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et se maria; il perdit son évêché, et se retira à Châteauneuf-sur-Loire, où il mourut en 1569.

CARACCIOLI (Domin., marquis de), homme d'État, né à Naples en 1715, mort en 1789, fut ambassadeur du roi de Naples en Angleterre (1763) et en France (1770), puis ministre des affaires étrangères, enfin vice-roi de Sicile. Caraccioli se fit une grande réputation par son esprit, se lia en France avec les littérateurs les plus distingués, tels que d'Alembert, Diderot, Helvétius, et chercha à appliquer leurs idées dans le roy. de Naples; il abolit la torture en Sicile. Dorat publia sous le titre d’Esprit de Caraccioli un ouvrage qui ne peut faire connaître qu'imparfaitement cet homme remarquable.

CARACCIOLI (le prince Franç.), amiral napolitain, né à Naples en 1748. Mécontent de la cour, il prit parti pour la république parthénopéenne, proclamée à Naples, et s'opposa au débarquement de la flotte anglo-sicilienne. Après la prise de Naples par Ruffo, il fut arrêté par ordre de l'amiral Nelson, au mépris de la capitulation, et pendu au grand mât de sa frégate, 1799.

CARACCIOLI (Louis Ant.), écrivain, né à Paris en 1721, mort en 1803, était issu d'une branche cadette de la maison napolitaine. Il entra chez les Oratoriens en 1739, séjourna quelque temps en Pologne, où il fit l'éducation du prince Rzewusky, puis revint à Paris, où il se livra tout entier aux lettres et vécut du produit de sa plume. Ruiné par la Révolution, il reçut de la Convention, en 1795, une pension de 2000 fr. Ses principaux écrits sont : Caractère de l'amitié; Conversation avec soi-même; Jouissance de soi-même; De la Grandeur d'âme; Tableau de la mort; De la gaieté; Langage de la raison; Langage de la religion; Religion de l'honnête homme; Le Chrétien du temps; Diogène à Paris; Le Livre à la mode; Vraie manière d'élever les princes; Dictionnaire pittoresque et sententieux; Vie de Clément XIV; Lettres intéressantes du pape Clément XIV, prétendues trad. de l'italien et du latin, 4 vol. in-12, Paris, 1777. Ces Lettres, qui étaient fabriquées, furent lues avec avidité et trompèrent toute l'Europe; elles sont écrites avec goût et respirent une morale pure, une philosophie douce.

CARACORUM. V. KARACORUM.

CARACTACUS, roi des Silures, peuple breton (dans le Pays de Galles), résista 9 ans aux troupes romaines, fut en 51 vaincu et pris par le propréteur P. Ostorius, et conduit à Rome pour orner le triomphe du vainqueur. Sa noble fierté devant l'empereur Claude le sauva, et il fut rendu à ses sujets, qu'il gouverna encore pendant deux ans (54-56 de J.-C.).

CARAFFA, illustre famille napolitaine. Les plus célèbres de ses membres sont : Jean Pierre Caraffa, pape sous le nom de Paul IV (V. ce nom); — Charles, Jean et Antoine Caraffa, neveux du pape Paul IV, et fils de Jean Alphonse Caraffa, comte de Montorio. Paul IV les combla d'honneurs et de biens : il dépouilla pour les enrichir les familles Colonne et Guidi; il soutint même à cause d'eux une guerre contre Naples et l'Espagne; mais en 1559, peu avant sa mort, les plaintes que soulevaient de tous côtés leur rapacité et leurs injustices le forcèrent à les exiler de Rome et à les priver de leurs dignités. Son successeur, Pie IV, ennemi personnel des Caraffa, poussa plus loin le châtiment : en 1560, le cardinal Charles Caraffa fut condamné à mort et étranglé dans sa prison; son frère, Jean, soupçonné d'avoir fait assassiner sa femme, eut la tête tranchée; le cardinal Alphonse Caraffa, fils d'Antoine, fut soumis à une amende de 100 000 écus; enfin le sénat romain abolit par un décret la mémoire des Caraffa; mais en 1566 Pie V fit revoir leurs procès et les réintégra dans leurs titres et honneurs. — Un autre Antoine Caraffa, mort en 1693, entra en 1665 au service de l'Autriche, devint feld-maréchal, combattit les Turcs en Hongrie, et prit sur eux Munkacz et Belgrade en 1688. — Hector Caraffa, né à Naples en 1767, adopta avec ardeur les idées libérales, se déclara en 1799 pour la république parthénopéenne, et prit plusieurs villes sur le parti royaliste; mais il tomba entre les mains des ennemis, qui, au mépris d'une capitulation, le firent monter sur l'échafaud, 1799.

CARAÏBES, peuple indigène de l'Amérique, habitait, lors de la découverte du Nouveau-Monde, dans les Petites-Antilles et sur la côte de la Terre-Ferme, depuis le cap de Véla jusqu'à l'embouchure du Surinam. Ils étaient grands, braves, actifs, assez adroits. Ils dévoraient leurs prisonniers et pratiquaient la polygamie. Il paraît qu'ils venaient d'un pays situé au N. de la Floride. Il n'en reste auj. que quelques débris qu'on trouve dans l'E. de la prov. de Caracas, où ils vivent soumis à des chefs électifs, ou à la Guadeloupe, à la Dominique et à Ste-Lucie. Les Caraïbes ont le teint cuivré comme tous les indigènes de l'Amérique; quelques-uns se sont mêlés aux nègres et se nomment Caraïbes noirs.

On appelle quelquefois îles Caraïbes les Petites-Antilles, et mer des Caraïbes, la mer des Antilles.

CARAÏTES, c.-à-d. en hébreu partisans du texte, secte de Juifs, opposée à celle des Talmudistes, s'attache exclusivement à la lettre de la Bible et rejette les interprétations arbitraires des rabbins. Cette secte est surtout répandue en Égypte, en Syrie, à Constantinople, en Russie, en Pologne, en Galicie. Elle paraît s'être formée vers le VIIIe siècle de J.-C. et avoir eu pour chef un certain Anan ben-David.

CARALIS, nom latin de Cagliari.

CARAMAN, ch.-l. de cant. (H.-Gar.), à 18 kil. N. de Villefranche; 1297 hab.

CARAMAN, v. de Caramanie. V. ce nom.

CARAMAN (Pierre Paul RIQUET, comte de), lieutenant général, né en 1644, mort en 1730, était le 2e fils de P. P. Riquet, créateur du canal du Languedoc. Il sauva l'armée française à Wange près de Louvain en 1705, service qui lui valut la grand croix de Saint-Louis avant d'avoir passé par les grades intermédiaires. — François Joseph de Caraman, petit-neveu du préc., 1771-1843, marié en 1805 à Mlle Cabarrus (Mme Tallien), est devenu prince de Chimay (V. CHIMAY). — L. Ch. Victor, duc de Caraman, son frère aîné, 1762-1839, fut sous les Bourbons pair et ambassadeur à Berlin, puis à Vienne.

CARAMANIE, la Pisidie et partie de la Galatie et de la Cappadoce des anciens, eyalet de la Turquie d'Asie, au centre de l'Asie-Mineure, à l'E. de l'Anatolie propre, a pour ch.-l. Konieh et pour autre v. Caraman (à 75 kil. S. E. de Konieh) et Kaisarieh. Pays montueux; vins, opium; salines. — La Caramanie tire son nom de Caraman, sultan seldjoucide de Roum, qui conquit ce pays vers 1300 et s'y forma une principauté; elle passa en 1464 entre les mains des Turcs ottomans : Mahomet II, qui la conquit, lui laissa le titre de principauté et la donna à un de ses fils.

CARAMUEL (Jean), prélat espagnol, né à Madrid en 1606, mort en 1682, appartenait à l'ordre de Cîteaux. Envoyé par le roi d'Espagne en qualité d'agent auprès de l'empereur Ferdinand III, il réussit tellement à plaire à ce souverain qu'il lui donna deux abbayes, l'une à Vienne, l'autre à Prague. Se trouvant dans cette dernière ville en 1648, lorsque les Suédois l'assiégeaient, Caramuel se mit à la tête d'une compagnie d'ecclésiastiques, et contribua à repousser l'ennemi. Il reçut en récompense l'évêché de Kœniggrætz. Il devint en 1673 évêque de Vigevano. Il a composé une foule d'ouvrages pour la plupart médiocres, parmi lesquels quelques-uns bizarres : Grammaire cabalistique, Grammaire audacieuse, Subtilissimus : dans ce dernier, il tente de lever les difficultés de la théologie et de la métaphysique. En morale, il adopta le probabilisme, ce qui l'exposa à de vives critiques.

CARANITIDE, prov. d'Arménie, bornée au N. par les monts Moschici, et traversée par le haut Euphrate.

CARANTONUS, riv. de Gaule, auj. la Charente.