sa mort : après y avoir mangé la Pâque avec eux, il institua l'Eucharistie en disant : Ceci est mon corps, ceci est mon sang. L'Église en célèbre la mémoire le jeudi saint. Comme, après la Cène, J.-C. lava les pieds aux 12 apôtres, il est d'usage dans chaque église de laver les pieds ce jour-là à 12 pauvres. Nos rois anciennement accomplissaient eux-mêmes cette touchante cérémonie. — Léonard de Vinci et le Poussin ont représenté la Cène dans d'admirables tableaux. Ils ont tous deux choisi le moment où Jésus déclare à ses apôtres qu'un d'entre eux le trahira.

CENEDA, Ceneta, v. forte de Vénétie, à 58 k. N. de Venise; 5000 hab. Évêché. Sources sulfureuses.

CENEROTH, v. de Judée (tribu de Nephtali), donna son nom au lac qui est plus connu sous les noms de lac de Genesareth ou de Tibériade.

CENIS (mont), Cenisius mons, montagne des Alpes, entre la Savoie et le Piémont, à 50 kil. E. de St-Jean de Maurienne, à 17 kil. N. O. de Suse, forme le nœud des Alpes Cottiennes et des Alpes grecques. Ses cimes les plus hautes atteignent 3500m. Le mont Cenis est un des passages des Alpes les plus fréquentés : ce passage jusqu'en 1802 ne s'effectuait qu'à dos de mulet; Napoléon I y a fait construire une superbe route qui mène de Lans-le-Bourg à Suse. Il a aussi considérablement augmenté l'hospice du mont Cenis, fondé jadis par Louis le Débonnaire. Un tunnel de 12 500m a été percé (1860-71) tout près du mont Cenis pour le passage d'un chemin de fer.

CÉNOBITE (de cœnos, commun, et bios, vie), religieux qui, tout en occupant des cellules isolées, se réunissent pour certains exercices communs. On les nomme ainsi par opposition aux anachorètes, qui vivaient entièrement séparés les uns des autres. S. Pacôme est considéré comme l'instituteur de la vie cénobitique.

CÉNOMANS, Cenomani, peuple de la. Gaule, dans la 3e Lyonnaise, faisait partie de la confédération des Aulerques et occupait le pays qui forma plus tard le Maine oriental. Il avait pour capit. Suindinum ou Cenomani (auj. Le Mans). — Vers le VIe s. av. J.-C., la plus grande partie des Cénomans fit une invasion en Italie, où ils déplacèrent les Euganei, et s'établirent au N. du Pô, entre l'Adige et l'Adda, dans le territoire de Mantoue, de Crémone et de Brescia.

CENSEURS, magistrats romains dont les fonctions ne consistèrent d'abord qu'à faire le cens ou le dénombrement des citoyens, à évaluer leur fortune et à administrer la fortune publique; mais dont le pouvoir acquit dans la suite une plus grande importance : ils furent chargés de surveiller les mœurs, d'infliger des notes de flétrissure aux chevaliers et aux sénateurs, et même d'exclure ces derniers des assemblées du sénat. Les premiers censeurs furent créés l'an 444 av. J.-C.; il y en avait deux, et leurs fonctions devaient durer 5 ans; mais bientôt, dans la crainte qu'ils n'abusassent de leur autorité, on en limita la durée à un an et demi. Cette magistrature fut d'abord réservée aux patriciens; elle devint accessible aux plébéiens l'an 339 av. J.-C., en vertu d'une loi proposée par Publilius Philo. La censure, temporairement supprimée par Sylla, fut abolie sous Auguste; toutefois les empereurs en exercèrent eux-mêmes les fonctions jusqu'à Vespasien. Après la mort de ce prince on voit disparaître toute trace de cette magistrature. L'empereur Dèce voulut la rétablir, mais cette tentative n'eut pas de suite. Parmi ceux qui se distinguèrent dans cette magistrature, on connaît surtout Caton surnommé le Censeur.

CENSORINUS, grammairien latin du IIIe siècle, vivait sous Alexandre-Sévère et ses successeurs. De ses divers ouvrages, il ne nous reste qu'un traité De die natali, qu'il composa à l'occasion de l'anniversaire de la naissance d'un de ses amis. Ce livre traite de la naissance et de la vie de l'homme, des jours, des mois, des années, des rites religieux; il est fort précieux pour les usages de l'antiquité. Les meilleures éditions sont celles d'Havercamp, Leyde, 1743, avec d'amples commentaires, et de Gruber, Nuremberg, 1805. Il a été trad. par J. Mangeart, 1843 (dans la Biblioth. lat. franç. de Panckoucke).

CENSORINUS (App. Claud.), prit la pourpre sous Claude II en 269, et fut tué sept jours après par ses propres soldats à cause de sa rigueur extrême.

CENT ANS (Guerre de). On donne ce nom à cette longue et sanglante rivalité qui divisa la France et l'Angleterre pendant plus d'un siècle, de 1337 à 1453, sous les règnes de Philippe VI, de Valois, de