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CATHERINE (Ste), dite C. de Sienne, né à Sienne en 1347, était fille d’un teinturier. À l'âge de 20 ans elle entra dans l’institution des sœurs de St-Dominique ; elle y eut des révélations qui lui donnèrent bientôt une grande célébrité, et y composa des écrits mystiques qui furent très-recherchés. Catherine joua un rôle important dans le schisme qui éclata en 1378, à l’occasion de la concurrence d’Urbain VI et de Clément VII : elle s’était déclarée pour le parti d’Urbain. Elle mourut en 1380, exténuée par les austérités. On la fête le 30 avril. On a d’elle des traités de dévotion, des lettres et des poésies remarquables par l’élégance et la pureté du style. L’édition la plus exacte et la plus complète de ses œuvres est celle de Jérôme Gigli, sous ce titre : Opere della serafica santa Catarina, Sienne et Lucques, 1707-1713, 4 vol. in-4. On y remarque un Dialogue entre le Père éternel et Ste Catherine, qu’elle dicta en 1378 étant ravie en extase. Une légende exploitée par les peintres d’Italie fait de cette sainte la fiancée du Christ. Chavin de Malan a écrit sa Vie, 1850. — Il y eut encore à Bologne et à Gênes deux saintes du même nom, qui se rendirent également célèbres par leur piété et leurs écrits mystiques : la 1re vécut de 1413 à 1463 (on l’hon. le 9 mars) ; la 2e, de 1448 à 1510 (on l’hon. le 14 septembre). — On honore aussi en Suède une Ste Catherine, fille de Ste Brigitte, qui accompagna sa mère à Rome et se signala par sa piété. Sa fête est célébrée le 22 mars.

CATHERINE DE FRANCE, fille de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, née en 1401, morte en 1438, épousa Henri V, roi d’Angleterre, en exécution du honteux traité de Troyes, en 1420. Elle devint veuve en 1422, et peu après elle épousa secrètement Owen Tudor, gentilhomme gallois, que le duc de Glocester fit périr peu d’années après. Elle en avait eu trois fils, dont l’aîné, le comte de Richmond, fut père de Henri de Richmond, qui devint roi sous le nom de Henri VII.

CATHERINE D’ARAGON, fille de Ferdinand V, roi d’Aragon, et d’Isabelle, reine de Castille, épousa en 1501 Arthur, fils aîné de Henri VII, roi d’Angleterre. Devenue veuve, elle fut en 1509 mariée, avec dispense du pape Jules II, au frère de son 1er époux, qui régna sous le nom de Henri VIII, et eut de ce prince une fille qui fut reine sous le nom de Marie. Après 18 ans d’une union parfaite, Henri VIII, épris d’Anne Boulen, demanda la dissolution de son mariage. Le pape ne voulut point y consentir ; Catherine résista plusieurs années, mais elle n’en finit pas moins par être répudiée (1533). Le divorce fut prononcé par Cranmer, archevêque de Cantorbéry, et Catherine se vit confinée dans le château de Kimbolton, où elle mourut en 1536. On sait que c’est ce divorce qui fut l’origine du schisme en Angleterre.

CATHERINE DE MÉDICIS, reine de France, fille de Laurent II de Médicis, duc d’Urbin, née à Florence en 1519, morte en 1589, épousa en 1533 le 2e fils de François I, depuis Henri II. Après la mort de son époux et celle de son fils aîné, François II, elle s’empara de la régence du royaume pendant la minorité de son second fils, Charles IX. La ruse et la dissimulation furent ses principaux moyens de gouvernement. Elle excita la guerre civile entre les Catholiques et les Réformés, résolut la perte de ces derniers après avoir feint un instant de les favoriser, et fut la principale instigatrice de l’horrible massacre de la St-Barthélemy (1572). Elle se brouilla ensuite avec Charles IX, et fut sans influence sous le règne de Henri III. Catherine avait apporté de l’Italie le goût des arts : c’est par ses ordres qu’ont été construits le palais des Tuileries, le château de Monceaux ; elle continua le Louvre. Cette princesse croyait fort à l’astrologie (V. RUGGIERI). — Sa Vie, par E. Albéri (Florence, 1838), a été trad. par Mlle Sala. 1844.

CATHERINE DE BRAGANCE, fille de Jean IV, roi de Portugal, née en 1638, épousa en 1661 Charles II, roi d’Angleterre, qui lui fit éprouver toutes sortes de mépris et de chagrins ; elle supporta son sort avec résignation. Après la mort du roi elle retourna en Portugal, et fut en 1704 et 1705 régente de ce roy. pendant la maladie de son frère don Pedro.

CATHERINE I, impératrice de Russie, née en 1682 en Livonie, de parents pauvres, morte en 1727. Elle venait d’épouser un simple soldat suédois lorsqu’elle fut réduite en captivité après la prise de Marienbourg (17Q2). D’une beauté remarquable, elle plut au prince Menzikoff, et bientôt après à Pierre le Grand lui-même. En 1711 elle accompagna le czar dans sa campagne contre les Turcs, et lui rendit le plus important service en traitant avec les ennemis qui le tenaient enfermé sur les bords du Pruth : elle acheta au prix de ses pierreries la retraite du grand vizir. Le czar, après en avoir eu plusieurs enfants, la déclara son épouse ; en 1724 il la fit couronner solennellement impératrice. Après la mort du czar (1725), elle fut reconnue souveraine de toutes les Russies. Elle continua l’œuvre de civilisation commencée par son époux ; mais elle s’abandonna à de coupables dérèglements, et laissa une trop grande part du pouvoir à son favori Menzikoff.

CATHERINE II, impératrice de Russie, fille du prince d’Anhalt-Zerbst, née à Stettin en 1729, épousa forcément en 1745 le duc de Holstein-Gottorp, que l’impératrice Élisabeth avait désigné pour son successeur, et qui régna sous le nom de Pierre III. Menacée du divorce et de l’emprisonnement, Catherine, qui possédait l’affection des Russes, réussit à faire déposer son époux, qui fut étranglé peu de jours après (1762), puis elle se fit sacrer à Moscou avec la plus grande pompe. En 1764 elle plaça sur le trône de Pologne Stanislas Poniatowski, qui avait été son amant. Bientôt après elle enleva aux Turcs la Crimée et les forteresses d’Azof, de Taganrog, de Kinburn et d’Ismaël. En 1772 elle conclut avec la Prusse et l’Autriche un traité qui démembrait la Pologne et donnait à la Russie les gouvernements de Polotsk et de Mohilev ; le traité de Kainardji, conclu en 1774 avec la Turquie, lui assura plusieurs provinces méridionales et lui ouvrit la mer Noire. En même temps qu’elle reculait ainsi les limites de son empire, Catherine imprimait une activité nouvelle à l’agriculture et à l’industrie, encourageait les lettres et les arts, était en correspondance avec Voltaire, d’Alembert, et recevait Diderot à sa cour. En 1793 et 1795, elle acheva, par de nouveaux partages, d’anéantir la Pologne, en joignant à ses États ce qui restait au dernier souverain de ce malheureux pays. Elle projetait de nouvelles conquêtes lorsqu’elle mourut en 1796, d’une apoplexie foudroyante. On a d’elle quelques écrits, des comédies, un drame d’Oleg, et une Correspondance avec Voltaire, Grimm, etc. et des Mémoires, (1859). C. fut une grande princesse et mérita d’être surnommée la Sémiramis du Nord ; mais on lui reproche une vie dissolue (V. PONIATOWSKY, ORLOF, POTEMKIN). E. Jauffret a donné en 1860 Catherine II et son règne.

CATHERINE (ordre de STE-), ordre russe spécialement affecté au sexe féminin, fut fondé par Pierre le Grand en 1714, en mémoire du dévouement que Catherine, sa femme, lui avait montré lors de son désastre sur le Pruth (V. CATHERINE I). La décoration consiste en une plaque qui porte sur la face une croix d’argent avec l’image de la sainte, et sur le revers un nid d’aiglons et deux aigles qui dévorent des serpents, avec cette devise : Æquat munia comparis. Le prince Menzikoff est le seul homme qui en ait été décoré.

CATHOLICOS (Jean), patriarche d’Arménie sous le nom de Jean VI, mort en 925, est auteur d’une histoire de son pays depuis Haïg, ouvrage estimé qui a été trad. par St-Martin et publié par Lajard, 1841.

CATHOLIQUES, c.-à-d. Universels, nom sous lequel on réunit tous les Chrétiens qui reconnaissent l’autorité du pape. V. ÉGLISE CATHOLIQUE.

CATILINA (L. Sergius), d’une famille illustre de