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Canada d'un mot iroquois qui signifie réunion de cabanes. Quoi qu'il en soit, Jacques Cartier remonta le St-Laurent en 1534, prit possession de tout le pays au nom de François I et l'appela Nouvelle-France. La Roque de Roberval, nommé vice-roi en 1542, fonda non loin de l'endroit où depuis fut bâti Québec le fort de Charlebourg. En 1608, Samuel Champlain jeta les fondements de Québec. Une compagnie française se forma en 1617 pour exploiter la colonie. Les Anglais avaient déjà tenté plusieurs fois (1629, 1711), mais inutilement, de s'en emparer, lorsque la guerre éclata avec la France en 1754. Après de nombreux combats, dans l'un desquels succomba le brave Moncalm, les Anglais finirent par conquérir tout le Canada, en 1759 et 1760; il leur fut définitivement cédé en 1763 par le traité de Paris. Au commencement de la guerre de l'indépendance, les Américains envahirent le Canada (1775), mais sans succès. Le Bas-Canada fut, en 1812, le théâtre de longues hostilités entre les Anglais et les Américains. — Dès 1791, un arrêt du parlement anglais proclama la séparation du Haut et du Bas-Canada. Ce dernier est régi en grande partie par l'anc. coutume de Paris, et les habitants ont encore conservé les mœurs françaises; le Catholicisme y domine. Les habitants du Haut-Canada sont plus Anglais, et professent en grande partie la religion de la métropole. Des restrictions apportées au commerce et à la liberté ayant excite de grands mécontentements, surtout dans la population française, il éclata au Canada en 1838 et 1839 de violentes insurrections : l'Angleterre est parvenue à les comprimer; néanmoins, il y subsiste encore un parti puissant qui aspire à l'indépendance et qui veut l'annexion du pays aux États-Unis. Les deux Canadas ont été réunis en 1840. Le siége du gouvernement commun, établi d'abord à Kingston, puis à Montréal, a été récemment fixé à Ottawa (1859), après une vive opposition. M. F. X. Garneau a donné une bonne Histoire du Canada, Québec, 1849-1852, 3 vol. in-8.

CANADIENNE (riv.), riv. de l'Amérique sept., sort des monts Rocheux, traverse le désert qui occupe le N. E. du Mexique, arrose l'O. de l'État d'Arkansas, puis tombe dans l'Arkansas par 97° 20' long. O., 35° lat. N., après un cours de 1000 kil.

CANAL de.... V. le nom qui suit CANAL.

CANALETTO (Ant.), peintre vénitien, 1697-1768, réussit d'abord dans des décorations de théâtre, puis peignit des Vues de Venise qui sont très-recherchées; il se servait avec avantage de la chambre obscure pour les lignes de ses tableaux. Il se distingue par la justesse de ses effets, par la transparence des fonds et des ciels. On admire surtout ses vues du palais ducal de Venise et de la place St-Marc. Ses Vues ont été gravées, Venise, 1742, in-fol.

CANANOR, v. de l'Inde anglaise (Madras), sur la mer d'Oman, au fond de la petite baie de Cananor; 10 500 hab. Commerce assez actif avec l'Arabie, Sumatra et tout l'Hindoustan. Petit fort, bâti par les Portugais en 1501. Cananor fut autrefois le ch.-l. d'un petit État qui était gouverné par des femmes. Elle fut prise en 1664 par les Hollandais, qui en furent chassés par Tippoo-Saëb; les Anglais la prirent en 1790 et y établirent leur principale station militaire du Malabar.

CANARIE (la Grande), île de l'archipel des Canaries, la plus grande après Ténériffe, par 17° 43'-18° 11' long. O., et 27° 45'-28° 14' de lat. N.; 45 kil. de diamètre; 55 000 bab. Ch.-l., Palmas. Côtes inaccessibles, si ce n'est du côté d'Isleta, presqu'île située au N. E. La baie de Palmas est une rade excellente.

CANARIES (îles), Insulæ Fortunatæ, groupe d'îles de l'Océan Atlantique, appartenant à l'Espagne, à 150 kil. de la côte N. O. de l'Afrique, entre 15° 40' et 20° 30' long. O., 27° 39' et 29° 30' lat. N. On en compte 7 principales : Ténériffe, Portaventura, Canarie, Palma, Lancerote, Gomera, et l'île de Fer ; env. 260 000 h. Ces îles, de formation volcanique, offrent des côtes escarpées, des montagnes très-hautes, entra autres le pic du Ténériffe, qu'on voit à près de 200 k. en mer. Le climat des Canaries, supportable au N. et à l'O., est d'une chaleur accablante et mortelle au S. et au S. E. Le sol y est d'une fertilité extrême; on élève dans toutes ces îles une grande quantité de bétail; on y exploite avec grand profit la cochenille. Vins exquis; serins renommés. — Les Phéniciens et les Carthaginois ont eu jadis des comptoirs aux îles Canaries; mais après la ruine de Carthage, ces îles furent perdues de vue, et le nom seul d’îles Fortunées resta dans le souvenir des navigateurs. Retrouvées en 1330 par des Français, elles furent visitées peu après par des navigateurs espagnols qui en prirent possession pour le roi de Castille. En 1345, elles formèrent un petit royaume pour un des infants de La Cerda. En 1402, les îles Fortaventura, Gomera et de Fer furent soumises, pour le roi de Castille, par Jean de Béthencourt, gentilhomme cauchois; la soumission des Canaries ne fut complète qu'en 1512, après l'extermination des Guanches, peuple indigène qui parait être d'origine berbère, et qui avait atteint un degré assez élevé de civilisation. Les Africains de la côte N. O. firent jusqu'en 1749 de fréquentes tentatives pour s'emparer des Canaries. — Le premier méridien passait jadis par l'île de Fer.

CANARIS. V. KANNARIS.

CANAYE (Philippe), sieur de Fresne, né à Paris en 1551, mort en 1610, fut conseiller d'État sous Henri III, puis ambassadeur en Angleterre, en Allemagne et à Venise sous Henri IV. Il avait été élevé dans le Calvinisme et s'était converti au Catholicisme. Il a laissé une relation de ses ambassades et des Mémoires, 3 vol. in-fol., 1635; on lui doit aussi une trad. française ou plutôt une analyse de l’Organon d'Aristote, In-fol., 1589. — Jean Canaye, jésuite, 1594-1670, a célébré la prise de La Rochelle dans un gros livre : Ludovici XIII triumphus de Rupella capta, 1628. in-fol. On a sous le titre de Conversation du maréchal d'Hocquincourt et du P. Canaye, un écrit satirique attribué à Charleval, où la subtilité des Jésuites est ridiculisée. — Étienne Canaye, 1694-1782, membre de l'Académie des inscriptions, ami de Fontenelle et de d'Alembert, a donné de bons Mémoires sur Thalès, Anaximandre, etc.

CANCALE, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 13 kil. N. E. de St-Malo, sur la côte O. de la baie de Cancale; 3115 h. On y distingue la ville, située sur une hauteur, et le port nommé La Houle. Les rochers de Cancale fournissent d'excellentes huîtres.

CANCHE (la), riv. de France (Pas-de-Calais), naît près d'Estrées, baigne Hesdin, Montreuil, Étaples, et se jette dans la Manche. Cours, 80 kil.

CANCLAUX (J. B. Camille, comte de), général français, né à Paris en 1740, m. en 1817, servit la cause républicaine, eut deux fois le commandement en chef de l'armée de l'Ouest, et sauva Nantes attaqué par 60 000 Vendéens. Il fut envoyé à Naples en 1797 en qualité d'ambassadeur et fut fait sénateur en 1804.

CANCON, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), à 15 kil. N. O. de Villeneuve-d'Agen; 551 hab.

CANCRIN (le comte George), ministre en Russie, né en 1774 à Hanau, m. en 1845 à St-Pétersbourg, était fils de Louis Cancrin (1738-1816), Hessois, à qui l'on doit un bon Traité des mines et salines. Intendant général de l'armée en 1812, G. Cancrin devint en 1823 ministre des finances. Pendant 20 ans qu'il occupa ce poste, il augmenta le revenu public par une habile administration; il fonda des écoles de commerce, de navigation, des eaux et forêts, et mérita d'être surnommé le Colbert de la Russie. On lui doit un ouvrage estimé sur l’Économie militaire, 1823, en all.

CANDACE, reine d’Éthiopie au temps d'Auguste, fit une irruption en Égypte l'an 20 av. J.-C. et pilla toutes les villes sur son passage jusqu'à Éléphantine. Battue enfin par les troupes romaines, elle demanda la paix et rentra dans ses États. — Il y eut plusieurs autres reines du même nom en Éthiopie.