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sa vie dans un monastère de la Calabre où il s’occupa à composer d’utiles ouvrages, à rassembler et à faire copier par les moines les précieux manuscrits de l’antiquité. Il mourut vers 562 ou 575, ayant vécu près de 100 ans. On a de lui un Traité de l'âme, trad. en français par Amaury Bouchard ; quatre livres des Arts libéraux, intit. De institutione divinarum litterarum (arithmétique, astronomie, géométrie, musique) ; des traités du Discours, de l’Orthographe, 12 livres de Lettres, des Commentaires sur les Psaumes, etc. Il avait composé une Histoire des Goths, dont on n’a qu’un extrait par Jornandès ; on a sous son nom une Histoire tripartite, abrégée de Socrate, Sozomène et Théodoret, et dont le véritable auteur est Épiphane le Scolastique. L’édition la plus estimée de ses œuvres est celle de dom Garet, 2 vol. in-fol., Rouen, 1679, et de Venise, 1729. Denis Ste-Marthe a écrit sa Vie. M. Olleris a publié en 1841 une thèse sur Cassiodore, conservateur des livres latins.

CASSIOPÉE, femme de Céphée, roi d’Éthiopie, et mère d’Andromède, voulut disputer aux Néréides le prix de la beauté. Neptune, irrité de son audace, fit ravager ses États par un monstre marin, et l’obligea à exposer sa fille Andromède à la fureur de ce monstre. Cassiopée fut, après sa mort, placée au nombre des constellations (dans la voie lactée).

CASSIQUIARE, riv. de l’Amérique du S., n’est qu’un bras de l’Orénoque qui, après avoir traversé la Nouv.-Grenade et le Venezuela, va se jeter dans le Rio-Negro. Il roule au travers de vastes forêts et de lieux humides ; ses bords sont infestés de mosquites.

CASSIS, Carsici ? et port des Bouches-du-Rhône, à 17 kil. S. E. de Marseille ; 2000 hab. Cabotage ; pêche du corail. Figues, grenades ; vin muscat. Patrie de Barthélemy, l’auteur du Voyage d’Anacharsis.

CASSITÉRIDES (îles), groupe d'îles, ainsi nommées par les Grecs parce qu’elles fournissent beaucoup d’étain (cassitéros en grec), furent exploitées successivement par les Phéniciens, les Carthaginois et les Romains. On croit que ce sont les îles Sorlingues, au S. O. de la Grande-Bretagne. Cependant on ne trouve plus d’étain dans ces îles.

CASSIUS (Spurius) Viscellinus. Après avoir été 3 fois consul et avoir battu les Herniques, il proposa, quoique patricien, de partager entre les plébéiens les terres conquises qui avaient été usurpées par les patriciens (ce fut la 1re loi agraire) ; le sénat irrité l’accusa d’aspirer à la tyrannie, et il fut précipité de la roche Tarpéienne, l’an 486 av. J.-C.

CASSIUS (C.) Longinus, général romain, l’un des meurtriers de César, s’était signalé, après la défaite de Crassus par les Parthes à Carrhes, en couvrant la Syrie. Pendant les guerres civiles de Pompée et de César, il suivit les drapeaux du premier ; il fut néanmoins épargné par le vainqueur. De retour à Rome, il épousa Junie, sœur de Brutus, et forma, de concert avec celui-ci, la conspiration dont César fut victime, l’an 44 av. J.-C. Cassius se rendit ensuite en Afrique ; mais ne pouvant se maintenir dans cette province, il passa en Orient, y leva des troupes nombreuses, et se joignit à Brutus en Macédoine. Là, Antoine et Octave vinrent leur livrer bataille dans les plaines de Philippes (42) : Cassius, qui commandait l’aile gauche de l’armée, et qui avait Antoine en tête, ne tarda pas à plier, et croyant Brutus battu aussi de son côté, il se perça de son épée. On le surnomma le Dernier Romain.

CASSIUS (Avidius), général romain. Placé par Marc-Aurèle à la tête des légions de Syrie, il battit les Parthes (163). Enflé de ses succès, il crut pouvoir aspirer à l’empire, et se fit proclamer par ses légions (175), mais il périt trois mois après dans une révolte de ses propres soldats.

CASSIUS (André), médecin et chimiste, né à Sleswig vers 1650, exerça son art à Hambourg. On lui doit la découverte du précipité d’or qui porte le nom de Pourpre de Cassius, ainsi que l’essence de bézoard.

CASSIVELLANUS, chef breton qui occupait les bords de la Tamise, s’opposa à l’invasion de César, fut deux fois vaincu et se soumit, 54 av. J.-C.

CASSOVIE ou COSSOVA (Champ de), appelé aussi Champ des Merles, plaine de Servie, arrosée par le Drino, s’étend entre Skopia et Kopanick. Il s’y livra deux batailles décisives : la 1re en 1389, entre les Serbes qui y furent défaits et le sultan Amurath I, qui périt au milieu de son triomphe (le résultat de la bataille fut l’assujettissement des tribus esclavonnes) ; la 2e en 1448 : les Hongrois, les Bohèmes, les Allemands et les Valaques, conduits par J. Huniade, furent taillés en pièces par Amurath II.

CASSOVIE, ville de Hongrie. V. KACHAU.

CASTAGNO (André del), peintre, né en 1406, au village de Castagno, en Toscane, mort en 1480. Il obtint, dit-on, de Dominique de Venise le secret de peindre à l’huile, et l’assassina ensuite pour s’approprier cet art : son crime ne fut connu qu’après sa mort. Chargé par la république de Florence de faire le tableau où était représentée l’Exécution des Pazzi, qui avaient conspiré contre les Médicis, il le fit avec une si effrayante vérité, que le peuple ne l’appela plus depuis qu’André des Pendus.

CASTAGNOS (don Francisco Xavier de), duc de Baylen, général espagnol, né en 1758 dans la Biscaye, mort à Madrid en 1852, servit avec distinction en 1793 dans l’armée de Navarre contre les troupes républicaines de la France ; devint en 1798 lieutenant général, mais se fit bannir peu après pour s’être opposé au système de paix à tout prix suivi par son gouvernement ; fut rappelé lors de l’invasion des Français et investi du commandement d’un corps d’armée sur les frontières de l’Andalousie ; surprit le général Dupont, qui voulait pénétrer dans cette province, le battit à Baylen (19 juillet 1808), et le contraignit à signer une déplorable capitulation ; fut à son tour battu par le général Lannes à Tudela, au mois de nov. de la même année ; unit alors ses forces à celles de Beresford et de Wellington, eut la plus grande part à la bat. de Vittoria, gagnée par ce dernier le 21 juin 1813 ; n’en fut pas moins destitué par la régence par suite de dénonciations ; fut réintégré par Ferdinand VII, nommé capitaine général de la Catalogne, puis président du Conseil de Castille (1825), mais fut écarté en 1833 pour s’être opposé aux modifications apportées dans le droit de succession au trône. Il rentra aux affaires, malgré son grand âge, après la chute d’Espartero (1843), remplaça Arguelles comme tuteur de la jeune reine, et fut comblé d’honneurs jusqu’à la fin de sa longue vie. Il avait été fait par Ferdinand duc de Baylen et grand d’Espagne.

CASTALIE, fontaine de Phocide, au pied du Parnasse, était consacrée aux Muses, qui prenaient de là le nom de Castalides : elle donnait l’inspiration poétique à ceux qui buvaient de ses eaux.

CASTANET, ch.-l. de cant. (H.-Garonne), à 12 kil. S. E. de Toulouse ; 1300 hab.

CASTEGGIO, v. du Piémont, à 10 kil. E. de Voghera et près de Montebello ; 2000 hab. Il s’y livra en 1800 et en 1859 deux combats qui sont plus connus sous le nom de Montebello. V. ce nom.

CASTEL (le P. Louis Bertrand), savant jésuite, né à Montpellier en 1688, mort à Paris en 1757, vint à Paris vers 1720, et se fit connaître par des vues originales. Il publia en 1724 un Traité de la pesanteur universelle, où il expliquait tous les phénomènes de l’univers par deux principes : la gravité des corps, qui faisait tout tendre au repos, et l’activité des esprits, qui créait incessamment le mouvement. Il donna en 1740 l’Optique des couleurs. Il s’occupa toute sa vie de construire un clavecin oculaire, dont il avait donné la description en 1735, et au moyen duquel il prétendait affecter l’œil par la succession des couleurs, comme le clavecin affecte l’oreille par la succession des sons ; mais, après avoir fait de grandes dépenses, il ne put réussir.

CASTEL (René Richard), poëte et naturaliste, né