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colonie de Géla et fut fondée vers 582 av. J.-C. On y élevait des chevaux qui disputaient les prix aux jeux olympiques. Ses ruines attestent encore sa grandeur et sa magnificence : on y voit des temples de la Concorde, de Castor et Pollux, d’Hercule, d’Apollon, de Diane, de Junon, de Cérès, de Proserpine et de Jupiter Olympien : ce dernier est le plus grand temple connu. Patrie d’Empédocle. – Longtemps libre, Agrigente eut ensuite des tyrans (Phalaris, 566, Théron, 488) puis elle tomba au pouvoir des Syracusains. Elle fut prise et détruite en 406 par les Carthaginois, se releva bientôt, subit en 210 la domination romaine et passa depuis, comme la Sicile, aux Romains, aux Arabes, aux Normands, aux Français, aux Aragonais, et enfin aux rois de Naples.


AGRIPPA (M. Vipsanius), général romain, favori d’Auguste, né l’an 64 av. J.-C., était d’une origine peu relevée, et parvint par son seul mérite aux plus hautes dignités. C’est à lui qu’Octave dut le succès des batailles de Nauloque et d’Actium. Consulté par Auguste, il lui conseilla d’abdiquer et de rétablir la république ; mais son avis ne fut pas suivi. Il épousa Julie, fille d’Auguste, et fut désigné pour succéder à l’empire ; mais il mourut avant l’empereur, l’an 12 av. J.-C., en revenant d’une expédition contre les Pannoniens. C’est Agrippa qui fit construire à Rome le célèbre Panthéon, auj. Notre-Dame de la Rotonde ; Rome lui doit aussi plusieurs aqueducs. Il laissa trois fils qui furent adoptés par Auguste ; mais tous périrent de mort tragique. Il eut pour fille Agrippine, qui épousa Germanicus.

AGRIPPA DE NETTESHEIM (Henri-Corneille), philosophe et médecin, né à Cologne en 1486, cultiva avec succès toutes les sciences connues de son temps. Il mena une vie fort agitée, et fut sans cesse, à cause de sa présomption et de son caractère difficile, forcé de changer de résidence. Après avoir enseigné à Dole, à Londres, à Cologne, à Paris, à Turin, à Metz, à Fribourg, il vint, en 1524, se fixer à Lyon pour y exercer la médecine, et fut nommé peu après médecin de Louise de Savoie, mère de François I. Chassé de France par cette princesse qu’il avait insultée, il fut accueilli par Marguerite, gouvernante des Pays-Bas. Étant ensuite rentré en France il fut mis en prison, et mourut, peu de temps après avoir recouvré sa liberté, dans un hôpital de Grenoble, en 1535. Agrippa combattit la philosophie de son temps, mais ce fut pour y substituer des erreurs plus dangereuses : il donna dans le septicisme, puis dans le mysticisme, l’alchimie et la magie, et s’attacha surtout aux doctrines de Reuchlin et de Raymond Lulle. Ses principaux écrits sont : De incertitudine et vanitate scientiarum, Anvers, 1530, in-4, trad. par L. Turquet, 1682, et par Gueudeville, 1726 ; De occulta philosophia, 1531, trad. par A. Levasseur, 1727 (cet ouvrage le fit accuser de magie et lui valut un long emprisonnement à Bruxelles) ; De nobilitate et præcellentia feminei sexus, 1529, ouvrage écrit pour flatter Marguerite, traduit aussi par Gueudeville. Ses œuvres complètes ont été réunies à Leyde, 1560 et 1600.

AGRIPPINE, fille de Vipsanius Agrippa et de Julie, la fille d’Auguste, était célèbre par sa beauté et ses vertus. Elle épousa Germanicus, qu’elle accompagna en Syrie. Après la mort prématurée de son époux, elle rapporta ses cendres en Italie et demanda justice à l’empereur, accusant de sa mort Pison, qui se vit forcé de se tuer pour prévenir sa vengeance. Tibère, jaloux de sa popularité, l’exila dans l’île de Pandatarie, où, dit-on, il la laissa mourir de faim, l’an 33 de J.-C. Elle avait donné le jour à Caligula et à l’autre Agrippine, la mère de Néron.

AGRIPPINE, fille de Germanicus et de la précédente, épousa Domitius Ahenobarbus, dont elle eut Néron. Devenue veuve, elle épousa l’empereur Claude, son oncle, s’empara du pouvoir sous ce faible prince, maria son fils à Octavie, fille de l’empereur, fit écarter du trône le fils de Claude, Britannicus, pour y appeler son propre fils Néron, et avança par le poi-

son la mort de son époux, afin de prévenir un changement de résolution. Peu d’années après, Néron, parvenu à l’empire, voulut se défaire de sa mère, qui l’importunait de ses reproches: il la fit, à cet effet, monter sur un vaisseau que l’on devait submerger en pleine mer : elle échappa à ce danger ; mais ce ne fut que pour être aussitôt assassinée par un centurion, l’an 59 de J.-C. Cette princesse joignait à une grande beauté l’esprit le plus artificieux, les mœurs les plus dissolues et une froide cruauté.

AGUADO (Alex.), riche banquier espagnol, 1784-1842, de famille israélite, prit parti pour les Français et fut aide de camp du maréchal Soult, quitta en 1815 le service pour la banque, négocia avec succès pour l’Espagne plusieurs emprunts à l’étranger, et reçut en récompense de Ferdinand VII le marquisat de Las Marismas, avec des concessions de mines, qui lui procurèrent une immense fortune. Naturalisé Français, il se fixa à Paris et y forma une magnifique galerie de tableaux (gravée par Gavard). On lui doit le beau pont de Ris, qu’il fit construire près de sa propriété de Petit-Bourg.

AGUAQUENTE (eau chaude), v. du Brésil (Goyaz), à 280 kil. N. E. de Goyaz. Fondée en 1732. Mines d’or : on y trouva un morceau de 22 kilog. d’or natif, longtemps conservé au musée de Lisbonne.

AGUARICO ou RIO DEL ORO, riv. de Équateur, tributaire du Napo, où elle se perd après un cours d’environ 500 kil. Elle charrie beaucoup d’or.

AGUAS CALIENTES, v. du Mexique (Zacatecas), à 227 kil. N. E. de Guadalaxara, tire son nom de deux sources d’eaux thermales ; environ 40 000 hab. Climat délicieux.

AGUESSEAU (Henri-François d’), célèbre magistrat et orateur, fils de Henri d’Aguesseau, intendant du Limousin, né en 1668, mort en 1751. Il fut nommé avocat général au parlement de Paris dès l’âge de 22 ans, devint six ans après procureur général, et s’acquit dans ces fonctions une grande réputation, tant par les sages réformes qu’il fit adopter que par les plaidoyers et les discours éloquents qu’il prononça. Toutefois, il encourut un moment la disgrâce de Louis XIV pour s’être opposé à la bulle Unigenitus. En 1717, il fut nommé chancelier par le Régent ; mais, l’année suivante, il fut destitué et exilé de Paris pour avoir combattu le système de Law. Il se retira dans sa terre de Fresnes, qui devint célèbre par son séjour. On le rappela en 1720, quand on eut reconnu tout ce qu’avait de désastreux le système qu’il avait combattu. En 1722, le cardinal Dubois le fit exiler de nouveau et les sceaux ne lui furent rendus qu’en 1737, sous le ministère du cardinal Fleury. Il les conserva jusqu’en 1750 et les résigna de lui-même à l’âge de 82 ans. Magistrat intègre, orateur éloquent, d’Aguesseau n’était pas moins remarquable par ses qualités sociales, par sa piété et son immense instruction. Il s’était beaucoup occupé de philosophie : il a laissé des Méditations métaphysiques, ou il suit les pas de Descartes. Ses œuvres ont été imprimées en 13 vol in-4 1759-1789, et en 16 vol. in-8, 1819. M. Rives a publié en 1824 ses Lettres inéd., 1 vol. in-4 et 2 in-8. Thomas a écrit son Éloge. M. Boullée, en 1835, et M. F. Monnier, en 1859, ont donné l’Histoire de la vie et des ouvrages de d’Aguesseau.

AGUILAR DE LA FRONTERA, v. d’Espagne (Cordoue), ch.-l. de district, à 50 kil. S. E. de Cordoue ; 12 000 h. ; était jadis sur la frontière des États maures.

AGYLÉE (Henri), jurisconsulte, né à Bois-le-Duc, en 1533, mort en 1595, a publié, entre autres ouvrages, Justiniani edicta, Justini, Tiberii, Leonis Philosophi constitutiones, Paris, 1560, in-8, et une trad. latine du Nomocamon de Photius, 1561, in-f.

AGYLLA, v. de l’Étrurie ancienne. V. CÆRE.

AHASVERUS. V. JUIF-ERRANT.

AHAUS, petite v. de Prusse (Westphalie), à 40 kil. O. de Munster, ch.-l. de cercle; 1650 hab. Appartient au prince de Salm-Kyrbourg.