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des traductions latines estimées d'un grand nombre d'auteurs grecs, tels qu’Homère, Hérodote, Xénophon, Aristote, Sophocle, Thucydide, Démosthène, etc.; des éditions, avec commentaires, de Plaute, Térence, Quintilien, Cicéron, Virgile; des Commentarii linguæ græcæ et latinæ; des Éléments de Rhétorique, une Vie de Mélanchthon, des Lettres, des Fables. — D'autres membres de la même famille se sont fait connaître avantageusement dans les sciences et dans les lettres, entre autres :

CAMERARIUS (Joachim), son fils, dit Cam. junior, savant médecin, 1534-98, auteur de : Hortus medicus, 1588; Symbola et emblemata ex herbis et animalibus, 1590-7; Commentaires sur Matthiole, etc.

CAMERARIUS (Rodolphe Jacques), né à Tubingue en 1665; il publia en 1694 une lettre De Sexu plantarum, où il établit la distinction des sexes, sur laquelle Linnée a plus tard établi sa classification.

CAMERINO, Camerinum, v. du roy. d'Italie, anc. ch.-l. de délégation des Étais romains, à 145 k. N. E. de Rome; 7000 h. Archevêché, université. Cathédrale et palais archiépiscopal. Soieries. — Camerinum était jadis dans l'Ombrie; cette ville, avec son territoire, devint au moyen âge une des Marches du duché de Spolète. — La délégation de C., entre celles de Macerata au N., de Fermo à l'E., de Spolète au S. et de Pérouse à l'O., comptait env. 33 000 h.

CAMERLINGUE, en italien camerlengo, chambellan; nom que porte à la cour de Rome le cardinal qui administre la justice et les finances; il préside la chambre apostolique. Lorsque le Saint-Siége est vacant, c'est le cardinal camerlingue qui gouverne. Dans l'ancien empire d'Allemagne, le trésorier de l'empereur portait le même nom.

CAMÉRON (Jean), théologien protestant, né en 1580 à Glascow, mort en 1626, combattit la doctrine calviniste de la prédestination. Il vint en France, enseigna à Bergerac, à Sedan, à Saumur et à Montauban, et publia entre autres écrits de polémique : Theses de gratia et libero arbitrio, Saumur, 1618. Il se rapprochait par sa doctrine des Arminiens de Hollande. Ses partisans furent appelés Caméroniens. — Un autre CAMÉRON, Archibald, également Écossais, né vers 1620 à Falkland, mort en 1680, fut un ardent presbytérien. Il refusa de reconnaître la supériorité du roi en matière de religion, et souleva ses compatriotes contre Charles II (1666); ses partisans, dits aussi Caméroniens, proclamèrent la république, assassinèrent l'archevêque de St-Andrews et battirent d'abord les troupes royales. Mais ils furent peu après taillés en pièces par le duc de Monmouth : Caméron périt dans le combat.

CAMILLE, Camilla, femme guerrière, fille de Métabus, roi des Volsques, joue un rôle dans l’Énéide. Occupée, dès son enfance, des exercices de la chasse et de la guerre, elle se distingua surtout par sa légèreté à la course et son habileté à tirer de l'arc. Venue au secours de Turnus contre Énée, elle fut tuée en trahison par Aruns. Virg., Én., VII et XI.

CAMILLE, sœur des Horaces, fiancée à l'un des Curiaces, ne put contenir sa douleur après le triomphe de son frère et la mort de son amant, et fut tuée par le héros, irrité de ses imprécations, 667 av. J.-C.

CAMILLE, M. Furius Camillus, général romain. Créé dictateur l'an 396 av. J.-C., il s'empara de Véïes, dont la siége durait depuis 10 ans, triompha des Volsques et fit la guerre contre les Falisques. Dans cette dernière guerre, un maître d'école des Falisques étant venu pour lui livrer la jeunesse qui lui était confiée, Camille fit dépouiller le traître de ses vêtements, et ordonna à ses élèves de le ramener à coups de verges; les Falisques, touchés de cette noble action, se soumirent à la République. Camille, de retour à Rome, fut accusé d'avoir détourné une partie du butin de Veïes, et, pour ne pas être jugé, il s'exila volontairement. Peu après, les Gaulois s'étant emparés de Rome, le sénat le rappela et le nomma de nouveau dictateur (389). Camille, survenant à l'improviste avec les Romains échappés au fer des barbares, rompit le traité par lequel Rome achetait la paix (V. BRENNUS), chassa les Gaulois de l'Italie, et rentra en triomphe dans sa patrie. Il détourna la peuple d'aller s'établir à Veïes, et le détermina à relever la ville détruite par les Gaulois, ce qui lui valut le surnom de Romulus et de second fondateur de Rome. Il fut encore deux fois dictateur : la 1re, il battit les Volsques, les Herniques, les Étrusques et les Latins; la 2e, il extermina, à Albanum, en 367, les Gaulois qui avaient de nouveau envahi l'Italie, et débarrassa pour jamais les Romains de ces formidables ennemis. Il mourut, dit-on, de la peste, l'an 365 av. J.-C. Plutarque a écrit sa Vie.

L'Église honore le 3 mars une Ste Camille, vierge d'Auxerre, née dans le Paganisme, que S. Gervais convertit et qui mourut en 437; — et le 4 juillet un S. Camille, né dans l'Abruzze, qui fonda en 1584 une congrégation de Clercs réguliers pour le service des malades et donna l'exemple du dévouement au milieu d'épidémies meurtrières. Il mourut en 1614.

CAMIRE, Camirus, v. de l'île de Rhodes, à l'O.

CAMISARDS. Ce nom fut donné aux Protestants des Cévennes et de la Lozère qui prirent les armes après la révocation de l'édit de Nantes (1685), réclamant la liberté de conscience et l'abolition des impôts qui les écrasaient. Il paraît dérivé du mot camisade, attaque nocturne (V. ce mot dans notre Dict. des Sciences). On envoya contre les Camisards, en 1702, le maréchal de Montrevel, qui ne put les réduire, et en 1704 le maréchal de Villars, qui ne les soumit qu'en détachant de leur parti un de leurs principaux chefs, Jean Cavalier. La plupart périrent dans les supplices. L’Histoire des Camisards a été rédigée par le ministre Court, père du célèbre Court de Gébelin, 1760.

CAMMA, femme galate d'une grande beauté, avait épousé le tétrarque Sinatus. Sinorix, prince de Galatie, ayant fait périr Sinatus par trahison pour épouser sa veuve, dont il était épris, Camma feignit de se rendre à ses désirs et le conduisit dans le temple de Diane comme pour célébrer leur union : là, elle partagea avec lui une coupe qu'elle avait empoisonnée. Elle expira aussitôt au pied de l'autel, heureuse de le faire périr avec elle. Cet événement tragique, raconté par Plutarque et Polyen, a été plusieurs fois mis sur la scène, notamment par Corneille.

CAMOENÆ. V. MUSES.

CAMOËNS (Luis de), dit le Camoëns, célèbre poëte portugais, né à Lisbonne en 1517 ou 1525, d'une famille noble, mais pauvre. Il conçut dans sa première jeunesse une vive passion pour une grande dame de la cour, Catherine d'Ataïde, ce qui le fit exiler à Santarem; dans son désespoir, il se fit soldat et alla combattre en Afrique; il perdit un œil d'un coup de feu devant Ceuta. Ne recevant aucune récompense ni aucun encouragement dans sa patrie, il partit en 1553 pour les Indes, resta quelque temps à Goa, puis fut exilé à Macao, pour avoir censuré le vice-roi dans une satire. Dans cet exil, il composa le poëme qui l'a immortalisé, les Lusiades (os Lusiadas), où il chante la gloire des Portugais (en latin Lusitani), les exploits et les découvertes de Vasco de Gama. Au bout de cinq ans, il fut rappelé de son exil : assailli par une tempête, il fit naufrage sur les côtes de la Cochinchine en retournant à Goa. On raconte qu'il se sauva à la nage, tenant dans sa main hors de l'eau le manuscrit de son poëme. Se voyant en butte à de nouvelles persécutions, il quitta l'Asie et revint à Lisbonne en 1569. Il y publia son poëme; mais il n'obtint aucune des faveurs qu'il devait espérer, et languit dans la misère : un esclave javanais allait, dit-on, pendant la nuit, recueillir pour lui des aumônes dans les rues de Lisbonne; on croit qu'il mourut à l'hôpital, en 1579. Outre les Lusiades, le Camoëns a composé des odes, des élégies, des sonnets, des satires et quelques tragédies. Les éditions les plus estimées des Lusiades sont celles de Souza-Botello,